vendredi 13 mai 2011

D'exciter une flamme à la cendre arrachée



Contrairement à notre ancien Premier ministre Michel Rocard, je ne suis pas certain qu'il soit si vital de "rapatrier DSK" du FMI vers nos humbles RMI comme s'il était une sorte de ressource nationale indispensable.

La distance transatlantique semble lui avoir conféré une aura de génie économique qu'il n'a jamais manifesté si visiblement quand il était à Bercy. DSK plaît certes beaucoup à ce qu'on pourrait appeler de manière commode "la Technostructure" et n'effraye pas le Centre. Avec son "Cercle de l'Industrie" il doit déjà avoir un meilleur carnet d'adresses qu'un avocat d'affaires de Neuilly (cela explique les quelques 200 mois de RSA que lui avait donné la MNEF en 1997).

J'ai voté DSK pour les dernières primaires internes du PS (à l'époque, j'espérais faire barrage à une autre candidature choisie par les sondages).

Je ne sais pas si j'aurais dû préférer Laurent Fabius, parce que je ne sais absolument pas qui est Fabius (et je crains qu'il en va de même pour Fabius lui-même, toujours très à gauche dans l'opposition et qui se calquait sur DSK à Bercy en demandant à Jospin encore plus de baisses d'impôt progressif).

Je ne sais pas ce qui causera le plus de tort à DSK lors de la campagne mais il semble être fait pour une Chabanisation éclair dès qu'il entrera dans la lice. Je ne parle pas de petites bassesses comme cette campagne idiote du Figaro sur la Porsche. Mais DSK continue à croire que l'enjeu de sa vie personnelle ne sera pas un problème dans un pays latin. Mais quiconque a vu l'interview de Melle Banon vers 2007 peut craindre que cela ne se réduise pas à des questions de vie privée (si du moins, il y a la moindre part de vérité).

Et je ne sais pas ce qui va lui causer le plus de tort : ce passage si franc mais glaçant de son livre d'après 2002 La Flamme et la Cendre (qui évoque la fameuse controverse actuelle sur ce rapport de la fondation Terra Nova), l'analyse de ses conceptions économiques ou bien, pire encore, ce site DSK Vrai ou Faux qui est censé le défendre avec une langue de bois contre-productive.

Comme je reste un peu effrayé par le manque d'anticorps anti-totalitaires chinois de M. Mélenchon et que je ne crois pas au personnage de Montebourg, il ne reste que M. Aubry. Mais le récit médiatique a déjà décidé que c'était Hollande et plus Aubry qui serait l'Autre candidat viable. Il donne parfois l'impression qu'il suffit de jouer une sorte d'imitation de Mitterrand pour être un bon candidat mais il a quand même moins de casseroles que DSK.

9 commentaires:

  1. Le nouveau président, quel qu'il soit, aura de toute façon une marge de manœuvre très réduite : nous somme tenus par nos créanciers.

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  2. Oui, de ce point de vue, DSK aurait peut-être l'avantage de "rassurer" les agences de notation et un peu moins d'attaques spéculatives contre l'Euro (?).

    Alors que Hollande ou Aubry feront (comme Mitterrand-Mauroy en 1982) un virage après une commission d'audit disant que les comptes sont pires qu'ils ne l'imaginaient et donc qu'ils vont quand même faire un plan de rigueur.

    Mais au moins, ce plan de rigueur aura infiniment plus de chance d'être plus juste que celui que ferait Badinguet avec 5 ans de plus.

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  3. e trouve que tu as vraiment tort sur Strauss-Kahn. Le lien vers ses
    conceptions économiques montre qu'il est une "économisate
    néoclassique", ce que déteste la partie provinciale de la gauche
    française, mais ce qui est le cas de tous les économistes sérieux, y
    compris les plus à gauche comme Stiglitz, Krugman, et, en France,
    Piketty. (Krugman critique vertement ses confrères anti-keynésiens,
    mais au nom du néo-keynésianisme qui est lui-même fondé sur des idées
    néo-classiques, et qui correspond du reste aux conceptions économiques
    de DSK, comme Krugman l'a lui-même noté à propos du FMI). Concernant
    l'extrait sur les classes moyennes qui seraient le socle de PS, plutôt
    que les classes les plus pauvres, c'est juste une évidence, à mon
    avis. Les classes populaires blanches semblent préférer Le Pen, comme aux Etats-Unis elles préfèrent Sarah Palin.
    J'ajoute par ailleurs que contrairement à ce que tu dis, DSK a brillé à Bercy et a fait une politique plutôt redistributive (augmentation de
    l'impôt sur les sociétés, emplois jeunes, pas de baisse d'impôts pour
    les plus riches contrairement à Fabius), beaucoup plus que tous ses successeurs.

