lundi 16 mars 2009

Les Conservateurs & le Confédéralisme



Quand on lit des posts conservateurs américains (ou libertariens, ce qui n'est souvent que le masque sexy du conservatisme), leur haine pour la plupart des Etats européens trop socialistes n'est que magnifiée quand ils parlent de l'Union européenne. Ils la connaissent souvent par les eurosceptiques anglais et ils y voient une extension des vices "français" avec en plus le déclin du "sens commun" national, une forme de cosmopolitisme supranational onusien et droit-de-l'hommiste en plus.

Or, une des critiques les plus sombres qu'on pourrait faire de l'Union européenne serait qu'au contraire la faiblesse politique de l'Union devrait représenter le rêve conservateur confédéral d'un Etat central anémié, quel que soit l'interventionnisme des Etats-membres. L'Empire Bruxellois qu'ils dénoncent tant serait devenu la réalisation paradoxale des rêves conservateurs !


It’s as if South Carolina were a sovereign country within a loose confederation, and Barack Obama and Congress needed Mark Sanford’s permission to design and shape a stimulus package.

(...)

If Berlin, Paris, and London are rough models for American liberals, the rough model for American conservatives is—Brussels.

There’s “states rights” and “small government” for you, if that’s what you want.


Add. Cela dit, Yglesias fait remarquer que mêmes les Etats-membres socialisants ont été plus timides, même en proportion que l'interventionnisme obamien sur la relance de l'économie.

Americans stopped paying attention to European politics on September 12, 2001 and are now waking up to find that we live in a world in which Jean-Claude Trichet rather than Ben Bernanke is arguably the world’s most important central banker.

It’s also a world in which a revival in global demand probably needs to come from China rather than from a cuddly democratic ally.


En passant, le problème d'Yglesias est qu'il est un démocrate libéral modéré. Il est bien supérieur à Ross Douthat, le nouvel éditorialiste choisi par le New York Times pour remplacer Kristol (qui devait remplacer Safire) mais Douthat fait semblant d'être un Red Tory ou conservateur "social" dans le genre de Christine Boutin (catholicisme anti-capitaliste, conservatisme sur les moeurs mais moins "libéral" en économie) et il a donc moins de concurrence compétente qu'un libéral politique et il peut donc occuper plus facilement une niche écologique que le Times veut voir remplie.

Add.
Tim Fernholz : il a fallu que la France devienne un valet bushien pour que l'Etat fédéral puisse devenir interventionniste avec Obama.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui. La timidité des Etats européens en matière de relance et l'impuissance de Bruxelle ne sont pas deux phénomènes indépendants: dans le cadre européens, les politiques de relance nationales non coordonnées sont beaucoup moins efficaces, nationalement, qu'une politique fédérale américaine. Même des pays européens "socialisant" sont prisonniers de ce cadre "libertarien"...

Phersv a dit…

Dans le cas de l'UE, il y a aussi le fait qu'il n'y a pas (encore) assez de souveraineté fédérale pour permettre un impôt européen (qui serait si impopulaire qu'il reviendrait à dissoudre l'Union).

Mais comme le dit Yglesias, même des Etats socialisants comme l'Allemagne avec un ministre SPD dans la coalition sont bien plus timorés que l'administration Obama (qui est elle-même jugée bien trop timide par Krugman).