samedi 4 avril 2009

Dirges



  • D'abord, un peu de musique... heu... engagée par les "Princess of Clèves" (via). Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi la Princesse, sans doute désespérée par la situation de la Recherche publique, renifle un rayon de coke.

    Les Sorbonnards, décidément créatifs, envoient aussi leur discours en Grec ancien.

    Add. Theognis me dit que le discours grec n'est pas mal, mais pas sans quelques erreurs :
    Le titre de la vidéo est un solécisme : le participe est au neutre pluriel et le substantif au féminin singulier. En outre, en titre, on emploierait une interrogative indirecte : "διὰ τί κατέχεται ἡ Σορβόννη".

    Lε discours démarre dans un style maladroit, avec une apposition qui devrait s'appuyer sur un participe : "Ἡμεῖς μαθηταὶ _ὄντες_ κτλ.". En outre, en commençant par "nous", on voudrait "et nous tous qui travaillons" à la première personne du pluriel plutôt que "ὅσοι ἐργάζονται" (3e du pluriel). Enfin, au lieu du but ("afin que l'éducation soit sauve"), l'effort serait plus expressif (ὅπως suivi du futur). Toujours pour le style, la suite de la phrase mériterait d'être resserrée et ramenée simplement à "nous occupons cette nuit la Sorbonne" (ils y sont, de toute évidence). Il ne fallait pas non plus placer le verbe ἐσμέν juste après la finale (ἵνα παιδεία σῴζηται), c'est à dire juste après une virgule (on marque une pause au terme de l'apposition): le verbe "être" employé comme copule étant enclitique au présent de l'indicatif, il n'est pas à sa place après une ponctuation. Relevons encore un barbarisme: "ἐν τῇ Σορβόννᾳ" dit l'orateur ? Il faut un "ῃ" en désinence si l'on part de ἡ Σορβόννη.

    La deuxième phrase est fort bien mise.

    Ensuite vient une faute d'accord: θόρυβος καὶ ὀργὴ ἐν ἡμῖν γίγνονται. Si la forme verbale est bien γίγνονται, 3e du pluriel (mais l'orateur articule mal et en fait j'entends "*γίγνοται", ce qui pour le coup est une horreur), c'est un solécisme. En principe avec deux sujets abstraits de genres différents, l'accord se fait à la troisième personne du singulier, comme si les sujets valaient un neutre pluriel. Un accord par proximité élimine la difficulté : Διὸ γίγνεται θόρυβος ἐν ἡμῖν καὶ ὀργή.

    Dans la phrase suivante, je relève un solécisme : le verbe βουλόμεθα est construit directement avec deux accusatifs (littéralement: "nous voulons la liberté et la science pour les enfants et pour tous") et non avec une infinitive, ce quι ne se dit jamais en grec. Il faudrait ajouter εἶναι ou ὑπάρχειν: ἐλευθερίαν γὰρ καὶ έπιστήμην παισί τε καὶ πᾶσιν _ὑπάρχειν_ βουλόμεθα).

    Pour finir, la dernière phrase est en asyndète, ce qui constitue un nouveau solécisme (l'asyndète -- adversative comme explicative -- est proscrite en thème): οὕτως γε νίκη ὴμῖν γενήσεται. En outre, elle comporte une grave faute d'euphonie (on dit οὕτω sans sigma final devant consonne) : c'est un barbarisme. Enfin, l'ajout de la particule γε paraît bien étrange pour le sens : "ainsi en tout cas la victoire sera nôtre" ? J'avoue que la logique de l'argumentation m'échappe un peu ici. Et pour le style il aurait mieux valu conjuguer directement le verbe "vaincre" : οὕτως οὖν δικαίως νικήσομεν, "voilà pourquoi nous remporterons une juste victoire !".

    Notons pour finir l'absence presque systématique d'article devant les substantifs. Si on peut la justifier aisément devant les notions générales (éducation, trouble, colère, liberté, science), elle est plus problématique dans le cas de "la victoire" finale.

    Cependant, l'effort est méritoire et les fautes témoignent simplement de la ruine qui frappe nos disciplines depuis plusieurs années ! Le scandale est là, bien évidemment !


    Des étudiants ont aussi déclamé une Darcolinaire, "un discours dénonçant les forfaits de l'agrégé de Lettres classiques Xavierus Darcos et de sa principale complice, Valeria Pecressa, accusés de méditer la perte de l'éducation".

  • Une autre chanson par l'un de mes groupes favoris, les Decemberists, Engine Driver.



    Cette autre chanson des Décembristes, The Bachelor & the Bride (dans leur second album, Her Majesty the Decemberists, 2003) est assez cruelle, comme la ballade sur un meurtre Where The Wild Roses Grow (et la ballade traditionnelle irlandaise Down in The Willow Garden / Rose Connely). Il y a peut-être aussi quelques ressemblances mélodiques (du moins dans mon esprit) au début avec A l'Endroit, A l'Envers de Noir Désir (2001).



  • John Danielle (also known as The Moutain Goats) chante (très doucement et un peu faux, ce qui peut être touchant) encore une fois une autre rupture douloureuse (même si une interprétation dit que le thème récurrent de la rupture chez Danielle est plus une métaphore sur le sevrage).



    John Danielle évite les arrangements complexes d'habitude mais pas dans cette chanson aux paroles qui contrastent avec la douceur de la musique :



    King Saul fell on his sword
    When it all went wrong
    And Joseph's brothers sold him down the river
    For a song
    And Sonny Liston rubbed some tiger balm into his glove
    some things you do for money
    and some you do for love love love

    Raskolnikov felt sick
    But he couldn't say why
    When he saw his face reflected
    In his victim's twinkling eye
    Some things you do for money
    And some you'll do for fun
    But the things you do for love
    Are gonna come back to you one by one

    Love love is gonna lead you by the hand
    Into a white and soundless place.
    Now we see things as in a mirror, dimly,
    then we shall see each other, face to face.

  • Le célèbre groupe islandais Sigur Rós du chanteur Jón Þór Birgisson , si utilisé dans les films, a une mélopée liquide, "Starálfur" ("L'Elfe Dévisageant") dans l'album Ágætis byrjun (1999), dont Wikipedia m'apprend que la structure est un palindrome musical.



    Blá nótt yfir himininn
    La Nuit bleue dans les cieux
    Blá nótt yfir mér La Nuit bleue au-dessus de moi
    Horf-inn ut um gluggann Disparu par la fenêtre
    Minn með hendur Moi avec mes mains
    Faldar undir kinn Cachées sous mes joues
    Hugsum daginn minn Je pense à ma journée
    Í dag og i gær Au jour et à hier

    Blá nattfötin klæða mig i
    Je mets ma chemise de nuit bleue
    Beint upp i rum Je vais au lit
    Breiði mjuku sængina Redresse les douces couvertures
    Loka augunum Ferme les yeux
    Ég fel hausinn undir sæng Cache ma tête sous les couvertures

    Starir á mig litill álfur Un petit Elfe me dévisage
    Hleypur að mér en hreyfist ekki Surgi sur moi mais ne bougeant pas
    Ur stað - sjálfur De sa place - à lui
    Starálfur Un Elfe me dévisage

    Opna augun J'ouvre les yeux
    Stirurnar ur Je les décille
    Teygi mig og tel Je m'étire et regarde
    Kominn aftur og allt allt ilæ Si je suis de retour et tout va bien
    Samt vantar eitthvað Mais quelque chose manque
    (Eins og alla veggina) (Notamment tous les murs)
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