vendredi 18 novembre 2011

Le jeu de la BCE



Vous pouvez l'essayez et il est assez tristement réaliste et significatif dans sa simulation de son statut. Quand Matthew Yglesias y joue, il découvre qu'on peut y gagner en maintenant une politique de déflation, même si cela ruine le continent économiquement (et qu'à l'inverse toute politique inflationniste même si elle était efficace du point de vue de la croissance est considérée comme un échec).

La version américaine où vous jouez le Directeur de la Réserve fédérale a le droit de tenir compte du chômage et de la croissance.

4 commentaires:

Rappar a dit…

D'une part d'un point de vue économique, le mécanisme du modèle de simulation est abominable, et son auteur ne passerait en 2ème année de sciences éco :
- des taux de croissance de 5% par an? On a plus vu cela depuis les années 60, c'est tout simplement impossible dans une économie développée mûre.
- Une déflation de 5% par an? On a plus vu cela depuis... ben on a jamais vu cela.
- Je maintiens les taux très bas, à 0%? Wouh la croissance bondit à 5%! - à se demander comment le Japon a perdu 10 ans à essayer de faire redémarrer l'économie avec des taux d'intérêt réels négatifs...

Dans la réalité, l'inflation, la croissance, etc. dépendent de nombreux autres facteurs. Les taux d'intérêts directeurs ne peuvent pas tout; c'est un outil parmi d'autres. Il ne servait déjà pas à grand-chose de faire joujou avec avant l'euro, ils sont toujours peu déterminants aujourd'hui. Ce jeu a l'air de donner à la politique monétaire de la BCE un rôle décisif qu'elle n'a pas...

Par contre, du côté du financement de la dette des États, on a vu l'importance de la BCE... et ce n'est absolument pas le sujet du jeu. >:(

D'autre part, d'un point de vue ludique, les "conditions de victoire" ne reflètent absolument pas les pressions auxquelles sont soumises les banques centrales de la part des gouvernements qui nomment leur président... quand même..., dont effectivement, les taux de croissance et de chômage.

Allez, on oublie cette m.... Un jeu éducatif bien meilleur sous les deux aspects était la 4ème mission du jeu du Ministère du Budget, lorsque vous aviez préparé un joli budget assez bien équilibré, et que la nouvelle tombait : "BAM, le Président se lance dans une guerre à l'étranger, il lui faut 10 milliards; alors combien crachez-vous dans le bassinet?" :)

Malheureusement, il y a un bug qui fait qu'avant d'arriver à la 4ème mission, il FAUT se farcir les 3 missions débiles auparavant :'( vous décourageant d'essayer plusieurs tactiques.

mais celui-là vaut la peine d'être joué une fois (la victoire tient compte du chômage et de la croissance)

Anonyme a dit…

Le jeu du ministère est très directif (en gros il faut être schumpeterien comme le recommande le passage dans l'institut du futur). On y gagne facilement et en plus on est félicité par Woerth... l'angoisse !
Goodtime

MB a dit…

Après quelques tentatives, force est de constater que je suis un piètre président de banque centrale, nettement pire que Matthew Yglesias en tous cas.

Je suis assez perplexe quant à la portée pédagogique de ce truc : comme Rappar ci-dessus je note qu'il est excessivement facile d'obtenir une inflation de 15 %, une croissance de 6 % et un taux de chômage de 2,5 %, bref sans doute le paradis pour beaucoup de gens qui pourraient se voir conforter dans leur sentiment que le marasme est une conséquence de choix politiques d'un organisme plus idéologique que démocratique plutôt que de réelles contraintes économiques. Je ne suis pas étonné que Matthew Yglesias n'aime pas mais Jean-Luc Mélenchon devrait adorer !

Rappar a dit…

Gasp mais ils ont changé mon jeu du ministère du budget! :( Bon, je peux cette fois directement passer à la 4ème mission, et là les règles ont changé:

- la dernière fois, sous Copé, j'avais tenté une politique de réduction du déficit. Bilan : je m'étais fait gentiment gronder par Copé, qui m'avait fait remarquer que j'avais étranglé la croissance (sauf celle du chômage, ah ah)

- ici, je serre les cordons, augmente les impôts et réduis le déficit à 1.80% du PIB (yes!)... et la croissance ne s'en porte pas plus mal (?!) - on ne parle pas du taux de chômage

- apparition de quelques hypothèses vaaachement vraisemblables : "de combien voulez-vous diminuer le nombre de profs: 0, 5000, ou 10000?"(bien sûr! il y a 150000 à 300000 élèves de moins par an?) ou "vos efforts de maîtrise des dépenses vous ont permis d'économiser 400 millions"

Une meilleure simulation du ministre du budget serait de se voir ses choix retoqués : "je décide de ne pas rajouter au pot pour ce projet européen d'armement" - "ben si, le Président l'a décidé. Il décide, vous exécutez"

bref, cet outil est devenu un appareil idéologique :(