jeudi 28 avril 2011

[RPG] Cyclops for Superworld


There are a few write-ups of Cyclops for Champions (low-powered, high-powered) and many "official" stats in the Marvel RPGs.

But in Different Worlds #23 (August 1982), Steve Perrin did a Superworld adaptation:

CYCLOPS (Scott Summers) was the leader of the X-Men for their 1st incarnation, and through most of the career of the current X-Men until the death of Jean Grey (Phoenix). As of this writing, he has rejoined his teammates, but the current leadership is still officially in the hands of Storm. Since Cyclops can not help to give orders, he was given the psychological disadvantage of "Must be leader."

The trickiest power in Cyclops' repertoire was his oft-used ability to parry attacks with his eye-beam. We ended up buying armor usable with a parry and also costing Energy. He has also
been known to use the eye-beam as a flying device, but this was so far-fetched that we left it out. Note that the lesser power eye-beams use very little energy, but a full blast bolt will suck out his energy and leave him helpless in very little time.

STR 15
CON 20
SIZ 15
INT 18
POW 18
DEX 15
CHA 18

Original Hero Points - 113
Total Hero points - 145
MOVE - 24
HIT POINTS - 20
ARMOR - Kinetic 3 (21); Electromagnetic 3 (21); Radiation 3 (21)
ABSORPTION - None
ENERGY POINTS - Personal 180

WEAPON
-* Eye Beam (kinetic energy)
Range 15m Attack 8O% Damage 9D6 Parry 80%

-* Fist
Attack 75% 1D3+1D6 Parry 75%

POWERS (cost in Hero Points) - Characteristics (6); Armor (9); Parry Armor - Eye Beam (21); Energy (18); Recharge (10); Martial Arts (20); Kinetic projection - Eye Beam (42); Assorted Skills (19)

SKILLS - Acrobatics 60%; Climb 55%; First Aid, 50%; Grapple 50%, Hide 55%; Jump 60%; Listen 50%; Throw 80%; Spot Hidden 40%; Speak & Write Russian 60%; Speak & Write German 40%

DISABILITIES - Mutant (5); Must be Leader (5); Code vs Killing (5); Power always ON, can be destructive (10); Parry Armor uses 7 points of Energy for a 2l-pt armor (7)

SPECIAL .- * First 5D6 of eye-beams are bought at twice the price for Energy expenditure of 1 per D6. Other 4D6 cost 3 per D6 as usual.

Superman doit aussi rendre public son certificat de naissance



SPOILER ALERT

SPOILER d'Action Comics #900

Le numéro d'Action Comics #900 publié hier a de quoi rendre (encore plus) hystériques les Républicains et conservateurs qui avaient déjà hurlé quand le Faucon s'était moqué des Tea Parties (Captain America #602), quand un personnage du dernier film Superman avait dit "Truth, Justice and all that stuff" ou quand un allié de Batman avait été un Français d'origine algérienne ( Detective Comics Annual #12).

Cette fois, dans ce numéro spécial de 96 pages (dans un scénario de David Goyer, l'auteur du film The Dark Knight de 2008, qui prépare aussi un nouveau film Man of Steel), Superman, soutenant des manifestants iraniens et étant attaqué par le régime de Téhéran comme un pion de Washington, annonce qu'il renonce à sa citoyenneté américaine pour ne plus être vu seulement comme "un instrument de la politique US". Je ne suis pas vraiment sûr en quoi cela va renforcer la cause de l'opposition iranienne mais c'est un signe intéressant pour le superhéros originel.

De même que les comics tuent les personnages tous les ans pour mieux les ressusciter ensuite, j'imagine déjà que cette histoire sera annulée un an après, après une suite d'épisodes nauséeux où Superman se reconnectera avec le coeur du Kansas profond ET avec l'Amérique Réelle de son enfance, blablabla.

Mais en attendant, passez moi le pop corn pour voir tous les Frank Miller des comics s'étrangler que DC Comics est sous le contrôle d'élitisteslibérauxmondialisés cosmopolites dhimmibobo qui haïssent les tartes au pommes et les Vraies Valeurs Familiales (curieusement, John Byrne, que j'imaginais plus bouillant, a l'air de s'en moquer).

Add. Les fans explosent de rage de manière stupidement prévisible mais je suis déçu par la réaction de la plupart des trolls sur Fox News Nation, qui disent en gros, bon débarras, c'était un immigré "sans papier" (il se peut que ce soit une parodie). Le nativisme des Birthers a l'air de l'emporter sur l'appropriation de ce vieux symbole de 1938 qu'ils doivent juger trop lié à Franklin Delano Roosevelt...

Add. 2
J'avais oublié mon vieux post : Superman avait déjà accepté la nationalité de tous les pays de l'ONU dès Superman #146, July 1961 (reconfirmé dans une nouvelle version de ses origines dans Amazing World of Superman #1 (1973) / Limited Collectors' Edition Vol 1 C-31 (nov. 1974)).


Via The Guardian, un Conservateur (qui connaît assez les comics pour dire que cela ne va durer) en tire un argument moral sur la nécessité de l'enracinement. L'identité de Superman serait tellement liée à sa dévotion morale à l'Amérique que s'il prétendait la dépasser dans le cosmopolitisme, il ne pourrait que basculer dans le nihilisme et ne plus avoir aucun trait individuel et de limites morales en raison même de son immense pouvoir :

Why is it stripping Superman of his American-hood so stupid? Because without it, he’s Doctor Manhattan. (...) Once he’s a “citizen of the universe” what, exactly, will he believe in? Heck, what does “citizen of the Universe” even mean? Will Superman now adhere to the Tamaran code of honor? Will he follow the Atlantean system of monarchy? Does he believe in liberté, égalité, fraternité, or sharia? Does he believe in British interventionism or Swiss neutrality? You see where I’m going with this: If Superman doesn’t believe in America, then he doesn’t believe in anything.
And if an invulnerable demigod doesn’t believe in anything, then what he really believes in is himself—his own judgments, foibles, preferences, and partialities. At which point he is drained of every last bit of dramatic interest. He’s Doctor Manhattan and all he can do is exile himself to the moon and let the little people carry on with the hurly-burly of earth.

La fin serait presque une formulation communautariste du Soi moral, qui doit s'attacher à sa situation contingente pour ne pas devenir un individu abstrait. Il cite Madison mais on peut aussi penser au célèbre texte de Jean-Jacques Rousseau dans l'Emile, Livre I où il dit "Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins." (texte qu'on adore citer aujourd'hui, du socialisme tory de Michéa à la réacosphère zemmourienne, dans des utilisations parfois très discutables, comme si le cosmopolitisme hypocrite abstrait de "salon" devait suffire à prouver la valeur définitive des formes de nos Etats-Nations)
Mais je ne suis pas sûr de voir la force de l'argument de "l'Enracinement" : Kal-El peut se dire influencé par la condition américaine du XXe siècle (il ne désavoue pas ses parents du Kansas), garder le souci d'un sujet moral intègre, sans demeurer légalement soumis au gouvernement usonien. Même si on concédait pour l'argument que le pouvoir immense de Superman le rendrait moins intéressant sans ses repères moraux, son nouveau caractère apatride n'en ferait pas pour autant un solipsiste. Ce serait sa responsabilité même de ne pas se limiter à l'instrument d'un gouvernement quelconque.

Mais j'arrête là, comme disait VfV sur Ozymandias, les situations des comics sont si extrêmes et absurdes (que devriez-vous faire si vous étiez vous-même une Arme de destruction massive absolue ?) que ce sont finalement des métaphores qui ne sont pas si intéressantes pour des discours prétendument "politiques".

[Alphabet d'Avril] Z comme Zorro


Zorro (créé en 1919) est sans doute le superhéros moderne archétypal (après le Mouron Rouge et avant Superman). Il est censé se dérouler vers 1800 en Haute-Californie, à Santa Ana, avant l'indépendance du Mexique (1810-21) mais l'essayiste italien Fabio Troncarelli a prétendu dans La Spada e la Cruce. Guillén Lombardo e l'Inquisizione in Messico (1999) que le modèle pouvait être un rebelle mexicain particulièrement original des années 1650, William Lamport/Guillén Lombardo qui aurait déjà été surnommé "le Renard" (Zorro).

William Lamport, né vers 1611, est un Irlandais élevé par les Jésuites. Sans doute en raison des persécutions contre les Catholiques, il devint pirate espagnol contre l'Angleterre, sous le nom hispanisé de don Guillén de Lampart Lombardo. Il partit ensuite vers la Nueva España en 1640, se serait pris de sympathie pour les Indiens autochtones et aurait proclamé la réforme agraire, la redistribution des terres et l'Indépendance du Mexique (avec lui comme "Roi") avant d'être arrêté une première fois en 1642 et brûlé par le Tribunal de l'Inquisition à Mexico en 1659. On ignore pourquoi il avait été ainsi poursuivi pour hérésie si ce n'est qu'il aurait reproché au Pape son soutien à l'Empire de Philippe IV et du comte-duc d'Olivares. Les sources du Saint-Office parleraient même dans le procès de sorcellerie ou de shamanisme avec les Indiens (ce point va être repris dans le Zorro d'Isabel Allende). Ce pourrait être un personnage intéressant pour El Juego de Rol del Capitán Alatriste)

(Il est douteux que ce portrait par Rubens soit vraiment de William/Guillén, contrairement à ce qui est écrit)

En 1872, l'écrivain mexicain Vicente Riva Palacio publia un roman, Memorias de un impostor: Don Guillén de Lampart, rey de México, où le personnage de Guillaume de Lampart est plus une sorte de Don Juan séducteur avec une société secrète d'indépendantistes comme dans un roman de Dumas (c'était la mode sur les complots "maçonniques", même si ce genre de société naît plutôt au XVIIIe). Une tradition prétendrait que pendant ses évasions, il serait devenu un bandit rebelle vivant auprès des Indiens et formant un groupe, "Los hermanos de la Hoja" et Fabio Troncarelli fait du don Diego en 1800 un héritier de cette Fraternité.

