vendredi 17 avril 2009
Les plus grandes élections du monde
Depuis hier, 16 avril, ont commencé les élections législatives indiennes, qui dureront un mois jusqu'au 13 mai, avec un électorat de plus de 700 millions d'Indiens, ce qui en fait le processus électoral le plus important de la planète.
La Chambre du Peuple a 543 membres, dont 530 députés des 28 Etats, 13 députés des Territoires de l'Union (dont 7 rien que pour le Territoire de la capitale de Delhi, qui a 13 millions d'habitants) et une députée nommée pour représenter la communauté anglo-indienne. Tous les sièges ne seront pas renouvelés en même temps lors de ces élections en raison d'élections partielles dans certains Etats.
Parmi les 28 Etats, il y a des différences considérables entre l'Uttar Pradesh, qui à lui seul forme environ 1/6e de la Chambre et les petits Territoires qui n'ont qu'un seul député chacun. Voici la répartition globale des 17 principaux Etats de l'Union indienne avec le nombre de députés dépendant du recensement de 2001 et non pas de l'estimation actuelle :
Uttar Pradesh (190 millions) : 80
Maharashtra (96 millions) : 48
Bengale occidental (80 millions) : 42
Andhra Pradesh (76 millions) : 42
Bihar (83 millions) : 40
Tamil Nadu (66 millions) : 39
Madhya Pradesh (60 millions) : 29
Rajasthan (56 millions) : 25
Karnataka (52 millions) : 28
Gujarat (50 millions) : 26
Orissa (36 millions) : 21
Kerala (31 millions) : 20
Jharkhand (27 millions) : 14
Assam (26 millions) : 14
Punjab (24 millions) : 13
Chhattisgarh (21 millions) : 11
Haryana (20 millions) : 10
Aux dernières élections d'avril-mai 2004, le Parti du Congrès National alors dirigé par Sonia Gandhi, la veuve de Rajiv Gandhi, l'avait emporté contre le BJP nationaliste hindou avec 26,7% des voix (145 sièges, environ 26% du parlement) contre 22,2% (138 sièges, environ 25% du parlement). L'écart peut sembler faible mais le swing était assez important avec un échange d'une quarantaine de sièges entre les deux camps, ce qui a légitimé ce quinquennat du Congrès.
Comme le montre cette carte, le Parti du Congrès National (en vert) est surtout puissant dans l'Etat de l'Andhra Pradesh (sud-est, où le parti allié du BJP perdit presque tous ses sièges), avec quelques fiefs dans l'ouest, au Gujarat, et au nord, dans l'Haryana.
Le BJP (en rose orangé) est étendu sur tout le centre de l'Inde, du Rajasthan au Madhya Pradesh, ainsi que sur la côte sud-ouest du Karnataka.
Au total, la coalition de "l'Alliance Progressive Unie" conduite par le Parti du Congrès eut environ de 275 sièges au total (si on compte le soutien sans participation du Samajwadi Party, 39 sièges, parti socialiste de l'Uttar Pradesh qui représente surtout des Castes défavorisées et Musulmans). Le Front de Gauche dirigé par le Parti Communiste Indien (au pouvoir au Kérala, au Bengale Occidental et en Tripura) a soutenu l'Alliance jusqu'à un pacte nucléaire avec les USA.
Ils formèrent donc le Gouvernement mais Sonia Gandhi renonça au poste de Premier Ministre à cause des controverses sur son origine étrangère (elle est née en Italie et serait toujours catholique). Sonia Gandhi dirige donc la Coalition parlementaire mais l'économiste Manmohan Singh, un technocrate pourtant élu à la Chambre des Etats (l'équivalent du Sénat) fut choisi comme Premier Ministre (le premier Sikh à diriger l'Inde).
Cinq ans après, Manmohan Singh est toujours Premier Ministre et dirige donc la Coalition pour ces élections, même si Sonia Gandhi, 62 ans, est considérée comme le vrai pouvoir dans le Parti. Manmohan Singh a 76 ans et a eu des problèmes cardiaques récemment, ce qui laisse penser que même si le Congrès gagne, il pourrait y avoir un autre Premier Ministre.
Le leader du BJP est le vieux Lal Krishna Advani (81 ans), un des refondateurs du Parti hindouiste nationaliste, qui le dirige depuis vingt-cinq ans et est connu pour certaines attaques contre le Pakistan et les Musulmans, mais il a tenté de modérer ce discours depuis quelques temps.
Au contraire, Varun Gandhi, un neveu de Rajiv Gandhi (le fils de Sanjay) a rejoint le BJP et a tenu des propos violents contre les Non-Hindous (insultant les "noms qui sonnent effrayants" - d'origine musulmane), appelant à couper la main des ennemis de l'Inde, et contre l'idéal du Mahatmah Gandhi d'une Inde multiconfessionnelle. Varun Gandhi a été arrêté pour incitation à la violence le 29 mars dernier. Ne pas confondre avec Rahul Gandhi, fils de Sonia et Rajiv, qui se présente pour le Congrès.
Les partis de gauche autour du Parti Communiste Indien ne soutiennent plus officiellement la coalition du Congrès et refusent tout soutien tant que Singh ne revient pas sur son accord avec les USA mais ils négocieront sans doute un soutien contre les Nationalistes.
Mulayam Singh Yadav, le dirigeant du Parti socialiste de l'Uttar Pradesh (qui soutient l'Alliance Progressiste Unie et représente notamment les Yadavs, l'une des principales castes dans les Etats du Nord comme l'Uttar Pradesh et le Bihar) en lançant une attaque contre l'usage de l'anglais (ce qui a été mal reçu dans les milieux d'affaires et des nouvelles technologies).
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