samedi 17 novembre 2007

Terreur et Progrès



  • Le progrès me manque.

    Je regardais un reportage sur la disparition des abeilles, qui vont devenir une espèce en voie de disparition et cela m'a soudain frappé, l'idée d'un futur sans abeille, sans pollination et sans fleur me paraît extrêmement répugnant, une catastrophe pire que de devoir tous avoir des cancers ou de ne plus pouvoir avoir un corps sans OGM ou sans substances chimiques.

    Je crois que malgré toute la critique écologique ou celle de l'Ecole de Francfort, et malgré tout le XXe siècle, je continuais à croire au fond de moi un axiome progressiste : le Progrès finit toujours par régler les problèmes qu'il engendre. Et non, je ne voyais pas à quel point c'est une superstition irrationnelle aussi gênante que des réflexes "terroriste" (le terme que Kant utilisait pour l'inverse de l'eudémonisme moral dans le Conflit des facultés, 1798), déclinistes, dystopiques, luddistes ou technophobes. Il se peut qu'il y ait des échecs définitifs.

  • Le marxo-lacanien Slavoj Žižek est un vrai dialecticien et donc il dit tout et son contraire. Il est capable de reprocher à la gauche démocratique d'avoir été trop complaisante avec le stalinisme et en même temps il lui reproche de ne pas avoir assez repris la radicalité léniniste.

    Il est donc capable du pire comme du meilleur parfois à quelques paragraphes de distance. Dans cet article (traduit dans Que veut l'Europe ?), il a une ironie amusante sur la gauche dite radicale qu'il appelle "radical chic" et dont il dit qu'en tant que Marxiste il préfère encore le blairisme :

    Those who "really want to do something to help people" get involved in (undoubtedly honorable) exploits like Medecins Sans Frontieres, Greenpeace, and feminist and antiracist campaigns, which are all not only tolerated but even supported by the media; even if they seemingly enter economic territory (say, by denouncing and boycotting companies that do not respect ecological conditions or that use child labor). They are tolerated and supported so long as they do not get close to a certain limit. Let us take two predominant topics of today's radical American academia: postcolonial and queer (gay) studies. The problem of postcolonialism is undoubtedly crucial; however, "postcolonial studies" tend to translate it into the multiculturalist problematic of the colonized minorities' "right to narrate" their victimizing experience of the power mechanisms that repress "otherness" so that, at the end of the day, we learn the root of postcolonial exploitation is our intolerance toward the Other, and, furthermore, that this intolerance toward the "Stranger in Ourselves", in our inability to confront what we repressed in and of ourselves. The politico-economic struggle is thus imperceptibly transformed into a pseudo-psychoanalytic drama of the subject unable to confront its inner traumas. The true corruption of American academia is not primarily financial-it is not only that they are able to buy many European critical intellectuals (myself included, up to a point)-but conceptual: notions of "European" critical theory are imperceptibly translated into the benign universe of cultural studies chic. With regard to this radical chic, the first gesture toward Third Way ideologists and practitioners should be that of praise: they at least play their game in a straight way, and are honest in their acceptance of the global capitalist coordinates, in contrast with pseudo-radical academic leftists who adopt toward the Third Way an attitude of utter disdain while their own radicality ultimately amounts to an empty gesture that obliges no one to anything determinate.


    Mais juste après ce passage, quelle est sa solution pour être vraiment critique sans se faire "récupérer" ? Le Léninisme. On imagine mal un slogan aussi vide quand il reconnaît lui-même que c'est un échec et fait pour échouer.

    To repeat Lenin is thus to accept that "Lenin is dead"-that his particular solution failed, even failed monstrously, but that there was a utopian spark in it worth saving. To repeat Lenin means that one has to distinguish between what Lenin effectively did and the field of possibilities that he opened up, the tension in Lenin between what he effectively did and another dimension, what was "in Lenin more than Lenin himself." To repeat Lenin is to repeat not what Lenin did but what he failed to do, his missed opportunities


    Désolé, ça ne veut rien dire, et ce radicalisme qui veut maintenir le Léninisme est aussi vide que le radicalisme qui prétend que la vraie critique serait "sociétale".
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