En 1919, Johnston McCulley (1883 – 1958) crée Señor Zorro (Monsieur le Renard) dans un feuilleton dans un pulp, All-Story Weekly. La plupart des éléments classiques du mythe de Zorro sont déjà là mais c'est le film réalisé l'année suivante avec Douglas Fairbanks qui va inventer la tenue et le masque noir. Un autre film lui inventa même ensuite un fils en adaptant une autre histoire se déroulant cette fois en Espagne.

Isabel Allende a inventé dans son roman Zorro (2005) un nouveau détail du mythe en décidant que la mère que Don Diego était en fait une Indienne, Toypurnia, ce qui ferait de lui un Mestizo (dans la version canonique antérieure, qui est souvent contradictoire, sa mère serait Isabel Chiquita de la Cruz). Bernardo (son frère de lait muet) et Diego avaient tous les deux accompli des rituels chamaniques indiens (à la Carlos Castañeda) où Diego avait trouvé son Totem, le Renard, à la place du Coyote indien. Il devient aussi un ami du pirate français de Louisiane, Jean Lafitte (1776 – 1823).

Pour plus de discussions sur les chronologies de Zorro, il y a sur le site du concept du monomythe Wold Newton cette proposition de dates avec l'arbre généalogique des de la Vega.

Voilà, c'est la fin de cet Alphabet.

Voir aussi ce petit alphabet de Lishoff, qui a parfois fait des choix assez semblables de noms pour chaque lettre (pour C, U et Z).
Aquaman
Batman
Cyclops
Dare Devil
Elektra
Flash
Green Lantern
Hulk
Iron Man
Justice
Kick-Ass
Lion-O (Thundercats)
Mandrake
Nightcrawler
Orion (New Gods)
Punisher
Quicksilver
Rorschach
Superman
The Thing
Ultra Boy
Vision
Wolverine
Professor X
Yukk
Zorro

mercredi 27 avril 2011

[RPG] Shadow Books of the Ashen Library



The Library of Ashes


In the city of Limen, there is a Ghost Library.

The Dwarves Chroniclers had built a huge tower, the Mountain Cyclopaedia, and when the Dragons came to steal the One Book, the Dwarves burnt their whole Library, lest the Dragons could use it.

But there is still a shadow of the Library (in the akashic records of the noosphere). If you can enter the Library of Ashes, here are a few rare books you could find.

Roll a Dewey Decimal Die:

1 Psychology: Raven Lady, The Book of Empathy : This books can give you the power of Empathy. The very rare first edition has a drawback: you share all the emotional states of the writer and have flashbacks about her death. Other editions can make you connected only to the other readers of the book.

2 Religion: Pyrephlegeton, The Refutation of the False Essences : the best atheist book ever written. It makes the Reader entirely resistant to clerical suggestion and gives a +25% resistance to all Divine magic.

3 Law: Anonymous, The Digest Compilation of Forgotten Jurisprudence. If the reader is a good orator, he should win any legal case with this collection. Else, you can sue the book, according to the old Euathlus lex.

4 Language: Urania, Lexicon of the Stellar Lyrics. There is a constant Music of the Spheres but most people don't pay attention to it. With that dictionary, you can understand what the Stars say at night.

5 Natural Science: Coincidence of the Opposites : the recipe of firewater ("Greek Fire"). The Library of Ashes will magically expel anyone who tries the book within the premises.

6 Technics & Medicine: Dr Gepetto Honeststone, De Arte Corporis Animandi (or, So You Want to Create Life and Challenge the Creation Itself?): You need another book (the Azimoth Amendment) to be sure the Flesh Zombie won't have a huge Oedipus Complex against its "father".

7 Arts: Anonymous, Runes on My Body: a very heavy tome of calligraphy and tatoos, made of dragon scales. The sentient tatoos have different powers but each tatoo gives 10% of likelihood of Possession by the Dragon.

8 Literature: Calmer Stupor, Time regained. Very enticing book but with a weird temporal anomaly. One hour of reading for the reader takes one week of common time. It takes 1d10*1d10 subjective hours to finish it (and you really have to).

9 Geography: The Braille Map of the Invisible Cities.

10 Information & Libraries: The Hellindex, vol. XIII: each page contains a dimensional gate to the forbidden rooms of the Library. Go to Call of Cthulhu and lose 1d10 SAN.

[Alphabet d'Avril] Y comme Yellowjacket


Yellowjacket est un mot anglais intraduisible pour une des espèces de guêpe "coucou", Vespula. Le premier superhéros nommé Yellojacket fut créé à la fin de l'Âge d'Or par des auteurs inconnus de l'obscure compagnie Frank Communale du Connecticut. Le personnage était un écrivain de romans policiers (et apiculteur amateur) Vince Harley, qui ne trouvait plus d'inspiration et partait enquêter sur des crimes réels. Dans le premier épisode, il est capturé par des bandits qui décident de l'éliminer discrètement en le faisant recouvrir de guêpes. Cet épisode semble dire qu'il n'a alors que le pouvoir (incroyablement mineur) de ne pas être piqué mais les épisodes suivants vont augmenter cette immunité au venin en disant qu'il contrôle désormais des essaims entiers d'abeilles et de guêpes et que les piqûres lui auraient donné une super-force.

Les héros de l'Âge d'Or des comics ont très souvent des noms d'insectes et autres arthropodes. Spiderman n'est que l'héritier d'une longue tradition de Alias the Spider, Black Widow, Silver Scorpion, Blue Beetle, Wasp, Honey Wasp, Hooded Wasp, the Fly ou Tarantula (qui lui aussi était un écrivain de roman policier) à cause du héros de show radio et de pulps Green Hornet (créé en 1936). Quality Comics (plus tard racheté aussi par DC) avait d'ailleurs un héros, Red Bee (créé en 1940) qui avait le même pouvoir de contrôle des abeilles.

Yellowjacket n'eut qu'une douzaine d'épisodes. Il fut ensuite brièvement repris par la compagnie Charlton Comics à la fin des années 40 mais tomba vite dans l'oubli et le domaine public sans être ressuscité lorsqu'ils republièrent des superhéros dans les années 60.

Entre parenthèses, une expérience de pensée. Si Charlton avait conservé à l'Âge d'Argent les droits de ces personnages qui paraissaient dans Yellowjacket Comics, comme ce héros ou bien Diana the Huntress qui partageait son titre, Alan Moore aurait donc dû les utiliser pour sa bd Watchmen puisqu'ils sont une transformation des personnages de Charlton Comics rachetés par DC. Le groupe des Watchmen aurait donc compté des équivalents d'une déesse grecque de la chasse et d'un super-apiculteur (Moore a par la suite repris chez Awesome une sorte d'équivalent de Diana, Glory, fille de Déméter).

Comme le personnage était dans le domaine public, c'est en fait Marvel qui va reprendre le nom. Le scénariste Roy Thomas était un collectionneur de comics bien plus nostalgique de l'Âge d'Or que ne l'avait été Stan Lee et il s'amusait souvent à recréer des personnages classiques en les modifiant (comme la Vision, ancien magicien des années 40 devenu un androïde). Dans Avengers #59 - 60 (Dec. - Jan. 1968), Henry Pym (qui avait pris pour nom Ant-Man, imitation du héros de l'Âge d'Or Doll-Man, puis Giant-Man, puis Goliath) eut une crise de personnalité multiple (après avoir créé le robot insectoïde Ultron) et devint Yellowjacket, comme une sorte de "coucou" occupant son corps (les traducteurs français l'ont appelé presque littéralement le "Pourpoint Jaune", ce qui sonne assez bien). Le Yellowjacket prétendit avoir tué Henry Pym. Il épousa ainsi Janet (the Wasp) et ils eurent un des mariages les plus malheureux des comics. J'ai déjà parlé des déboires de la Guêpe dans une entrée précédente : Pym devint un mari violent et malgré toutes les tentatives de scénaristes pour obtenir sa rédemption ou sa cure, il est désormais fatalement associé à cet épisode de Avengers #212 - 213 (Oct. - Nov. 1981).

Ce dernier Yellowjacket a dû influencer le superhéros français Mikros le Titan Microcosmique.

mardi 26 avril 2011

La métaphore de la diffusion


Dans cet article très astucieux mais un peu rhétorique du philosophe Simon Blackburn, il utilise le scepticisme de David Hume (mais Hume était bien sûr aussi un déterministe) et la métaphore de la "Diffusion" contre la notion si mécanique d'"Impact" pour l'évaluation des chercheurs.

