dimanche 10 août 2008

La dialectique de l'Olympisme



A chaque fois que j'entends encore toutes ces sottises sur le prétendu esprit olympique "fraternel" et internationaliste et que je vois que nos médias ne parlent en réalité que du nombre de médailles des compatriotes, je pense à cette lettre du jeune Charles Maurras (il n'a alors que 28 ans et est plus nationaliste que royaliste) sur les Jeux Olympiques (parues en avril 1896 dans la Gazette de France). Il était venu en Grèce pour soutenir le nouvel essor de notre Fascisme moderne et cela rappelle que ce n'est nullement un hasard si le sport et le fascisme naissent à peu près en même temps, même si le premier fut plutôt "anglais" et le second plus "continental" (ce qui explique aussi pourquoi il n'y eut pas vraiment de fascisme anglais : ils avaient déjà le sport mais il fallut un siècle pour que cela dégénère dans l'hooliganisme britannique) :


  • "Quand la première idée en fut publiée, j’avoue que je l’ai blâmée de toutes mes forces. Cette internationale nouvelle, l’internationale du sport me déplaisait. (...)

    Ce mélange de peuples risquait, à mon sens, d’aboutir non point à un intelligent et raisonnable classement des nation smodernes, mais aux pires désordres du cosmopolitisme.

    Or, je vous prie, à qui reviennent tous les bénéfices du cosmopolitisme ? Au moins cosmopolite des peuples, à la plus nationaliste des races. Je dis aux Anglo-Saxons. L’ère qui va s’ouvrir à Athènes ne fera qu’apporter un nouvel élément de vitalité et de prospérité à nos ennemis éternels. Le vocabulaire du sport contribuera à propager une langue dont la planète entière est déjà infestée.

    (...)

    L’expérience à laquelle j’ai assisté a consommé une conversion.

    Mes premières raisons ne manquaient point de fondement, mais elles étaient incomplètes. (...)

    Pour ce qui est du cosmopolitisme, je ne voyais pas qu’il n’y aurait rien à craindre de ce côté, pour la bonne raison que, quand plusieurs races distinctes sont mises en présence, obligées à se fréquenter, bien loin de s’unir par la sympathie, elles se détestent et se combattent au fur et à mesure qu’elles croient se connaître mieux.

    (...)

    Cette solennité d'origine cosmopolite est devenue, en dépit des protestations officielles et des creuses oraisons de nos philanthropes, le champ de bataille de nos nationalités, des races et des langues ; c'est enfin que j'ai regretté d'y voir figurer en si petit nombre mes compatriotes français."


(C'est un an avant la lettre de décembre 1897 à Barrès où il déclare que le « parti de Dreyfus mériterait qu'on le fusillât tout entier »)

On peut ne pas souscrire aux théories et principes de cette Lettre tout en reconnaissant une certaine vérité dans ce processus où l'Internationalisme de la compétition ne sert qu'à une nouvelle compétition des nations, et aucune dictature ne s'y est plus jamais trompée. Le raisonnement de Maurras est donc devenue une vérité triviale, mais la mauvaise foi de l'idéologie médiatique continue comme un monde où l'Olympisme serait vraiment ce que Coubertin prétendait.

Add.
Certes, on aurait pu remettre cela en cause en maintenant la tradition hélas obsolète des "équipes mixtes" ou en utilisant aussi des concurrents apatrides (notamment pour éviter le trafic d'athlètes entre les Etats-nations).
Je dois reconnaître que même un olympophobe fanatique comme moi fus impressionné par le geste de la Russe Natalia Paderina et son amie la Géorgienne Nino Salukvadze au pistolet à air comprimé féminin à 10m (mais je crois plus à une amitié individuelle qu'à un Esprit Fraternel du Sport).

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