dimanche 16 septembre 2007

Comics de la semaine (12/09/07)

  • Image Comics

    Age of Bronze #26 (Betrayal 7)
    Voir le site officiel de cette BD sur la Guerre de Troie (très bien traduite en français chez Akileos)

    Laodice et Acamas

    C'est la conclusion de l'ambassade grecque à Troie pour tenter de récupérer Hélène.

    On a en parallèle deux intrigues principales, Ménélas se souvenant de sa relation passée avec la fille de Léda et Acamas (un des fils de Phèdre et Thésée, venu à Troie pour ramener sa grand-mère Aethra, qui était la gouvernante de Hélène depuis son premier enlèvement par Thésée) qui est séduit par Laodiké, l'une des filles de Priam et Hécube.

    Le personnage de Ménélas est difficile à traîter. Je ne connais pas de variante où il ne soit pas ridicule à un certain degré. Il n'arrive pas à avoir la noirceur de son frère Agamemnon et il donne toujours l'impression d'un plaintif larmoyant. La scène a l'intérêt d'insister sur la sincérité de la passion de Ménélas. Il n'est pas que jaloux ou soucieux de son honneur ou de son statut, il considère vraiment Hélène comme la seule femme de sa vie. Mais malgré cela, il demeure le personnage habituel, pas assez tragique pour qu'il y ait compassion, plus victime de vaudeville que héros malheureux. Mais au moins on a droit à une jolie variante que je ne connaissais pas du tout où Hélène avait failli se faire sacrifier enfant comme Iphigénie, pendant une Peste à Lacédémone.

    L'autre histoire passionnelle est celle entre Akamas et Laodicé et l'originalité est de mettre la passion érotique surtout dans le coeur de la jeune fille (alors qu'il y a des variantes où c'est Acamas qui a violé Laodicé). C'est ici elle qui a l'initiative et qui lance toute la relation, organisant la rencontre et se jetant littéralement sur le fils de Phèdre. C'est une jolie intertextualité sur la passion féminine et l'une des raisons pour lesquelles j'aime tant les généalogies mythologiques qui permettent ce genre de jeux et d'allusions.

    Dans une review du numéro précédent sur l'ancien blog détruit, j'avais traduit le texte de Parthenius qu'adapte Shanower pour cette histoire mais ma traduction a été effacée en même temps que ce blog, ce qui est dommage mais j'ai la flemme de recommencer.

    L'épisode ne peut éviter parfois l'impression de "Talking Heads", notamment pour faire comprendre l'intrigue politique entre les Troyens qui voudraient se débarasser de Hélène, comme Panthoos et Antenor et de l'autre côté Antimachos (une invention de Shanower ?), qui soutient le parti de Paris.

    Panthoos était prêtre d'Apollon initié à Delphes et a donc un pressentiment de ce qui va se passer (il sera tué à la chute de la cité). Anténor est un personnage assez oublié bien qu'il ait même fait l'objet de pièces perdues de Sophocle. Selon les versions, Anténor était soit un Troyen très prudent mais fidèle à Priam, soit un vrai traître vendu aux Grecs et qui sera l'un des rares à être épargnés en échange de son soutien. Une des versions (que la bd ne mentionne pas explicitement, ce qui m'étonnerait étant donnée l'érudition incroyable de Shanower) dit aussi que l'un de ses fils était amoureux de Panthoos et l'avait enlevé de Delphes, ce qui renforce encore l'idée de les faire ici des alliés dans le camp pacifiste et favorable à la restitution de Hélène.

    Enfin, il commence à y avoir des allusions claires à une autre intrigue qui va se développer j'imagine assez vite et qui va donner un autre sens au titre de Trahison, la haine d'Ulysse pour Palamède. La façon dont le fils de Nauplios est représenté permettrait presque d'excuser le crime d'Ulysse. Palamède apparaît prétentieux, intelligent mais toujours soucieux d'humilier Ulysse en public et on comprend bien comment la vengeance perfide d'Ulysse va émerger, tournant de la Mêtis contre la Mêtis. Avec la trahison de Philoctète dans les numéros précédents, c'est l'un des aspects importants pour comprendre l'ambiguïté du rusé fils de Laerte, tel qu'il apparaît surtout dans les versions tardives en dangereux sophiste.

    Age of Bronze est un monument à ne pas rater, un des éléments qui continuent de faire vivre dans ses contradictions un des fondements de toute la culture. Je continue à regretter un peu malgré moi l'absence des Dieux mais la profondeur des personnages humains suffit à contre-balancer ce monde trop humain.

