La British Humanist Association a lancé l'an dernier une campagne publicitaire dans les transports (pour un total de £136,000, financés par des dons, dont une partie importante par le biologiste Richard Dawkins) avec le message : "Il n'y a probablement pas de Dieu. Cessez donc de vous faire des soucis à ce sujet et savourez votre vie".
Le "probablement" remplissait deux fonctions : éviter une affirmation impossible à prouver (argument de la théière de Russell) et rappeler la prudence épistémologique du libre-penseur contre le cliché d'un "dogme inversé".
Cette propagande (et notamment la fin sur l'unicité de cette vie) était en fait une réponse à une campagne avec un message du type "Ceux qui n'ont pas accepté Christ comme Leur Sauveur Bruleront en Enfer" (message qui m'a toujours paru peu efficace dans son attaque contre la cible, mais après tout Blaise Pascal semblait le trouver hautement digne d'intérêt).
La campagne a fait sensation au Royaume-Uni et le Christian Party, un goupuscule protestant conservateur (2% aux élections européennes en Ecosse), a répondu avec une maturité étonnante à nouveau sur les bus :
"There definitely is a God.
So join the Christian Party and enjoy your life.”
Si - Même pas vrai !
D'autres ont préféré le grand classique de l'apologétique en psychologie inversée, le Psaume 14 (13 dans la Vulgate) sur "le Sot (stultus) qui dit qu'il n'y a pas de Dieu".
L'ennui est que l'affirmation positive paraît encore plus discutable que la négation probabiliste et la commission de la publicité a donc reçu 10 fois plus de plaintes pour cette seconde campagne.
Il y a maintenant des campagnes d'athéisme dans d'autres pays anglo-saxons et même aux USA.
Celle de l'association des athées de Seattle est assez bien construite en appelant à la libre-pensée et non à la négation dogmatique :
"Question with boldness even the existence of a God; because, if there be one, he must more approve of the homage of reason, than that of blind-folded fear."
-- Thomas Jefferson
Seattle Atheists: We Believe In You!
Dommage que le cheerleading à la fin gâche l'appel à l'esprit critique du Tribunal de la Raison.
Etant l'un des pays occidentaux les plus athées au monde (avec sans doute entre un quart ou un tiers de la population qui est athée/agnostique), nous n'avons pas vraiment besoin de telle réclame ou remontrance.
Si j'ai bien suivi, Jefferson n'aurait pas apprécié le Pascal's wager.
RépondreSupprimerAvec ses préjugés anti-papistes, il aurait sans doute parié sur un Dieu un peu différent, plus impersonnel (mais quand même favorable à l'esclavage).
RépondreSupprimer"mais quand même favorable à l'esclavage"
RépondreSupprimerJe croyais qu'il s'était prononcé à plusieurs reprises contre l'esclavage même s'il en possédait lui-même, non?
Voir cependant: http://www.rethinkingschools.org/archive/16_04/Jeff164.shtml
Oui, je crois que Jefferson est plus coupable qu'un autre parce que justement il avait conscience que ce qu'il faisait était injustifiable. D'après ces textes, il vivait dans une "double conscience" : il avait honte de l'institution, pensait qu'elle devrait être abolie "un jour" mais ne fit rien pour lutter contre.
RépondreSupprimerIl ajoutait (un peu comme Abraham Lincoln d'ailleurs) que si on abolissait l'esclavage, il faudrait aussi rapatrier les émancipés pour éviter qu'ils ne deviennent citoyens...
Cela dit, cela m'agace toujours qu'on n'attaque à ce sujet que le plus "philosophe" Jefferson alors que George Washington et beaucoup des autres Pères fondateurs comme Franklin et Madison en possèdaient aussi (Benjamin Franklin devint un abolitionniste réel mais seulement pendant les deux dernières années de sa vie en 1789-1790).
Certes, Washington les émancipa par testament (contrairement à Jefferson qui n'en libéra qu'une poignée) mais cela reste hypocrite d'avoir attendu sa mort.
Une critique originale du Pari de Pascal.
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