La première version de D&D en 1973 n'avait que 3 Classes de Personnages : Combattant (Fighting-Man), Clerc (Cleric) et Magicien (Magic-User). On peut s'interroger sur l'origine de ces trois Classes d'aventuriers. Le Combattant et le Magicien sont assez faciles à identifier comme des héros fantastiques mais on peut un peu plus hésiter sur le Clerc. Le modèle semble avoir été l'Archevêque Turpin dans les Chansons de Geste carolingiennes (et donc dans Three Hearts, Three Lions, 1953 de Poul Anderson, qui y fait allusion et qui fut une influence majeure sur Gary Gygax). Le Clerc apparaît aussi comme une sorte d'intermédiaire entre le Guerrier et le Magicien, meilleur combattant que le Mage mais doté de pouvoirs divins qui ressemblent aux pouvoirs magiques. On remarquera que cette triade existe encore dans la 4e édition à travers la notion des trois "Sources de Pouvoirs" (Martial, Arcane, Divine).
Mais cette distinction ne semble pas bien correspondre aux trois fonctions de la mythologie indo-européenne de Georges Dumézil. Le modèle dumézilien a montré à travers de multiples exemples allant des cycles irlandais au Mahābhārata indien qu'il devait exister un fond de structure sociale derrière de nombreux mythes archaïques des peuples partageant des langues et institutions indo-européennes. Les 3 fonctions sont :
- La fonction magique-souveraine
- La fonction guerrière
- La fonction de fécondité
En revanche, en dehors des Magiocraties, la fonction de la Souveraineté ne semble pas très clairement liée au Magicien. Mais c'est souvent le cas dans les mythes : le Roi est un chevalier (2e fonction) qui a besoin d'un autre représentant de la 1e fonction pour l'investir (Merlin, par exemple).
Une autre solution serait de refonder les trois classes pour accentuer la structure. Le Mage serait alors plutôt une sorte de Roi-Mage et le Clerc pourrait devenir un Médecin-Artisan.
Cela pourrait aussi marcher pour un jeu de science-fiction avec une classe du Capitaine-Explorateur (ou Prince-Psi à la Dune), du Militaire et du Médecin-Ingénieur.
Hmmm... Il me semble que la fonction de fécondité est essentiellement statique, et donc pas forcément adaptée à une aventure. Ou alors il faut imaginer un paysan particulièrement doué (brother Cadfael ?) et on retrouve la pharmacie ambulante. Ça se tient.
RépondreSupprimerLe modèle du Clerc ne se trouve-t-il pas surtout du côté des ordres de chevalerie type Hospitaliers et consorts ?
RépondreSupprimerSelon mon expérience, c'est précisément parce qu'il y a peu d'aventuriers qui pourraient être classés Clerc et parce qu'il n'est pas franchement grisant de servir de pharmacie ambulante que personne n'avait envie de jouer cette classe. Au moins jusqu'à ce qu'elle soit scandaleusement beefed up dans D&D3.
Content de pouvoir vous relire, par ailleurs.
> N. HHH
RépondreSupprimerOn pourrait aussi imaginer une représentation moins statique comme la classe dite des "Houris" ou "Courtisanes" qu'on trouvait souvent dans les fanzines des années 80. :)
Mais le Druide écolo-greenpeace représente le mieux la Fécondité sans tomber dans cet aspect.
> MB
En gros, oui, car le Clerc n'était pas le Prêtre standard (le nom n'est d'ailleurs pas bien choisi, il est bien précisé qu'il s'agit plutôt d'un Moine-Militant). Mais le Paladin a été introduit ensuite comme une synthèse entre Guerrier et Clerc, ce qui a donc plus insisté sur la position sacerdotale du Clerc.
Empire of Petal Throne (1974) avait ajouté une précision supplémentaire où on choisissait si on était Prêtre-administrateur (ce qui conférait un certain pouvoir politique sans être séculier) ou Prêtre-théologien (plus contemplatif et un prestige plus intellectuel dans le Temple).
Le Clerc a la réputation d'être la classe la moins désirée parce qu'elle sert un peu de faire-valoir aux autres et qu'elle peut sembler plus dirigiste si on veut jouer la hiérarchie sacerdotale et les Dieux (même si la première édition ne le détaillait pas).
En un sens, on pourrait dire que dans Runequest la religion a tellement d'importance que tous les personnages sont Clercs (même les Sorciers athées ont une forme de hiérarchie quasi-religieuse).