mercredi 29 août 2012

[JDR] Arkat Art


Chez l'artiste Mike Perry, plusieurs illustrations pour la prochaine encyclopédie sur Glorantha préparée par Jeff Richards. J'aime beaucoup cette scène de sacrifice à Arkat aux Sept Têtes, qui représente bien la complexité de la mythologie gloranthienne.




Arkat est l'un des plus grands héros de Glorantha mais aussi le meilleur exemple du "perspectivisme" de ce monde. Presque toutes les cultures (sauf les Solaires ou les Trolls) ont le même mythe où Arkat vient d'une autre culture, devient l'un des plus grands héros, puis trahit la culture pour se convertir à une autre (dans un itinéraire de l'Ouest vers le centre du continent de Genertela).

Né en terre monothéiste mais en quête spirituelle continuelle, il devient chevalier hérétique, puis guerrier païen et finit en dépassant sa propre humanité. Dans sa lutte contre la face lumineuse du Trompeur, Arkat aura trahi plusieurs religions et aura même abandonné sa propre espèce en se convertissant en Troll des Ténèbres, ce qui fondera l'Autarcie Stygienne autour des Mystères de son culte.

Arkat n'est en effet pas un simple "Héraclès" [même si on pourrait objecter que notre Héraclès est peut-être lui-même une synthèse superposée de plusieurs héros de Méditerranée et d'Orient] mais un héros qui intervient dans les mythes des autres cultures. Il commence donc une pratique gloranthienne où l'exercice de la mythologie comparée devient une technique de transformation de soi et des mythes, par les mythes, au risque de perdre ensuite toute dévotion sincère dans sa propre religion (les Apprentis Divins ne feront que poursuivre cette technique comme une colonisation des Plans Mythiques avec leur "Quête runique"). Les Arkatis sont ensuite diverses sectes ésotériques et sociétés secrètes contradictoires, des Mystes inquiétants qui prétendent atteindre directement un aspect authentique de ce héros polymorphe.

On pourrait aussi le comparer à notre Alexandre le Grand, premier héros globalisé, qui lui aussi laissa des traces contradictoires dans des cultures très différentes, entre les monarchies hellénistiques et la tradition persane (qui transforme le conquérant macédonien en bon shah persan).

L'illustration d'Arkat est encore plus réussie si les vieux fans se souviennent encore de celle assez bâclée de "Black Arkat" dans Troll Gods (1988) p. 25, à l'époque où Avalon Hill sacrifiait complètement Glorantha et où Dobyski (dont on dit qu'il était un bon cartographe) avait dû faire ces images moches [TotRM #7 proposait une illustration de rechange].

Jeff Richards avait parlé à nouveau de l'interprétation d'Arkat aux Chimériades, comme un Illuminé miroir de Nysalor qui devait apprendre à se réconcilier avec son Autre pour accomplir enfin l'Illumination.

5 commentaires:

賈尼 a dit…

En tant que fan d'Arkat, j'attends du coup avec ENCORE DAVANTAGE d'impatience le guide de Glorantha.

Quant au pauvre Dobynski, je crois que ses dessins étaient en fait de simple place holders pour des images que AH n'a finalement jamais commandées auprès de vrais dessinateurs.

Phersv a dit…

Jeff Richards fait vraiment du joli boulot graphique sur cette nouvelle version.

Dommage qu'il n'y ait que les aficionados déjà convaincus qui puissent y accéder car cela aurait pu être une nouvelle Renaissance Gloranthienne.

賈尼 a dit…

Jeff prétend qu'il a de nouveaux joueurs aux États-Unis et que d'ailleurs c'est pour cela que les dernières publications gloranthiennes sont repassées aux miles, pieds et pouces.

Je ne sais pas à quel point c'est vrai. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'aux conventions européennes je ne rencontre que des vieux briscards dès qu'il s'agit de Glorantha.

Eric Vanel a dit…

Pourquoi dis-tu que seuls les afficionados y auront accès ?

Phersv a dit…

@Eric
Ce n'est qu'une impression sur les forums.

Glorantha semble avoir acquis une réputation de monde trop compliqué, réservé à des fans capables de s'impliquer dans les détails de l'anthropologie sartarite.

C'est un peu le problème de tous les mondes un peu riches mais à chaque fois que le jeu est mentionné sur RPG.net, c'est pour dire que c'est interdit aux profanes et compréhensible seulement pour des fans qui connaissaient déjà Glorantha depuis vingt ans.

C'est dommage car Richards fait visiblement des efforts pour rendre tout cela accessible.

Un jeu comme King of Dragon Pass avait en revanche réussi à attirer de nouveaux joueurs qui n'avaient jamais entendu parler de Runequest.