En plus de Hume, Blackburn cite cette belle conclusion de Middlemarch (1874) de George Eliot :

But the effect of her being on those around her was incalculably diffusive: for the growing good of the world is partly dependent on unhistoric acts, and that things are not so ill with you and me as they might have been, is half owing to the number who lived faithfully a hidden life, and rest in unvisited tombs."

"Eliot" (Mary Anne Evans) a aussi traduit Feuerbach et Spinoza en anglais et elle connaissait peut-être le texte de Hume sur cette diffusion indirecte de la philosophie vers les arts et la culture.

Mais ce passage sur la Diffusion du Bien venu des actes obscurs et cachés a aussi une origine théologique dans le néo-platonisme de (Ps.) Denys et chez Thomas d'Aquin, Bonum diffusivum sui (S.T. I, 5, 4 ; S.G. I, 37, 307, De veritate, q. 21, a.1).

Mary Ann Evans avait aussi pris le même terme de Diffusion à la fin de son poème écrit peu de temps avant Middlemarch, "O May I Join the Choir Invisible" (1867), "Be the sweet presence of a good diffused//And in diffusion ever more intense!"

[Alphabet d'Avril] X comme...

Là, j'ai hésité, comme je l'avais dit pour Ms. Xanadu, il ne me restait plus chez DC que XS (la petite-fille du second Flash) et chez Marvel que le Professeur Xavier, X23 (la clone femelle de Wolverine), X-51 (le robot de Kirby) et enfin... Xorn.

Il se trouve que toute la saga navrante de Xorn a déjà été l'objet d'une petite bd en ligne de Curt Franklin & Chris Haley, The History of Xorn EXPLAINED et cela remplace adéquatement tout ce que je pourrais dire sur la catastrophe qu'a été la courte existence de ce "héros".

Mais juste pour traduire cette page, voilà les étapes de la vie de Xorn :

(1) Grant Morrison se dit qu'il n'y a pas assez de Chinois dans les X-Men. Il a raison.

Il crée Xorn comme un mutant chinois interné par le gouvernement (dans New X-Men Annual 2001 où Cyclops le délivre). Non, Xorn ne sonne pas très chinois. Cela ferait plutôt penser à un mauvais monstre de D&D. C'est peut-être un indice que Xorn n'existe pas ?

Xorn a le pouvoir de soigner les blessures des autres, tient des discours bouddhistes bienveillants et a une mutation secondaire dont on ne voit pas le rapport : un soleil miniature à la place du Cerveau. Il recouvre donc cette étoile en fusion thermonucléaire d'un masque de fer bosselé qui ressemble plutôt à celui de Ferro Lad.

Et Xorn s'habille comme un sado-masochiste parce que Morrison est juste... heu... au-delà de toutes mes considérations normatives oiseuses.

(2) Puis Morrison "révèle" que Xorn était en fait Magneto derrière le Masque de Fer (New X-Men #146, 2003). Les fans de Morrison crient au génie (car il y avait des indices sur cette vraie identité), même si je ne comprends pas comment les pouvoirs magnétiques permettaient de soigner (cicatriser des blessures à la rigueur en agissant sur les plaquettes et les globules rouges ?).

Wolverine fait ce pour quoi il est fait et décapite Magneto dans le dernier épisode du run de Morrison (New X-Men #150, février 2004).

(3) Marvel trouve que Xorn et Magneto sont tous les deux trop bons pour être occis si vite et dès le départ de Morrison, les éditeurs annulent son histoire. Un nouveau "Xorn", Shen Xorn, avec la même mutation et le même Masque de Fer que le précédent, apparaît et prétend dans X-Men #157, juillet 2004 (A) qu'il est le frère jumeau du premier Xorn, Kuan-Yin Xorn ; (B) que Kuan-Yin Xorn n'était pas du tout Magneto mais vraiment Xorn qui se prenait pour Magneto (ou même selon une autre version des éditeurs que Xorn avait été métamorphosé et manipulé par la Sorcière Rouge, fille de Magneto, pour croire cela).

Par la suite, cet esprit indestructible de Kuan-Yin Xorn a aussi occupé le "Collectif", un gestalt des pouvoirs de 50 mutants qui a massacré toute l'équipe canadienne de la Division Alpha (qui vont sans doute tous ressusciter assez vite).

lundi 25 avril 2011

Cette flèche ailée qui vibre, vole, et qui ne vole pas



Librement plagié inspiré de ce dessin (original).

Add. Zut, en fait, je me suis aussi auto-plagié sans m'en souvenir.

La qualité émergeant d'un chaos de quantité


Après 107 tentatives et comme un message d'espoir pour tous ceux qui se font refuser 107 fois la publication de leur NaNoWriMo, le critique de cinéma Roger Ebert a finalement fait passer sa proposition de texte pour le cartoon muet du New Yorker. Le New Yorker, avec leur ton hautain habituel, tente d'en profiter pour revendre comme morale un gimmick pseudo-paradoxal de l'insupportable Malcolm Gladwell ("la quantité engendre la qualité")...

Les captions gagnants ne me font pas souvent rire, même s'ils sont en effet inventifs, mais heureusement il y a les versions littérales, la version inversée du pire texte et plus récemment la version où on se contente de dire "Quel connard." ou "Quel quiproquo !" quel que soit le dessin.

En France, Philosophie Magazine fait quelque chose d'équivalent avec une illustration non-humoristique et je suis désolé de dire que jusqu'ici ils n'ont pas aimé ma proposition.

Les nominations Roman des prix de SF


J'avais un peu résumé les nominations de 2009 pour le prix Hugo. Les 5 nominations du Prix Hugo pour le meilleur roman de 2010 sont :

  • Blackout et All Clear, par Connie Willis (Hugo & Nebula 1993, Hugo 1999)
    Des historiens du futur viennent visiter l'Angleterre pendant le Blitz. Le thème de SF sert surtout de prétexte.

  • Cryoburn de Lois McMaster Bujold (nombreux prix Hugo, Nebula)
    Le héros récurrent Miles Vorkosigan enquête sur une compagnie de cryogénie. Du space opera.

  • The Dervish House par Ian McDonald
    Un examen de la nanotechnologie dans l'Istanbul de 2060. Cela a l'air d'être de la Hard SF.

  • Feed par "Mira Grant"
    Une nouvelle version des thrillers d'Horreur avec des Zombies : un virus qui réanime les cadavres.

  • The Hundred Thousand Kingdoms par N.K. Jemisin
    Un roman de fantasy avec intrigues politiques sur une jeune fille qui est soudain nommée héritière d'un Empire, dans la cité volante de "Ciel".



  • Les 6 nominations du Prix Nebula (un peu plus axé fantasy d'habitude) du meilleur roman sont :
  • Blackout/All Clear de Connie Willis

  • The Hundred Thousand Kingdoms de N.K. Jemisin

  • The Native Star par M.K. Hobson
    Un mélange de plusieurs genres dans un XIXe siècle parallèle magique (arcanepunk) avec un peu de Western et une romance de sorcières.

  • Shades of Milk and Honey par Mary Robinette Kowal
    Encore un mélange des romans de Jane Austen avec de la magie.

  • Echo par Jack McDevitt (Nebula 2006)
    Un épisode des aventures d'Alex Benedict, Antiquaire du futur, qui enquête sur un étrange artefact extraterrestre qui va le conduire jusqu'à une lointaine planète.

  • Who Fears Death, Nnedi Okorafor
    Dans une Terre d'après un apocalypse écologique, l'Afrique entière est devenue désertifiée. L'héroïne est une magicienne issue d'un viol au milieu d'un massacre ethnique.


  • On ne peut pas faire de statistiques représentatifs sur d'aussi petits échantillons mais ce qui frappe est que sur 11 nominations (même s'il y en a deux en commun), 2 sont des hommes (Ian McDonald, Jack McDewitt) et 9, soit 82%, sont des femmes (Lois Bujold, Mira Grant, M.K. Hobson, N.K. Jemisin, Mary Robinette Kowal, Nnedi Okorafor, Connie Willis).

    La science-fiction s'est vraiment féminisée ces dernières années (il y avait 0% de femmes dans la nomination 2009 !). On pourrait avoir ici encore quelques traces de différences entre les sexes : les deux romans les plus "sci-fi" sont plutôt ceux des deux hommes, en dehors de celui de Bujold. La récente victoire de la fantasy depuis les années 1980-1990 a aussi accompagné l'essor d'un public nettement plus mixte. Les auteurs les plus jeunes comme Jemisin et Okorafor semblent d'ailleurs plus marquées par la fantasy, alors que Bujold, qui est partie du space opera, était aussi à l'aise dans la Hard SF.

    Archaïsmes désuets


  • Hitchens sur l'avenir de la dynastie des Hanovre-Saxe-Cobourg-Gotha :
    Only [William's] supposed charisma can save the country from what monarchists dread and republicans ought to hope for: King Charles III.

    (Monarchy, you see, is a hereditary disease that can only be cured by fresh outbreaks of itself.)

