Via le nouveau site lancé par David Chalmers, Philosopher's Digest qui résume un article philosophical à chaque post, "Skepticism About Moral Responsibility" (2004) de Gideon Rosen (Princeton).
(l'article est disponible sur Interscience et il y a aussi un brouillon antérieur, et ce brouillon d'une suite où il défend une interprétation du caractère approprié des attitudes de blâme ou de ressentiment).
Gideon Rosen veut montrer qu'on peut douter de la possibilité d'imputer la responsabilité d'un agent dans ce qu'il a fait de mal.
L'argument a deux étapes :
(1) Si une action est blâmable, il a fallu qu'à un un moment ou à un autre l'agent ait manifesté de l'acrasie ou "incontinence" (c'est-à-dire avoir fait consciemment ce qu'on sait qu'on n'aurait pas dû faire).
(2) Or nous ne pouvons pas avoir de motifs suffisants pour juger si une action a été ou non accomplie par acrasie.
Sally fait la mauvaise action A.
En ce cas, soit :
- (a) Sally sait qu'elle n'aurait pas dû le faire,
- soit (b) elle l'ignore.
Dans le premier cas (a), on considère Sally comme responsable dans son acrasie.
Dans le second cas (b), on peut distinguer deux cas, (b1) l'un où elle serait responsable de son ignorance et où elle aurait dû éviter "l'ignorance coupable", et (b2) l'autre où son ignorance serait bien une circonstance atténuante.
On considère qu'elle est responsable de son ignorance si et seulement si elle n'a pas suivi les normes de procédure de connaissance qu'elle aurait dû suivre pour éviter cette ignorance et si cela vient de son acrasie.
Donc dans tous les cas, si Sally est coupable, il a fallu une acrasie, soit parce que l'action était directement acratique, soit parce que la transgression antérieure d'une norme de prudence a été acratique.
Nos révisions d'intentions et nos désirs nous sont en partie opaques.
Rosen distingue deux niveaux qu'on assimile souvent, l'acrasie (ou incontinence logique) et la faiblesse de la volonté ordinaire (il suit donc ici une distinction faite par exemple par Richard Holton, "Intention and Weakness of Will", 1999).
L'acrasie est un cas où le sujet sait qu'il doit vouloir quelque chose mais ne le fait pas, sans changer sa croyance qu'il aurait dû vouloir le faire. La faiblesse de la volonté consiste à vouloir quelque chose et ensuite laisser facilement une autre intention réviser la croyance et la volition antérieure.
Or même le sujet a du mal à déterminer s'il a été vraiment acratique ou simplement avec une faible volonté.
Il est donc encore plus difficile de juger de l'extérieur si le sujet a été vraiment acratique.
L'originalité de l'argument contre une connaissance assurée de la responsabilité morale est que Rosen ne se sert pas ici de la critique métaphysique de la responsabilité par le déterminisme causal. Il se montre sceptique (du moins s'il n'a pas présenté cet argument surtout comme un problème) seulement sur la connaissance ou l'imputabilité de la culpabilité et non pas sur l'existence d'une responsabilité en général (donc pas sur l'action méritante ou digne d'éloge).
L'ennui du résumé est que je ne comprends pas bien pourquoi les cas de faiblesse de la volonté seraient moins blâmables que l'acrasie (surtout si on croit que l'acrasie cognitive des croyances au sens stricte n'existe peut-être pas). Après tout, le concept commun de la faute me semble plus lié aux tergiversations et inconstances de la faiblesse de la volonté, pas à une critique d'une inconsistance des croyances et des actes.
Vous avez une traduction en français?Je ne comprends pas le langage intello
RépondreSupprimer