jeudi 27 janvier 2011
Attrape-nigoogle
Je ne laisse plus faire de devoirs à la maison (sauf facultatifs) car la plupart des élèves se contentent de recopier des pages sur Internet. Pour faire un rattrapage, je n'avais pas le choix chez un élève (qui avait déjà eu un premier 0 au premier trimestre pour plagiat) et il m'a à nouveau rendu une copie qu'il ne s'était même pas donné la peine de recopier à la main, copiant-collant directement le texte par ordinateur. Le plagiat était clair dès la lecture mais j'avais beau googler les phrases les mieux écrites, aucune trace sur Internet. J'allais désespérer en me disant qu'il avait pu se la faire écrire par un mercenaire quand j'ai enfin mis sur Google un paragraphe qui apparaissait dans un site payant (3,60euros, il s'est fait avoir), qui ne laisse voir qu'un tout petit fragment.
Oui, même quand ils vont sur les sites payant on peut les confondre grâce au petit paragraphe promotionnel!
RépondreSupprimerJe trouve que l'impossibilité de donner un devoir à la maison pour cause d'inévitable plagiat concerne surtout les dissertations. Pour les explications de texte, il est encore possible de trouver des extraits qui n'ont pas de corrigé sur internet.
Enfin, j'espère que vous aussi vous appréciez en gourmet de pouvoir lire de magnifiques corrigés payants qui défendent la rigueur kantienne en matière morale ou l'absolue nécessité de penser par soi-même!
Un truc amusant quand on rend ce genre de copies, c'est de suggérer qu'on pourrait être celui à qui ils ont acheté le corrigé ...
RépondreSupprimerOn a eu ça à paris8 en socio, sur un memoire de master. L'etudiant a du partir sans son diplome.
RépondreSupprimerJe ne compte pas le nombre de commentaires de lycéens désespérés appelant à l'aide pour tel ou tel sujet (le dernier en date étant celui-ci, que je pense néanmoins enlever sous peu).
RépondreSupprimerMon meilleur souvenir concerne tout de même ce texte, où je reçus par mail une demande très ferme avec presque menace de suicide, m'enjoignant à retirer de toute urgence ledit texte du site pendant quelques semaines, ceci afin de permettre à une étudiante qui l'avait repris intégralement pour l'un ou l'autre mémoire de ne pas éveiller les soupçons de plagiats.
Avec les histoires d'horreur qu'on entends sur l'éducation nationale de nos jours, vous voulez nous faire croire que vous arrivez à filer des 0 à vos élèves sans vous faire tabasser à la récré juste derrière ?
RépondreSupprimer> Elias
RépondreSupprimerC'est vrai, mais quand je découpe les textes moi-même, ils recopient un corrigé sur un texte similaire. C'est facile à voir, cela dit.
Au premier trimestre, j'ai eu une copie de dissertation qui était un copié-collé de Voltaire, entrée Préjugé du Dictionnaire philosophique.
> Baptiste C.
Avant de lire l'archéologie du copier-coller, je pensais que le problème se limitait aux mémoires de M1, et que cela n'allait pas jusqu'aux thèses.
> Anonyme
C'est justement cela la crise de l'enseignement : ils s'en fichent, du zéro. Même les heures de colles.
La vraie violence serait de leur confisquer leurs portables, mais c'est devenu une propriété inaliénable.
Un truc que je trouve fascinant : en sciences, on est relativement épargné par le plagiat. Il est impossible de copier-coller des équations depuis le Web !
RépondreSupprimer> Tom Roud : ce n'est pas vrai par exemple en informatique... il faut être très prudent avant de demander à des étudiants d'écrire du code C ou Java chez eux.
RépondreSupprimerPlagiaires anonymes : je me souviens de ma propre tentative en 4ème, une professeure d'anglais nous avait donné à rédiger je ne sais quel texte, mettons la biographie d'un personnage étudié en cours. A l'époque ce devait être le début du CD Rom en France et Internet n'était encore qu'une vague rumeur. Tout fier de l'encyclopédie Britanica que mes parents avaient achetée et de la supériorité technologique de mon foyer, j'avais fait un bête copier-coller.
Après un zéro pointé et une heure de colle, j'étais resté à l'époque convaincu d'être dans mon bon droit : l'enseignante nous avait demandé de lui fournir une biographie en anglais, mais elle n'avait pas précisé que ce devait être une production PERSONNELLE.
> LD
RépondreSupprimerj'étais resté à l'époque convaincu d'être dans mon bon droit
:-)
Sérieusement, je crois qu'il y a beaucoup d'élèves qui croient vraiment que c'est quelque chose de normal, et pas juste un jeu dangereux.
C'est un cas où les Moeurs de fait font l'illusion du droit : certains ont l'impression que ce doit être tellement répandu que ce ne peut être que du rigorisme moral obsessionnel si on le leur reproche.
Comme disait Elias, cela s'accompagne souvent de contenus sur "Chacun doit penser par soi-même", sans qu'ils y voient un problème.
Ca s'est conclu de manière étrange. J'ai rendu la copie, avec le zéro et il a continué à nier, même si je lui donnais l'URL et le texte recopié mot pour mot.
RépondreSupprimerUn cas de Pierre Ménard, auteur du Quichotte, semble-t-il.
@Gnouros
RépondreSupprimerDésolé pour le retard à la publication (le filtre du blog craint les posts avec mails, pourtant là c'était en français).
C'est un beau renversement de la charge : le plagiaire exigeant que l'auteur retire son original !