lundi 1 septembre 2014

The Wicked + The Divine #1-3


Cette nouvelle série est réalisée par Kieron Gillen (scénariste de l'excellent Loki) et Jamie McKelvie (qui illustrait il n'y a pas si longtemps Phonograms pour Gillen). L'idée de départ ressemble à un remake d'une série de Neil Gaiman chez Vertigo, mais avec l'obsession de Gillen sur la musique : les Dieux polythéistes des mythologies humaines reviennent sous des formes de personnes très jeunes tous les 90 ans et ils ne sont réincarnés que pour deux ans avant de mourir à nouveau. Ce cycle s'appelle la Récurrence et on a donc dans cette continuité eu un retour en 1923 et un autre actuellement, en 2014 (et donc un vers 1830 et vers 1740, 1650, 1560... Gillen a dit qu'il y aurait des flashbacks).

Une seule Déesse semble dépasser ce cycle, la vieille Ananke, déesse du Destin, qui guide chaque nouvelle "éclosion" des Dieux. Les autres qui ont été explicitement nommés sont Amaterasu & Susano-wo, Baal, Innana, Minerva (qui a pris un corps d'enfant), Morrigan, Sakhmet, Tara, Woden, Lucifer et Baphomet. Ces Dieux ne se cachent pas, il n'y a aucune "Mascarade" (même si Ananke a l'air de préférer qu'ils restent un peu discrets) et au contraire ils se font adorer comme des "Idoles des Jeunes" pendant peu de temps avant d'être consumés au bout des deux années de vie.

Kieron Gillen a expliqué la métaphore comme l'inverse de sa série sur la phonomancie. Phonogram montrait la culture des Fanatiques de musique alors que The Wicked + The Divine prend le point de vue des créateurs eux-même et de leurs étincelles prométhéennes. Les deux héroïnes sont Cassandra (une journaliste experte en mythologie comparée et qui reste très sceptique contre la prétendue Récurrence) et Laura (jeune fanatique d'Amaterasu, qui souhaite elle aussi saisir un peu de Divinité). Jamie McKelvie rompt avec le Noir & Blanc de Phonograms et ses couleurs donnent une chaleur très différente (comme il l'avait déjà fait dans sa mini-série personnelle, Suburban Glamour).

Dans les premiers épisodes, Lucifer (qui est ici une femme david-bowiesque) s'est défendue contre une attaque de ce qui semblait être des fondamentalistes et a été accusée de meurtre. Laura est devenue son alliée et part enquêter pour savoir qui aurait intérêt à piéger le Diable - au moment où Baphomet lutte contre Morrigan et où Baal serait en conflit avec Innana.

J'ai craint un peu que Lucifer n'ait finalement la même voix que l'autre Trickster doué qu'était le Jeune Loki réincarné mais les comparaisons musicales changent les métaphores. On a dans les deux cas un commentaire ironique sur les mythologies et des références à ce thème de la jeunesse (qui vaut plus pour l'Initiation que pour la Mortalité) et il est toujours un peu agaçant que Kieron Gillen, en bon journaliste musical, semble tant craindre plus que tout d'être ringard en multipliant le vocabulaire d'ado blasé - mais c'est mon propre biais d'enseignant qui devient phobique vis-à-vis de ce ton.

Cela ressemble aussi au jeu de rôle Scion (qui pompait déjà sans doute Sandman), mais on n'est plus vraiment dans une simple variante du superhéros. Ces Idoles ne sont pas aussi inquiétantes que les Olympiens totémiques et dionysiaques qui apparaissent en ce moment dans Wonder Woman mais restent inhumains. L'idée que ces Immortels en récurrence sont appelés au contraire à une vie éphémère (deux ans sera peut-être aussi la durée de l'histoire) ne parle pas seulement de la mortalité, c'est aussi un commentaire sur les comic books qui deviennent des mythes tout en étant lié à un médium de fragilité et d'obsolescence.

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