vendredi 17 septembre 2010

Plus bête encore que les Tea Parties ?



Cela paraît difficile à croire, je sais. Qu'est-ce qui pourrait être plus sot qu'un mouvement d'ignorants racistes qui prétendent lutter au nom des idéaux de la Révolution américains en se laissant lobotomiser par quelques grandes compagnies ?

Mais vous souvenez-vous de mon idole Tunku Varadarajan ?

M. Varadarajan est la justification à lui seul de tout le Blogging, mais comme modèle négatif, car si le Wall Street Journal pouvait publier ses âneries incroyables, n'importe qui devrait aussi abuser de son droit d'expression.

Varadarajan, ancien juriste d'Oxford, est une de ces raretés dans le monde politique depuis le XVIIIe siècle ou bien depuis la fin des régimes fascistes, il est clairement un Burkien britannique à l'ancienne qui croit à la Supériorité héréditaire d'une Classe dirigeante.

Je ne connais personne qui ait vraiment, sérieusement défendu cette idée par des arguments (*) depuis que même l'aristocrate Platon s'en est moqué (la Vertu ne se transmet pas par le sang mais par l'éducation, c'est un point sur lequel il reste socratique).

Et le plus drôle est que notre Tory Varadarajan réfutait aussitôt sa propre théorie en citant comme preuve de ses principes le génie inné et l'élégance naturelle de George W. Bush. J'adore Tunku Varadarajan.

C'est pourquoi quand une partie de la blogosphère se félicite que cet Archi-Conservateur critique le Tea Party, je m'étonne qu'ils ne comprennent pas son point de départ :

"[The Tea] party has succeeded in handing American democracy back to the floundering Democrats....

Confirming the truth that primaries are but a sweaty, vulgar contest in which ideological bully boys stomp to the forefront, Republican die-hards have voted for 'purity,' an elusive concept at the best of times, but in this context a vote for suicide."

On a retenu surtout la fin, qu'il critiquait le critère de Pureté idéologique, comme un pragmatique ou comme le monstrueux Karl Rove.

Mais quand on connaît l'animal, il critique surtout la vulgarité basiste des Primaires. Il doit y avoir quelque chose d'obscène à la simple idée que Nos Maîtres Naturels doivent passer par ce processus désordonné et brutal. Ce qui le choque n'est pas la stupidité des Tea Parties ni même un populisme raciste tant qu'il est bien encadré par le GOP, mais que ces masses plébéiennes osent ensuite se hausser au-dessus de leur position de simples serfs de leurs Supérieurs et s'en prendre aux Gentilhommes qui sont là pour les employer.

  • (*) Une exception notable serait par exemple Joseph de Maistre, ancêtre de notre Xavier de Maistre. Cela explique pourquoi Eric Woerth dans son si judicieux discours de remise de Légion d'Honneur disait que ce Chevalier si Honorable alliait ou réconciliait "les qualités de l'Ancien Régime à celles du monde moderne" (il devait penser à l'alliance de l'oligarchie népotiste et des eaux glacées de l'affairisme).

    Par ailleurs, je pense que Mme Penchard peut certes mériter ce genre de Légion d'Honneur quand on voit où elle en est mais plus de rester dans le gouvernement.

    Add. Oh, je vois que le libertarien Glenn Greenwald et même le fascisant Buchanan avaient déjà une analyse du snobisme dans la critique du Tea Party chez certains Républicains.
  • 3 commentaires:

    1. (mon hystérie de commenteur me pousse encore ici)
      A propos de votre note sur Varakadajan/Finkielkraut:
      Le sort qu'on fait subir régulièrement à l'intelligence (régulièrement accoutrée en "idéologie") ressort de son caractère plat et obstinément obtus. L'angle littéraire toujours un peu fin-de-race dans son amour utérin des faux-semblants, du nuancé, de l'intelligence du coeur et des évidences senties dirait d'ormesson se retrouve chez un radiochroniqueur libéral, A-G Slama, toujours prompt à moquer le dialectisme froid de la pensée de gauche. La peur d'être Homais conduit parfois à la canaille.

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    2. Mais Slama est-il toujours cohérent ? A part le fait qu'il se réclame sans cesse de Raymond Aron, il n'a pas un fil directeur très clair. J'ai souvent du mal à voir le rapport entre ce qu'il écrit dans le Figaro, très à droite, parfois caricatural, et ce qu'il écrit pour France Culture, où il joue parfois un peu plus un intellectuel libéral mais critique.

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    3. Quitte à me contredire hystériquement (je ne me souhaite pas comme commentateur), J'écoute toujours Slama avec plaisir parce qu'il se situe en droit dans une filiation politique cohérente et un prolongement pas nécessairement idéologique; de plus c'est une des rares occasions qui m'est donnée (ne lisant pas plus le figaro qu'un militant du NPA) d'entendre une pensée alternative aux lieux-communs de la gauche - telle que le péquin moyen l'apprécie. Pareil pour l'occultiste Adler d'ailleurs.
      Je crois que ce qui ne fait pas de Slama un simple strauss-kahnien, c'est la défiance de la foule, du parti, de la multitude, des évidences morales, ce qui le ramène à Tocqueville je suppose.
      Néanmoins Slama sonne parfois très Figaro, même si bien moins souvent que le romantique Finkie.

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