vendredi 1 avril 2011
[Alphabet d'Avril] A comme Arak
Arak, le Fils du Tonnerre est une bande-dessinée (50 numéros, 1981-1985) créée par le scénariste Roy Thomas et le dessinateur Ernie Colón. Arak apparaît d'abord comme une imitation de Conan le Barbare (adapté par le même Roy Thomas chez Marvel) mais le pastiche me paraît plus intéressant que l'original. Arak est en effet un Amérindien (sa tribu doit vivre plutôt au Canada) qu'on retrouve enfant en plein Océan atlantique et qui va être adopté et élevé par des Vikings scandinaves païens au début du IXe siècle (une influence de la bd belge Thorgal, publiée en 1977, me paraît vraisemblable comme Roy Thomas était plus érudit que la plupart des scénaristes habituels). Mais contrairement à Thorgal, qui demeure dans un univers fantastique assez peu situé, Arak est confronté à des personnages et des lieux historiques ou surtout littéraires.
Par exemple, dans le 4e épisode illustré ci-dessus, Arak va, armé de sa fancisque/tomahawk, à la Cour des Paladins de Charlemagne à Aix-la-Chapelle. Il entre dans un monde fondé sur la littérature italienne de la Renaissance, plus inspiré par l'Orlando Furioso de l'Arioste (fiction où s'était aussi rendu le personnage Harold Shea) que par les chansons de geste françaises (même si on apprend que Roland vient de périr à Roncevaux). Arak va lutter contre l'Irminsul saxon (l'arbre que l'on voit sur la couverture). La sorcière Angélique de Cathay-la-Blanche va devenir sa némésis et Arak tombe amoureux de Valda, la vierge guerrière (version bien plus réaliste que toutes les Red Sonja), fille de la vaillante Bradamante. Valda a appris les armes auprès du fantôme d'Amadis des Gaules et elle est l'amie du magicien Maugis (Malagigi en italien).
Dans son Odyssée de 50 numéros (+ un numéro Annuel), Arak se fit d'autres compagnons, dont le dernier satyre dionysiaque et le centaure Chiron, les derniers Omeyyades réfugiés à Damas (couverture du n°35 au-dessus), Sinbad le Marin des Mille et Une Nuits, Hārūn al-Rashīd et il arrive même jusqu'à la Chine des Tang (sans doute sous le règne de Xianzong). Hélas, Roy Thomas ne put jamais achever cette Arakssaga. On se doute qu'il réussit à franchir le Pacifique pour rejoindre l'Amérique par l'ouest, bien avant Leifr Eiríksson ou Zheng He - il est vrai qu'Asterix, Thorgal ou Prince Valiant aussi ont voyagé en Amérique). Roy Thomas créa ensuite dans d'autres comic-books certains superhéros amérindiens (le Canadien Flying Fox, le shaman/mutant maléfique Arak II Wind-Walker) dont on apprit qu'ils étaient des descendants d'Arak au XXe siècle (oui, ils connaissent leur généalogie sur plus d'un millénaire).
Arak ? Vous vous laissez la possibilité de faire vingt-six billets sur les boissons alcoolisées ?
RépondreSupprimerDemain le Brännvin !
RépondreSupprimerBon, son nom n'a pas de sens, s'il a été élevé par les Nordiques, ils auraient pu l'appeler Eirīkr, comme Erik le Rouge.
Vu récemment le film (médiocre, mais avec une bonne "imagerie") "Pathfinder", avec Karl "Eomer" Urban, jouant un enfant viking adopté & élevé par des indiens (de même, apparemment canadiens) - et qui se retourne contre les nordiques quand ceux-ci, traités un peu à la Frazetta ou en proto-nazis, redébarquent pour exterminer gratuitement les bons sauvages… C'est donc un peu l'inverse, plus plausible d'ailleurs, d'Arak: Karl = "Kara"?
RépondreSupprimerC'est une inversion intéressante avec les Vikings en Conquistadors et un "Nävi/Little Big Man" scandinave.
RépondreSupprimerLe film a eu aussi un graphic novel et je vois qu'il était en fait une réadaptation "libre" d'un film norvégien (sauf que dans l'original, les Bons Sauvages étaient des Lapons de Finlande, pas des autochtones de Terre-Neuve).