dimanche 31 mai 2009

"Esperanto helpos la eŭropajn popolojn kunkreski"



Ĉi tiu video de la EDE estas iomete agresa kiam la fervorulo de angla estas buŝumito.



ĉu ne stranga ke ili ne metas Esperantojn subtitolojn ? La kampanja retejo en Francujo estas nur en franca.

Types de racismes



L'argument de certains Conservateurs américains contre Sonia Sotomayor est d'accuser son "racisme" ou "racisme inversé" parce qu'elle est d'origine porto-ricaine. Il est curieux de voir les Républicains ne s'intéresser au racisme que lorsqu'il s'agit de dénoncer celui des minorités. C'est encore un de ces cas de contradiction performative où ceux qui nient que le racisme existe encore dénoncent leur propre racisme en le niant.

Leur argument est que Sotomayor a été membre du National Council of La Raza, la principale organisation des Latinos et Hispaniques aux USA, fondée en 1973, équivalent de la NAACP des Noirs. Les Républicains jouent sur le nom pour le confondre systématiquement avec le Raza Unida Party, qui est un mouvement plus minoritaire et plus radical, qui a en effet un aspect plus ethnocentrique (en passant, tout ce discours hispanophobe d'Huntington et des autres va vite détruire tous les efforts des Bush pour séduire l'électorat latino).

Ce terme de La Raza est devenu plus englobant pour les individus de groupes divers hispaniques ou métis autochtones. Autrement dit, c'est un terme justement non-raciste dans le sens où il ne fait pas référence à une unité de naissance mais bien des airs de famille culturels ou régionaux. Mais il est ironique que cette expression soit si facile à détourner en un sens plus agressif pour faire peur aux WASPs (comme une partie du mouvement chicano pour récupérer un "Grand" Aztlán et annexer les Etats conquis par les USA en 1845-1848.

L'expression de "racisme inversé" est vague (puisqu'un raciste d'un groupe discriminé est raciste simpliciter et non un raciste "inversé", comme les suprématistes noirs).

Il existe un sens plus réel de "discrimination inversée" ou "discrimination positive" quand il s'agit par exemple d'une institution, et le ressentiment républicain veut jouer inconsciemment sur ces problèmes politiques.

On pourrait distinguer différents types de racisme.

  • Au sens le plus habituel, le racisme est (1) la thèse qui attribue à un groupe, souvent identifié par des caractéristiques héréditaires (et en l'occurrence depuis quelques siècles surtout des facteurs superficiels de pigmentation dans le phénotype), une valeur supérieure. C'est un racisme "normatif" ou prescriptif mais il repose sur un racisme au sens (2), qui se veut "descriptif" ou "théorique" selon lequel il y aurait déjà objectivement des différences de capacités (intellectuelles ou bien ensuite culturelles ou morales) entre les groupes qu'on identifierait pourtant par des traits visibles. Ce sens (2) sous-tend et introduit déjà la hiérarchisation qui conduit ensuite à une injonction à la discrimination active du sens (1) et entérine les préjugés sur une construction sociale.

    Un racisme (1) inversé serait alors seulement la négation d'une telle supériorité ou hiérarchisation. Autrement dit, c'est la thèse de l'égalité des êtres humains.

  • Il y a aussi un sens (3), qui prétend que les races n'auraient pas une hiérarchisation absolue mais plutôt des avantages et capacités distinctes. Ce sens (3) était parfois utilisé dans certains arguments de racistes au sens (1) et (2) qui prétendent appeler seulement à la séparation des races et non à une supériorité absolue d'une seule. C'est une différence assez théorique et hypocrite puisqu'en pratique les racistes au sens (3) se servent de cette rhétorique pour défendre la discrimination au sens (1) et (2).

    Le théoricien fondateur du racisme Gobineau dit parfois seulement être raciste en ce sens (3) et c'est un axe de défense utilisé par certains en sélectionnant ses textes (voir la page de Discussion dans l'entrée Wiki où un Gobiniste a essayé d'euphémiser tout le racisme ou le "racialisme" de l'écrivain).

    Selon Gobineau, les "races" humaines auraient eu leur perfection propre à l'origine dans leur séparation (polygénisme) mais elle déclineraient ensuite par le mélange (ce que Tocqueville appelait une philosophie de "hara"). La hiérachisation ne se ferait alors pas entre races mais par degré de métissage, qui serait nécessairement une dégradation et un déclin de chaque avantage des races "pures". Et pour Gobineau, qui fonde son racisme surtout sur l'anti-sémitisme, les juifs seraient en fait le peuple le plus métissé, creuset au Proche-Orient de l'Européen, de l'Africain et de l'Asiatique.

    Gobineau est bien entendu en réalité un raciste dans le sens commun (1). Il dit que les races étaient "parfaites à l'état pur" et que l'histoire est une décadence mais il affirme surtout que la race blanche européenne est supérieure aux autres (par exemple, il explique que l'Asiatique pur était certes très "malin" mais moins "intelligent" que l'Aryen...).

    Mais les diverses collaborations entre racistes et mouvements d'extrême droite comme la Nouvelle Droite se servent du racisme (3) comme un masque pour prétendre défendre une forme de différentialisme de l'Originel et des Communautés séparées au nom d'une sorte de principe de diversité culturelle contre l'homogénéisation. Cela permet de fédérer de manière paradoxale des haines exclusives (voir aussi la secte raciste américaine pseudo-musulmane Nation of Islam qui avait appelé à une alliance avec des groupes racistes blancs au nom de ce principe de ségrégation).


  • Si on résume, ce racisme (3) valoriserait la race pure dans la prohibition des mariages inter-raciaux et dévalorise surtout le métissage. Pour reprendre l'expression qu'aiment tant les conservateurs de "racisme inversé", un racisme (3) inversé serait donc la valorisation du métissage qui consisterait à dire non pas qu'il n'a rien de mal, ou qu'il est "normal", mais qu'il aurait en soi une valeur supérieure.

    Ironiquement, l'éloge anti-raciste (et même le concept de créolité pour dépasser celui de négritude) risque parfois de glisser dans ce nouveau racisme (3) inversé, où le non-métis serait alors ringard dans la pauvreté de diversité et dans le champ étriqué de ses ancêtres.

    La judéophobie a ainsi su évoluer en inversant complètement les thèses de l'anti-sémitisme de Gobineau : certains reprocheraient aux juifs non plus d'être la synthèse de tous les peuples mais de s'exclure de cette nouvelle norme du brassage par un excès d'endogamie. Le "peuple" trop "nomade", "apatride" ou trop "cosmopolite" est accusé aussi d'être trop "communautaire" et pas assez "cosmopolite" (voir un certain humoriste français accablé de ressentiment paranoïaque qui présente un parti aux élections européennes, La Ligue pro-pogrom, au nom de "la lutte contre le communautarisme").

    Le terme même de La Raza montre une certaine ambiguïté, anti-raciste avec un certain "racisme (3) inversé".

    Historiquement, l'Espagne fut une des régions qui contribua au développemet à la Renaissance de ce qui deviendra au XIXe siècle le racisme. Après la Reconquista et la première mondialisation dans l'Empire colonial, l'Espagnol est plus sensible que d'autres nations européennes sur l'identité : il faut montrer qu'on est le moins possible d'origine juive, mauresque, africaine ou amérindienne. L'essayiste mexicain José Vasconcelos (1882-1959) avait publié La Raza Cósmica (1925) qui prédisait l'avènement d'une nouvelle race métisse de "Blancs, Noirs et Rouges" et que le destin de l'Amérique Latine était justement de servir de creuset futuriste de cette nouvelle synthèse universelle du Genre Humain. Ce n'était pas seulement un destin mais aussi une valeur supérieure pour inverser les discriminations contre les mestizos. Les Hispaniques reprirent cette valorisation du mélange comme plus neutre que la simple référence linguistique (qui devait sembler rester trop colonial).

    La construction sociale des degrés de métissage a été très variable. Certains Etats coloniaux dévalorisaient les métis comme des dégradations de la pureté raciale, notamment pour le Mexique originel, l'Argentine (qui était une colonie de peuplement avec très peu d'influences indigènes) ou les USA. D'autres valorisaient en partie le métissage avec les Noirs et les Autochtones pour diviser l'opposition des indigènes en accordant des droits particuliers aux métis. D'autres enfin valorisaient le métissage avec une sorte d'idéologie de civilisation par l'européanisation. C'est un discours qui eut parfois lieu par exemple au Brésil mais aussi plus récemment au Mexique pour lutter contre l'ancienne exclusion des mestizos et "mulâtres".

    Doux-amer



    Une des spécialités de The Onion est de faire des articles censés être ironiques mais qui résument bien mieux l'actualité que des titres sérieux :

  • North Korea Detonates 40 Years Of GDP
    "It is truly a great day for North Korea," added Lee-Park, who then died due to a combination of malnutrition and tuberculosis.

  • Obama Revises Campaign Promise Of 'Change' To 'Relatively Minor Readjustments In Certain Favorable Policy Areas'
    "Today, Americans face a great many challenges, and I hear your desperate calls for barely measurable and largely symbolic improvements in the status quo," said Obama.
  • vendredi 29 mai 2009

    Department of Papi Corrections



    (via) une correction incriminante :

    Je préfère ne pas savoir ce que Berlusconi indique ici
    Correction: An earlier version of this article misstated the number of girls younger than 18 who were allegedly invited to a villa by Prime Minister Silvio Berlusconi of Italy. Mr. Berlusconi is alleged to have invited about 40 women to the villa, but only some of them were allegedly younger than 18 at the time, not all of them.