  • DC Comics

    The Original Encyclopedia of Comic-Book Heroes, vol. 3 SUPERMAN



    DC Comics réimprime 30 ans après le "Great Superman Book" (512 pages) de 1978 par Michael L. Fleisher (ancien rédacteur à la Britannica, qui devint ensuite scénariste chez DC). L'ouvrage était à l'époque assez exhaustif, de 1938 à 1978 (même si Fleisher ne manifeste pas des idées très claires sur la cosmologie du Multivers et il semble croire à une continuité totale entre l'Age d'Or et l'Age d'Argent sans distinguer Terre 2 et Terre 1). L'Encyclopédie devait avoir 8 volumes mais Fleisher ne publia que les trois premiers : Batman, Wonder Woman et Superman. Toute l'Encyclopédie fut en partie rendue caduque par le reboot de l'univers DC dans la Crise des Terres infinies de 1985 mais l'ouvrage reste fascinant par sa précision obsessionnelle, notamment sur l'Age d'Or. Fleisher dit avoir passé sept ans dans les archives de DC Comics à annoter tous les numéros de Superman et Action Comics. L'article sur "Luthor, Lex" (33 pages) ne se contente pas de dire qu'il est le principal ennemi de Superman, il énumère la totalité de ses plans pendant 40 ans de comics. Un des rares aspects qui est un peu abrégé est la Légion des superhéros, qui a d'ailleurs reçu son propre Who's Who par la suite. Une des qualités du dictionnaire est qu'il est assez abondamment illustré alors que l'un de ses concurrents, l'Encyclopedie des superhéros de Jeff Rovin ne peut pas avoir autant d'images DC. En revanche, je crois que le livre de Michael Eury publié l'an dernier, The Krypton Companion, qui ne couvre que la période de l'Age d'Argent et de Bronze (1958-1985) est plus directement lisible, bien que plus consacré à l'histoire des coulisses d'édition qu'au contenu de la fiction.

    Une des choses qui m'ont étonné est de découvrir à quel point Superman était isolationniste en 38-40. Il était favorable au New Deal et démocrate de la Côte Est, mais très hostile à tout "bourbier" européen. Finalement, le Captain America de 1940 qui est anti-allemand avant même Pearl Harbor est plus original que je ne le pensais.

    Countdown #33 : Je ne sais si je me laisse simplement influencer par le buzz très négatif mais j'ai de moins en moins de plaisir à lire ce comic. La seule des intrigues croisées qui m'intéresse encore un peu est les deux faux supervilains, le Pied Piper et le Trickster, qui tentent de se réhabiliter tout en continuant d'infiltrer les criminels. Dans cet épisode, Ion rejoint Donna et Red Robin dans la recherche de Ray Palmer - et Atom IV les quitte comme raconté la semaine dernière dans le confus All-New Atom #15. On ne sait toujours pas si cela se passe après ou avant la Guerre des Green Lanterns contre le Sinestro Corps où Ion a été contaminé par Parallax.

    The Search for Ray Palmer #1 : C'était écrit par Marz, un des scénaristes que j'aime le moins, mais j'ai quand même voulu essayer. Son héros fétiche Kyle est toujours aussi pleurnicheur et antipathique et les personnages viennent faire une visite sur Terre-50, qui se trouve être l'univers Wildstorm, une des filiales de DC Comics. Une des raisons pour lesquelles j'évite les forums de comics français est que je ne veux pas discuter des mérites de The Authority, que tous les fans français ont l'air de considérer comme plus "adulte" et donc plus respectable que les bd DC. The Authority n'est qu'une parodie assez facile dans l'ultraviolence de la Ligue de Justice, qui ne m'intéresse ni comme parodie ni dans sa noirceur. Supreme Squadron a déjà fait ce pastiche 15 ans avant. Mais je suis au moins gré à Marz d'avoir très bien fait ressortir le contraste entre les deux univers, les superhéros DC partant vite écoeurés par la violence gratuite des membres de "l'Autorité".

    Booster Gold #2 : Amusant, sans plus. Booster va dans un passé où Sinestro est encore un Green Lantern et où il se prépare à voir Guy Gardner avant Hal Jordan. La résolution du problème est assez originale et Geoff Johns met des clins d'oeil à ce qui est en train de se passer dans Green Lantern des années plus tard. Le prochain épisode va être à l'époque Western et je ne vais donc sans doute pas rester.



    Green Lantern (vol. 4) #23



    La couverture est une reprise de la célèbre couverture de Green Lantern (vol. 3) #49 (1994) où Hal Jordan était corrompu par Parallax et détruisait le Corps et la Batterie centrale. Mais ici au lieu d'accumuler les Anneaux du Corps, Hal ramasse les Anneaux jaunes de Sinestro.



