lundi 25 février 2008

Comics de la semaine (20/02/2008)

Pour changer, je voudrais juste mentionner que j'ai tenté de lire quelques bd européennes à nouveau (en dehors d'Andreas, de Jul et de Florence Magnin, je n'en achète jamais). J'ai trouvé d'occasion Janus : La Compagnie des ombres (2003), scénario de Virginie Cady et dessins de Régis Van Winsen, et c'était vraiment surprenant et très réussi. C'est l'histoire d'un jeune homme de la haute bourgeoisie industrielle sous la Belle Epoque, Leopold de Gygès, qui se retrouve après une séance de spiritisme lié à un fantôme d'un chevalier français du XVIe siècle, Thomas de Lancret. Léopold apporte au couple une intelligence rusée et Thomas le courage et le goût de l'aventure. Mais cette fusion n'est pas une simple coïncidence et les deux âmes en un corps vont devoir lutter contre un autre homme mystérieux qui recherche le Masque de Janus. Le scénario a su etager les rebondissements (le seul défaut est que Léopold paraît un peu pâle au début) et le dessin est très maîtrisé. Hélas, la série n'a jamais eu de suite et l'éditeur Nucléa a disparu, mais elle pourrait donner des idées pour le jeu de rôle Mummy (où on joue aussi un immortel de l'antiquité incarné dans un corps contemporain).

Revenons aux récits graphiques périodiques mis en continuité fictive de langue anglaise.

  • Univers DC

    • The Brave and the Bold #10
      J'aime beaucoup cette série de revival nostalgique mais il y a un problème fondamental. C'est une anthologie d'histoires à différentes époques dans l'univers DC et il y a pourtant une histoire continue qui sert de prétexte pour faire se rencontrer des personnages sans rapport. Mais le lien artificiel se voit un peu trop.
      On a dans ce numéro Superman remontant au Moyen-Âge pour y rencontrer le Chevalier Silencieux, une sorte de mélange de Prince Vaillant et de Zorro qui était apparu dans Brave & the Bold (volume 1), #1-22 (1955-1957) - ce titre était censé contenir surtout des bd pseudo-historiques avant que l'Âge d'Argent ne ressuscite les superhéros et que le titre ne devienne celui des team-ups.
      L'autre team-up est plus naturel puisqu'il s'agit des Teen Titans originels ligués avec Aquaman & Aqualad (on a toujours tendance à oublier que Garth est l'un des fondateurs de l'équipe). Les deux histoires sont vraiment très quelconques mais les dessins de George Perez sont tellement splendides que le scénario de Mark Waid n'a finalement que peu d'importance. C'est Jerry Ordway qui remplacera Perez par la suite et il faut espérer que les détails resteront aussi attirants.

    • Countdown to Final Crisis #10
      Je n'avais plus essayé cette série "phare" de l'univers DC depuis le #22 il y a donc trois mois. Le numéro me conforte dans l'idée que j'ai eu raison d'arrêter et il ne s'est pas passé grand-chose en 12 numéros. Mary Marvel a eu sa rédemption et sa corruption devait venir en gros du fait que les Nouveaux Dieux d'Apokolips avaient remplacé ceux de l'Olympe. Donna Troy et Kyle Rayner ont retrouvé Ray Palmer et Mary sur Apokolips. Karate Kid se fait vaincre par Una transformée en androïde OMAC. Les OMACs réussit à convertir toute la planète en un gigantesque "Brother Eye" vivant (l'élément que j'aimais déjà le moins dans Infinite Crisis). Le Pied Piper découvre qu'il a l'Equation de l'Anti-Vie. Toutes les histoires différentes convergent donc vers Darkseid et la sous-partie de l'univers DC qu'on appelle le Kirbyverse. C'est un retentissant Bof pour moi, je ne comprends toujours pas ce qu'ils y trouvent en dehors de la nostalgie pour les années 70.

    • Justice League of America #18
      C'est bien la première histoire depuis la relance de cette série qui me paraisse intéressante, dans son idée, sinon dans son exécution. Les membres de la Ligue doivent s'opposer au gouvernement américain et à son Suicide Squad pour accorder un droit d'asile à des criminels qui sont exilés sans procès sur une planète sinistre. Même le sombre Batman - qui est donc plus attaché à la procédure que je ne craignais - a l'air indigné par cette dérive guantanamoesque (et le scénariste Burnett réussit à bien montrer son aspect de maître tacticien). On ne peut pas s'empêcher d'y voir aussi un reflet des histoires récentes de la Guerre civile dans l'univers Marvel.
      La seconde histoire (7 pages) est une introspection dans Red Tornado, qui serait intéressante si elle n'avait pas déjà été faite pour la Vision dans The Avengers il y a près de trente ou quarante ans. De plus, la Ligue fait appel au Chef Caulder de la Doom Patrol pour réparer le corps de Tornade et lui permettre enfin d'avoir des sensations, ce qui est peu crédible quand on sait le manque de succès qu'il a eu sur Robotman.

    • Shadowpact #22
      Le groupe magique du Pacte des Ombres retrouve leur ancien chef Nightmaster sur le monde fantastique de Myrra où il lutte contre une Pandémie de Zombies. L'équipe va bien sûr trouver un moyen de lutter contre ces millions de zombies et je continue à trouver ce cliché des hordes de morts-vivants sans grand intérêt. La seule originalité est que Nightmaster décide de rester sur place et de quitter l'équipe parce qu'il se considère comme le héros protecteur de Myrra. Pas enthousiasmant, malgré le talent de Winslade.