    Berlusconi a aussi juré qu'il n'y avait rien eu d'indécent "sur la tête de ses enfants".

    On comprend qu'on ait pu croire que ce sketch était vraiment avec lui.

    jeudi 28 mai 2009

    Bleg



    Y a-t-il un site où on puisse voir tous les clips de campagne officielle des élections européennes ?

    En attendant, voilà un clip monarchiste pour la région Grand-Ouest, qui, si j'ai bien compris, réclame un retour à "l'Europe des Souverainetés" (l'Europe d'Utrecht aux Congrès de Vienne ?), avec un slogan dans le style d'Apple ("Votez Différent"). Un peu double emploi avec les MPF de Libertas.




    Il dit qu'il est pour une "France capétienne" pour taire les divisions Bourbons/Orléans. Mais ce forum légitimiste n'est pas dupe et appelle à boycotter ces traitres "syncrétiques" au Drapeau blanc (sic).

    Et puisqu'on parle de pathologie mentale incompréhensible, le nouveau clip de l'UMP à la sauce "lip-dub / playback" est toujours aussi réjouissant avec tous ses Open Spaces et ses militants en veste tyrolienne qui jouent au Babyfoot en donnant une impression du Village dans le Prisonnier ou dans Le Village des Damnés.

    L'héritage alabamien



    Le Parti républicain actuel semble plus mené par un désir d'oligarchie inégalitaire et de théocratie que par le racisme, qui est en déclin. Mais on constate toujours que le refoulé revient au galop dès qu'ils attaquent le "racisme inversé" (expression absurde : un membre des minorités qui haïrait la majorité serait juste raciste, pas "raciste inversé", mais c'est un mot de code d'équivalence morale pour bien distinguer ce racisme-là comme s'il était moins "positif").

    Quand on regarde le Comité du Sénat aux affaires judiciaires, on voit que la minorité républicaine est désormais présidée par Jefferson Beauregard Sessions IIIe du Nom, 62 ans, Sénateur de l'Alabama depuis 1996 (j'imagine que son second prénom est un hommage au Général de la Confédération esclavagiste Gustave Beauregard).

    Or, J. Sessions, l'ancien procureur de l'Alabama (l'Etat de Gouverneur George Wallace), était passé devant le même Comité aux Affaires judiciaires quand Ronald Reagan l'avait choisi comme Juge fédéral en 1986. A l'époque, le Comité était dirigé par le Ségrégationniste de Caroline du Sud Strom Thurmond mais la nomination de Sessions avait quand même été refusée (y compris par le Sénateur démocrate Patrick Leahy, qui dirige le Comité aujourd'hui) quand un témoignage relata qu'il avait exprimé de la sympathie pour le KKK, qu'il se disait opposé au Voting Rights Act de 1965 (la législation contre la discrimination sur le droit de vote). Un assistant au procureur noir déclara même que Sessions lui aurait dit de "baisser la voix quand il parlait à des blancs".

    Voilà l'homme qui sera chargé de critiquer Sotomayor pour son excès d'empathie envers les minorités.

    En parlant de Mémoire sudiste, je ne savais pas que William Fulbright (Sénateur de l'Arkansas pendant toute l'après-guerre et inspirateur de la plus célèbre bourse pour les étudiants étrangers, la "Fulbright") avait signé l'infâme Manifeste sudiste de 1956 (le père d'Al Gore fut l'un des 3 seuls Sénateurs Sudistes à refuser de le signer).

    mercredi 27 mai 2009

    Candidat alternatif pour la Cour Suprême



    Normalement, "Red Sonia" (©) Sotomayor devrait être acceptée facilement avec la majorité démocrate actuelle à condition qu'elle ait payé ses impôts ou qu'elle ne se retire pas pour cause de diabète de type 1.

    Mais les Républicains la traineront dans la boue quand même et ils ont déjà commencé. De courageux partisans de la torture comme les avocats de Bush, John Yoo ou Alberto Gonzales nous ont déjà informés que la brillante magistrate (Princeton/Yale, éditrice de la Yale Law Review) n'avait été choisie que pour son diabète pour un message communautariste d'empathie aux Insulino-Américains.



    Add.
    Après Barack le Barbare (avec Sarah Palin en Red Sonja), c'est au tour de la plus célèbre Représentante du Minnesota, la Folle du Christ Michelle Bachmann d'avoir aussi droit à son propre comic-book.

    mardi 26 mai 2009

    Cathos à la Cour



    (Via) Ce post du Blog Religiondispatches semble d'abord être du catholic-bashing dans son obsession sur la représentativité des communautés. Elle a l'air de s'effrayer que la nouvelle Juge de la Cour Suprême, Sonia Sotomayor (qui suscite déjà une certaine hystérie à droite), puisse être une Papiste de plus alors qu'il y a déjà 5 Catholiques sur 9.

    After all, for the first 180 years the Supreme Court was comprised of nothing but white protestant men. Louis Brandeis, the first Jew was appointed in 1916; Thurgood Marshall, the first African American in 1967 and Sandra Day O’Connor the first woman in 1981.

    Only eleven Catholics have served on the Court – and five of them are currently serving. The first Catholic justice Roger Taney was also chief justice and issued the infamous Dred Scott decision which declared that African Americans were “of an inferior order and altogether unfit to associate with the white race.


    Puis elle explique que cela pourrait aussi être une bonne nouvelle :

    There is a way in which it would be wonderful to have on the Court a progressive Catholic. I get so discouraged each time I see a press report of a five-four decision as most of the time it is a bad decision for social justice and human rights, for personal freedom. And most often the five votes are the Catholic boys.


    {En parlant de droit et de catholicisme, mais en Europe, le blog Concordat Watch a une analyse du financement de l'Eglise catholique en Espagne.]

    Axes européens



    Je ne comprends guère l'utilité des Tests pour les Partis. Il est quand même rare qu'on y apprenne quelque chose (même si en 2000, je me souviens que j'avais été surpris d'apprendre que si j'avais voté aux Primaires démocrates, j'aurais été plus proche de Bill Bradley que d'Al Gore).

    (Via) EU Profiler vous classe sur deux axes : position sur l'intégration européenne et position "socioéconomique" (ce qui mèle donc des questions assez diverses - les ultralibéraux d'Alternative Libérale sont classés comme moins à droite que l'UMP à cause de cela). J'apprends que je suis plus proche du PS wallon que du PS français, mais ce n'est pas vraiment comme si j'avais le choix d'aller voter à Bruxelles.

    Ah, si, j'ai quand même appris quelque chose dans la comparaison entre Etats membres : les Green britanniques (qui occupent la même position que le PCF français) sont bien plus eurosceptiques que les Verts français, les Ecolos belges ou les Grünen allemands.

    Add.

    Oh, non, Xavier Bertrand est ventriloque !!

    Tourisme vers l'état de nature



    Si vous en avez assez d'être dans le Ventre du Léviathan socialiste.



    Voir aussi cette photo annotée sur le libertarianisme.

    Détours & Autodétournements



    Un internaute soutien de "Libertas" (qui regroupe le MPF villieriste et Chasse Pêche Nature et Traditions, ce qui convient donc tout à fait pour son logo de V pour Vendetta) a essayé de rivaliser avec Mozinor en doublant des clips.

    Comme le fait remarquer Raveline, il y a déjà un paradoxe à voir ce souverainiste europhobe ne se servir que de blockbusters américains (mais d'un autre côté le mouvement irlandais Libertas a réintroduit une dose d'atlantisme libéral dans la vieille outre paléochouane et protectionniste).

    Mais une seconde contradiction est que souvent le détournement semble s'auto-déconstruire si on prétendait filer les analogies.

    Prenons celui de Troy. Priam est l'élite européenne et fait entrer le Cheval de Troie de la Mondialisation, mais l'héroïque Pâris (Libertas) tente d'empêcher l'invasion. Trop peu de culture est une chose dangereuse. D'une part, comme chacun sait, c'est le mou Pâris qui est le vrai responsable de la catastrophe en ayant enlevé Hélène mais surtout il échoue complètement.

    Prenons la parodie de The Phantom Menace. Le Chancelier Finis Valorum (l'Eurocrate) veut empêcher les fromages de chèvre. Heureusement, un Sénateur, Palpatine ( = Libertas) lutte pour défendre la Princesse Amidala (la Ruralité). Là ce n'est plus de la culture générale mais le Chancelier Valorum est intègre (bien qu'impuissant) alors que Palpatine est un dictateur fascisant qui est l'artisan des troubles qu'il dénonce. C'est un choix curieux de modèles...

    Coupant



    Je n'avais pas d'opinion sur "l'affaire" Julien Coupat parce qu'après tout je n'ai aucun accès au dossier (et au début, certains de ses défenseurs semblaient dire à la fois qu'il était innocent des sabotages, que les sabotages n'étaient pas si graves et qu'il avait eu raison de saboter, ce qui me prédisposait contre lui). Et s'il était vraiment un des co-auteurs de L'Insurrection qui vient, je l'imaginais comme finalement très heureux d'être ainsi sous la répression de l'Etat de la classe bourgeoise.

    Mais il semble quand même désormais très vraisembable que l'affaire réelle ne soit pas une nouvelle "Action Directe", mais plutôt une Affaire Alliot-Marie, l'arrestation sans preuves suffisantes, dans un mépris total de la procédure formelle, et si cela se confirme, cela pourrait un jour devenir une vraie affaire d'Etat et une crise de notre Etat de droit.

