lundi 2 février 2009

Il y a de la lumière, c'est chauffé



Je sais que je retarde de deux semaines mais je n'avais pas encore lu ou vu le fameux discours du Chef de l'Etat sur la recherche du 22 janvier dont on parlait tant pendant la manifestation du 29 et qui a sans doute joué un rôle dans la mobilisation de l'Université aujourd'hui.

Même en voulant être charitable avec les intentions des rédacteurs du discours, que peut signifier ce passage ?

Franchement, la recherche sans évaluation, cela pose un problème. D’ailleurs toute activité sans évaluation pose un problème. C’est le Conseil National de Universités, organe indépendant des universités, qui conduira cette évaluation. Ecoutez, c’est consternant mais ce sera la première fois qu’une telle évaluation sera conduite dans nos universités, la première. En 2009. Franchement, on est un grand pays moderne, c’est la première fois.


Je ne comprends pas. Le peu que je connais de l'Université et du CNRS me paraît supposer au contraire de nombreuses missions d'évaluation assez souvent. Que veut-il dire ??

Et il y a ce fameux passage où ses tics nerveux deviennent presque incontrôlables tant il sue de ressentiment envers les chercheurs et répète le mot "réalité" cinq fois de suite comme s'il espérait ainsi se persuader de la justesse de son action ou modeler les faits.

La recherche serait-elle uniquement une question de moyens et de postes ? Comment donc expliquer qu’avec une dépense de recherche plus élevée que celle de la Grande Bretagne, plus élevée et environ 15% de chercheurs statutaires en plus, que nos amis Anglais, la France soit largement derrière elle pour la part de la production scientifique dans le monde ? Il faudra me l'expliquer ! Plus de chercheurs statutaires, moins de publications et pardon, je ne veux pas être désagréable, à budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50% en moins qu’un chercheur britannique dans certains secteurs. Évidemment, si l'on ne veut pas voir cela, je vous remercie d'être venu, il y a de la lumière, c'est chauffé…… On peut continuer, on peut écrire. C'est une réalité et si la réalité est désagréable, ce n'est pas désagréable parce que je le dis, c'est désagréable parce qu'elle est la réalité, c'est quand même cela qu'il faut voir. Arrêtez de considérer comme sacrilège celui qui dit une chose et voir si c'est la réalité. C'est la réalité qu'il faut contester dans ce cas là.




(Son imitateur Michel Guidoni ne pourra jamais en rajouter assez pour être aussi lourd)

A quels secteurs faisait-il allusion ? Quelqu'un a les chiffres ? Je n'ai pas trouvé de réponse détaillée chez SLR et SLU.

11 commentaires:

  1. Pfff....
    Le problème récurrent de Sarkozy, c'est juste qu'il ne comprend rien à rien. Il n'a aucune idée de la façon dont marche la recherche manifestement, et, le pire de tout, c'est qu'il croit le contraire et la ramène.

    Il parle de réalité, mais ce que Sarkozy n'a jamais compris, c'est que celle-ci est beaucoup plus complexe que juste un nombre de publis ou de chercheurs permanents. Cela inclut aussi le nombre de post-doc, la viabilité du système à long terme (exactement comme l'économie par exemple), la définition de ce qu'est une bonne recherche ou une recherche intéressante, la lutte contre la fraude scientifique ... Le pire, c'est que j'ai le sentiment que tous les hommes politiques français marchent sur ses traces. Franchement, la France ne fait vraiment pas envie.

    Enfin, je me dis qu'après 8 ans de Bush, on a eu Obama aux US, peut-être qu'il faudra subir 10 ans de stupidités sarkoziennes pour qu'une classe politique à la hauteur finisse par émerger (Phersu Président !)

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  2. Sarko n'a jamais été un champion de la syntaxe, mais dans ce discours en particulier, on atteint des sommets. Certaines phrases ne veulent juste rien dire. ("Anaphore et anacoluthe, les deux mamelles de la présidence sarkozienne", comme je disais l'autre jour.)

    Pareil sur "l'argumentation". J'ai le sentiment qu'il n'était jamais allé aussi loin dans l'étalage de contre vérités, de déformations approximatives, de raccourcis démagos.

    Ce sont ses ficelles de com habituelle quand il s'adresse au grand public, mais rarement à ce point. Surtout qu'il s'adressait ici à un parterre d'universitaires dont le moins diplômé devait être bac+8.

