Fillon a tenté de rassurer le Figaro en disant que le Président était naturellement le seul et le meilleur candidat. La formule redondante semble presque prouver qu'il ne serait ni l'un ni l'autre (même si on peut douter que Villepin ose se présenter pour seulement 5-6%).
Mais là où il va encore plus loin, c'est maintenant que certains sondages confirment la possibilité d'un 21 Avril à l'envers :
Lundi, M. Fillon a fait porter la responsabilité de la montée de Mme Le Pen dans les sondages à la gauche.
"L'opposition devait aussi s'interroger sur sa propre attitude et sa propre responsabilité dans cette situation", a-t-il dit, en dénonçant le fait que "depuis 4 ans, jour après jour, avec une violence extrême (...) le Parti socialiste dénigre le président en employant des formules dont les plus récentes sont absolument odieuses".
Donc si l'extrême droite monte dans le pays, ce n'est pas du tout parce que le Président assimile immigration et insécurité dans son discours de Grenoble, donnant ainsi raison à tout le discours des Le Pen, non, c'est parce que l'opposition ose lui reprocher d'avoir contribué à cette montée !
Je ne veux pas choquer Hugues, mais si cela continue et qu'on a un 21 avril bis, que Sarkozy passe le premier tour avec Le Pen, je suis de plus en plus tenté d'imiter l'électeur UMP face à Martine Aubry, et ne pas me déplacer non plus.
Certes, certes, je sais, c'est jouer avec le feu, mais Sarkozy gagnerait quand même très probablement avec 55% des voix dans un scénario d'abstention de la gauche, et la France serait déjà assez déshonorée pour qu'on ne ressente plus le besoin de la préserver par sens du devoir républicain.
Merci de nous ressortir ce vieux billet : il est rassurant de voir que, un an et demi avant les dernières élections présidentielles, nous étions aussi incapables que cela de discerner le futur.
RépondreSupprimerL'argument de M. Filon n'est pas pertinent ; celui de M. Bourlanges l'est bien davantage : c'est parce que le l'actuel Président est le pire candidat qu'il doit être le seul - pas retrouvé la formule exacte, c'était là.
Comme je l'ai écrit ailleurs, il va devenir urgent de réaliser de sondages sur les intentions de vote au second tour, Mme Le Pen étant opposée soit à un candidat de la droite parlementaire, soit à un candidat de la gauche parlementaire. Ne serait-elle pas susceptible, dans ce dernier cas, de réaliser une meilleure performance que le candidat sortant ?
Enfin, on peut se demander si l'on n'arrivera à se débarrasser du lepenisme national autrement que l'on a fait pour le lepenisme municipal : en le laissant se discréditer à faire n'importe quoi.
Si nous étions vraiment un pays parlementaire, on pourrait peut-être espérer qu'une majorité de coalition UMP-FN finirait par discréditer le FN (encore que les exemples italiens ou suisses ne montrent pas vraiment cela - l'Alliance nationale et l'Union démocratique du centre ne semblent pas avoir décliné après avoir été associées au pouvoir).
RépondreSupprimerMais dans une république semi-présidentielle avec un pouvoir aussi peu limité que notre monarchie élective, les conséquences seraient vite dramatiques et on ne pourrait donc même pas se permettre ce quinquennat transitoire de n'importe quoi.
Mais la question reste théorique. Pour l'instant, même Claude Goasguen (qui demande plus de débat sur l'identité nationale pour lutter contre le FN) n'appelle pas à une alliance.
RépondreSupprimerIl faudrait voir si cela changerait le soir après un "21 avril à l'envers", mais j'en doute. L'électeur UMP pourra s'abstenir ou voter Le Pen, Valeurs actuelles et le conseiller Patrick Buisson appelleront à une coalition mais l'appareil aura quand même des réticences.
Le soir après un "21 avril à l'envers", le temps manquerait sans doute pour un, disons, retournement d'alliance : il avait manqué en 2007 pour conclure une alliance Royal-Bayrou. C'est pour cela que je serais curieux de connaître les évolutions au fil des mois s'il apparaissait que le meilleur candidat de droite pour battre la gauche était d'extrême droite. Mon point de vue, c'est que Nicolas Sarkozy est aussi détesté à droite qu'à gauche et que nul n'a envie de mourir pour lui, tant et si bien qu'il pourrait être abandonné en route s'il ne fait plus peur à ceux qui le soutiennent.
RépondreSupprimerEnfin, mon pronostic en l'état reste qu'il sera réélu mais qu'il ne disposera plus d'aucun pouvoir pour son second mandat, faute de bénéficier d'une majorité parlementaire - qui est déjà bien renâclante - et dans l'impossibilité où il sera de menacer de se présenter à nouveau.
Marine Le Pen Présidente, surtout sans majorité parlementaire, pourrait bien être populaire mais cela ne rejaillirait pas nécessairement sur son parti.
(Et sinon votre anti-spam est toujours aussi rigoureux : mon commentaire sous Pertinence vs Paradoxe n'est pas passé...)
Si DSK se présente, on aura un 21 avril à l'envers : j'entends beaucoup de déçus du sarkozysme dire qu'ils voteront DSK au lieu de s'abstenir si c'est lui qui passe l'obstacle des primaires. Mais ils ne voteront jamais Aubry ou Hollande. La peur d'un 21 avril soigneusement entretenue par des sondages comme celui-ci dissuadera suffisamment d'électeurs de gauche de s'éparpiller vers les petits candidats pour que DSK conserve une petite marge d'avance sur Sarko.
RépondreSupprimerEt ce sera bien Sarko le candidat car personne n'osera le renverser meme avec des sondages catastrophiques : ses conseillers ressortiront l'exemple balladurien et Copé sera trop content que Sarko soit battu en 2012 pour augmenter ses propres chances en 2017.
Pour éviter tout cela il y aurait bien une solution technique : rendre le vote obligatoire au second tour des présidentielles…
> Samuel
RépondreSupprimerJe devrais toujours préfacer tout propos politique par le rappel que j'avais écrit en 2006 que Sarkozy ne serait jamais Président... :)
Mais je ne suis pas complètement convaincu par DSK.
Il est plus haut que les autres Socialistes dans les sondages mais on a toujours ce phénomène curieux de "la Reine d'Angleterre" ici : celui qui ne fait rien (du moins de notre point de vue ici) et est "lointain" devient d'autant plus populaire et prestigieux (d'où le succès de Mitterrand ou Chirac grâce aux Cohabitations).
Dès que DSK fera campagne, il rappellera aux centristes qu'il est le père des 35 h et/ou il effrayera la gauche par sa défense des stock options.
DSK a un potentiel pour s'effondrer à partir de la campagne : il marchera à Paris et chez des notables (il peut attirer une part de l'électorat de Bayrou) mais il va susciter de nombreux phénomènes que les sondages ne mesurent pas encore : (1) l'antisémitisme, (2) la gauche anti-libérale alors qu'il dirigeait le FMI, (3) le rappel des ambiguïtés sur la MNEF (quand il donnait des conseils pour des milliers d'euros), (4) et la défiance compréhensible à l'égard d'un individu qui semble vraiment présenter un personnage intempérant si une part des rumeurs sur les harcèlements sont vrais.
Quelle que soient sa faiblesse persistente dans les sondages (et ses atermoiements sur Guérini), Martine Aubry continue à me paraître la candidate naturelle. Le sondage qui lui donne 19-23 donne aussi 22-26 à DSK, la différence est peu significative.
Hollande pourrait monter mais j'imagine mal qu'il puisse faire disparaître son image d'hésitation.