  • Le dirigeable est devenu un des principaux clichés pour symboliser une uchronie d'un monde possible proche du nôtre. Kincaid ironise sur ce charme plus discret du tout des Zeppelins depuis la vogue du steampunk :
    This April alone I read three novels that employed dirigibles: Pinion (2010) by Jay Lake, Terminal World (2010) by Alastair Reynolds and Boneshaker by Cherie Priest. You can’t get away from the damned things.
    They are romantic, of course, and steampunk is nothing if not a very romantic mode; they are vulnerable (how could a big bag of gas be anything but a perilous means of transport) which makes them a handy device whenever you want high drama, and steampunk is a highly melodramatic mode; and they are a good way of traveling long distances if you don’t want to invent something as sensible as, say, an aeroplane.

    Une autre raison (pour ne pas en rester au freudianisme facile) me semble être l'absurdité poétique d'une machine qui semble si "onirique", si peu "mécanique", plus proche d'une sorte de baleine céleste que d'un oiseau, plus proche d'un Nuage flottant que d'une fusée. Le zeppelin est un peu au mythe de la technique ce que le dragon a pu être dans la crainte de la nature, comme une synthèse chimérique d'éléments contradictoires.

  • [Alphabet d'Avril] W comme Wundarr the Aquarian



    Wundarr a commencé dans un titre d'horreur, Adventure into Fear #17 (1973), une aventure de Man-Thing par Steve Gerber. L'histoire est une parodie de Superman où Hektu, un scientifique de la planète Dakkam (imitation de Daxam/Krypton), a envoyé son fils, Wundarr, sur Terre parce qu'il pensait que sa planète allait être détruite. Là où la parodie commence à se moquer de Kal-El est que le scientifique s'était complètement trompé et d'autre part que la sonde avait en fait gardé Wundarr pendant 20 ans, en le nourrissant mais sans pouvoir développer son intellect, ce qui en faisait un Superman attardé mental (un couple de Terriens imitant les Kent avait bien vu le vaisseau s'écraser mais avait renoncé à s'en approcher en redoutant quelques Martiens ou Communistes...). Steve Gerber pensait peut-être à certaines histoires absurdes de Kal-El encore nourrisson, ou bien à l'idée (que je trouve d'abord chez Poul Anderson dans sa nouvelle Incomplete Superman, 1951) selon laquelle Kal-El serait nécessairement en retard parce qu'il aurait été élevé comme un "Enfant sauvage" par une espèce moins développée (comme Tarzan élevé par des singes).

    Wundarr devint ensuite une sorte de fils adoptif de la Chose dans Marvel Two-in-One, et y apparaît régulièrement, jusqu'au jour (Marvel Two-in-One #58, 1979) où il évolua pour devenir The Aquarian, une sorte de Jésus Marvel hippie en référence à l'Ère du Verseau, qui absorbe l'énergie autour de lui et peut convertir cette énergie en plusieurs effets.

    Les origines de Superman en font certes un Moïse (avec le vaisseau spatial à la place du berceau sur la rivière) mais Marvel n'a pas vraiment su utiliser un superhéros Prophète et ils ne savent plus vraiment qu'en faire depuis que Mark Gruenwald n'est plus là pour s'occuper de lui (surtout que Marvel avait déjà Adam Warlock comme analogue de Jésus avec messianisme, crucifixion et résurrection).

    Adam Warlock a un double maléfique représentant l'oppression de l'Inquisiteur (le Magus) et il est possible que le mutant Overlord de Dakkam (créé en 1969 dans Silver Surfer) soit aussi un double de Wundarr quand on lit ses origines (il est un mutant de Dakkam qui aurait détruit la planète dans le futur et serait devenu une sorte de Gengis Khan cosmique).

    Une autre version plus subversive du mythe de la chute du Berceau de Superman était cette reprise de Frankenstein par Abnett and Lanning où Kal-El était mort dans son vaisseau et fut animé par le Dr Viktor Frankenstein Luthor.

    dimanche 24 avril 2011

    Une carte de Westeros


    Je crois que je n'avais jamais vu une carte de pays imaginaire aussi réussie : la carte de l'île des Sept Royaumes de Westeros dans les romans Songs of Fire and Ice de GRR Martin, par un amateur, Other-In-Law, avec l'héraldique.

    Cliquez pour avoir la version agrandie :


    Les sept icones en haut sont le panthéon si habile des Sept "Aspects" du Divin : le Forgeron (la Tempérance), le Guerrier (la Force), le Père (la Justice), l'Etranger (le Mystère), la Mère (la Charité), la Vierge (la Chasteté), la Vieille (la Sagesse). Le fait d'avoir pris des noms aussi génériques rend la mythologie de Westeros bien plus facile à retenir, ce qui serait une bonne leçon pour les joueurs.

    [Alphabet d'Avril] V comme Vixen


    Vixen (la "Renarde"), créée en 1978, est une héroïne de DC Comics qui a plutôt commencé comme un double en femme de Black Panther chez Marvel (le héros chef du pays imaginaire du Wakanda fut créé en 1966 et eut sa propre série à partir de 1973). Mari Jiwe est née dans l'Etat africain fictif du Zambesi (les scénaristes semblent négliger que le fleuve existe vraiment entre la Zambie et le Zimbabwe, dans certaines sources elle venait du M'Changa, les scénaristes ont décidé ensuite que ce dernier était une province du précédent). Elle descend d'une dynastie de superhéros tirant leur pouvoir du dieu Anansi, le Trickster araignée de la mythologie ashanti du Ghana. Anansi est méta-fictionnel puisque son histoire consiste au fait de libérer les autres histoires (dans la version de Neil Gaiman dans Anansi Boys, il les libère du Dieu Tigre qui limitait les histoires à la violence, et Anansi l'Araignée invente donc les autres genres de recits en en faisant une histoire). Vixen en "Renarde" mélange donc la figure d'un autre Trickster, Renart le Goupil, peut-être aussi en hommage au mythe dogon de Yurugu le Renard Pâle, qui prend la forme d'un petit vulpes pallida.

    Son père est le Révérend Richard Jiwe, le "Gandhi" du Zambesi, assassiné à l'indépendance par son oncle, le Général Maksai, nouveau dictateur qui tenta de voler le Totem Tantu d'Anansi et qui y perdit la raison. Elle vengea son père, récupéra le Totem terrifiant et gagna les pouvoirs d'absorber les capacités des bêtes (vol d'oiseau, écholocation d'une chauve-souris, force de gorille, etc.), comme Animal Man, autre héros "méta-fictionnel", en un Epiméthée inversé qui réattribue à l'humain les divers dons des autres êtres vivants.

    La récente série de Justice League of America par Brad Meltzer, Dwayne McDuffie puis James Robinson ne m'avait pas enthousiasmé mais il faut reconnaître que Vixen était devenue plus intéressante lorsque le Trickster Anansi commença à s'amuser avec ses pouvoirs, ainsi qu'avec ceux d'Animal Man. Mari Jiwe ne peut soudain plus prendre les capacités des bêtes mais des animaux rationnels autour d'elle et commence à s'habituer à "parasiter" les pouvoirs des autres héros (la force de Superman ou l'intelligence de Batman, par exemple). Le pouvoir de Vixen devenait soudain nettement plus dangereux en "méta-pouvoir" dépendant de ceux des autres, surtout que le propriétaire original perdait ses capacités quand elle était en train de le "drainer".

    samedi 23 avril 2011

    [Alphabet d'Avril] U comme Ultra-Boy


    Ultra-Boy, de la Légion des Super-Héros, a été créé dans Superboy #98 (juillet 1962) comme une dérivation du concept même de Superman : il a tous ses pouvoirs mais un seul à la fois, un Superboy mais successif. "L'explication" est qu'il a une "Ultra-Energie" qu'il ne peut concentrer que sur un seul effet. Enfant (en gros jusqu'à il y a cinq minutes en y réfléchissant), je trouvais cette limitation plus intéressante que la Kryptonite si répétitive de Superboy. Cela impliquait qu'il passait son temps à se faire bêtement assommer en négligeant de passer assez vite vers l'Invulnérabilité (cela arrive encore dans le numéro de la Légion des superhéros de ce moi-ci). Bien entendu, la limitation est en fait contradictoire : Ultra-Boy se détruirait tous les muscles et les os de l'épaule à chaque fois qu'il se servirait de son Ultra-Force sans l'Invulnérabilité et il serait brûlé par le frottement à chaque fois qu'il utiliserait son Ultra-vitesse sans l'Invulnérabilité.

    L'imagination fonctionne aisément par inversion. En un sens, les origines absurdes de Jo Nah sont peut-être une inversion de celles de Spider-Man. Spider-Man a été mordu par une araignée radioactive et a donc assimilé dans son corps les effets de ce venin, du corps étranger qui change son propre corps, Jo Nah, lui a été avalé vivant par une "baleine de l'espace" (Jo Nah comme "Jonas") et a tiré de ce passage dans le Ventre de la Bête son Ultra-Pouvoir (ce qui plairait au jungien Joseph Campbell comme cliché de la Métamorphose). Comme souvent chez DC Comics, l'idée est absurde mais dans une "logique" du conte de fée et les scénaristes n'ont donc jamais osé la rendre plus "réaliste" même 45 ans après.

    vendredi 22 avril 2011

    [Alphabet d'Avril] T comme Timothy Hunter


    Timothy Hunter est le jeune magicien créé par Neil Gaiman dans Books of Magic, une mini-série de 1990.

