Je vis près du XIe arrondissement de Paris où des rues entières (Sedaine, Chemin Vert) sont en train de se transformer en hangars de textiles chinois (Vente en gros uniquement !). Je n'osais pas trop critiquer la "mono-industrie" (même s'il y devient difficile de trouver des commerces de proximité), peut-être parce que je croyais qu'ils étaient des réfugiés fuyant le Láogǎi. Mais la plupart de ces magasins affichent à présent des soutiens aux JO chinois avec des posters et un slogan "Pas de Politique, Respectez les Jeux". De toute évidence le nationalisme vis-à-vis de leur ancienne Métropole l'emporte sur toute compréhension des enjeux démocratiques, sur toute critique du totalitarisme et ils avalent vraiment la propagande mélanchomaoïste ou nationaliste ("leurs droits de l'Homme ne cachent que de la sinophobie !").
La carpette vélléitaire 萨科齐 (dit "Sha Ke Qi" ce qui pourrait signifier "L'Idiot Agité" selon le Canard enchaîné) vérifie à nouveau sa célèbre devise qui résume tout son mandat : "Je serai un Président comme Louis de Funès dans le Grand restaurant : servile avec les puissants, ignoble avec les faibles."
Comme le dit l'édito assez consensuel (même à droite) :
Du ciel bleu à l’air non pollué, de la moisson de médailles à la plus belle ville du monde, la Chine, dans son délire nationaliste, a tout promis. Prête, pour ces JO si politiques, à réprimer toute dissidence que ce soit au Tibet, sur Internet ou au Sichuan. Comme si les autocrates chinois jouaient leur avenir, refusant, à la différence des démocrates, toute contestation et toute opposition. De peur que la moindre brèche délégitime ce régime qui, malgré ses belles promesses, viole tout autant les droits de ces citoyens depuis que les JO lui ont été accordés.
Ce qui n’empêche pas Nicolas [Badinguet], seul ou presque parmi ses pairs, d’assister à la cérémonie d’ouverture - et show de propagande - du régime. Comme le lui avait demandé l’ambassadeur de Chine, il ne rencontrera pas le dalaï-lama, un geste pourtant osé par Merkel, Brown ou Bush.
Acceptant, malgré ses fanfaronnades, toutes les conditions posées par le pouvoir chinois. A se demander finalement qui est vraiment «humilié» ?
Aucun Président de la République n'avait jamais assisté à aucune ouverture de JO à l'étranger. Ni Gordon Brown ni Angela Merkel n'y vont. Celui-ci allie la bassesse de la pusillanimité à une totale inefficacité par tous ses bluffs et ses rodomontades, sot à force de vouloir être demi-malin.
M. Sha Ke Qi avait remporté plusieurs fois les Prix Big Brother de Privacy International pour l'ensemble de son oeuvre et cela rappelle cette analyse de la convergence entre l'Autoritarisme de Marché chinois et les nouvelles Sociétés de surveillance démocratiques.
Je ne crois pas à toutes les théories du complot de Naomi Klein (elle a parfois une analyse vaguement foucaldienne où elle assimile les théories économiques du FMI et les thérapies des électrochocs) et il y a quelque chose d'un peu facile à se draper d'anti-stalinisme tout en s'alliant parfois à certains paléo-staliniens au nom de certaines priorités anti-impérialistes. Cela dit, notre stade actuel du capitalisme financier et globalisé peut trouver dans ces JO un beau symbole du Pire des Mondes : l'ultra-libéralisme économique radical et l'anti-libéralisme politique le plus absolu.
Le côté sourcilleux des Chinois semble sorti d'une comédie. Les athlètes américains hypocondriaques doivent s'excuser pour avoir porté des masques à cause de la pollution aveuglante. Le CIO se dit satisfait qu'une seule salle à Beijing puisse aller sur le site d'Amnesty, au moment même où les compagnies américaines aident le gouvernement chinois à bâtir son Grand Firewall de Chine (on ne le voit pas du Ciel !). Raffarin, tel qu'en lui-même le ridicule l'immortalise, célèbre le côté très grec de Notre Matamore de Neuilly, qui, lui, sait respecter la Trêve Olympique. Ah, l'esprit panhellénique bien connu de fraternité ! Le sport n'a rien de politique, c'est du business (et des progrès de l'industrie biochimique !), circulez !
L'interdiction de la manifestation d'aujourd'hui devant l'Ambassade de Chine en France (il y en aura une quand même, à 13h) va bien plus loin qu'une simple compromission "munichoise" de notre honneur (notion churchillienne qui continue à nous faire frémir mais qui ne peut certes définir une politique). On ne cesse de dire que les JO vont être un "Cheval de Troie" ou une Ruse de l'histoire pour faire s'ouvrir la Chine (le Dalaï-Lama a d'ailleurs défendu cette hypothèse qui peut sembler raisonnable) mais ce serait une seconde Ruse ou une ironie dans la Ruse que ce soit l'inverse et que ces JO montrent à nos grandes Oligarchies financières qu'elles n'ont peut-être pas vraiment besoin (du point de vue pragmatique de l'efficacité) de continuer à respecter la cérémonie des droits formels et des niveaux relatifs de démocratie.
Oui mais tout de même, on ne va pas laisser un quarteron de moines pouilleux sortis du moyen-âge nous faire perdre un demi-point de PIB.
RépondreSupprimerUne rumeur dit que le gouvernement chinois fera de la France un exemple en la privant de tous ses grands marchés publics juste après les Jeux. Si c'est vrai, on aura perdu à la fois la face 面子 et les Marchés, ce qui sera très drôle.
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