dimanche 22 mars 2009

Geithnerophobie II



Avertissement :

Ceci contient de l'économie, discipline rigoureuse à laquelle je n'entends rien. Mais en écrivant des bêtises, elles seront magiquement corrigées par un tour de passe-passe 2.0.



Le Troubled Assets Relief Program (TARP) est le programme du Gouvernement américain pour racheter des actifs "toxiques" (c'est-à-dire surévalués et pleins de parties ruinées) pour tenter de revenir à la stabilité financière et mettre fin à un cercle vicieux. Le TARP a été lancé par le Secrétaire d'Etat au Trésor Henry "Nosferatu" Paulson pendant les derniers mois de la présidence de George Bush. Environ la moitié des 700 milliards de dollars prévus ont déjà été dépensés et une partie le fut pour l'industrie automobile (GM : 13 milliards et Chrysler 4 milliards). La majorité le fut pour des banques comme Citigroup (50 milliards), Bank of America (45 milliards), Morgan Chase (25 milliards), Wells-Fargo (25 milliards) et la compagnie d'assurance AIG (40 milliards).

Timothy Geithner, né en 1961, est un ancien assistant des Secrétaires au Trésor sous Bill Clinton (1998-2001) et ancien Président de la Banque de Réserve de New York, le centre de la politique financière américaine (2003-2009). C'est à ce titre qu'il a commencé à superviser la gestion de la Crise Financière dès le début et que sa responsabilité commence donc avant que Barack Obama ne le choisisse comme Secrétaire au Trésor en novembre 2008, confirmé en janvier 2009 (malgré ses problèmes fiscaux). C'est lui qui doit s'occuper de gérer la suite du plan de relance dans le TARP.

Geithner doit annoncer demain le Plan de rachat des actifs (Bailout) pour les banques. Le Plan va permettre au programme de la Term Asset-Backed Securities Loan Facility (TALF) (lancée par la Réserve de New York) de racheter de nombreux actifs toxiques avec une part de soutien des investisseurs privés (pas plus de 20% du plan).

Une large majorité des mille milliards de dollars à dépenser viendront en fait d'endettement du gouvernement via la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC).

Le problème de ces actifs qui ne sont plus dans le marché normal est que certains sont peut-être sous-évalués à cause de la Crise, si on les sous-évalue, on enrichit les investisseurs privés. Mais par ailleurs il se peut qu'ils soient en fait aussi très surévalués et donc trop risqués pour les investisseurs.

Si j'ai bien compris, une partie de la gauche est indignée que cela s'appuie sur des fonds d'investissements alternatifs (hedge funds), qui pourraient s'enrichir dans le plan de relance et une partie de la droite craint que dans le contexte actuel on risque de faire des investisseurs privés les boucs-émissaires du programme en les privant des avantages de leurs risques (comme on sanctionne en ce moment les bonus d'AIG).

Paul Krugman pense que cela a un effet pervers, qui sera que le gouvernement, qui croit vraiment que ces actifs sont potentiellement sous-évalués, va en fait offrir peu de risques aux investisseurs privés. Comme il le dit, ce sera un jeu biaisé : "Pile, je gagne, face, les contribuables perdent". Il ajoute que Geithner est resté trop conservateur et proche d'un optimisme de Paulson selon lequel la confiance financière va finir par revenir toute seule si le gouvernement attend un peu et stimule ces investisseurs à reprendre une part de ces actifs toxiques.

Le Patient sait qu'il est déjà intoxiqué mais il se dit qu'il vaut mieux reprendre encore un peu de Poison pour être sûr d'aller plus loin ou pour monter sa résistance et se mithridatiser.

Voir la synthèse des réactions via hilzoy (qui résume bien la critique que les risques sont du côté du gouvernement mais que cela pourrait ressembler à un simple plan de subventions aux fonds d'investissement qui n'auraient pas autant de risques ensuite).

Le blogueur Brad DeLong (ancien collègue de Geithner sous Clinton et professeur d'économie à Berkeley) défend le programme par un dialogue, en disant qu'il est bon de faire appel aux investisseurs privés mais qu'après tout 85% des gains de ces actifs resteront au gouvernement ensuite quand les marchés remonteront à leur cours normal.

Krugman lui répond que son optimisme sur les actifs toxiques n'est peut-être pas fondé et que si jamais ils s'avéraient bien plus risqués, on n'aurait fait qu'accroître les dangers en jouant à quitte ou double avec le plan de relance alors que personne ne peut savoir la valeur réelle de ces actifs (si j'ai bien compris les métaphores que je dois simplifier de manière outrancière).

2 commentaires:

  1. Il y a juste une énorme erreur au début, à part ça je crois que vous avez à peu près compris le plan Geithner publié aujourd'hui (il faut lire Felix Salmon pour compléter, il a quelques posts très éclairants).

    L'énorme erreur, elle est plutôt en comptabilité qu'en économie. Un peu de comptabilité alors: les institutions économiques ont un bilan ("balance sheet") qui sépare l'actif et le passif. L'actif, ce sont les flux de revenus futurs, le passif les flux de paiements. Une banque est insolvable si le passif est supérieur à l'actif (en fait c'est plus complexe que ça, car les règlementations type Bâle II font que les banques peuvent être insolvables avant).
    Votre ereur est donc de confondre le TARP 1 (celui proposé par Paulson en Octobre et rejeté par le Sénat), qui proposait de racheter les actifs toxiques des banques, et qui avait donc la même cible que le plan Geithner et le TARP 2, du moins sa partie aussi connue sous le nom de CPP, Capital Purchase Program, qui est une recapitalisation, et qui donc agit sur le passif (injecter davantage de capital 'Tier 1', pour donner aux banques une sorte de coussin de protection en cas de pertes). Les garanties de dette sont du même ordre : elles agissent sur l'actif. Geithner est donc une sorte de retour au Tarp 1, avec des modalités différentes notées dans le post suivant.

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  2. Merci beaucoup pour ces précisions.

    Donc TARP 2 devait désigner non pas seulement une seconde vague de TARP mais aussi une prise en compte des passifs mais le Plan Geithner ne le fait pas. Je vois que le Capital Assitance Program remplace le rachat de capitaux du CPP.
    L'autre acronyme beaucoup utilisé en plus de TARP, TALF ou FDIC est maintenant le PPIP (j'imagine que c'est "public-private investment program").

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