    La longue interview de l'Epicier de Tarnac paraît ironiquement (comme le fait remarquer Coupat) dans le Monde, notre ancien quotidien de référence qui avait historiquement un ton rocardo-tiersmondiste mais qui a clairement glissé plus à droite récemment vers des accents balladuro-sarkozystes, même après l'éviction de la clique de Colombani.

    Nous vivons actuellement, en France, la fin d'une période de gel historique dont l'acte fondateur fut l'accord passé entre gaullistes et staliniens en 1945 pour désarmer le peuple sous prétexte d'"éviter une guerre civile". Les termes de ce pacte pourraient se formuler ainsi pour faire vite : tandis que la droite renonçait à ses accents ouvertement fascistes, la gauche abandonnait entre soi toute perspective sérieuse de révolution. L'avantage dont joue et jouit, depuis quatre ans, la clique sarkozyste, est d'avoir pris l'initiative, unilatéralement, de rompre ce pacte en renouant "sans complexe" avec les classiques de la réaction pure – sur les fous, la religion, l'Occident, l'Afrique, le travail, l'histoire de France, ou l'identité nationale.


    C'est un des pires passages tant c'est binaire. Tout se réduit à l'opposition entre des degrés de fascisme et la Rue. Il y a un aspect en effet réactionnaire très marqué mais je ne suis pas sûr qu'on ait à remonter à un "Pétainisme transcendantal" comme dirait l'autre ni que cela soit vraiment plus violent qu'une partie du CNIP ou l'UDR sous Pompidou, Messmer & Marcellin.

    Quant à l'extrême gauche à-la-Besancenot, quels que soient ses scores électoraux, et même sortie de l'état groupusculaire où elle végète depuis toujours, elle n'a pas de perspective plus désirable à offrir que la grisaille soviétique à peine retouchée sur Photoshop.


    Quatremer a dit que les journalistes appelaient désormais José Manuel Barroso "Le Grand Abstrait" après une vidéo parodique de Libertas, et appeler Besancenot "Brejnev sous Photoshop" est une bonne trouvaille.

    Dans ces conditions, la seule force qui soit à même de faire pièce au gang sarkozyste, son seul ennemi réel dans ce pays, c'est la rue, la rue et ses vieux penchants révolutionnaires. Elle seule, en fait, dans les émeutes qui ont suivi le second tour du rituel plébiscitaire de mai 2007, a su se hisser un instant à la hauteur de la situation. Elle seule, aux Antilles ou dans les récentes occupations d'entreprises ou de facs, a su faire entendre une autre parole.


    Dans le Cliché Soixante-huitard sans peine, on utilise souvent la formule "X n'existe pas" avec un X tout à fait du sens commun. Mais je crois assez plausible que "La rue, cela n'existe pas", et qu'un déconstructeur qui a le goût du paradoxe plus que de la vérité tombe dans une naïveté confondante en groupant toute émeute et manifestation sous un même concept du "Groupe en Fusion" ou dans ce flux "spontanéiste" de "la Rue".

    Vous êtes issu d'un milieu très aisé qui aurait pu vous orienter dans une autre direction…

    "Il y a de la plèbe dans toutes les classes" (Hegel).


    Malgré toute l'admiration qu'on peut avoir pour les Gracques, la petite citation est ici le comble de la mauvaise conscience (surtout que je doute que cela soit si positif chez Hegel...).

    La philosophie naît comme deuil bavard de la sagesse originaire.

    Platon entend déjà la parole d'Héraclite comme échappée d'un monde révolu.


    Une irruption d'un ton heideggerien sur un état originel d'une Pensée de l'être encore pleine de potentialités inouies, ensuite circonscrite dans la métaphysique. Une des grandes nouveautés de la pensée révolutionnaire de l'après-guerre est que ce mythe de la radicalité originelle, si réactionnaire, soit intégrée dans les radicaux politiques. Un Autre Monde n'est pas seulement un avenir possible, il a été Oublié en puissance, comme des Atlantides englouties.

    Ce qui fonde l'accusation de terrorisme, nous concernant, c'est le soupçon de la coïncidence d'une pensée et d'une vie ; ce qui fait l'association de malfaiteurs, c'est le soupçon que cette coïncidence ne serait pas laissée à l'héroïsme individuel, mais serait l'objet d'une attention commune.


    Comme on dit vulgairement, là, notre Héros se fait vraiment tout un petit roman sur sa singularité.

    Le partage ne passe donc pas, comme le voudrait la fiction judiciaire, entre le légal et l'illégal, entre les innocents et les criminels, mais entre les criminels que l'on juge opportun de poursuivre et ceux qu'on laisse en paix comme le requiert la police générale de la société. La race des innocents est éteinte depuis longtemps, et la peine n'est pas à ce à quoi vous condamne la justice : la peine, c'est la justice elle-même, il n'est donc pas question pour mes camarades et moi de "clamer notre innocence", ainsi que la presse s'est rituellement laissée aller à l'écrire, mais de mettre en déroute l'hasardeuse offensive politique que constitue toute cette infecte procédure.


    La dialectique foucaldienne que Coupat sait si bien parodier a quelque chose de fascinant. La pensée de l'innocence est déjà un embrigadement policier (parce que cela suppose des démarcations et clivages du crible de la gouvernementalité) et donc il ne dit pas être innocent et il n'y a pas à se réclamer de la justice, mais il est victime d'une injustice et n'est pas coupable.


    Heureusement, le ramassis d'escrocs, d'imposteurs, d'industriels, de financiers et de filles, toute cette cour de Mazarin sous neuroleptiques, de Louis Napoléon en version Disney, de Fouché du dimanche qui pour l'heure tient le pays, manque du plus élémentaire sens dialectique. Chaque pas qu'ils font vers le contrôle de tout les rapproche de leur perte.


    Je dois reconnaître que ce passage est vraiment pas mal écrit dans son pastiche du classicisme de Guy Debord avec une touche de moralisme hugolien du XIXe siècle ("de financiers et de filles"), mais c'est peut-être seulement mon Syndrome de Sarkophobie qui me fait aimer le "Louis Napoléon en version Disney".

    Coupat a peut-être raison sur la "dialectique" (si ce terme peut recevoir un sens un peu intelligible). Le fait qu'on le lise l'illustre d'ailleurs. Une des bizarreries de ce régime actuel si anti-intellectuel et misologue est qu'il s'évertue à donner tant d'audience à ces petits groupes radicaux si philosophiques ou si "sophistiques".

    lundi 25 mai 2009

    Listes aux élections européennes

    Chez ipolitique, la liste des 28 listes en Île de France, classées de l'extrême gauche à l'extrême droite (La liste "antisioniste" de Dieudonné M'bala M'bala est assez justement rangée à l'extrême droite).

    Je m'attendais à beaucoup de sectes et groupes grotesques mais il n'y en pas tant que cela. Il y a notamment :

    Cannabis sans frontières Farid Ghehiouèche
    Europe - Démocratie - Espéranto (EDE) Élisabeth Barbay
    Citoyenneté Culture Européennes (CCE) André Locussol
    Newropeans Marianne Cormier-Ranke
    Solidarité
    Alliance Royale (AR) Patrick Cosseron de Villenoisy
    Rassemblement pour l'Initiative Citoyenne (RIC) Philippe D'Aval
    Union des Gens (UDG) Alain Mourguy
    Parti Humaniste (PH) Alain Ducq


    Newropeans est un mouvement fédéraliste mais leur nom semblera tellement plus Newspeak encore que le Parti Espérantiste EDE qu'on croirait une parodie.

    L'entrée Wiki sur Parti humaniste est l'objet d'une "guerre d'édition" avec la secte de l'Argentin Mario Rodriguez Cobos derrière le parti. C'est d'ailleurs un paradoxe : plus ils se mettent à plusieurs pour retirer le fait qu'ils sont une secte, plus on se dit qu'ils doivent bien en être une.

    Yves-Marie Adeline, de l'Alliance Royale, a publié un livre sur l'histoire des Idées politiques chez Ellipses. J'ai un peu moins honte d'avoir grillé toutes mes deadlines chez cet éditeur...

    France 2 a passé le clip de l'Union des Gens ("Nous sommes... des Gens.") et il est touchant de voir des hommes politiques sans conseiller médias ou sans qui que ce soit avec eux pour leur dire de ne pas faire de grands moulinet avec les bras comme s'ils essayaient de lutter contre le déséquilibre. Ses propos contre la création de monnaie par les banques privées m'a fait un peu penser à la vidéo de Paul Grignon qui marche bien sur les sites alternatifs divers.

    Mais il était temps de présenter des Gens, et non plus seulement des zombies robots inanimés.

    J'en ai oublié mais je ne compte pas dans les listes grotesques la liste volontairement humoristique de Gaspard Delanoe "L'Europe de Gibraltar à Jérusalem" (il avait déjà fait des gags proches pendant les municipales). Je dois avouer que j'ai quand même hâte de voir leur clip. Voir aussi chez Wiki la liste des Partis plaisanteries comme le Parti Citron ou le Parti Rhinocéros canadien, le Raving Loony Party, le Surprise Party, le Death, Dungeons and Taxes Party (qui demandait l'annexion de la France) etc.

    Un post très constructif



    Je ne devrais pas écrire de note à ce sujet, mais tant pis. Portrait d'Avital Ronell dans Libé :

    Avital Ronell, 57 ans, figure majeure de la philosophie américaine.

    Son directeur de thèse l’avait prévenue : les Allemands ne comprendront jamais sa façon d’écrire ; les Américains resteront hermétiques à son contenu ; seul espoir, disait-il, les Français.