  • Divers

    • Ex Machina #34
      Le succès de cet épisode est de faire une histoire finalement assez mignonne en nous faisant croire tout le long qu'on va avoir une horrible conclusion pessimiste et déprimante. Après tant d'épisodes sombres, cette rupture de ton est la bienvenue et la chute m'a presque fait soupirer "awwww..." comme je ne l'avais pas vu venir.
      En revanche, le récit recomposé en flash-backs commence à devenir un peu irritant. Au début, je pensais que cela ajoutait une dimension "historique", mais comme on n'a pas toujours de dates, cela risque d'être un peu confus.

    • Rex Mundi #10
      C'est le retour de cette série dans un monde parallèle. Nous sommes en 1933 et le duc David de Lorraine a pris le pouvoir en France envahissant l'Espagne musulmane. Le héros, le jeune mage Julien, s'est enfui en Espagne (où la Reconquista est restée confinée à Navarre et Catalogne). Isabelle, la fille du nouveau tyran David qui l'a déshéritée, échappe à une vampire qui veut son sang sacré - la dynastie des Lorraine descendant de Jésus. L'histoire continue de mélanger de manière peu convaincante Lord Darcy et l'occultisme du genre de Dan Simmons. On ne voit toujours pas très bien où l'histoire se dirige mais il faudrait qu'il réussisse à faire de vrais personnages sans quoi on ne s'intéresse qu'aux événements principaux. La princesse Isabelle par exemple commence enfin à prendre un peu de relief mais Julien est toujours un héros aussi vide et sans personnalité. Les dessins de Juan Ferreyra sont en revanche parfois splendides, notamment les châteaux en Espagne.

    • Suburban Glamour #3
      Ce titre, pourtant publié par Image, n'est pas facile à obtenir.
      L'évolution est un peu trop prévisible. Astrid a découvert qu'elle était en fait une princesse fée, la fille de Titania et Obéron et que sa tante la Fée Morgane la cherche pour la tuer. On a déjà vu cela très souvent, dans Books of Magic (où le jeune Tim découvre qu'il est le fils de Titania), dans Gargoyles (où Titania adopte le petit Alexander), dans God save the Queen (où Titania doit lutter contre la Reine Mab). Il y a même tout un Genre entier de manga au Japon, le genre mahō shōjo ("fille magique") où des jeunes filles découvrent qu'elles sont en fait des princesses magiciennes d'un autre monde (ce qui doit être l'équivalent dans notre culture du Kryptonien pour les garçons). Je m'attendais à quelque chose d'un peu plus décalé. Le seul mystère qui reste serait de savoir quel est le plan réel de ses Amis Imaginaires, qui semblent avoir leur propre programme, peut-être pour empêcher Astrid de rester sur Terre.

    • The Umbrella Academy: Apocalypse Suite #6/6
      Gerard Way a énormément d'idées intéressantes mais cela ne suffit pas à en faire un vrai conteur d'histoires cohérentes. L'épisode final a un Deus ex machina particulièrement peu satisfaisant, qui confirme mes critiques sur les épisodes précédents. Umbrella Academy a été inventif et original, mais cela manque quand même d'une vraie histoire.


  • Univers Marvel

    • Amazing Spider-Man #551
      Je crois qu'on a compris que la nouvelle équipe de scénaristes devaient trouver que Peter Parker avait eu une vie trop heureuse ces temps-ci. Donc ici non seulement il est accusé d'être un meurtrier en série mais en plus il est indirectement responsable de la mort de la candidate sortante aux élections municipales de New York.
      Le mystère de l'identité de Jackpot rebondit et j'espère qu'on ne va pas avoir droit encore une fois à une personnalité multiple ou une autre psychose de ce genre.

    • Mighty Avengers #9 et New Avengers #38
      Ces deux comics sont tous les deux écrits depuis le début par le même auteur Brian Bendis et il faut reconnaître un talent à Bendis, il a été capable de changer complètement de ton entre les deux titres. Mighty Avengers (l'équipe qui a choisi Iron Man pendant la Guerre civile) est un titre tout en action et assez traditionnel. Ici, les héros viennent affronter Doctor Doom chez lui après avoir découvert que l'invasion de Symbiotes Venom avait été déclenchée par la Latvérie. New Avengers (l'équipe rebelle qui a choisi Captain America) est bien plus sombre et plus psychologique avec tout un épisode dilaté où Luke Cage expose ses griefs (de manière très, très répétitive) à sa femme Jessica Jones. Le style est un pseudo-réalisme entièrement éloigné des idéaux héroïques traditionnels. Cela sonne presque comme un exercice de style. Même si politiquement Iron Man paraît indéfendable, d'un point de vue esthétique, j'ai préféré la "Réaction", avec son nombre impressionnant de "double splashs".

    • Runaways #29
      Cette histoire de voyage dans l'Amérique de 1907 ne marche pas vraiment. Il y a les clichés dickensiens et un nombre trop important de nouveaux personnages d'un seul coup. C'est dommage car ce duo de Joss Whedon au scénario et de Michael Ryan au dessin devrait être une réussite.
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