vendredi 31 août 2007

Un moment de vulgarité

La vulgarité est surévaluée dans une société où elle perd souvent tout effet de transgression.

J'en ai plus qu'assez d'entendre parler de la Princesse Pétasse qui est morte de manière médiocre après ses ripailles avec un millionnaire qui l'entretenait. Elle a bien eu une mort digne de sa vie de jet-setter grotesque. Ce matin, un type de la BBC l'a même comparée à Mère Teresa. Je ne crois pas au culte autour de cette nonne albanaise qui interdisait la contraception et semblait peu ouverte mais ce n'est quand même pas une raison pour la réduire à l'autre blondasse qui a un peu quitté ses discothèques pour les organisations caritatives seulement par ressentiment quand les PR lui ont dit que cela la rendrait plus populaire que son mari (Prince que je ne défends pas non plus, ses déclarations en faveur de la chasse aux renards montre bien la nullité du personnage).

J'ai continué à consommer. Acheté les Alien Modules 5-8 pour Traveller parce que j'aime décidément beaucoup les Hivers. Une petite campagne de TNE serait pas mal, notamment parce que j'aime bien l'idée du Virus et des flottes de vaisseaux possédés. Pour avoir des Hivers, on pourrait soit reprendre la campagne officielle Star Vikings dans les Old Expanses soit jouer du côté des Hinterworlds (surtout que j'ai ce numéro de la revue Challenge qui décrivait le secteur avec la race si amusante des "Rejetés du Ciel Murmurant", qui communique par signaux lumineux et qui croient que les étoiles envoient un signal incompréhensible) serait peut-être une bonne idée, ou bien le secteur Spica (qui est partagé entre la Confédération solomani et la Fédération Hiver, voir aussi l'atlas détaillé de l'Imperium).

J'ai aussi pris le guide sur le secteur Gateway parce que le Traveller: 1248 des mêmes auteurs m'avait plu, mais les K'kree ne m'intéressent peut-être pas assez pour y jouer, malgré l'idée de herbivores agressifs en croisade contre les omnivores. Hélas, je l'ai acheté chez Jeux Descartes rue des Ecoles et ils ont un vrai problème d'humidité dans cette cave, les vieux trucs sont toujours gondolés.

Enfin, j'ai trouvé d'occasion chez Gibert du David Brin (dont j'ai souvent l'impression comme pour Larry Niven qu'il y a de bonnes idées mais une application qui laisse à désirer), Ventus de Karl Schroeder, La cité du soleil de Ugo Bellagamba (j'ai décidé que finalement il fallait que je lise plus de nouvelles et les idées ont l'air fascinantes) et enfin Le secret des masques I dans le même contexte fantastique des Royaumes Combattants que le jeu de rôle Qin (que j'ai depuis un an et que je n'ai toujours pas lu).

jeudi 30 août 2007

Retour

Hé, oui, encore un nouveau Blog.

C'est mon 7e depuis 2003, je crois, si je compte les deux sur 20six.fr, les 3 sur Blogspot et un sur LiveJournal. Mais la destruction de 8 mois de notes sur celui de 20six en août 2007 - après la destruction des images et des liens en février 2006 - a été la dernière goutte d'eau pour me donner envie d'en ouvrir un autre.

(Blogspot a déjà au moins deux avantages sur 20six : un moteur de recherches et une sauvegarde automatique qui va me faire perdre moins d'entrées.)

Ici, d'après Philippe Lejeune, je suis censé donner un pacte diariste ou le programme.

Ce Blog restera privé et donc peu politisé, sauf pour me défouler de manière assez immature dans ma sarkophobie. En fait, je crois que je conçois plus les Blogs comme des moyens de conserver des liens sans se croire obligé de spammer ses connaissances avec des emails - j'en connais qui vont être soulagés.

Je suis allé brièvement à Londres hier pour avoir quelque chose de positif à attendre avant la rentrée. Je continue à être déçu de ne plus ressentir l'exotisme des débuts. La Livre sterling était relativement chère (1,48 euro, à un moment où le dollar est très faible par rapport à l'euro) et je ne trouvais presque que des livres qu'on peut aussi acheter au même prix en France. Il serait temps que je me mette à Powell's (ok, Amazon même si je suis censé les boycotter pour donner bonne conscience à ma défense des syndicats).

