dimanche 27 mars 2011

La fiction comme violence

Via Disambiguation, une recension du rôle des fictions politiques dans le totalitarisme nord-coréen et le recueil de nouvelles de science-fiction par le Colonel Muʿammar Al-Qaḏḏâfî :

The official ideology of Libya is jamahiriya, which translates to “state of the masses.” The system outlined in The Green Book, the founding text of Gaddafi’s Libya, describes a politics not unlike syndicalism or council communism. In theory, Gaddafi has no power. This is why he told Christine Amanpour that he cannot “step down,” because in the Gaddafian ideology he is not a ruler, but the liberator and savior of a free Libya. These are not “lies,” they are fictions. The realist approach to studying North Korea and Libya has only produced bafflement and confusion. Perhaps hyperreal regimes, which conjoin fact and fantasy, require theories of resistance based on a kind of hyperrealpolitik.

En un sens, la folie de Kadhafi est à la fois la raison pour laquelle même ses homologues autocrates ne le soutiennent plus et ce qui le rend parfois plus fascinant que les autres, quelle que soit sa cruauté. Comment juger responsable une personne qui explique que le goût pour la couleur verte dépendrait en fait de caractères génétiques acquis, que Hamlet a été écrit par le Bédouin immigré dans l'Angleterre élizabethaine Cheikh Zubeir et que ce sont les Arabes qui ont découvert l'Amérique ?

Un des thèmes fondamentaux du livre est une haine moralisante, agrarienne ou rousseauiste de la Ville. Kadhafi a de plus en plus joué à croire à une propagande bédouine en faveur de la Tente sous laquelle il peut s'affranchir de la corruption urbaine.

Voir aussi le Guardian sur le même recueil.

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