J'avais manqué ce détail dans la polémique Valls-Aubry. Valls n'aime pas le mot si 1.0 de "socialisme" dans PS mais il n'a pas de contre-proposition, il propose de faire appel à une "agence" (de consultants sémioticiens publicitaires experts en framing ?) pour rebaptiser une passerelle présidentielle. Distribuer l'argent à des Manipulateurs de Symboles, tout cela pour obtenir au final un résultat sans doute prévisible dans le genre "Nouveau Parti démocrate-sociétal pour Travailler Plus" (si ce n'est pas déjà déposé par une des composantes de l'ex-UDF). Royal disait que "vos idées sont les miennes", Valls attend celles de sophistes dans le genre de Séguéla ou Beigbeder. Pourquoi pas un sondage payant par SMS ?
Copié chez Arrêt sur Images :
"A l'heure d'Internet et des blogs", il faut faire de la politique autrement. Comme qui ? On vous le donne en mille : comme Obama, bien entendu. D'ailleurs, détail capital, c'est "sur mon Blackberry" que Manuel a reçu la lettre de Martine.
De fait, Manuel tient un blog. On peut y lire...sa réponse à la lettre de Martine (mais pas la lettre de Martine elle-même). On peut aussi y apprendre qu'il sera chez Jean-Pierre (célèbre précurseur et théoricien de la politique autrement) jeudi matin à 8 heures 17. Mais on peut y lire aussi bien d'autres choses. Par exemple, que le mot "socialisme" lui-même n'a plus de sens à ses yeux, mais que Valls ne sait pas (a-t-il confessé à Match, hebdomadaire pionnier de la politique autrement) par quel mot le remplacer. Aucune importance. Pour trouver le nom du futur parti, "on fera appel à des agences".
Faire appel à des agences de pub pour savoir comment rebaptiser le Parti Socialiste est une promesse de nature à enthousiasmer le peuple de gauche, celui qui menace de faire sauter les usines avec des bonbonnes de gaz pour obtenir des rendez-vous avec sa direction, ou celui qui meurt sur le vapocraqueur d'une usine pétrochimique.
Pour économiser de l'argent public, le matinaute se permet d'ouvrir deux pistes de réflexion à la future agence : le Parti Vers Nulle Part (PVNP), ou le Parti de mon Blog et de mon Blackberry (PBPB).
C'est biaisé ! Ce malheureux qui est mort chez Total et les poseurs de bonbonnes de gaz, tu les baptises de gauche, parce ça t'arrange.
RépondreSupprimerAlors qu'on sait tous qu'ils ont voté Bayrou en 2002 et en 2007 (et “oui” en 2005).
RépondreSupprimer- Alors?
RépondreSupprimer- Le Parti d'en rire?
- Ca ne me fait pas rire...
- Le parti pour un monde meilleur? Le parti sans laisser d'adresse?
- Pfff!
- la PSBox? Pour faire plus moderne que le Modem?
- Très drôle... Tu connais le taux de chômage chez les créatifs d'agence?
- Je sais pas, moi... Et puis ton brief est nul! Et d'abord, qu'est-ce qu'ils font déjà au PS? C'est quoi leur plus produit?
-Bon, on y arrivera pas! Tu relis pour demain les œuvres complètes de Jaurès et tu m'accompagnes au nameprojectleaders' meeting. Y'aura Martine et Manuel, mets une cravate rose.
- OK. Mais tu confonds, Jaurès c'est un truc à Sarkozy. Au fait, y'a un parking rue de Solférino? Pour ma BM...
Très bien vue, cette scène, mais sans doute trop réaliste. On va demander à BHL de réviser les statuts.
RépondreSupprimerTiens, Fr., j'avais oublié que Bayrou s'était déjà présenté en 2002 (6,8%).
Bayrou avait un début de campagne marrant, avec des sondages qui le plaçaient en 4e homme et la fameuse gifle au gamin qui lui faisait les poches.
RépondreSupprimerPlus généralement, il fait partie de ces élites qui s'auto-proclament réformatrices alors qu'elles traînent dans les tuyaux de la Ve République depuis des temps immémoriaux. Benoît Hamon en est une autre : mes copains MJS me le présenteraient presque comme un primo-arrivant alors qu'il était déjà dans les cercles restreints de Solferino dans l'ère pré-chiraquienne (le préchiracique, on dirait presque une période géologique).
Je ne sais pas si l'on peut raisonnablement prendre comme critère normatif pour une démocratie le temps de formation des élites dans les appareils partisans, mais de mon point de vue, c'est l'un des problèmes majeurs de la démocratie française dans la période contemporaine : la période de gestation des élites dirigeantes est trop long, et lorsque celles-ci accèdent au pouvoir, elles se trimballent des casseroles monstrueuses, à tous points de vue. Prenons l'exemple de Martine Aubry : si elle candidate en 2012 et remporte l'élection, il se sera écoulé presque 40 ans entre son entrée à l'ENA et son entrée à l'Élysée. C'est presque autant qu'entre l'entrée de Churchill aux Communes et le début de la guerre. Quarante ans de politique au début du siècle et quarante ans sur la fin ne façonnent pas la même classe politique. C'est le seul truc qui m'enthousiasmait au sujet de Royal en 2007 : son parcours ENA-Élysée aurait été de 27 ans, c'est presque dix ans de moins que ce que je juge être la moyenne (35 ans).
Toute comparaison avec les USA sera faussée, mais Obama n'est entré en politique qu'en 1996, cinq ans après que Hamon est devenu assistant parlementaire. À cette date, Manuel Valls avait déjà quatre mandats politiques dans son CV.
Sur les règles de durée du cursus honorum, cela me fait toujours rire à quel point les experts à la télé arrivent à faire des inductions rapides. Je ne me souviens plus qui avait dit très sérieusement sur LCI (en ne généralisant que sur Mitterrand et Chirac) que c'était désormais une loi politique française qu'il fallait avoir échoué deux fois aux Présidentielles pour gagner (Jospin devait y croire en 2007). J'ignore si le quinquennat implique qu'il faut maintenant échouer trois fois.
RépondreSupprimerSarkozy ou Royal ont déjà réfuté la conjecture mais je pense que Bayrou doit avoir un biais pour y croire encore.
Ça fait partie de la pensée unique. C'est comme ce que l'on peut lire sur le blog d'Autheil en ce moment au sujet de "l'oligarchie" (qqun l'a d'ailleurs repris sur le sujet, mais le débat n'a pas avancé). C'est en grande partie une prophétie auto-réalisatrice, et c'est pour ça que c'est si important pour les élites de s'en convaincre.
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