Mais un retour de voyage, vous savez ce que ça signifie ?

Une Liste d'achats bien sûr.

J'ai acheté HackMaster, une parodie d'AD&D qui n'a pas l'air très drôle mais que je voulais essayer. Alors que je n'ai jamais joué à D&D et AD&D, j'ai souvent des accès de "pseudo-nostalgie" sur les origines du jeu de rôle - c'est pourquoi je collectionne tant des mondes finalement relativement médiocres comme Greyhawk,, Mystara ou Blackmoor (je ne jette pas la pierre aux amateurs de mondes encore plus médiocres comme les ultradétaillés Wilderlands de Judge Guild (qui décrivent chaque hexagone mais sans même avoir une vraie mythologie) ou Midkemia (à qui on doit Feist), ces mondes ne sont pas terribles mais ils sont à l'origine de notre hobby et j'imagine que j'irais jusqu'à acheter l'atlas d'Arduin de Dave Hargrave ou même Kalibruhn de Kuntz, même s'ils doivent être moins bons que Tékumel et Glorantha).

J'ai acheté d'occasion The Nature of Time de Gerald James Whitrow (£2, j'avais déjà son monumental The Natural History of Time pour 30 euros), The Last Man de Mary Shelley, Marius the Epicurean de Walter Pater (j'ai tellement aimé le Julian de Gore Vidal que j'avais envie d'une oeuvre dans le même genre, il sera amusant de le comparer au Hadrien de Marguerite de Crayencour, qui m'a plutôt ennuyé), Truth and the Past de Michael Dummett (que j'ai vainement essayé de lire dans le train, Dummett est vraiment un philosopher's philosopher barbant), The Infinite d'A.W. Moore, le livre sur David Armstrong de Stephen Mumford, A Survey of Metaphysics d'E.J. Lowe, les Metaphysical Essays d'Hawthorne (surtout des articles analysant les problèmes de la métaphysque "humienne" ou "Ludovicienne" ; Hawthorne est un des rares philosophes américains à avoir un intérêt pour l'histoire de la philosophie, sans doute parce qu'il a fait ses études en Angleterre - je cherche encore des exceptions à cette règle), les Oxford Studies in Metaphysics 3 (j'avais déjà pris le 1 parce qu'il y avait du Cian Dorr, le 3 a des débats sur le temps et la modalité de Heller et Jubien), Brave New World Revisited et Island d'Huxley (j'ai une vague idée d'écrire un truc sur les utopies / dystopies un jour), Dark Matters, un guide sur l'univers de Philip Pullman qui m'a enfin convaincu par ses références à William Blake qu'il pourrait m'intéreser (mais c'est juste du snobisme pour pouvoir critiquer le film).

Je n'ai acheté qu'un seul vrai roman de SF, Line of Polity de Neal Asher (zut, je ne savais pas que c'était le 2 du cycle).

Cela fait des années que je ne lis plus de SF et seulement de la fantasy comme GRR Martin. Mais depuis que la Hard SF spéculative transhumaniste de Greg Egan m'a converti (je haïssais la vieille Hard SF militariste et la vogue Cyberpunk des années 80), je recherche d'autres oeuvres dans le même genre. On m'a conseillé Alastair Reynolds et Charles Stross (hé, c'est aussi le créateur des Giths de D&D !) mais j'ai commencé par Asher qui avait l'air moins aride.

Sa série Ian Cormac (Polity) est une sorte de James Bond dans un monde transhumaniste.

La "Politie" est un monde à la Greg Egan gouverné par des Intelligences artificielles. Ce n'est ni un dystopie cyberpunk luddite ni une utopie optimiste du genre de la Culture de Iain M. Banks. Cormac est un humain relié en permance au réseau des IA ("gridlinked"). Il doit lutter à la fois contre divers terroristes humains séparatistes (la Politie accorde l'indépendance aux mondes technophobes mais semble assez interventionniste quand les mondes qui ont fait sécession deviennent dictatoriaux) et d'étranges formes de vie venant d'une civilisation extraterrestre disparue, les Jains.

Tout ça ne serait pas très original mais il y a un humour britannique très attachant. Par exemple, Cormac pilote un vaisseau appelé Hubris puis un énorme dreadnought de 4000 mètres appelé le Rasoir d'Occam et ce genre de détail me fait presque autant rire que les célèbres vaisseaux de la Culture comme "So Much For Subtlety" ou "Size Isn't Everything".