    La dernière phrase me paraît vraisemblable mais aussi une des pires choses qu'on puisse dire sur le snobisme et l'escroquerie des sophistes de ce pays.

    Oh, et si vous voulez lire de vraies "figures majeures" de la philosophie anglo-américaine, qui se trouveraient aussi être des femmes encore vivantes, lisez Judith Jarvis Thomson, Annette Baier, Hilary Bok, Nancy Cartwright, Patricia Churchland, Dorothy Edgington, Philippa Foot, Carol Gilligan, Susan Haack, Sally Haslanger, Christine Korsgaard, Ruth Barcan Marcus, Laurie A. Paul. Même Martha Nussbaum. Même Donna Haraway. En fait, lisez à peu près n'importe qui (à part peut-être cette dingue de Rand) avant de perdre votre temps avec du Ronell. Mais bien entendu, elle est traduite et presque aucune des précédentes ne l'est, ce qui en dit long sur le flair des philosophes.

    Heureusement, Eric Aeschimann nous livre des exemples de l'intelligence de Ronell :

    De cette tradition, elle a gardé le corps à corps : empoigner le monde, se saisir des objets «les plus méprisés» (la télé, la bêtise, les tests), les convertir en concepts, bien agiter.

    Ce qui donne, à propos du sida : «Ce n’est pas une punition tombée du ciel ; c’est quelque chose qui est créé, un effet de la technologie, qui s’adresse à l’homme, à nos villes…»


    Le Sida s'adresse à nos villes.
    C'est en effet très profond.

    Presque aussi stupide que du Virilio, ce qu'il est difficile de faire sans un générateur aléatoire.

    Crise religieuse au Penjab



    On commence à en savoir plus sur la querelle violente entre Sikhs à Vienne.

    Conformément à mon hypothèse d'hier, cela concernait bien des Ravidasis mais plus précisément un courant assez similaire des Intouchables, la secte dite "Dera Sachkhand".

    Le Gourou des Dera Sachkand, Sant Rama Nand, visitait un "gurdwara (un temple sikh) à Vienne quand il a été assassiné par des Sikhs d'une tendance plus orthodoxe. Le meurtre était prémédité.

    La crise se déplace maintenant en Inde, dans l'Etat du Penjab où les SachKhand de Ravi Das (qui ne portent pas le Turban des Sikhs orthodoxes) attaquent maintenant les Sikhs "à turban" et ont mis le feu au train entre Amritsar et Jalandhar.

    Le Penjab indien (il y a un Etat du même nom de l'autre côté de la frontière au Pakistan) a 25 millions d'habitants, dont 60% de Sikhs et 37% d'Hindous.

    Le Jathedar (chef) du Akal Takht dans le "Temple d'Or" de la cité sainte d'Amritsar est le Chef le plus important du clergé sikh (le principal des cinq Jathedars temporels) et le Jathedar actuel, Gyani Gurbachan Singh, a condamné l'assassinat du Gourou Sant Rama Nand.

    Sant Rama Nand, 57 ans, est mort de ses blessures à l'hopital à Vienne mais un autre Gourou, Sant Niranjan Dass, 68 ans, chef du Gurdwara de Ravi Dass à Ballan près de Jalandhar a survécu à l'attaque.

    Une des ironies de ce conflit est qu'il comporte un élément de castisme alors qu'officiellement, le Sikhisme ne reconnaît pas plus les Castes hindoues que l'Islam. Mais en réalité, les SachKhands viennent des Hors-Castes Intouchables.

    Le Premier Ministre indien, Manmohan Singh, qui est lui-même, comme son patronyme l'indique, Sikh (né au Penjab en 1932, du côté de l'actuel Pakistan) essaye de calmer les choses en promettant une enquête sur les Sikhs qui ont assassiné le Gourou en Autriche. Les Sikhs forment 2% de la population totale de l'Inde mais ils jouent un rôle essentiel au Penjab (13 députés au Lokh Sabha, dont 8 pour le Congrès et 4 pour le Parti Sikh qui s'est allié au BJP Hindouiste).

    Roh Moo-hyun et la Maison Bleue





    On appelle "Maison Bleue" (ou plus littéralement "La Maison aux Tuiles Bleues") la demeure du Président de la République coréenne "entre la montagne du Dragon Bleu et du Tigre Blanc".

    Le suicide spectaculaire de l'ancien Président Roh Moo-hyun samedi 23 mai (il s'est jeté d'une falaise près de chez lui) permet de revoir la politique de la Corée du Sud, ce pays asiatique démocratique si pluraliste et occidentalisé qui a connu à la fois des décennies de régime autoritaire pro-américain (1948-1987) et de vraies alternances plus nettes qu'au Japon voisin (notamment pendant la décennie 1997-2007).

  • Rappels sur la République de Corée


    • La Corée du Sud a 48 millions d'habitants, soit un peu plus que l'Espagne ou l'Ukraine. Le gouvernement est vraiment redevenu démocratique depuis le début de la VIe République en 1987, il y a 22 ans.

      Le pays fut occupé par les Japonais de 1905 à 1945 mais la Libération par les armées soviétiques et américaines conduisit à la création des deux Corées en 1948.

    • La Première République (1948-1960) est le règne autoritaire du Président Syngman Rhee (1875 – 1965), qui utilisa la Guerre contre la Corée du Nord et la lutte contre le communisme pour réprimer toute opposition.

    • Le Président Rhee fut finalement renversé pendant la brève Seconde République (1960-1961) et Rhee fut exilé pour corruption. Mais devant les émeutes des mouvements de gauche, l'armée coréenne en profita pour faire un coup d'Etat et le Général Park Chung-hee (1917-1979) prit le pouvoir. Il légitima finalement son autorité par des "élections" et proclama la Troisième République en 1967, puis peu de temps après, il déclara l'Etat d'Urgence et il accrut ses pouvoirs dans une nouvelle Constitution avec la Quatrième République (1972-1979), enfermant ses opposants et truquant les élections.

    • Après 18 ans de dictature avec un semblant d'élections démocratiques, le Général Park fut assassiné en 1979 par un de ses proches, le chef des Services secrets (qui aurait voulu faire cesser la campagne de répression et fut ensuite pendu). On crut à un début de révolution mais les manifestations furent réprimées par l'Armée coréenne et le Général Chun Doo-hwan devint le troisième dictateur de Corée après le Président Rhee et le Général Park, proclamant la Cinquième République en 1980.

    • Mais finalement après 7 ans de règne mouvementé et violent, son successeur le Général Roh Tae-woo commença la transition démocratique avec la Sixième République. Il gagna les élections face à une opposition morcelée et en 1992, un ancien opposant civil modéré Kim Young-sam s'allia avec la droite et l'Armée et gagna les élections, premier civil élu depuis le coup d'Etat de 1961. Le Parti de Kim Young-sam devint le Grand Parti National, principale formation conservatrice, alliance de l'ancien "Parti Républicain Démocratique" (qui n'était ni l'un ni l'autre en soutenant la dictature militaire) et de certains opposants "centristes" (la fille du Général Park, Park Geun-hye est toujours l'une des principales figures de la droite coréenne, même si elle est marginalisée aujourd'hui).

    • La vraie rupture n'eut donc lieu qu'en 1997 avec la victoire de Kim Dae-jung (né en 1925 - ne pas confondre avec Kim Young-sam). Kim Dae-jung - qui descendait de l'ancienne aristocratie royale tout comme Syngman Rhee - fut un opposant constant à la dictature du Général Park, se présentant souvent contre lui et passant des années en prison. L'opposant catholique (Prix Nobel de la Paix en l'an 2000) finit par l'emporter dans une élection à un seul tour où la majorité conservatrice s'était divisée. L'opposition était aussi régionale car il représentait le sud-est relativement pauvre alors que tous les Présidents précédents venaient du sud-ouest relativement plus riche autour de la grande ville industrielle de Pusan.


  • Le Président Roh Moo-hyun (1946-2009) était un héritier un peu infidèle de Kim Dae-jung.

    Roh était un auto-didacte de famille modeste du côté du port de Pusan et il fut élevé dans le catholicisme, comme Kim Dae-jung. Il était devenu avocat et avait défendu des opposants sous les dernières années du régime du Général Park. Il commença en politique plus près du modéré Kim Young-sam que de l'opposant Kim Dae-jung mais finit par critiquer l'alliance de Kim Young-sam avec les anciens dignitaires de l'armée.

    Ancien Ministre de Kim Dae-jung, il battit de très peu le candidat de droite en décembre 2002. Il continua la politique d'ouverture vers la Corée du Nord. Il commit plusieurs gaffes (il écrivit sur son propre site qu'il ne se pensait pas qualifié), s'aliéna certains des membres du Parti Démocratique du Millénaire de Kim Dae-jung et faillit même être destitué par la Chambre pour "incompétence" en 2004. Son populisme assez modeste finit par détruire tout son prestige dans un système républicain semi-présidentialiste.

    Après des séries de défaites aux élections intermédiaires, Roh proposa une grande coalition avec les Conservateurs du Grand Parti National, ce qui fut refusé mais le rendit encore plus impopulaire dans l'aile gauche de son Parti.

    Il put terminer son mandat en 2005 et le candidat de droite, Lee Myung-bak, ancien PDG de Hyundai, maire de Séoul et Presbytérien dévot, succéda au brouillon avocat de Pusan.

  • La corruption et le suicide

    Cette année en 2009, une enquête montra que la famille de Roh Moo-hyun, dont sa femme et son fils Roh Geon-ho, auraient reçu environ 8 milliards de Won (5 millions d'euros) d'un homme d'affaires coréen qui a fait fortune dans les chaussures. Roh a reconnu qu'il y avait une affaire réelle, a innocenté ses proches en accusant donc sa famille, tout en niant être personnellement impliqué.