    Dans la première histoire de Gaiman, Hunter était surtout un prétexte pour faire une grande cartographie de tout le pan de la magie dans l'univers DC : un jeune garçon que les divers personnages initiaient aux secrets occultes. Les scénaristes de ses propres séries qui ont suivi ont eu du mal à développer le personnage, sans oser trop trahir cet excellent début. Au point que cela est même devenu un des thèmes méta-fictionnels de la série : pourquoi le personnage a-t-il plusieurs origines qui se répètent et s'annulent et pourquoi semble-t-il "résister" au changement au point de revenir régulièrement à l'état de cette première initiation ? L'histoire ne cesse de jouer avec l'idée qu'il serait un fils mortel de Titania, la Reine des Fées, mais revient ensuite à nouveau sur la révélation au point que le consensus actuel est qu'il a en fait des origines magiquement contradictoires en fusionnant plusieurs Timothy Hunter possibles, à la fois fils de ses parents humains et d'êtres féériques.

    Le problème de ce genre de métaphore sur le Changement (comme dans "Henri Potier", qui, par simple coïncidence, lui ressemble tant) est que cela devient souvent plus une bd sur l'adolescence, la confrontation à un monde d'Anciens & Ancêtres, et que cette figure de l'adolescence, si caractéristique de toute la culture du divertissement, est déjà devenue trop envahissante au moins depuis les X-Men.

    Ressassement



    Matt Miller propose une nouvelle austérité dans le discours de commentaires :

    “The House Republican budget adds $6 trillion to the debt in the next decade yet the GOP is balking at raising the debt limit.

    The House Republican budget adds $6 trillion to the debt in the next decade yet the GOP is balking at raising the debt limit.”

    I thought about making this week’s column that one sentence printed over and over 30 times. It would have been the opinion page equivalent of a Dada-esque protest against the inanity of the debate — and a cry for every news outlet to focus on this simple, clarifying fact. (...)
    Just distill and hammer home the single thought readers need that week to alter their worldview — more powerful than a haiku; less evanescent than a tweet.

    jeudi 21 avril 2011

    Les obsessions du Point


    Même dans leurs Marronniers pourris de ressentiment, les rédacteurs du Point ne peuvent plus s'empêcher de parler de leur Président sur toutes leurs couvertures.




    C'est complètement immature, et je ne sais pas me servir de Paint, mais cela me fait du bien quand même.

    Encore une réfutation décisive pour les méthodes de Condorcet



    Comme c'est le 9e anniversaire du 21 Avril (notre 9/11 à nous qu'on a) et que la progéniture Le Pen devrait faire encore mieux au Premier Tour grâce à 4 ans de buisso-badinguetisme, la fondation Terra Nova reparle de suffrage par système de classements des préférences pour les candidats :

    Quand on demande aux gens leurs préférences, le centre droit incarné notamment par Jean-Louis Borloo s'en sort bien.

    C'est pire comme contre-argument pséphologique qu'un paradoxe de Condorcet. Un système qui amènerait Borloo (Borloo !) au pouvoir juste pour nous éviter l'humiliation d'un second 21 Avril est-il même digne d'être étudié ?

    Primes


    Le Généralissime Badinguet a su tirer des leçons de son ami le Colonel. Il promet de nouvelles niches fiscales obligatoires pour les entreprises qui auraient (1) plus de 50 employés (cela concerne potentiellement 8 millions de personnes), (2) qui versent des dividendes, (3) qui augmenteraient fortement ces dividendes en 2011-2012, (4) avec un montant libre à négocier mais qui pourrait très bien être, je ne sais pas, moi, d'un montant qui irait peut-être hypothétiquement jusqu'à une éventuelle aumône généreuse annuelle de mille euros si cela se trouve et si les actionnaires avaient trop d'argent dont ils ne savaient pas quoi faire. Mme Parisot aurait raison de dénoncer un tel "collectivisme". Les effets pervers de la planification (décourager l'augmentation de dividendes et éventuellement des investisseurs), mais toute apparence de "justice" en moins.

    Le Colonel Kadhafi, lui, avait moins su contrôler l'inflation galopante de ses pétro-dinars libyens en promettant des versements mensuels de 5000 dinars ("4150 $" en théorie) pour 500 000 familles libyennes ou de 1000 dinars ("830$") pour un particulier. Certes, il avait des provinces entières qui se soulevaient contre lui.

    M. Guaino a justifié la nouvelle doctrine économique en disant que maintenant seulement on demandait des sacrifices parce qu'on sortait de la Crise (on apprend donc qu'il y a eu une politique de relance par le Bouclier fiscal en 2008-2010). La coïncidence d'échéances électorales et d'une rentrée sociale de septembre 2011 n'a rien à voir.

    Add. J'avais raté l'explication dans le Canard de Badinguet disant pourquoi il fallait bloquer les salaires dans la fonction publique : "Dans la fonction publique, il n'y a pas de dividendes, il n'y a que des déficits."

    Avec un tel raisonnement d'actionnaire, je comprends que les services publics ne soient plus perçus que comme des "dépenses" non rentables.

    [Alphabet d'Avril] S comme Squirrel-Girl


    Squirrel Girl est un exercice de style en absurdité des comics de superhéros.

    Elle a été créée spécifiquement par Steve Ditko pour montrer que le Genre ne devait pas être soumis à l'apparence la plus modeste de "vraisemblance". La Fille-Ecureuil est agile, elle a des dents en avant et une queue, et elle contrôle les rongeurs Sciuridae. La convention depuis sa première apparition il y a 20 ans par Steve Ditko est de la mettre face à un adversaire omnipotent et de laisser triompher Squirrel Girl de manière complètement incompréhensible. Elle a déjà vaincu Dr Doom dans sa première apparition, le Titan Thanos et on attend toujours qu'elle détruise Galactus ou le Phénix.

    Elle a aussi été l'une des rares membres surprenantes d'efficacité parmi les "Vengeurs des Grands Lacs" (qui ont aussi essayé de se faire appeler les "X-Men des Grands Lacs" et "Great Lake Initiative" du Wisconsin), qui sont un peu aux équipes de Marvel Comics ce que les Inferior Five ou la Legion of Substitute Heroes sont à DC. Mais hélas, elle est devenue trop populaire pour être confinée à cette équipe de troisième zone.

    Add. Zut, maintenant elle est même devenue une petite amie de Wolverine ? Je ne l'imaginais pas si populaire.

    mercredi 20 avril 2011

    [Alphabet d'Avril] R comme Radioactive-Man

    (le héros de Bongo Comics, pas le vilain chinois homonyme de chez Marvel)

    Radioactive-Man est le personnage favori de Bart Simpson dans le dessin animé (créé dans un épisode de 1991). Il a depuis eu ses propres aventures qui sont des parodies amalgamées de divers personnages.

    Selon la chronologie fictive, il apparaît pour la première fois en 1952 (dans ce qui dans la réalité serait "l'Âge sombre" où quasiment aucun superhéros n'est né (à part The Phantom Stranger). Mais la date des années 50 a dû être choisie comme l'arrivée au pouvoir d'Eisenhower et la prétendue "innocence" des années 50 entre le McCarthysme et l'arrivée de JFK. Le début parodie notamment l'anti-communisme des personnages comme Fighting-American (qui paraît en 1954) avec des ennemis russes mutants. C'est un personnage pour enfants qui fait dans sa série de la propagande pour l'énergie nucléaire et même pour le tabac pour les enfants... (Mais une série lui a aussi créé de nouvelles origines avec un prédécesseur dans l'Age d'Or de Radio Days années 40, Radio-Man)

    Il est le millionnaire Claude Kane IIIe du nom (mélange de Claude Rains et Bob Kane) qui vit dans la cité imaginaire de Zenith City. C'est un playboy comme comme Batman/Bruce Wayne mais il n'a pas besoin de simuler une candeur proche de la stupidité totale, contrairement à Sir Percy Blakeney ou Don Diego de la Vega. Il et a eu ses pouvoirs dans un accident nucléaire (comme Hulk), avec un rayon solide planté dans sa tête. Il doit cacher son identité secrète auprès de sa petite-amie journaliste Gloria Grand, comme Superman/Clark Kent face à Lois Lane. Ses pouvoirs sont plutôt ceux de Superman ou du premier Captain Marvel (le cocktail paradigmatique : superforce, vol, invulnérabilité, plus un "rayon radioactif").

    Il a un jeune "sidekick", Fallout-Boy, alias Rod Runtledge (comme Robin et tant d'autres) et aussi un super-chien qui irradie dans le noir, "Glowy". Bongo Comics s'est amusé à créer diverses aventures dessinées dans le style Simpsons mais avec des allusions à diverses périodes où il est censé paraître, comme des allusions surtout à Jack Kirby dans le numéro 197 ou 222 (qui dateraient des années 60). Les épisodes peuvent paraître dans le désordre (voir cette liste des dates réelles et de la chronologie fictive) et ne cherchent pas à avoir une vraie continuité (si ce n'est que Richard Nixon est un vilain récurrent des années 50 jusqu'à nos jours - même si Claude Kane est un Républicain).

