Salon du jeu aujourd'hui après le travail. Les exposants ralaient qu'il n'y avait personne mais je trouvais encore plus inquiétant qu'il y ait aussi peu d'exposants. Il n'y avait plus de boutiques de jeu de rôle, pas Starplayer, ni Jeux Descartes (ni bien sûr Fireball, puisqu'ils ont disparu).
Les jeux de figurines étaient aussi devenus nettement plus discrets par rapport aux autres années. Pas de Confrontations, une seule petite table de jeu d'histoire et une autre de Games Workshop, une petite table de Magic. En revanche, un peu plus de place pour le Poker, qui a l'air de redevenir à la mode, peut-être à cause de Canal+ et Patrick Bruel.
Les seul "vrais" éditeurs de jeu de rôle étaient Oriflam (qui a l'air de se concentrer sur Cyberpunk et liquide ses autres gammes), Hexagonal (qui est dans une situation proche après avoir pendant des années traduit de grandes gammes) et surtout le 7e Cercle (oh, et Matagot). C'est étrange comme le 7e Cercle qui a commencé comme les traducteurs de jeux sombres qui ne m'attiraient pas du tout comme Kult ou Obsidian est maintenant le principal studio de la création française avec des petits bijoux comme Qin, Humanydyne ou le tout nouveau Capharnaüm (fiche GRoG).
Capharnaüm : l'héritage des Dragons (nommé d'après la ville de Galilée célèbre pour son bazar hétéroclite) est un jeu qui mélange la Méditerranée et le Proche orient antique, les Croisades médiévales et les Mille et une nuit. Je ne fais qu'une description rapide après une lecture cursive.
La carte est assez similaire au monde réel, avec quelques noms poétiques comme Mer des Gorgones (qui doit être l'Adriatique + la Tyrrhénienne). La région de Capharnaüm correspondrait à peu près au Proche-Orient, de la Syrie à la Palestine.
Au nord, on trouve non pas des Byzantins mais les Agalanthéens, un mélange de Romains, de Grecs et d'Atlantes. Leur Empire s'est écroulé et il ne reste plus que des cités-Etats (ce qui est donc un peu l'inverse de notre évolution historique). Leur déesse principale est Nerea (mélange d'Isis et de Poseidon ?).
Au sud, les Saabi sont en gros les Arabes de la jâhilîya pré-islamique et sont restés polythéistes (le dieu principal est Hubal, mais il y a aussi des dieux plus mésopotamiens et pas seulement arabes) même s'ils ont des Prophètes.
Les Shiradim sont en gros les Hébreux, tribu monothéiste qui adore le dieu unique "Shirad", mais ils ont aussi eu une Prophétesse-guerrière, Sarah (= Judith et Esther ?).
Enfin, il y a l'Escartisme. Un prince agalanthéen nommé Jason chargé de réprimer les Shiradim (mélange de Titus et de Saül-Paul) s'est converti et a fondé sa propre interprétation où il est le fils de Mira, version féminine de la Trinité de Shirad, rebaptisé Aether. Il y a des influences gnostiques mais Jason est aussi un chef politique et militaire, plus proche de notre Mohammed historique ou des Zélotes rebelles (et c'est un étranger, comme Moïse dans l'interprétation de Freud). Il se fait écarteler, ce qui fait que la roue d'écartèlement devient le symbole des "Escartes" (est-ce pour mélanger Chrestos, oint, et Crux, ou ils sont partis de la blague de Gainsbourg sur le fait que les Chrétiens auraient pu tous porter de petites chaises électriques ou des guillotines autour du cou ?). Il faut dire que le gag visuel sur la roue d'écartèlement marche bien, elle fait aussitôt penser à une croix avec ses quatre flèches centrifuges. [Mais ce détail suffit à faire penser qu'une traduction pourrait avoir des problèmes aux USA !]
Jason a ressuscité mais s'est ensuite fait décapiter, son crâne devenant la Relique du Crâne, en un mélange de Jésus et Jean le Baptiste. Un de ses disciples est le forgeron Mohammed qui a créé une épée en minerai de lune, qui devient à la fois Excalibur et le Saint Graal (pour expliquer la guerre sainte menée par certains fidèles de Mohammed qui cherche son épée en "Aragon" d'avant la Reconquista).
Les nations occidentales ont été converties à la foi de Jason l'écartelé et elles sont en guerre sainte pour garder la Cité sacrée où se trouvent les reliques. Le Capharnaüm est donc divisé entre Escartes (Croisés), Agalanthéens (Romains polythéistes), Shiradim (juifs) et Saabi (Arabes polythéistes). Un des aspects différent est que dans ce monde la croisade précède donc le jihad, contrairement au nôtre où il en était l'imitation, et que les Saabi ont donc l'air plus tolérants que les Escartes (même s'il y a aussi la faction plus rigoriste des Tarekides, qui pourraient être là pour jouer le rôle des Assassins ismaéliens ?).
Mais pour l'instant ces groupes culturels me paraissent déjà plus intéressants par exemple que les analogues qu'avaient donné Guy Gavriel Kay dans ses romans comme Lions of Al-Rassan - où on avait de même les Kindath (juifs adorant les deux lunes), les Jaddites (chrétiens adorant le soleil) et les Asharites (musulmans astrolâtres).
Les personnages sont tous des Héritiers des Dragons, des humains nés avec le signe des Dragons qui signifie qu'ils sont appelés à un grand destin.
Le système de jeu est en gros le suivant : on jette un nombre de dés égal à Caractéristique + Compétence. La somme totale additionnée du nombre de dés égal à la Caractéristique indique si l'action est réussie et la somme totale des dés restants indique la qualité de la réussite (avec quelques subtilités comme la possibilité de permuter un dé entre les deux tas dans certains cas ou d'avoir certains effets spéciaux dès qu'au moins trois dés donnent le même chiffre).
Je trouve que cela fait pas mal d'additions et je n'ai pas encore eu le temps d'avoir des intuitions sur les chances de réussite, mais ça doit être une question d'habitude (et je n'ai guère que la pratique de jeu du type Basic System avec Roll under). Le défaut du système à première vue me semble être un peu trop d'écarts. Dans certains cas de faiblesse (n'avoir qu'1 ou 2 dés), la réussite me paraît un peu trop improbable, mais ça a dû être testé.
Les illustrations sont superbes (et avouons-le, je l'ai acheté surtout pour la présentation et pour le monde, même si je n'aime pas jeter beaucoup de dés). Les cartes notamment sont vraiment belles et m'ont donné envie de jouer, même si je crains que le pseudohistorique reconstitué (à la 7th Sea) ne m'emballe pas toujours.
Il se fait tard, je parlerai des autres jeux achetés une autre fois.
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