    Pourquoi un tel décalage entre le discours et le public, pourquoi un style si inapproprié au contexte ? Je suppose que ce n'est pas gratuit, mais j'ai un peu de mal à comprendre son but - ou plutôt, j'ai un peu peur de comprendre.

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  3. Oui, je ne comprends pas à qui il s'adresse en réalité, une semaine avant une manifestation qu'il semblait vouloir calmer.

    Je ne dis pas qu'il aurait vraiment eu quelque chose à gagner à être "diplomate" (et il ne fait aucun effort s'il n'y a un intérêt) mais je ne vois pas bien ce que ses insultes et provocations brutales peuvent lui apporter, même pour envoyer des messages dans un électorat néo-poujadiste qu'il craint peut-être d'avoir déçu par son image.

    Finalement (mais je reconnais que mon aversion commence à friser l'irrationnel), je me demande si l'explication n'est pas plus psychologique et individuelle que politique : il parle vraiment comment s'il avait des comptes à régler et non pas une politique à exposer.

    "Vous vous croyez intelligents, je vais vous montrer, moi, que je prends mieux en compte la REALITE que vous tous, bandes d'idéologues archaïques qui n'avez pas compris le TRAIN DE L'HISTOIRE" (j'aime bien l'imaginer en Jdanov).

    Quant à l'analogie optimiste de Tom Roud (un Sarkozy pour préparer un Obama), je commence à craindre qu'un jour Bertrand ou Copé nous fassent regretter ce médiocre personnage.

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  4. Mon passage préféré est tout de même celui-ci (je graisse) : "Nous avons des domaines
    d’excellence reconnus et enviés dans le monde entier, mathématiques, physique et aux sciences de l’ingénieur. Mais ces admirables chercheurs et ces points forts - j'ose le dire -ne sont-ils pas l’arbre qui
    cache la forêt ? Ne servent-ils pas parfois d’alibi aux conservateurs de tous poils, que l'on trouve à droite en nombre certain et à gauche en nombres innombrables. Je dis innombrables à gauche car ils sont plus nombreux.,"


    Je ne m'étonne plus du style oral franchement délirant de notre Président. Ce qui est plus troublant, c'est que, à l'écrit, cela ne semble pas aller mieux. Dans le Monde de ce soir, on peut lire : "Il y aura bientôt trois siècles, Leibniz et Voltaire, un Allemand et un Français, ont réfléchi à ce que pourrait être le "meilleur des mondes". En matière de politique étrangère et de
    sécurité commune ? De quoi diable peut-il bien s'agir ?

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  5. Ah oui!Il est temps de remettre à l'honneur la fameuse coopération leibnizo-voltairienne.

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  6. De toute évidence, il n'y a pas que sur la fiche de La Princesse de Clèves que notre Leader Bien-aimé a eu un problème, il a dû sécher aussi Candide en Première ou son rédacteur ne commencerait pas par une telle "nigologie".

    Qu'aurait-il pu dire de moins idiot ?

    La coopération "Wolff-Formey" ? Trop obscur. Voltaire-Frédéric II ? Mais Voltaire était anglophile et germanophobe ! Madame de Staël - Goethe ? Trop littéraire (ça parlerait plus aux Allemands). Victor Cousin - Schelling ? Ridicule. Briand-Stresemann ? On sait à quel échec cela a conduit...

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  7. Je suis moins dur que vous pour ce qui concerne la sortie de notre Président, alors candidat, sur la Princesse de Clèves : il en est quand même sorti du bon , du bon billet en tous cas.

    J'ai beaucoup de compassion pour le type qui est chargé de transcrire les discours de Nicolas Sarkozy. Je lui offrirai volontiers un verre, à l'occasion. Cela ne doit vraiment pas être facile. On sent que le placement de la ponctuation est particulièrement ardu.

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  8. Il y a sûrement une règle de la netiquette qui interdit d'ajouter un commentaire deux mois après l'édition d'un billet mais je viens de tomber là-dessus , au sujet de la syntaxe de qui vous savez. Ce sujet me passionne.

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  9. Et j'aime bien les liens que fait Rue89 vers la compilation d'Arrêt sur Images. Les fautes qui se suivent sont spectaculaires et on peut en effet se demander s'il le fait exprès.

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