    Il s'est donc suicidé ce samedi pour éviter de continuer à répondre à cette enquête. La chute fut d'une trentaine de mètres. On raconte qu'il aurait demandé une cigarette à un garde du corps et que celui-ci n'en avait pas (ce qui explique le geste rituel de tous ceux qui apportent aujourd'hui des cigarettes à la veillée funèbre de l'ancien Président).

    Le geste de la mort volontaire semble avoir inversé sa mauvaise image, deux ans après son départ et au moment où le Président Lee a à son tour une assez médiocre réputation et où Roh, dans toute sa médiocrité, représente aussi le retour à la normale démocratique dans un pays aux haines idéologiques et régionales si exacerbées.

    Roh Moo-hyun a laissé la lettre suivante, qui ne mentionne pas explicitement sa famille :

    "J'ai des dettes envers trop de gens. Le fardeau que je leur ai imposé est trop lourd. Je ne peux pas sonder les innombrables souffrances à venir. Le reste de ma vie ne serait qu'un fardeau pour autrui. Je ne peux plus rien faire en raison de ma mauvaise santé. Je ne peux plus lire de livre et je ne peux plus écrire. Ne soyez pas trop tristes. La vie et la mort ne sont-elles pas des parties de la nature. Ne soyez pas désolés. N'ayez du ressentiment envers personne. C'est le destin. Faites bruler mon corps et ne laissez qu'une petite tombe près de chez moi. J'y ai pensé depuis longtemps.


  • dimanche 24 mai 2009

    Ravidasis contre Sikhs



    Une dépêche AFP raconte un affrontement très violent à l'arme blanche et au pistolet "entre des Sikhs" dans un temple de Vienne en Autriche.

    Les détails ne sont pas très clairs :


    La situation a dégénéré lors du sermon d'un gourou, Shri Guru Ravidas Sabha, spécialement venu d'Inde, dans ce temple situé dans le 15e arrondissement de la capitale autrichienne.

    (...)

    La querelle religieuse au sein de la communauté durerait depuis plusieurs années, le temple, ouvert depuis fin décembre 2005, étant en conflit avec d'autres temples de Vienne.


    Je suppose que le texte veut en fait dire que c'était le sermon d'un gourou auprès du Shri Guru Ravidas Sabha, qui désigne un mouvement de Temples "ravidasis" face aux Sikhs.

    Vers le XIVe-XVe siècle siècle, le Gourou Ravidas aurait été un Hindou de l'Uttar Pradesh, adorateur de Rama mais d'origine Intouchable, qui aurait introduit une critique du système des Castes. Cela conduisit au mouvement hétérodoxe dit Ravidasi.

    Le Sikhisme serait né un siècle après (mais les données sont hésitantes) avec le Gourou Nanak Dev (1469-1539), un Pundjabi de caste chevaleresque-aristocratique, qui défendit un nouveau Monothéisme qui renvoyait dos à dos le Polythéisme brahmanique et l'Islam de leurs ennemis Moghols. Contrairement à de nombreuses sectes parallèles à l'Hindouisme, le Sikhisme évolua depuis le XVIe siècle comme une véritable communauté séparée avec toute une organisation sociale, politique et même militaire qui les opposa progressivement aux autres religions de la région. Cela mena même un Empire avec Ranjit Singh qui domina le Penjab au début du XIXe siècle, avant l'invasion britannique.

    Les textes sacrés sikhs réunis par les Gourous au XVIIe siècle dans le Gourou Granth Sahib comprennent aussi des Hymnes antérieurs à la fondation par le Gourou Nanak, dont des paroles attribuées au Gourou Ravidas, comme la critique du système des castes (même si de facto, on peut considérer que le Sikhisme fut plus une révolte mystique de la caste militaire contre la caste sacerdotale, alors que la critique ravidasi concernait le statut des hors-castes).

    Aujourd'hui, les Ravidasis existent comme un groupe à part "à l'intérieur" des Sikhs mais Ravidas est aussi une sorte de Saint hindou comme le mythique Valmiki pour les Valmikistes. Ils ont repris de nombreuses traditions sikhs mais se voient aussi comme une tradition plus ancienne et donc sur certains points restée plus "hindoue" (Ravidas se réclamant plus de la Vénération envers le dieu Vishnou et des avatars terrestres que de la Divinité Unique sans Nom de Gourou Nanak). Les Ravidasis se sont développés chez des Intouchables du Penjab, ce qui a dû être une autre différence sociale et non pas seulement théologique ou liturgique.

    J'imagine que les six personnes qui ont été arrêtés et qui ont blessé 30 Ravidasis doivent être des Sikhs fanatiques et refusent les Ecritures ravidasis qui donnent la priorité à leur propre Gourou du début du XVe siècle par rapport à la succession orthodoxe des dix saints Gourous du Sikhisme du XVe au XVIIIe siècle.

    Que mon sage conseil n'avait su retarder



    Il y a quelques années, j'avais lu le livre de John Doris, Lack of Character, sur les théories situationnistes selon lesquelles on n'a pas, contrairement à nos intuitions du sens commun, un "caractère" si stable et prévisible qu'on le croit et que cela dépend énormément des situations et non pas seulement de traits profonds intrinsèques.

    Cet article sur la notion de "contrôle de soi" pour apprendre à différer la satisfaction m'apprend que j'avais mal interprété certaines données du livre de Doris.

    Doris cite beaucoup d'analyses du psychologue d'origine autrichienne Walter Mischel (Columbia), qui fut le pionnier de la remise en cause des théories de la "personnalité" (Personality and assessment, 1968).

    Mais en fait, Mischel voulait surtout rendre le concept de personnalité plus nuancé et "disjonctif", composé de plusieurs dispositions variant selon des situations, il n'allait pas jusqu'à la thèse de remettre en cause l'existence de dispositions. Elles peuvent être stables dans le temps si les situations restent similaires, sans être constantes à travers des situations différentes.

    Au contraire, Walter Mischel fit même des expériences pour montrer une certaine constance dans les traits pour différer la satisfaction immédiate (l'expérience du Chamallow sur la Gratification différée où on promet un enfant deux chamallows plus tard s'il s'abstient de manger un Chamallow tentateur pendant un quart d'heure).

    Or cette capacité rationnelle à faire lanterner une récompense a une dimension essentielle pour notre vie sociale. Elle est différente de "l'intelligence générale" (en admettant une telle notion, comme on recommence à le faire en psychologie) mais elle peut être un bien meilleur moyen de prédire l'efficacité, avec une bonne corrélation entre les tests sur le contrôle de soi et la réussite scolaire.

    Une des thèses cognitives actuelles - d'après l'article de vulgarisation, du moins - serait que cette capacité à résister à l'impulsion immédiate de satisfaction, serait en fait une capacité de "méta-cognition" (une représentation portant sur nos états mentaux, comme de penser à nos propres sensations et émotions) pour réussir à utiliser des pensées contre d'autres, pour faire retarder l'effet d'un désir. La personne avec cette capacité ne résiste pas mieux à la représentation du désir, elle arrive plutôt à ne plus s'y exposer en la supprimant.

    Cela semble assez anti-Humien puisque la psychologie humienne contemporaine ne cesse de dire que le rôle de nos croyances est souvent déterminé par nos désirs. La psychologie semble en tirer un espoir didactique. Ici, certaines des études semblent même supposer que la capacité à supprimer des représentations pourrait s'entraîner et améliorer la capacité au contrôle de soi.



    Add.
    J'aime beaucoup la métaphore d'Ulysse et les Sirènes (choisir d'être contraint à ne plus pouvoir suivre ses désirs, par crainte de son propre manque d'autonomie) mais ce gadget du Boulet pour "matérialiser" son temps d'indenture est terrifiant.

    Contre les Longues Vacances



    Ce n'est pas seulement l'école qui peut entretenir des inégalités socio-économiques dans le système scolaire, c'est plutôt une trop longue interruption de l'école qui augmente ce processus en nuisant plus aux classes défavorisées.

    Cela paraît assez convaincant. Les vacances d'été de juillet-août étaient adaptées à une civilisation fondée sur l'agriculture mais n'ont plus vraiment de sens dans la plupart des pays tempérés, en dehors du poids historique.

    Elles sont utiles sur trois semaines mais deviennent nuisibles quand elles sont trop longues. Bien que je n'avouerais jamais cela dans une salle des profs pour ne pas me faire mettre dans du Goudron et des Plumes, l'idée de reconquérir le mois de juin, voire le mois d'août (contrairement à la suppression du samedi matin), a des avantages.

    Pauvre Calvin, pourtant.

    "We only seem to waterboard Muslims"



    Comme le dit Political Irony, il est curieux que ce soit encore l'ancien catcheur et vétéran du Vietnam Jesse Ventura qui fasse les remarques les plus tranchantes sur la Torture dans ce débat face à la propagandiste républicaine Elisabeth Hasselbeck : si la Torture était vraiment indispensable pour la préservation de la sécurité, pourquoi le Terroriste d'Oklahoma City ne fut-il pas torturé ?



    Hasselbeck continue à répéter la défense républicaine : le vrai scandale n'est pas qu'il y ait eu Torture, ordonnée et approuvée par les figures qu'elle soutient, mais seulement que Nancy Pelosi, Chef de l'opposition de l'époque, ait prétendu qu'elle n'était pas au courant. La Torture est OK, la cautionner est méritoire, mais dire qu'on l'ignorait mérite la démission, du moins si on est démocrate. Si cette tentative de distraction marche, on peut se poser de sérieuses questions sur la démocratie.

