mardi 14 avril 2009

"La Chambre flétrit la calomnie"



Ce soir, téléfilm d'Yves Boisset sur L'Affaire Salengro sur France 2 (il avait déjà réalisé L'Affaire Seznec en 1993 et L'Affaire Dreyfus en 1995).

Je n'étais pas conscient du fait qu'une partie du PCF et de l'Humanité soutenait en fait les accusations par haine du Maire de Lille qui était leur adversaire depuis le Congrès de Tours et qui leur avait pris la municipalité.

A l'occasion du film, l'Assemblée nationale a mis en ligne le vote de la Chambre des députés le 13 novembre 1936 qui accordait son soutien par 427 voix contre 103 (le Front populaire avait alors une majorité d'environ 200 SFIO + Divers Gauche et 110 Radicaux ainsi que le soutien de 72 Communistes, une partie du centre-droit a donc bien voté en sa faveur, d'ailleurs un député de droite M. Petsche, futur résistant, demande à distinguer le vote en faveur de Salengro, qu'il soutient, et le vote sur la critique de la presse, qu'il juge excessif).

[Un détail en passant : les membres du Gouvernement participaient aussi au vote, y compris le Président du Conseil Léon Blum. Ils ne quittaient pas la Chambre pendant leur passage au Gouvernement sous la IIIe République et il n'y avait pas encore de "Suppléant", c'est bien cela ?]

Le pire personnage du film (en dehors des journalistes comme l'ambitieuse Amélie Deschamps) est le député du Nord Henri Becquart (1891-1953), ennemi local de Salengro qui lança toute la campagne de diffamation contre le Ministre de l'Intérieur.

Yves Boisset mentionne à la fin que le journaliste Henri Béraud (ancien du Canard Enchaîné passé à Gringoire, et qui glissa vers l'extrême droite après 1934) fut ensuite condamné en 1945 pour "intelligence avec l'ennemi" puis grâcié par le Général de Gaulle. Mais Henri Becquart, quelle que fût son extrémisme réactionnaire des années 30, fut un Résistant de droite, qui vota les pleins pouvoirs à Pétain mais se retourna ensuite contre le pétainisme.

Un détail sordide qui manque est qu'il paraît que Gringoire titra le lendemain du suicide "Salengro déserte une seconde fois".

L'Assemblée donne aussi la dernière lettre de Salengro.

4 commentaires:

maruku a dit…

C'est bien cela.
C'était aussi le cas sous la IVe, comme c'est encore le cas en Grande-Bretagne où il s'agit même d'une condition pour accéder physiquement à la Chambre des communes (et c'est pour cette raison qu'il y a aussi des ministres Lords qui représentent le cabinet à la chambre des Lords).

maruku a dit…

La liste des opposants à la motion innocentant Salengro est intéressante.

On y trouve, ce qui est étonnant, le "pére de l'Europe" Robert Schuman et, moins surprenant, Édouard Frédéric Dupont qui était encore député RPR de Paris il y a une quinzaine d'années (après avoir été député Républicain indépendant et FN).

Phersv a dit…

Curieux pour ce pieux Schumann...

Il y a aussi Paul Reynaud dans ceux qui votent Non. Je le voyais plus Droite modérée que cela, surtout qu'il rejoint le gouvernement de Daladier en 38 (certes quand les Radicaux passent à droite). Il est député de Paris à l'époque mais il se fera élire député du Nord après la Guerre.

Phersv a dit…

Cela dit, je vois sur Wiki que la maîtresse de Paul Reynaud, Hélène des Portes, était proche de l'extrême droite.