Asher a un vrai talent pour trouver des noms bizarres. La Politie utilise des sortes d'énormes portails de téléportation pour dépasser les contraintes relativistes sur la transmission d'information et au lieu d'un nom sans originalité du genre "stargate" ou "jumpgate", ils s'appellent des "runcible", du nom d'une cuiller "impossible" (trouée ? recourbée en bouteille de Klein ou en anneau de Möbius ?) dans un poème nonsense de 1871 (! - il doit aussi y avoir l'influence subliminale du ansible de Le Guin). Quand on connaît l'origine de nom communs comme "quarks", c'est assez vraisemblable en fait.

Un autre avantage est la faible quantité d'aliens et l'importance des humains transformés. C'est un élément important de la SF récente qu'on peut résumer ainsi : "What If We Were The Ancients?", autrement dit puisque la SF de l'Age d'Or utilisait souvent des races d'Anciens qui essaimaient les mondes, il se peut que nous soyons la seule race "naturelle" de l'univers (Rare Earth Hypothesis) mais que nous devenions l'équivalent des Anciens / Progéniteurs / Forerunners / Progenitors / Seeders / Elder Race en terraformant, en créant des espèces nouvelles ou en provoluant (uplift) des races préexistantes. On réussit ainsi à la fois à avoir une diversité de races très bizarres et à expliquer leurs liens puisqu'elles ont toutes été créées par les Humains à l'origine.

Il me reste à désirer quelques livres que je n'ai pas achetés juste pour ne pas dépasser 150 euros.

Notamment un bouquin sur la Persistence qui a l'air vraiment pas mal. Avec tous mes bouquins sur le temps, ça pourrait faire un bon séminaire.

Il faut aussi que je trouve le livre de Peter Harvey, An Introduction to Buddhism: Teachings, History and Practices, Cambridge University Press, 1990, 374 pages, que j'ai lu chez mon beau-père à Marseille. C'est un excellent ouvrage qui a la qualité de ne pas trop idéaliser les origines du bouddhisme et de détailler les divergences philosophiques - même si Harvey est lui-même un Bouddhiste theravadin (ma secte favorite), il m'a enfin fait comprendre l'intérêt des autres courants. Le livre est un peu aride et académique mais c'est exactement ce que je recherchais après beaucoup d'introductions lyriques ou sirupeuses trop marquées par des paraboles tibétaines. Mais je vais attendre une seconde édition en préparation d'après l'auteur, comme Amazon met le premier volume à 150$ en paperback ! [En passant, j'aime de moins en moins le Bhagavad-Gita hindouiste à présent que je comprends que les passages théistes tant cités ne servent que d'idéologie pour justifier l'ignoble système des castes qui reste la condamnation définitive de cette religion hindoue]

Oh, et ce cycle de Gene Wolfe (que j'ai toujours eu honte de ne pas aimer, un peu comme China Mièville, trop highbrow pour moi) Latro in the Mist et Soldier in Sidon qui prend un héros de la jeune République romaine dans le monde d'Hérodote à la fin des Guerres médiques (le livre est d'ailleurs dédié à Hérodote). Zut, j'aurais dû l'acheter, il me manque soudain.

J'ai quelques idées d'une nouvelle de SF qui utiliserait quelques thèmes ou questions philosophiques. 1 Et si les Lois de la nature n'étaient pas invariantes dans le temps et l'espace ? 2 Une communauté de chercheurs où une prémisse philosophique obscure (par exemple l'intuitionnisme de Brouwer, ou plutôt d'Heyting et Dummett ou le nominalisme de Nelson Goodman ou Hartry Field) donne en fait des différences non-triviales, 3 un monde entièrement composé de clones d'une seule personne narcissique (comme dans la tête de Malkovich). J'aimerais aussi trouver une utilisation pour des Jupiter Brains comme on en trouve dans David Zindell (qui a même des Galaxy Brains dans ses archailects, mais c'est un peu ridicule...). J'aime bien le Bras d'Orion et j'attends avec impatience le jeu Sufficiently Advanced qui a l'air d'être un très bon jeu transhumaniste, plus avancé que Transhuman Space (qui ne se passe que dans un siècle si je souviens bien) ou Fourth Millenium, où on joue encore des organiques luttant contre des virus et nanites.