mercredi 20 août 2008

Hobbies & Policy



Un assistant de John McCain a attaqué plusieurs fois des soutiens d'Obama comme des "gosses qui jouent encore à D&D dans la cave de leur parents". Sur son Blog officiel :



"It may be typical of the pro-Obama Dungeons & Dragons crowd to disparage a fellow countryman's memory of war from the comfort of mom's basement, but most Americans have the humility and gratitude to respect and learn from the memories of men who suffered on behalf of others."


Henley explique pourquoi : McCain veut en rester à la Première Edition du Hack & Slay, et pas toute cette évolution tactique inspirée du MMORPG. "on jouait à des règles qui ne marchaient pas et on l'aimait très bien comme ça, bandes de jeunes punks, ne marchez pas sur ma pelouse".

Il est assez piquant de lire les forums américains de JDR où les rôlistes républicains (enfin, qui se disent souvent "libertariens", ce qui est le terme cool chez les Geeks pour le désir violent que les pauvres n'aient pas droit à la santé) essayent de défendre ce genre de rhétorique de leur candidat.

Add.
Très bonne remarque : le pire est que l'auteur de cette expression est bien évidemment un geek se haïssant lui-même.

But the continued slams on D&D are too specific and takes us back to Ta-Nehisi's rule of Ghetto-Snobbery--we often are what we hate.


On est dans le mécanisme de la "Hierarchie" Geek : un Geek prétend arborer le titre avec fierté mais insiste qu'il est en tout cas nettement moins Geek que les personnes qu'il méprise.

[La dernière réponse d'un rôliste militaire prend peut-être la plaisanterie trop au sérieux, mais rappelle au moins à quel point ce genre de simplification marcherait mieux si elle ne semblait pas aussi hypocrite. ]

En fait, les Républicains ont trop joué à Risk, c'est pourquoi ils croient tant au désordre créateur et à des théories faciles des dominos (même si une rumeur dit que l'Administration Nixon, elle, était assez douée à Diplomacy).

Et comme le résume assez bien Spengler (l'éditorialiste un peu dingue d'Asia Times), le problème géopolitique majeur est que les Américains jouent au Monopoly alors que les Russes savent jouer aux échecs :

What Americans understand by "war games" is exactly what occurs on the board of the Parker Brothers' pastime. The board game Monopoly is won by placing as many hotels as possible on squares of the playing board. Substitute military bases, and you have the sum of American strategic thinking.

America's idea of winning a strategic game is to accumulate the most chips on the board: bases in Uzbekistan and Kyrgyzstan, a pipeline in Georgia, a "moderate Muslim" government with a big North Atlantic Treaty Organization base in Kosovo, missile installations in Poland and the Czech Republic, and so forth. But this is not a strategy; it is only a game score.

Chess players think in terms of interaction of pieces: everything on the periphery combines to control the center of the board and prepare an eventual attack against the opponent's king. The Russians simply cannot absorb the fact that America has no strategic intentions: it simply adds up the value of the individual pieces on the board. It is as stupid as that.

But there is another difference: the Americans are playing chess for career and perceived advantage. Russia is playing for its life, like Ingmar Bergman's crusader in The Seventh Seal.


Ah, cela me rappelle les années 80 où les articles un peu racistes de Pop International Relations nous expliquaient qu'on ne pourrait rien comprendre à la vision globale des Japonais si on ne pratiquait pas le jeu de Go (la conclusion fut quand même que le Go n'est pas terrible pour éviter une longue crise avec liquidity trap).

2 commentaires:

all a dit…

+1. J'avais oublié l'histoire des japonais et du go, qu'est ce qu'on a pu nous bassiner avec ça !

Phersv a dit…

Et maintenant c'est Sun Tzu qui est devenu obligatoire dans les articles, avec des phrases hautement controversées du genre "profitez des faiblesses de votre adversaire" (c'est sûr, jamais un Européen ne pourrait agir ainsi).