    Add.
    Sur le blog de Philosophy Talk, le célèbre philosophe de Stanford John Perry essaye de répondre rapidement à un autre argument "éthique" (qui demanderait en fait d'être analysé de manière historique et juridique et non pas seulement "philosophique") : Lincoln a bien violé la Constitution en suspendant certains droits pendant la Guerre civile, donc Bush ne pourrait-il se réclamer de ce genre de précédents.

    En passant, John Perry (dont on néglige souvent qu'il est un philosophe très généraliste, ayant écrit sur des sujets parfois assez "existentiels" et non pas seulement sur sa spécialité sur la sémantique) a une longue interview (une heure). Il raconte sa vie et son travail récent en faveur du Compatibilisme et sur l'Identité.

    J'aime bien son petit mythe de rapport inverse entre talent philosophique et plausibilité des thèses : les philosophes vraiment géniaux, comme Leibniz ou David Lewis, reçoivent de la Muse de la Philosophie les théories les plus absurdes à défendre ("pour qu'elles aient les meilleurs avocats") mais la Muse a une répartition très juste, les philosophes plus "médiocres" (comme l'auteur du mythe) ont au moins l'avantage de défendre un Daimon plus proche d'une vérité acceptable. La fin a un raisonnement amusant sur le fait que l'humour a un lien non-accidentel avec la philosophie car les deux reposent sur des liens inattendus.

    samedi 23 mai 2009

    Boire de l'eau et manger des corneilles



    Un présentateur conservateur républicain veut démontrer que le waterboarding n'est pas de la torture et qu'Obama et les Démocrates ont tort de tant en parler. Il annonce donc qu'il se laissera appliquer le waterboarding pour ridiculiser les critiques "On leur jette juste de l'eau au visage".

    Il tient 6 secondes (dans des conditions pourtant plus favorables qu'une torture réelle puisqu'il sait qu'il peut l'arrêter quand il veut) et reconnaît ensuite que c'était bien un réflexe de noyade qui ne peut être décrit que comme une torture physique et psychologique.

    Add.
    Comme dit John Cole, un avantage de la rationalité devrait être qu'on pourrait avoir accès à des connaissances comme celle que la torture est de la torture sans avoir à repasser sans cesse par des expériences de paranoïaques en quête de controverses pour s'en persuader.

    jeudi 21 mai 2009

    Une raison pour avoir des enfants



    Désolé, David Benatar, mais sinon par quel prétexte acheter ce LEGO Frank Lloyd Wright



    45$ pour avoir votre réplique de Falling Waters à construire en briques compatibles.

    L'ignorance comme condition de la survie de l'espèce



    La fille de la Gouverneure de l'Alaska, la jeune Bristol, a eu un enfant au lycée cette année et a ensuite rompu avec son redneck. Elle a "choisi" de devenir la porte-parole du combat pour l'abstinence comme seule politique de planning familial.

    Elle a un argument original :

    "If girls realized the consequences of sex, nobody would be having sex," says Bristol, sitting at her parents' lakeside patio table. "Trust me. Nobody."


    Vite ! Il faut interdire l'éducation sexuelle !

    Jugement sur Pluton



    Plus fort que certains Français qui ont été arrêtés avec peu de preuves en dehors de leurs lectures, Javaid Iqbal avait été arrêté en 2001 par la FBI parce qu'il était un New Yorkais pakistanais qui avait acheté un numéro du Time sur le 11 Septembre.

    M. J. Iqbal (qui ironiquement porte le même nom qu'un des Juges de la Cour suprême pakistanaise) fut violenté et détenu un an sans motif réel.

    La Cour Suprême, avec la majorité des 5 conservateurs, toujours les mêmes (Alito, Kennedy, Roberts, Scalia, Thomas) contre 4, a refusé sa demande de procès contre le Ministre de la Justice de l'époque, John Ashcroft.

    La majorité semble même aller jusqu'à blanchir par avance tout agent fédéral accusé de faits semblables (ce que Scott Lemieux appelle la Défense de Nuremberg Inversée : "Je donnais juste des ordres !"). Le juge Kennedy semble justifier le "racial profiling" en disant qu'après tout l'arrestation sans jugement d'Iqbal pendant un an était compréhensible dans le contexte d'un attentat commis par des personnes du Proche-Orient.

    (En passant, un autre plaignant dans une affaire semblable a préféré négocier avec le Gouvernement et a reçu 300,000$).

    Texte de la Cour Suprême (Ashcroft v. Iqbal). Les 5 conservateurs disaient qu'ils n'avaient même pas à écouter les arguments d'Iqbal qui paraissaient peu plausibles. David Souter ironise dans son jugement minoritaire sur leur évaluation en disant que la règle dans ce genre de procès est de laisser le plaignant présenter son affaire et non de postuler a priori que ce qu'il dit serait peu plausible :


    La seule exception à cette règle réside dans des allégations qui seraient suffisamment fantastiques pour défier la réalité connaissable : des propos sur de petits hommes verts, ou un voyage récent du plaignant sur Pluton, ou un voyage dans le temps.

    Ce n'est pas le cas ici.

    mardi 19 mai 2009

    Mythe de la Dopamine et "Naturalist Fallacy"




    Apparemment, la pop neuropsy exagère en réduisant tout le Plaisir à la Dopamine (ou plutôt vice versa) car selon Mindhacks, on aurait des expériences où le cerveau produit de la Dopamine en grande quantité quand il est dans un état où il s'attend à une gratification, et qui sont pourtant vécues subjectivement comme très déplaisantes et frustrantes :


    Our best evidence tells us that while the dopamine system has many functions, it's not really a reward system - it's most likely a reward expectancy system of some kind. Theories of exactly what form this takes differ in the details, but it certainly seems to be active when we're expecting a reward, whether it actually turns up or not.

    The study on gambling, led by neuroscientist Luke Clark, demonstrates that this is true even when the actual experience is unpleasant.

    The research team looked at the activity differences in the dopamine-rich mesolimbic system in a gambling task - comparing wins, misses and near-misses. Near-misses were where the reels on a slot machine just missed the payout.

    It turns out that near-misses activate almost exactly the same dopamine circuits as actual wins - but here's the punchline - they were subjectively experienced as the most unpleasant outcome, even worse than total misses.

    In other words, the dopamine system was firing like a rocket display but the experience was awful.


    En revanche, pour reprendre l'opinion dans la pop psy, cet article d'Esquire a une description d'une expérience de neurologie pour naturaliser l'attachement amoureux : le mari fait mesurer ses réactions par rapport à sa femme et Angelina Jolie comme échantillon témoin.

    Je ne sais pas si ces articles de sciences cognitives vulgarisées sont un peu crédibles, mais si cela l'est, l'expérience de Stony Brook censée réfuter l'idée qu'on est condamné biologiquement à voir décroître l'effet neurologique de l'amour en 3 ans serait sans doute la meilleure nouvelle romantique qu'on puisse trouver.

    L'expérience repose encore sur les taux de dopamine et un test en IRM : on trouve des sujets qui produisent autant de dopamine en voyant leur partenaire après plus de 10 ans que d'autres qui sont encore dans la phase de la cristallisation avant l'insensibilisation par accoutumance.

    dimanche 17 mai 2009

    Lyssenko droito-compatible



    Via phnk, le retour de Claude Allègre :

    L'homme ne serait pas brouillé avec les scientifiques, estiment plusieurs responsables de droite, en dépit de sa contestation du réchauffement climatique.

    "Sur le climat, vous n'avez qu'à regarder dehors, persiste M. Allègre. Vous sortez en short ? On n'est pas en Union soviétique, on peut contester une thèse scientifique."


    Un bon exemple de rigueur expérimentale pleine d'honnêteté et d'intelligence, "vous sortez en short ?". Mais Jade Lindgaard avait déjà montré qu'Allègre n'était pas seulement opposé à ses collègues scientifique mais même à l'esprit scientifique tout court.

    Au moins, il ne veut pas de l'Education nationale, c'est déjà ça, son "MITI à la française" n'étant guère chargé que de faire parler de lui pour quelques journaux de 20h.

    La fin de l'article du Monde reprend le processus de trahison perpétuelle par le débauchage des individus (la dernière "prise" étant, hélas, Val, qui, quelle que soit l'indépendance qu'il pourra afficher, préfère une carrière à la "moraline" qu'il met dans ses éditos) :

    "Il n'y a pas de gens à droite allergiques à Allègre. L'homme est droito-compatible", analyse le député villepiniste Hervé Mariton (UMP, Drôme).

    (...)

    "C'est un processus qui a constamment besoin d'être renouvelé, car les ministres d'ouverture finissent par être absorbés par la majorité", analyse M. Mariton.

    Le débauchage des socialistes André Vallini ou Manuel Valls n'est pas à portée de main. Mais après 2012, tout pourrait redevenir possible.
    "Selon les exégètes de l'ouverture, on devra refuser du monde s'il y a un deuxième quinquennat. Beaucoup ne voudront pas rester quinze ans dans l'opposition", commente M. Hortefeux.

    Benson Mates (1919-2009)



    Benson Mates, décédé à 90 ans cette semaine, fut un cas rare de philosophe américain qui se comporta comme un "philosophe britannique", c'est-à-dire un historien érudit de la philosophie classique qui suivait aussi les évolutions contemporaines (d'autres bons exemples seraient Wilfried Sellars, Nicholas Rescher ou Harry Frankfurt).