    Bien entendu, Radioactive-Man est un idiot similaire à Homer Simpson, et ses triomphes sont dus à la chance. Il a aussi rejoint une équipe, The Superior Squad avec Captain Squid (Aquaman), Purple-Heart (Captain America), Plasmo the Mystic (Dr Strange), Bug Boy (Ant-Man ?), Weasel Woman (Wolverine + Hellcat/Tigra), Lure Lass, Black Partridge (Black Canary). Il compte parmi ses ennemis le Dr. Krab (qui n'est pas le Dr Zoidberg de Futurama), la cyborg Pneumatica (qui n'est autre que sa mère qu'il croyait défunte) et Larva-Girl (son ex-femme).

    mardi 19 avril 2011

    [JDR] En relisant... Casus Belli (16)

    Casus Belli n°16, septembre 1983, 48 pages (12 Francs)

    L'éditorial porte entièrement sur la parution tant attendue de la traduction de D&D. L'ancien collaborateur franco-américain de Casus Belli Bruce Heard (qui avait écrit tant d'articles dans CB #10-13) part chez TSR pour superviser (et améliorer) les traductions. Les Nouvelles du Front annoncent les versions françaises à venir des modules B3 Le palais de la princesse Argenta et B4 La cité perdue. Ils citent aussi la parution en anglais de la très oubliée Free City of Haven (et ils la rendent plus poétique en l'appelant "City of Heaven"). Ils recommencent aussi le survol des numéros de White Dwarf (n°42-43), qui va publier leur propre cité, Irilian, sans doute un des modèles de Laelith plus tard.

    J'avais oublié de parler les fois précédentes de la rubrique "Echo C.B." qui proposait aux lecteurs de noter chaque rubrique, comme dans certains magazines de bandes-dessinées (dans le numéro précédent, ce sont les modules wargames et le module Bushido qui ont les meilleures notes).

    Une des pages a un petit dessin humoristique de Tignous (qui va ensuite illustrer Rêve de Dragon de Denis Gerfaud). Il n'est pas dans l'ours et les articles continuent d'être surtout illustrés par Didier Guiserix (sauf le scénario final, illustré par le talentueux Rolland Barthelemy).

    Devine qui vient dîner ce soir a trois monstres. Le Stick est une créature de graisse collante envoyée par un lecteur. Le Dragon mort-vivant (avant le dracoliche officiel ?) et le Dragon arc-en-ciel (un dragon chaotique-bon qui sert Bahamut et lance une aspersion prismatique, là aussi, c'est devenu officiel sous le nom de "Dragon prismatique", bien avant Yu-Gi-Oh!) sont deux créations de Martin Latallo. C'est peut-être aussi une reprise directe du livre-jeu de TSR Revenge of the Rainbow Dragons qui venait de paraître en janvier 1983.


    La Nuit de l'Esprit est un petit jeu de société de Jean-Charles Rodriguez (le futur co-créateur du célèbre Elixir) où un groupe de joueurs doit lutter dans une maison hantée contre un fantôme, qui est interprété par un autre joueur.

    Le Combat Fantastique est, comme dans CB 14 une description des adaptations à faire pour utiliser La Flèche et l'Epée pour des guerres de masse (notamment les créatures ailées et des morts-vivants).

    Casba Belibel est co-écrit par Philippe Fassier (qui faisait les labyrinthes dans Jeux & Stratégies). C'est un programme avec "routines en langage machine pour ZX81") pour générer des noms propres imaginaires pour vos jeux de rôle. Le Net a par exemple celui-ci mais je ne sais pas ce que donnait Casba Delibel.

    Comba-zic est un programme d'Olivier Tubach (Basic pour Apple II) pour résoudre les combats dans AD&D. En un sens, la vogue du jeu de rôle des années 1980 a été une plage temporelle étroite : il fallait en partie l'informatique pour que le grand public découvre le jeu de rôle (Angmar, Wizardry ou Zork pour préparer à D&D) mais il fallait aussi que l'informatique ne soit pas assez développée pour ne pas pouvoir rivaliser avec le jeu autour d'une table. Comme le faisait remarquer Grognardia, on ne retrouvera jamais ces ingrédients fragiles de cette phase intermédiaire dans l'histoire des techniques du divertissement.

    Le Monde de Runequest (p. 36-38) est une longue introduction au système de magie et au monde de Glorantha, par Denis Gerfaud (qui commença à développer Rêve de Dragon en réaction à la mythologie gloranthienne). Le début est très frappant dans sa polémique anti-D&D :
    Quand on est passionné de fantastique médiéval et de jeux de rôle, on en vient tôt ou tard à découvrir Runequest. Et quand on sort de Donjons & Dragons, après avoir vu des samouraïs chevaucher en compagnie de druides, s'être aventuré dans des cavernes pleines de Minotaures et de Méduses (noter les majuscules et les pluriels), avoir vu des prêtres d'Osiris jeter de l'eau bénite sur des vampires, qu'une prêtresse d'Aphrodite essayait simultanément de repousser en brandissant un coquillage, après avoir vu des guerriers dans le feu de la bataille se ruer sur l'ennemi à la vitesse de 30 cm par seconde tandis que des litres et des litres d'huile s'enflammaient spontanément au contact d'une flamme, bref, après s'être longtemps résigné à accepter qu'un jeu de rôle de fantastique médiéval ne se puisse concevoir sans une bonne dose d'absurdité, on est surpris et, quand même. heureux de découvrir en Runequest un monde cohérent.

    Tout joueur a eu une phase de fascination pour la querelle du Réalisme et je me souviens avoir trouvé cet argumentaire très persuasif à l'époque, il y a 27 ans (sauf peut-être le truc sur la vitesse des guerriers). Runequest est en effet plus "simulationniste" que D&D, avec ses attaques et parades, son abandon des "Points de Coup" abstraits et des Classes de personnage. Et surtout en effet, Runequest a son propre univers. Mais le genre de situation bizarre qu'invente Gerfaud pourrait bien entendu aussi bien se retrouver mutatis mutandis dans une partie de Runequest, si ce n'est que le "minotaure" s'appellerait peut-être un broo, que le prêtre d'Osiris serait prêtre d'Humakt ou Daka Fal et que la prêtresse d'Aphrodite serait prêtresse d'Uleria. Même Glorantha peut synthétiser d'innombrables sources dans son univers.

    Le dessin de Didier Guiserix de la prêtresse troll de Kyger Litor (mais sa chauve-souris en boucle d'oreilles a les runes du Désordre, ce qui peut faire penser plus à Zorak Zoran) est vraiment superbe. Il faudrait vraiment que la compagnie de Greg Stafford, Issaries Inc, le rachète pour la 125e fois qu'ils rééditeront le culte de Kyger Litor.


    (La dernière page de couverture de ce numéro est une publicité pour l'import de Runequest par Jeux Descartes. La boite de base version Game Workshop fait 173FF 1983. )

    Ensuite, Martin Latallo, qui avait déjà écrit à la fois l'article et le module pour Bushido dans CB #15 refait la même chose avec un autre jeu FGU. L'article porte cette fois sur Daredevils, le jeu FGU sur les Pulps à la Allan Quatermain ou Indiana Jones. Latallo traduit toujours Skills par "facultés" et semble penser que FGU a créé les jeux avec compétences (alors que Traveller et Runequest le faisaient déjà avant). Il regrette que le jeu n'ait pas assez de renseignements sur les années 1930 (ce qui annonce déjà le tout premier dossier Call of Cthulhu dans le numéro 17).

    CB #15 avait été le premier numéro à comporter un scénario qui ne soit pas exclusivement AD&D (puisqu'il était à la fois pour AD&D ou Bushido). Mais ici, le CB #16 est le premier à avoir deux modules distincts et on pourrait considérer ce passage comme un saut qualitatif dans la rédaction des scénarios.

    L'Homme Invisible, par Martin Latallo, est un scénario pour Daredevils. Il introduit une présentation par "scènes" au lieu de celle d'un simple lieu comme dans D&D. C'est un bon scénario, avec une enquête assez crédible à la Gaston Leroux. Les aventuriers vont être contactés pendant un bal pour protéger une femme persécutée par un être invisible et il y a de quoi s'égarer dans des fausses pistes intéressantes.

    Les Caves de Thraoril par Didier Guiserix est une aventure Basic D&D (Niveau 1 pour débutants, à l'occasion de la nouvelle traduction). L'histoire se déroule à Thraoril, village dans le centre-est d'Alarian, le monde du #13 et les personnages doivent retrouver une bande de bandits qui pille la petite bourgade. Il y a plus d'interactions avec des PNJ grâce à ce petit village, même s'il n'y a que peu de personnages décrits.
    On pourrait imaginer que ce scénario précède ensuite celui du #14, le "Rat noir" où les personnages sont appelés à progresser auprès d'un autre gang de Voleurs bien plus prestigieux (un des thèmes de toute campagne d'Alarian étant à la Robin des Bois avec un pouvoir politique peu légitime).


    illustration © par Rolland Barthelemy 1983, p. 44.