    La force du suspense tient en fait à la famille de Hal. Le lecteur sait bien que Hal ne court aucun danger mais Parallax et les Sinestro vont ici attaquer ses proches, et le scénariste Geoff Johns a déjà pu massacrer les familles d'autres héros comme Nuklon ou Steel pour faire ses paraboles un peu lourdes sur les Valeurs Familiales. Il y a aussi le fait quand on est de vieux lecteurs qu'on sait bien que la famille Jordan était à l'origine une allusion à la dynastie Kennedy.
    Les Gardiens se divisent sur la stratégie. Ganthet (qui recruta Kyle Rayner) et sa compagne Sayid sont exclus du Conseil des Gardiens, ce qui me fait craindre que le Corps soit encore dissous pour la 50e fois. On continue de se diriger vers un Climax à la Ragnarok où tout le Corps va affronter toutes les forces les plus puissantes de l'univers DC.

    Justice Society #9 : Un épisode joliment dessiné mais qui est un peu en pause avant le retour annoncé du Superman du futur alternatif de Kingdom Come. L'univers DC va être étrange. Il n'y a jamais eu de Superboy, il ne faut plus le mentionner à cause du procès intenté par les héritiers du créateur Siegel, mais on se retrouve avec un Superoldman venu du futur. Ca ne va sans doute pas durer mais ça n'apparaissait pas très nécessaire, si ce n'est que cela fait une certaine symétrie avec le Superboy qui voyageait vers le futur lointain alors que ce Supervieillard voyage vers le passé.




    Justice League America Wedding Special #1 :



    C'est le début du grand mariage de Black Canary et Green Arrow (après quand même près de 50 ans qu'ils sortent ensemble dans le temps réel de parution des comics). La tradition comics veut qu'un Mariage entre superhéros implique une attaque massive de supervilains et cette fois Dwayne McDuffie n'a pas lésiné puisque Lex Luthor va lancer sa propre Ligue, qui semble prendre presque tous les supercriminels de l'univers DC. Malgré ce caractère un peu habituel, c'est très amusant dans les allusions au vieux dessin animé Superfriends (il y a même le QG de la Legion of Doom). McDuffie se moque gentiment des premiers épisodes de JLA écrits par Metzner et réussit à faire progresser un peu l'histoire de Firestorm dont le titre a été supprimé de manière un peu brutale sans résolution de ses problèmes. C'est dessiné par Mike McKone et donc très agréable, même si je ne suis pas enthousiasmé par la coiffure de Hal Jordan (début de calvitie et cheveux en arrière, ce qui n'est pas du tout la façon dont Pacheco et Reis le dessinent dans son propre titre). C'est dire si c'est bien : McDuffie a même réussi à faire aimer Batman à un batmanophobe comme moi !

    Suicide Squad: Raise the Flag 1/8 : Une nouvelle mini-série avec l'Escadron Suicide. J'essaye de baisser ma consommation de comics mais cela risque d'être un achat obligatoire. Je n'aime pas le grim & gritty militariste mais le scénariste Jim Ostrander, créateur du Suicide Squad, est de retour sur ce titre et vous n'avez donc pas le choix. Non seulement Ostrander est bon en général mais il est particulièrement bon sur ce concept qu'il a créé. Pour ceux qui ne connaissent pas, le Suicide Squad est un groupe d'agents gouvernementaux souvent composés de supervilains à qui on propose un marché à la Douze Salopards : accepter une mission dangereuse en échange d'une réduction de peine. Chez Marvel, le Thunderbolts dans la version Warren Ellis a repris cela dans le sang et les tripes, la version originale était en fait plus une vraie bd d'espionnage, de coups fourrés, de machinations à la Mission Impossible. Cela reste trop violent à mon goût (petit clin d'oeil à Madmax), mais il y a un vrai suspense puisque le choix de membres qui sont des vilains assez obscurs implique qu'ils peuvent vraiment échouer et mourir, ce qui leur arrive d'ailleurs assez souvent.



  • Marvel

    Loners 5/6 : Nos héros adolescents continuent de se trahir les uns les autres. J'ai un problème avec le dessin de Karl Moline et j'ai quelque fois un peu de mal à distinguer les personnages puisqu'ils sont le plus souvent sans costume caractéristique. Le scénariste Cebulski essaye de faire une bd de héros qui soit aussi sur la jeunesse en général mais cela reste moins intéressant que les Runaways par exemple.

    New Warriors #4 : Une des bonnes surprises après la Guerre civile. Curieusement, malgré toute mon admiration pour Dan Slott, je crois que je préfère encore les New Warriors de Kevin Grevioux à l'équipe que Slott a réuni sur The Initiative.

    Hey, ma librairie Arkham a oublié mon Nova.

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