    Son livre The Philosophy of Leibniz: Metaphysics and Language, 1986 contribua à mieux comparer les créations métaphysiques de Leibniz du XVIIe siècle et la sémantique contemporaine (même si cela avait déjà été commencé dès la fin des années 60 par les Oxfordiens David Wiggins, et son épouse Hidé Ishiguro).

    Mates fit des études de philosophie et mathématiques (BA Université d'Orégon, 1940) puis il devint cryptanalyste pour l'armée américaine pendant la Guerre. Après un temps à Cornell, il va à l'Université de Berkeley, Californie, et il y restera Professeur pendant quarante ans jusqu'à sa retraite en 1989. Il y étudie avec le sémanticien Alfred Tarski (1901-1983). A cette époque, Mates travaille sur l'histoire de la logique et sur les débuts de la logique modale qui commence à naître avec C.I. Lewis. Il publie sur l'implication diodoréenne et en 1951 un article encore très carnapien où il tente de défendre le concept d'analyticité contre la critique de Quine (qui juge le clivage analytique/synthétique désespérant de vague). Il fait sa thèse sur la logique des anciens Stoïciens (The Logic of the Old Stoa) et une de ses constantes dans toute sa carrière fut l'intérêt pour la philosophie hellénistique, notamment l'ancien Pyrrhonisme.

    Il fut sans doute un des rares philosophes contemporains (avec le provocateur Peter Unger) à prendre au sérieux les paradoxes du Scepticisme comme autre chose qu'un simple sujet historique ou qu'une posture à déconstruire comme chez Cavell ou même Barry Stroud.

    Le livre sur Leibniz de 1986 est une synthèse claire et vivante, qui montre un enthousiasme pour le génie leibnizien qui est vite partagé par le lecteur. Le livre est tout à fait rigoureux dans son exégèse (Mates participait à la Leibniz-Gesellschaft et aux Studia Leibnitiana depuis longtemps) mais il fait le choix de relire Leibniz comme un interlocuteur direct contre Quine.

    Mates est, je crois, un des premiers à redécouvrir (plus encore que la génération de Couturat et Russell) les textes d'analyse "nominaliste" du langage où Leibniz cherche des traductions logico-grammaticales pour éliminer certains types de pressuposés (même si je crois que Fabrizio Mondadori et Wolfgang Lenzen sont allés plus loin dans la formalisation en termes modernes, dans les limites de toute traduction d'un auteur écrivant quatre siècles avant Frege). Il est certain que c'est cette idée de traduction qui avait influencé directement l'un des textes fondateurs de la philosophie analytique, On Denoting de Russell en 1903.

    Par exemple, quand Mates traite la question que les Monades se reflètent toutes, en étant toutes discernables, au lieu de s'appuyer simplement sur les textes pour en défendre la cohérence interne, Mates invente un petit modèle mathématique simple pour faire comprendre comment chaque individu pourrait représenter ("exprimer") en un certain sens la totalité des autres individus.

    samedi 16 mai 2009

    Inédie et dilemme de l'omnivore





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    Owwww, un manchot adoptant un poussin d'un prédateur labbe (skua).

    Résultats au Lok Sabha



  • Les résultats des Elections législatives Indiennes commencent à arriver et la coalition du Congrès au pouvoir (UPA) est annoncée comme gagnante, avec même une plus grande majorité qu'en 2004. La coalition du BJP (NDA) serait en léger déclin et le Troisième Front autour du Parti communiste (UNPA) serait en forte baisse, battu par le Congrès notamment au Bengale et au Kerala.

    Le Parti du Congrès seul obtiendrait 200 sièges sur 545 (au lieu de 145 en 2004) et la Coalition devrait donc pouvoir atteindre le seuil de 275.

    Le Premier ministre sikh Manmohan Singh resterait à son poste (le premier à faire un second mandat consécutif depuis Indira Gandhi en 1971 !) mais l'héritier de la Dynastie du Congrès, Rahul Gandhi, 39 ans, réélu dans le fief d'Amethi dans l'Uttar Pradesh, entrerait au Gouvernement, peut-être pour remplacer Singh par la suite.

  • NDTV donne cette carte (très simplifiée) des grandes tendances des Etats et non des circonscriptions, avec l'UPA du Congrès en bleu et le NDA du BJP en couleur safran.

    L'Uttar Pradesh est représenté en vert pour le "Quatrième Front" autour du Parti socialiste Samajwadi, qui a en fait considérablement baissé en raison de ses divisions (23 sièges), et il est presque au même niveau, devant le BSP (Hors-Castes, 20 sièges) et le Parti du Congrès fait une belle remontée (21 sièges, zu lieu de 9 prévus).



    Le Congrès et ses alliés dominent sur tout le Nord-Est (Assam et le Congrès-Trinamool au Bengale Occidental), l'Andhra Pradesh, le Sud (le Tamil Nadu via le DMK, le Kerala), le Maharashtra, le Rajasthan et le Nord-ouest (Kashmir et Uttarakhand).

    Le BJP et ses alliés dominent sur le Gujarat à l'ouest, le Karnataka au sud-ouest, tout le centre autour du Madhya Pradesh, Chhattisgarh, Jharkhand, Bihar.

    Sur la côte est de l'Orissa, le parti dominant (orange plus foncé) est le Biju Janata Dal, qui était allié du BJP depuis 1997 mais a rompu la Coalition NDA au niveau local comme national, et ils l'ont emporté en se présentant isolément du BJP.

  • Le plus grand Etat de l'Union Indienne est l'Uttar Pradesh (190 millions d'habitants, 80 députés sur les 545 du Lokh Sabha). Si l'Uttar Pradesh était un pays indépendant, ce serait le 6e Etat de notre planète, devant le Pakistan et juste derrière le Brésil et l'Indonésie.

    Le Parti du Congrès y avait été presque éliminé la dernière fois entre le BJP et les Partis des basses castes comme le BSP et le SP. Rahul Gandhi a mené campagne dans l'Uttar Pradesh avec un pari risqué en préférant concurrencer localement ses alliés nationaux et cela a payé, avec environ 20 sièges au lieu de 10, et avec un déclin du BSP, parti des Dalits ("Intouchables") dirigé par la milliardaire "Kumari" Mayawati qui est aussi Ministre en Chef de l'Etat.

    Le succès du Parti du Congrès viendrait notamment d'un revirement du vote musulman, qui se portait sur le BSP (en tant que Parti des Minorités) mais malgré un soutien d'imams au BSP l'électorat a donné sa chance au Parti national laïc (Rahul Gandhi étant après tout une bonne synthèse post-confessionnelle, avec un grand-père d'origine musulmane, Feroze Khan-Gandhi, une grand-mère de caste brahmane, Indira, et une mère italienne catholique, Sonia).

  • Je ne comprends décidément rien au jeu des alliances. Au Tamil Nadu, Jayalalithaa de l'AIADMK (en théorie dans le Front de Gauche au Tamil Nadu) poposait encore hier au BJP une éventuelle alliance si le BJP obtenait plus de 150 sièges. L'AIADMK a comme raison principale pour soutenir le BJP que le DMK soutient le Congrès.

  • vendredi 15 mai 2009

    Freedom Poutine



    Cette campagne de publicité des Conservateurs canadiens contre Michael Ignatieff (le nouveau dirigeant des Libéraux) essaye de tourner les Québecois contre lui en disant qu'il est plus Français qu'eux, mais aussi qu'il est trop Américain.

    Oui, trop Français et trop Américain à la fois, c'est un angle d'attaque... heu... original (surtout de la part des Conservateurs, qui semblent avoir pour projet secret depuis des années de faire entrer les Provinces des Prairies dans les USA).



    J'aime bien aussi la publicité négative où le principal reproche contre Ignatieff est qu'il utilise de la publicité négative.

    Bien joué, ils ont dû reprendre les publicitaires de John McCain.

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    Chaque religion a son vice propre



    Dans le cas du Bouddhisme, c'est surtout son incroyable drapeau (AVERTISSEMENT POUR VOTRE SANTE MENTALE, NE CREVEZ PAS VOS YEUX) qui ressemble à un patchwork post-apocalyptique cousu par un daltonien ivre-mort dans le noir.

    Je vous le déconseille si vous ne voulez pas vomir des arcs-en-ciel (arcs-en-cieux ?).

    (Oui, c'est même pire que mon post de licorneries et je ne croyais pas que c'était possible)

    Cela dit, ce drapeau est presque harmonieux et équilibré en comparaison de cette émission cauchemardesque sur Jésus, où les plaies de la Passion semblent comparées à l'intérieur de Donuts. Et la Levure de 2Cor. 5:17 dans le Four vous privera de sommeil aussi.

    jeudi 14 mai 2009

    Argumentum ad Antiquitatem





    Le Distingué Sénateur de Caroline du Sud parle d'une institution :



    I mean, one of the reasons these techniques have survived for about 500 years is apparently they work.



    Peu de phrases superficiellement pragmatiques pourraient autant démontrer le degré de corruption morale et de débilité intellectuelle dans laquelle peut enfoncer une idéologie, car assurément cet argument en faveur de la Torture est aussi celui qui fut avancé, et est encore utilisé, par toutes les cultures pendant des milliers d'années pour justifier le fait de priver certains êtres humains du droit fondamental d'avoir des droits.