    William Blake dans The Mystic World



    Les jeux de rôle de superhéros doivent simuler l'atmosphère particulière des comics sur les magiciens. Ils doivent à la fois garder un système équilibré tout en donnant une impression légèrement différente entre les sortilèges fantastiques et les autres pouvoirs "psis" ou "technologiques".

    The Mystic World est un supplément de 160 pages sur la Magie pour Champions (5e édition), par Dean Shomshak [Si on veut être plus précis, Mystic World et Arcane Adversaries sont tous les deux des réactualisations d'un supplément de 1996 du même auteur pour la 4e édition, The Ultimate Super-Mage, qui, je crois, n'avait jamais été publié mais se retrouve comme .pdf.].

    Comme les aventures du Dr Strange chez Marvel, le supplément fait une carte de nombreuses dimensions. Il a la bonne idée de les disposer dans l'Arbre des Dix Sephiroth. L'idée de recycler directement la Cabbale comme système cosmologique du Multivers est devenue assez classique depuis la série Promethea mais ce supplément semble l'avoir déjà imaginé avant Alan Moore.

    Les Dix Dimensions sont séparées en quatre grandes régions. Assiah (Action) est le monde matériel (Malkuth). Yetzirah (Formation) est le plan astral des âmes, des imaginations et des songes (Hod, Yesod et Netzach). Briah (Création) est les mondes des Avatars divins (Tiphereth, Pachad et Chesed). Enfin, une fois passée l'Abysse indicible de Da'ath, le plan suprême est Atziluth, les émanations et archétypes intelligibles les plus proches de l'Un ineffable (Chokhmah, Binah et Kether).

    Et dans un syncrétisme digne des cartes d'Ad&d, Dean Shomshak a aussi systématisé et réorganisé la mythologie poétique de William Blake (qui avait déjà été reprise dans Lords of Creation).

    Le sephirah Chesed (Amour, Compassion) dans le plan créatif de Briah est en effet consacré à la mythologie blakienne, avec les Quatre Zoas.

    J'avais repris l'interprétation des Quatre Zoas comme quatre fonctions de l'Âme (Urizen la Raison, Urthona l'Imagination, Luvah l'Amour, Tharmas les Désirs) mais Shomshak reprend ici une répartition ingénieuse avec deux couples d'opposés : Ordre/Chaos et Art/Nature : Urizen est l'Ordre (la Raison), Luvah le Chaos (l'Emotion), Urthona est l'Art, Tharmas la Nature.

    Ulro est le domaine d'Urizen, un monde abstrait d'horloges, de mécanismes et de sphères armillaires (mais les racines de l'Arbre du Mystère pousse sous le trône d'Urizen). Beulah est le domaine des amants Luvah et Vala et c'est là qu'est enchaîné Orc à l'Arbre du Mystère. La Forêt d'Entuthon Benython traverse les quatre mondes et devient une jungle de pure croissance proliférante dans le domaine de Tharmas, autour du lac amer d'Udan Adan. Enfin, la Cité de Golgonooza, l'Idée de l'Urbanité elle-même, est le domaine d'Urthona l'Art et l'Artifice. La Cité semble abriter tous les styles artistiques et architecturaux à la fois, d'immenses tours de Metropolis à des bâtiments gothiques ou Art-déco, en une sorte d'immense Xanadu syncrétique. Los le Forgeron y travaille dans sa demeure de Luban, Enitharmon la tisseuse y vit dans son sanctuaire de Cathedron.

    Fuzon, le seigneur du feu, est un fils d'Urizen passé au domaine de la Nature et du Chaos et a son propre plan élémentaire, le Ciel Brûlant. A l'inverse, Bromion (plus décrit dans le supplément Arcane Adversaries p. 92-95) est un fils de Los l'Artiste passé du côté d'Urizen (la fonction critique de la Raison en Art). Il est devenu un Seigneur de l'Ordre mineur fanatique, avec son propre domaine dans le plan de Netzach, les "Rouages du Moulin". Chez Blake, il est l'un des quatre enfants de Los dans The Vision of the Daughters of Albion : Rintrah (rébellion), Palamabron (compassion), Bromion (science) et Theotormon (désir jaloux).

    Le supplément utilise aussi les personnages de William Blake pour des noms de sortilèges ("Liens de Bromion", "Flammes de Fuzon") et d'artefacts magiques (comme l'Etoile d'Urizen, relique de l'Ordre).

    L'arrière-fond des caricatures

    La couverture de ce magazine républicain, National Review, est censée discréditer Obama auprès de son public en le représentant en "Capitaine O.N.U", mais le même dessin "caricatural" pourrait presque être repris directement comme une figure sympathique, avec un arrière-fond opposé, par un magazine comme American Prospect.

    Mais pour un conservateur à la John Bolton, l'ONU est bien entendu pire qu'un simple "machin" bureaucratique, c'est la dérive vers le déclin des USA et la menace du multilatéralisme qui ne reconnaîtrait plus le Leadership hégémonique de Captain America. Le sous-titre du dessin est donc presque une accusation allusive de trahison(certes assez peu violente par rapport à des délires glenn-beckiens).

    De même, on peut trouver très réussi dans son ellipse le célèbre dessin de Caran d'Ache dans le Figaro sur l'affaire Dreyfus, tout en ignorant que Caran d'Ache (Emmanuel Poiré) était un antisémite virulent (voir son Carnet de Chèques de la même année 1898). Le sous-titre du dessin pour son auteur n'est pas seulement qu'il y a un débat mais que les Dreyfusards arrogants (dont des femmes qui osent quitter leur position et s'intéresser à la politique) nuisent à l'Unité nationale.

    [Alphabet d'Avril] Q comme Quislet


    HOURRA !

    Quislet est l'éblouissant et étincelant membre de la prestigieuse Légion des Superhéros. Le glorieux Quislet n'a même pas de corps, il est un petit être splendide ("Teallien") d'une autre dimension sublime, on ne voit que son vaisseau minuscule, de la taille d'une maquette. HOURRA ! Le merveilleux Quislet a le pouvoir de quitter son admirable vaisseau pendant peu de temps, d'occuper un objet matériel qu'il anime, mais qui ensuite se désintègre dès qu'il ressort de l'objet. HOURRA !

    Oh, et le fulgurant Quislet est d'un enthousiasme constant comme une sorte de sensationnel Roberto Benigni sous amphétamines.

    HOURRA !

    Lire cette histoire illustrée des origines de Quislet (Legion of Super-Heroes (v3) #14, septembre 1985) et le dithyrambe, TWENTY REASONS WHY QUISLET IS AWESOME par MGK.

    Gratitude

    Il faut reconnaître que depuis quelques mois, ce Président est d'une générosité sans limite pour ceux qui lui seraient hostiles. On croirait parfois qu'il fait même effort pour nous faire plaisir, comme une sorte de sketch quotidien. Cela n'enlève certes pas les dégâts de plus long terme pour les malades ou pour les systèmes de santé, mais au moins il veille à nous alimenter en Schadenfreude.

    Oh, selon ces sondages, il n'y aurait plus que 5-6% des Français qui auraient une image Très Positive du Président. Mais c'est peut-être le scepticisme blasé des Français.

    LH2/nouvelObs.com 10 avril Solde -36
    Ipsos/le Point 9 avril Solde -39
    ViaVoice/Libération 8 avril Solde -39
    Ifop/Paris Match 8 avril Solde -34
    Ifop/Paris Match 1 avril Solde -40
    TNS Sofres/Logica/Le Figaro 29 mars Solde -51
    BVA/Orange Express/France Inter 26 mars Solde -33
    Ifop/Le Journal du Dimanche 11 mars Solde -42
    OpinionWay/Metro 9 mars Solde -41
    CSA/Le Parisien 2 février Solde -29

    (En passant, pourquoi Ipsos n'a-t-il pas remis à jour ce sondage depuis octobre 2010 ?

    Une rumeur reparle à nouveau d'un éventuel nouveau remaniement avant les Présidentielles de 2012 !

    Ce serait le comble du comique. Des mois à annoncer un remaniement avant de garder presque les mêmes le 14 novembre 2010. Puis un mini-remaniement en février 2011 en prenant le prétexte des événements internationaux pour Alliot-Marie alors qu'il s'agissait aussi d'ex-filtrer Hortefeux (pour le remplacer par un conseiller qui mène la même stratégie de Patrick Buisson).

    Mais cette fois-ci, là, là..., promis, maintenant, on passe à une équipe de "professionnels".

    Il y a une telle panique à droite que Badinguet est de plus en plus souvent désavoué par les Filloniens sur la continuation de la stratégie Buisson de lepenisation. S'il les vire, il accroît la division de l'UMP et renforce les chances d'une candidature rivale. S'il les garde, il continue à afficher ces divisions intérieures.

    Oh, cela ne sera certes peut-être pas suffisant pour éviter quelques désastres pour DSK (ou même Hollande ?) si le "libéralisme" "sociétal" de ses moeurs privés finissait par lui coûter plus cher pendant la Campagne présidentielle que tout libéralisme économique (ce qui serait assez surprenant dans l'histoire du libéralisme de gauche).

    Mais en attendant, c'est quand même distrayant.

