samedi 30 octobre 2010

[JDR] [Modules] La "série B" (XII/XII)

Le B12 Queen's Harvest (1989) conclut la série des modules de base D&D. Après la déception du B11 qui assimilait, comme souvent, module d'introduction et histoire un peu "basique", Carl Sargent approfondit enfin un peu plus son cadre de jeu dans ce domaine de Penhaligon.

Après avoir sauvé le prêtre Aralic avant la Fête du Roi (festival que je n'ai pas retrouvé dans le calendrier du Karameikos), les personnages ont trouvé une lettre au mage Kavorquian qui l'avertissait du fait que la "Reine" préparait sa "moisson". Les aventuriers repartent donc au début simplement pour servir de facteurs. Mais Kavorquian Penhaligon, oncle de la dame Arteris Penhaligon, vient de mourir de causes apparemment naturelles et sa femme (qui n'est pas la Reine en question) l'aurait aussi quitté il y a longtemps. Un homme manchot qui se présente comme son fils, Lord Kaerin Penhaligon, reçoit la lettre et demande aux aventuriers de l'aider à reprendre possession de la demeure de son père (un peu comme dans le B9 on les engageait pour nettoyer le Château Caldwell).

Toute équipe un peu paranoïaque doit se mettre à redouter un piège et le seul retournement est en fait que contre toute attente, il n'y a pas vraiment de retournement (alors qu'un personnage manchot est souvent un code narratif pour un traitre et que la veuve mentionnée pourrait faire penser qu'elle est la "Reine" dans la lettre). La Maison Penhaligon est un peu une occasion manquée car la famille n'a pas des personnages si originaux (surtout comparés à la famille démente des d'Ambreville dans le module Mark of Amber).

Ce premier donjon sous la maison du mage n'est pas particulièrement marquant. Kavorquian a l'air d'avoir pratiqué des expériences sur des créatures qui semblent peu orthodoxes mais il n'y a pas vraiment de révélations en dehors de son journal qui explique enfin qui est la "Reine" du titre : la Dame Ilyana, demi-soeur illégitime de la Dame Arteris, qui amasse des troupes de mercenaires et de créatures humanoïdes dans le nord du domaine de Penhaligon et prépare une "moisson sanglante" pour conquérir le domaine de son père.

Les aventuriers font ainsi la connaissance du Patriarche Sherlane, seigneur ecclesiastique de Threshold, qui va donc les introduire vers les intrigues politiques de tout le Grand Duché du Karameikos. La suite de l'aventure doit les envoyer vers des expéditions contre les troupes de la Reine et mener une guerilla d'attrition.

SPOILER Un des objets intéressants du coin est l'Epée chaotique intelligente de la Reine-Guerrière Elendorath d'Haradraith (le nom sonne étrangement tolkienien). On n'a pas plus de détails sur cette Reine (même si certains fans de Mystara ont ensuite écrit des histoires non-officielles sur une "Reine-Vampire" du passé du Traladara). Carl Sargent aime bien ce genre d'Epée intelligente qui peut prendre le contrôle des personnages (le modèle classique étant bien sûr l'épée maléfique Noirrasoir dans le vieux module S2 White Plume Mountain, 1979). De même, dans la campagne Night Below, l'épée Tueuse d'Ailerons est Neutre-bonne mais obsédée par sa croisade contre les Kuo-Toa des abysses.


  • Bilan
    Le B12 montre bien l'évolution des modules D&D vers un arrière-fond plus développé - surtout par rapport au B2 qui était si déconnecté et si abstrait. Un défaut de cette approche est que les personnages ne partent plus en libre exploration (le fameux "bac à sable" qui permet aux joueurs d'aller en n'importe quel sens sans se sentir contraints par une intrigue du narrateur) ; ils se font désormais engager par des personnages secondaires, ce qui peut apparaître comme une convention plus dirigiste (le pire étant le B8 où les personnages peuvent vraiment avoir l'impression d'être des pions dans un jeu qui ne peut pas vraiment les intéresser).

    Le B12 est nettement moins riche que le B4 ou le B10 mais dans ce genre un peu étroit du module introductif, il a au moins l'avantage d'avoir quelques personnages non-joueurs un peu intéressants. Mais on est très loin de ce que Carl Sargent a pu faire dans son classique pour Warhammer, Power Behind the Throne.
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