mardi 1 juin 2010

Comptes et raisons



Monsieur Aphatie, un "commentateur" qui donne tous les soirs des leçons d'austérité budgétaire en raison de ses connaissances si profondes de l'économie, s'est moqué de Martine Aubry qui disait "ne pas avoir comparé Sarkozy à Bernard Madoff". Pour Aphatie, cela ne pouvait qu'être un mensonge d'autant plus ridicule que nous l'avions tous entendue le faire !

Je ne saurais pas juger de l'opportunité des propos écrits par Guillaume Bachelay qui rédigea, dit-on, ce discours, mais au sens strict, le problème est qu'en effet Aphatie avait entendu mais pas compris. Elle déclara en effet :

J'ai un peu l'impression, quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu Monsieur Madoff qui administre quelques cours de comptabilité

Elle n'a donc pas dit que notre Président était directement similaire à l'escroc fraudeur, seulement que lorsqu'on l'entend parler de maîtrise budgétaire alors qu'il les fit exploser comme ministre du Budget en 1993-1995 puis comme Président de la République, ce serait comme si le fraudeur Madoff donnait des cours de comptabilité.

C'est donc une analogie à quatre termes (Sarkozy/s'il sermonne sur le budget = Madoff/s'il enseignait la comptabilité) plus qu'une comparaison (même si j'imagine que la figure de la comparaison peut avoir plusieurs définitions assez vagues selon les cours de rhétorique et qu'elle présuppose bien une analogie).

Si elle avait fait une ellipse de certains termes en parlant d'un "Madoff de la maîtrise budgétaire", elle aurait métaphorisé ou bien fait un kenning qui aurait certes fortement ressemblé à une comparaison.

La seule faute de goût d'Aubry a peut-être été de réagir comme si Sarkozy n'avait pas le droit de critiquer Mitterrand, alors qu'il eût été plus amusant de n'insister que sur sa contradiction : Sarkozy avait prétendu par le passé soutenir cette réforme populaire de Mitterrand, il avait même dit l'avoir "votée" (alors que c'était plusieurs années avant qu'il ne devienne député).

Mme Nadine Morano, la Lefebvre de Lorraine, a été scandalisée par une telle violence symbolique et a demandé la démission de Mme Aubry.

Morano, la Tamerlan de Toul, la Palin de Paris, est en effet très bien placée pour demander une telle modération.

Add.

Le porte-parole de l'UMP, M. Frédéric Lefebvre (le Morano des Hauts-de-Seine) aurait rétorqué avec un esprit de la répartie enviable que M. le Président, lui, n'a pas été condamné à 150 ans de prison.






Soit.



Add.

De mieux en mieux.

Bernard Tapie
a été scandalisé par l'analogie et l'a critiquée en disant que personne ne pourrait reprocher à Nicolas le moindre conflit d'intérêt. Il est des plaidoiries où l'identité du défenseur contredit aussitôt sa tentative.

4 commentaires:

  1. Comparer Lefebvre à Morano c'est compréhensible mais contraindre Tamerlan à une telle proximité c'est humiliant...

    RépondreSupprimer
  2. Mea culpa, c'est en effet un abus d'allitérations (mais je n'osais pas quelque chose de directement insultant du type "Troll de Toul", qui pourrait être mal interprété).

    RépondreSupprimer
  3. Mais Madoff était un as de la comptabilité, non?

    RépondreSupprimer
  4. Oui, Madoff enseignerait très bien à utiliser la comptabilité mais serait très mal placé pour donner des leçons de "saine" comptabilité. Le Président peut à la rigueur enseigner aux politiques à utiliser la maîtrise budgétaire comme prétexte politique mais il ne saurait prétendre atteindre une saine maîtrise. L'analogie n'est pas parfaite, mais cela change un peu du "pompier pyromane".

    L'UMP a pu crier car cela l'associe avec une des conditions de cette Crise alors qu'il prétend en être un remède. Mais un homme qui ne cessait de dire pendant la campagne que les Français particuliers n'étaient pas assez endettés car "s'endetter pour un ménage, c'est une confiance dans l'avenir" et qui faisait l'éloge des subprimes aurait vraiment pu aggraver la Crise si nous avions eu le malheur qu'il soit élu encore avant.

    En revanche, là où je serais d'accord avec Paillé-Lefebvre, est que l'analogie est plus violente symboliquement que l'attaque politique contre Mitterrand. le Président a entièrement le droit de critiquer tous ses prédecesseurs (de même que nous avons le droit de le brocarder). La faute serait plus dans l'incohérence et l'hypocrisie (dire qu'on a toujours été pour la retraite à 60 ans et qu'on l'a même voté, puis que ce fut une réforme absurde) que dans un blasphème de lèse-Mitterrand.

    RépondreSupprimer