    Add. Ah, susciter de grands espoirs de manière surprenante en promettant soudain un cadeau pré-électoral de 1000 euros (mais seulement pour les employés de compagnies de plus de 50 salariés distribuant des dividendes) et la réduire ensuite devant les protestations du Medef, c'est presque du grand art pour échouer dans une politique de communication.

    Cette dernière phrase de François Baroin est magnifique : "La France est la fille aînée de l'Eglise. Il semble normal, même dans un Etat laïque, que l'Etat soit représenté". Il est en effet sans doute défendable que la France envoie un ambassadeur à une cérémonie d'un chef d'Etat voisin qui dirige la religion majoritaire mais de là à utiliser l'expression si idéologique de "fille aînée de l'Eglise", il ne voit même pas la contradiction.
    Badinguet avait déjà repris de la vieille propagande carolingienne (en parlant rapidement de sacre de Clovis à la place de baptême).

    lundi 18 avril 2011

    [Alphabet d'Avril] P comme Power-Girl

    D'après une légende urbaine, quand Power Girl fut créée dans All Star Comics # 58 (janvier 1976), le célèbre dessinateur Wally Wood (qui avait 50 ans à ce moment-là et se montrait provocateur quand il travaillait chez les deux grands éditeurs) s'amusa à lui dessiner la poitrine la plus exagéré qu'il pouvait se permettre (même dans le contexte des comics américains) pour voir jusqu'où l'éditeur interviendrait pour le censurer.
    La dessinatrice Amanda Conner, qui a repris la récente mini-série (18 épisodes), s'est permise de nombreux gags sur cette particularité anatomique. Il faut bien en effet qu'elle puisse se singulariser par rapport à Supergirl, la cousine de Superman.

    Power Girl (Kara Zor-L) fut une des nombreuses victimes des changements contradictoires de stratégies de DC Comics. Elle commença comme la cousine du Superman originel de Terre-2 en 1976 puis dix ans plus tard, quand le Multivers fut supprimé, Power Girl devint pour un bref temps une descendante de sorciers de l'Atlantide (une des plus mauvaises idées de Paul Kupperberg) avant de redevenir une réfugiée Kryptonienne seulement depuis le début de ce siècle quand les scénaristes DC se repentirent progressivement de toute une partie des années 1990.

    Parmi les nombreuses histoires qui ont dû être effacées est toute la série où elle était tombée enceinte apparemment du Green Lantern Hal Jordan (Justice League of Europe #52, juillet 1993, elle avait accouché dans Zero Hour #0, septembre 1994). Elle avait eu aussi une autre intrigue écrite par Gérard Jones où elle s'était associée avec la déesse chtonienne Echidna (dans Justice League of Europe #41-42, août-septembre 1992). Le bon côté est qu'on a aussi perdu toutes ces histoires idiotes où elle devenait irascible à cause d'une allergie au soda. Les années 90 étaient vraiment une période qu'on peut filtrer dans son cas...

    Miscellanées


  • Scott Adams, l'auteur de Dilbert (une sorte d'expérience éditoriale pour savoir pendant combien de temps on peut recycler le même gag sans que les journaux s'en rendent compte), vient sur un forum Metafilter pour dire sous un pseudonyme à ses détracteurs qu'il est un Génie certifié et qu'il se soucie donc peu de leurs critiques d'intelligences négligeables.

  • GRR Martin n'y est pour rien mais ses prétendus "fans" sont vraiment des enfants gâtés pires encore que ceux d'Harry Potter (voir aussi la version taiwanaise). Je me demande s'il y a un forum de personnes exigeant que Heidegger finisse la deuxième partie promise d'Être et Temps ou que Jules Vuillemin sorte Philosophie de l'Algèbre volume II.

  • Il y a deux mois, sur un des sites de propagande palinienne de Breitbart, qui est à la Culture ce que le fils Kadhafi est au despote éclairé, un type a écrit un de ces millièmes articles si innovateurs sur la guerre culturelle dénonçant la fantasy contemporaine comme une trahison "nihiliste" et de l'Entartete Kunst qui prouverait l'Untergang des Abendlandes(regardez ce qu'il me fait faire, je m'auto-godwine). Cela serait sans doute absolument passionnant pour ses millions de fans qui doivent tous être des sockpuppets de sa maman si certaines des réponses comme celle de R. Scott Bakker (qui, contrairement au troll réactionnaire, a vraiment étudié Nietzsche et a des idées un peu plus intéressantes sur ce que peut être le "nihilisme") ou Joe Abercrombie n'étaient finalement pas plus intéressantes en se demandant ce que peut apporter la fantasy pour nous au XXIe siècle.

    Tolkien, en Pré-Raphaélite tardif, s'en servait surtout comme un vecteur pour le romantisme technophobe (lire là-dessus la parodie technophile pro-Mordor, Le dernier porteur de l'Anneau par le Tolkiénien russe Cyrille Youryevitch Eskov) rêvant une épopée édulcorée pour Catholiques britanniques (en gros, des idéaux de Beowulf mais en une version plus puritaine sans risque de tension sexuelle). Howard s'en servait comme une exaltation (proto-fasciste) de la force vitale contre la décadence civilisée (mais il est trop nihiliste pour croire qu'on pourrait l'éviter). Mièville s'en sert pour faire de la parodie marxiste qui m'intéresse assez peu. Mais que signifient ces subversions du Genre épique de la "romance" pour nous quatre siècles après Don Quichotte, un ou deux siècles après "l'Âge du Roman" ? Pouvons-nous y trouver autre chose qu'un genre d'escapisme parmi d'autres ? Bakker parle du goût cosmologique ou mythopoétique (ce qui chez les Geeks devient cette obsession sur les détails du monde fictif, mais j'ai des doutes).

  • SLYT: Cette araignée sauteuse, dite "araignée-paon" montre encore la sélection sexuelle avec son paravent or, sinople et argent.

  • samedi 16 avril 2011

    Les titres ont une tendance au thersitisme


    Comme je le disais l'autre jour sur Pasteur, il est un peu inévitable qu'il soit plus attirant de prendre la position de la démystification et de dénoncer les Idoles. C'est même sain et nécessaire au progrès scientifique, si on est conscient du risque d'occuper sa position seulement par réaction dans un champ donné.

    Je ne connais que très peu la linguistique (seulement par la vulgarisation philosophiques) et pas du tout la complexité des divers sous-courants en théorie de la syntaxe mais globalement, il est clair qu'elle est dominée depuis un démi-siècle par la révolution chomskyenne.

    Au lieu de décrire des propriétés de ces systèmes de langues, Noam Chomsky est parti dans des programmes cherchant des invariants ou des universaux à travers des structures formelles innées du langage humain (le projet d'une "grammaire générative" qui montrerait les grands "paramètres" derrière les grammaires réelles - même si Chomsky n'utilise plus exactement ce terme de "paramètre"). Certains vont jusqu'à dire que c'est Noam Chomsky qui a fait de la linguistique une science, même si ensuite ses propres théories scientifiques peuvent être contestées dans les détails : il en serait le Galilée, et pas un Einstein (Steven Pinker dénonce le risque du gourou qui se prend pour un Aristote ayant créé le programme de la linguistique toute entière).

    On sait bien que la linguistique progressera en brûlant ce "père" et il est possible que le modèle soit déjà en une phase de décomposition sur certains éléments, mais les magazines sont souvent impatients de déclarer la mort précoce du nouveau standard. La presse de vulgarisation scientifique est pressée d'annoncer la Chute de la Maison Chomsky (ce n'est pas toujours de l'hostilité politique, plutôt ce désir de néophilie contre la théorie dominante) et le jour où cela arrivera, on risque d'avoir été échaudé par des fausses alertes.

    Par exemple, des magazines comme New Scientist parlaient souvent du Pirahã, un langue très isolée d'Amazonie qui semble pour l'instant contredire quelques prédictions communes sur les langues (notamment l'idée que toute langue humaine doit avoir une structure récursive). Le New Yorker de 2007 a un article très cinématographique sur Dan Everett, le spécialiste du Pirahã qui a voulu en tirer un retour des hypothèses relativistes de Sapir-Whorf (qui font d'ailleurs un retour sous une forme "modérée" ou "faible"). Chomsky a dit qu'il n'y voyait pas encore de manière claire une réfutation de ses théories sur la syntaxe.

    C'est maintenant le tour d'une nouvelle étude statistique sur l'évolution des langues (Michael Dunn, Simon J. Greenhill, Stephen C. Levinson & Russell D. Gray, Evolved structure of language shows lineage-specific trends in word-order universals) qui est parfois un peu survendue (, ) comme la fin de la théorie chomskyenne. Et on sent toujours une jubilation non dissimulée dans l'idée que la théorie de contraintes innées mystérieuses relaisserait la place aux contingences historiques de l'évolution culturelle.

    Un des auteurs, Russell Gray, a mis une explication plus claire de l'étude (même si la notion d'algorithmes MCMC est mathématiquement trop difficile pour être paraphrasée en langue intuitive). Wired a aussi une explication sobre sur l'ordre des mots.

    Liberman (qui est plutôt un spécialiste de phonétique, mais aussi de linguistique "computationnelle") dans Language Log a quelques analyses (avec des réponses d'un des auteurs dans les commentaires).