    Voir des Conservateurs US justifier la torture en disant qu'elle marchait bien quand les Nord-Viétnamiens l'utilisaient sur leurs prisonniers américains a quelque chose qui rappelle immédiatement l'historien Richard Hofstadter qui avait avancé l'hypothèse psychologique que les mouvements paranoïaques cherchaient une sorte de rivalité mimétique avec ce qu'ils voyaient comme le Grand Ennemi. Il ne faut pas lutter contre la Terreur, il faut une loi du Talion plus brutale, il faut "terroriser les terroristes".

    On parle tellement de Torture depuis cinq ans qu'on commence à se désensibiliser et à oublier de s'étonner.

    Or on ne pourra jamais assez s'étonner et s'effrayer qu'on ne s'étonne plus.

    Des assassins ont commis un attentat horribles il y a 8 ans et nous avions tous de la sympathie pour le pays victime de cet attentat. Puis le gouvernement de ce pays s'est hâté d'utiliser des pratiques que tout régime démocratique - y compris les Conservateurs auparavant - condamne.

    Or c'était non seulement criminel mais aussi inutile, dangereux et injustifiable.

    La seule "justification" réelle de ce retour du Sadisme au premier plan de la politique n'est pas un "Scénario de la Bombe à Retardement" de 24, cela n'est qu'une rationalisation d'après-coup.

    La vraie raison, tout le monde le sait, est que les terroristes venaient de pays d'Orient.

    La Colonie de peuplement européenne indépendante a intégré un rapport colonial contre ces Etats sous-développés.

    Il ne leur serait jamais venu à l'esprit de faire l'apologie de la Question contre des terroristes politiques allemands ou suédois. La précipitation avec laquelle ils ont réinstitué et légitimé cette violence inutile est impressionnante et devrait nous rappeler à quel point notre vernis de civilisation est mince.

    En 5 ans seulement, une institution, dont ils niaient d'abord avec véhémence et honte qu'elle existât, est devenue défendable puis utile et même indispensable à la survie de la République et des libertés.

    Ils arrivent même désormais, avec une arrogance qui donne le vertige à retourner la culpabilité et accuser ceux qui refusent la Torture d'être donc ipso facto des alliés objectifs des Terroristes (cf. le raisonnement abject de crétinisme de Karl Rove sur le caractère dissuasif de la torture : si jamais les Terroristes apprennent qu'on se met à respecter les principes qu'on affiche au lieu de torturer, ils vont avoir beaucoup plus de facilité à recruter).

    Se sentir obligé de dire qu'on peut être anti-terroriste sans être pro-torture est déjà une sorte d'échec pour l'idée même de raison ou de discussion critique. De même que dire qu'on doit simplement veiller à ne plus parler de tous les actes de torture n'est pas un "compromis centriste raisonnable" mais un refoulement.

    J'avais peu d'estime pour Jesse Ventura, l'ancien catcheur et ancien gouverneur indépendant du Minnesota (qui croit à des théories du complot sur le 11/09) mais cette interview montre une critique raisonnable où l'ancien soldat rappelle quelques évidences sur les horreurs de la torture :
    Waterboarding is torture. I'll put it to you this way: You give me a waterboard, Dick Cheney and one hour, and I'll have him confess to the Sharon Tate murders.


    Add.

    Vagabond Scholar a un article exceptionnel sur la question.

    Dodo



    Parfois, j'ai 4 1/2 ans quand je lis (Principia Ethica de G.E. Moore, III, §44) :

    The whole object of Mill’s book is to help us to discover what we ought to do; but in fact, by attempting to define the meaning of this "ought," he has completely debarred himself from ever fulfilling that object: he has confined himself to telling us what we do do.


    (ça rappelle un peu ce T-Shirt. Je retire ma remarque stupide, Moore est mortellement ennuyeux mais il est beaucoup plus influent que je ne l'avais cru avant)

    50 km à vol d'oiseau



    En passant par la Lorraine, avec mes turbos :


    Le ministère de la Justice bat tous les autres pour son budget transports en avion selon le député PS René Dosières (400 000€). Cela n’a rien d’étonnant: la garde des Sceaux aime bien voler (eh, y a pas de jeux de mots), à tel point qu’elle avait pris l’avion pour Nancy pour venir au centre de détention d’Ecrouves, à côté de Toul, puis l’avion entre Nancy et Metz (60 km par l’autoroute) pour aller à la maison d’arrêt de Queuleu. (Oui, le retour aussi s’était fait en avion…)


    Un vol en avion pour faire Nancy-Metz ???

    Oui, elle a dû utiliser une base militaire car sinon l'aéroport civil de Nancy-Metz est, comme son nom l'indique, à mi-chemin entre les deux capitales régionales, ce qui supposerait donc le plus cher de tous les sur-place.

    On peut se demander si elle va utiliser un jet pour aller en Grande-Couronne pendant la campagne européenne.

    Add. Selon le correspondant du Times, c'est en fait la Ministre de la Culture Christine Albanel (pourtant souvent accusée de ne pas sortir assez) qui dépense le plus en frais de transports, avec 562 346 euros en vols au lieu de 416 370 euros pour la Garde des Sceaux.

    mercredi 13 mai 2009

    Mariage et Jugement



    On me demande de lire un texte à un mariage religieux (en l'occurrence catholique) et j'ai décidé de ne pas jouer un Monsieur Homais ou un Vampire outragé pour une fois. Oui, je manque complètement d'intégrité.

    Le texte n'est pas très original et j'imagine que c'est même un des lieux communs des mariages chrétiens avec ce verset de l'Epitre aux Hébreux 13 ; 1-6 (une lettre en grec dont on ignore le vrai auteur mais dont même les Pères de l'Eglise reconnaissaient que cela ne devait pas être Paul de Tarse en raison des différences de style).

    Voilà le passage originel :

    Ἡ φιλαδελφία μενέτω.
    τῆς φιλοξενίας μὴ ἐπιλανθάνεσθε, διὰ ταύτης γὰρ ἔλαθόν τινες ξενίσαντες ἀγγέλους.
    μιμνῄσκεσθε τῶν δεσμίων ὡς συνδεδεμένοι, τῶν κακουχουμένων ὡς καὶ αὐτοὶ ὄντες ἐν σώματι.
    Τίμιος ὁ γάμος ἐν πᾶσιν καὶ ἡ κοίτη ἀμίαντος, πόρνους γὰρ καὶ μοιχοὺς κρινεῖ ὁ θεός.
    Ἀφιλάργυρος ὁ τρόπος, ἀρκούμενοι τοῖς παροῦσιν. αὐτὸς γὰρ εἴρηκεν, Οὐ μή σε ἀνῶ οὐδ᾽ οὐ μή σε ἐγκαταλίπω,
    ὥστε θαρροῦντας ἡμᾶς λέγειν,
    Κύριος ἐμοὶ βοηθός,
    [καὶ] οὐ φοβηθήσομαι,
    τί ποιήσει μοι ἄνθρωπος;

    Voilà la traduction de la Vulgate :
    1 Caritas fraternitatis maneat 2 hospitalitatem nolite oblivisci per hanc enim latuerunt quidam angelis hospitio receptis 3 mementote vinctorum tamquam simul vincti et laborantium tamquam et ipsi in corpore morantes 4 honorabile conubium in omnibus et torus inmaculatus fornicatores enim et adulteros iudicabit Deus 5 sint mores sine avaritia contenti praesentibus ipse enim dixit "non te deseram neque derelinquam" 6 ita ut confidenter dicamus Dominus mihi adiutor non timebo quid faciat mihi homo


    Avec Charité et Hospitalité, on perd un jeu de mot plus joli en grec avec φιλαδελφία (aimer ses frères) et φιλοξενία (aimer l'étranger).

    Traduction de M. Lemaistre de Sacy. Je souligne les parties retirées dans la version que je dois lire.

    1 Conservez toujours la charité envers vos frères.
    2 Ne négligez pas d’exercer l’hospitalité: car c’est en a pratiquant que quelques-uns ont reçu pour hôtes des anges, sans le savoir.
    3 Souvenez-vous de ceux qui sont dans les chaînes, comme si vous étiez vous-mêmes enchaînés avec eux; et de ceux qui sont affligés, comme étant vous-mêmes dans un corps mortel.
    4 Que le mariage soit traité de tous avec honnêteté, et que le lit nuptial soit sans tache: car Dieu condamnera les fornicateurs et les adultères.
    5 Que votre vie soit exempte d’avarice: soyez contents de ce que vous avez, puisque Dieu dit lui-même: "Je ne vous laisserai point, et ne vous abandonnerai point".
    6 C’est pourquoi nous disons avec confiance: Le Seigneur est mon secours; je ne craindrai point ce que les hommes pourront me faire.


    Et la traduction qu'on me demande de lire (qui n'est ni Segond, ni la Bible de Jérusalem) :

    1 Persévérez dans l'amour fraternel.
    2 N'oubliez pas l'hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges.
    3 Souvenez-vous de ceux qui sont en prison, car vous partagez leur épreuve.
    Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités, car vous aussi, vous avez un corps.
    4 Que le mariage soit respecté par tous, que l'union conjugale ne soit pas profanée.
    5 Que votre vie ne soie pas menée par l'amour de l'argent : contentez-vous de ce que vous avez, car Dieu lui-même a dit :
    "jamais je ne te lâcherai, jamais je ne t'abandonnerai".
    6 C'est pourquoi nous pouvons dire en toute assurance : le Seigneur est mon secours, je n'ai rien à craindre !


    Sans vouloir faire trop de mauvais esprit, c'est intéressant que les prêtres français choisissent ce texte mais censurent la fonction essentielle qui est le passage "πόρνους γὰρ καὶ μοιχοὺς κρινεῖ ὁ θεός" ("Dieu juge fornicateurs & adultères").