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  4. @Anonyme: "Les classes populaires blanches semblent préférer Le Pen, comme aux Etats-Unis elles préfèrent Sarah Palin."

    Peut être parce que ceux qui sont censé les défendre i.e. la gauche les méprisent profondément et ne prennent même pas la peine de le cacher.

    @Phersv: J'avais également tendance à penser qu'Aubry était la candidate "naturelle" du PS. Mais j'avoue que son coté stratège de bas étage commence à me faire douter de ses capacités. Franchement tergiverser face à un Guérini qui finira de toute manière en prison, ce n'est plus de la prudence, c'est une faute.

    Mon vrai problème avec DSK, c'est son comportement envers les femmes. Je ne crois pas qu'il soit acceptable de confier des responsabilités à quelqu'un qui semble incapable de se contrôler dès qu'une jupe se trouve dans les parages. Et si ce ne sont que des rumeurs, il doit y mettre fin avant d'envisager de diriger un pays.

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  5. > Anonyme (Insp.)
    Là où je suis d'accord, c'est qu'on oublie souvent que DSK fut en fait l'homme des 35h par exemple (dans l'opposition) alors que Martine Aubry ne s'y rangea que par discipline de Parti.

    Thomas Piketty pouvait conseiller DSK et lui faire des fiches à Bercy mais ses articles de 1997-1999 montrent qu'il trouvait que DSK aussi baissait trop les impôts ( par exemple, même si Piketty détestera vraiment Laurent Fabius en 2000-2002, c'est vrai - je crois que c'est d'ailleurs ce qui m'avait le plus influencé en dehors du TCE à préférer DSK).

    Concernant l'extrait sur les classes moyennes qui seraient le socle de PS, plutôt que les classes les plus pauvres, c'est juste une évidence, à mon avis.
    Le passage (du moins tel que je le lis) n'est pas que descriptif, mais bien normatif. Il ne dit pas seulement que de fait la sociale-démocratie a les classes moyennes comme socle mais que ceux qui payent l'impôt et transmettent des héritages sont ceux qui ont une "valeur".

    Je ne dis pas qu'il y a un espoir d'Ouvriérisme au PS mais ce mépris est une sorte de prophétie auto-réalisante.

    Si on donne comme programme que seuls les Héritiers ont de la valeur sociale, il ne faut pas s'étonner en effet si ceux qui ne peuvent rien transmettre n'ont plus confiance et ne votent plus pour les Partis de gouvernement.

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  6. Bon l'affaire semble entendue et il vaut mieux que cela ait lieu maintenant qu'après sa désignation (bizarre cependant que le DG du FMI ne dispose pas de privilège diplomatique).

    Reste l'homme normal Hollande et son anse,ce totale de charisme, Fabius impopulaire depuis vingt ans et sans doute Aubry si elle parvenait à dynamiser un peu son attitude.

    En tout état de cause, avec en plus l'aide de Mélenchon et Hulot, probablement un boulevard pour NS.

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  7. Oui, tout cela est effrayant, mais en un sens, cela arrive assez tôt. On imagine l'effet si c'était arrivé l'an prochain.

    J'en veux presque à Aubry de n'avoir pas fait plus pour empêcher cette candidature alors que tout le monde connaissait l'affaire de Strauss-Kahn sur Melle Tristane Banon.

    Je n'avais pas pensé au fait qu'il aurait pu avoir une immunité diplomatique en tant que directeur d'une organisation internationale. Je pense que les délégués de l'ONU, par exemple, sont connus à New York pour ne pas payer leurs amendes.

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  8. Si les faits se confirment, la non-candidature de Strauss-Kahn a la présidentielle, aura quand même une autre gueule que les non candidatures de Rocard puis Delors...

    C'est quand même hallucinant cette incapacité à maîtriser ses pulsions. On ne peut pas dire qu'il manque d'incitation à le faire, ni qu'il soit dans l'impossibilité de les satisfaire par des voies moins problématiques.

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  9. On m'avait dit en 1995 que la vraie raison pour laquelle Delors ne se présentait pas était physique : il avait une sciatique et ne pouvait pas faire campagne (et comme j'en ai une depuis cette semaine, je compatis vraiment). Mais il a dit publiquement que la vraie raison était seulement politique et qu'il ne croyait pas qu'il pourrait avoir une majorité pour sa politique.

    Le problème de DSK a été psychopathologique et pas seulement politique ou physique. Un homme qui pouvait avoir toutes les prostituées qu'il voulait avait besoin de la contrainte pour sentir un "power trip". Je sais que je fais de la pseudo-psycho populaire et très vulgaire, mais tant pis : la politique ne peut qu'attirer ce genre de personnalités mégalomanes sadiques.

    En un sens, Clinton, que j'aime bien défendre comme tous les Français, avait un goût pour la prise de risque assez déconcertant (même si à part Paula Jones, on n'a pas des accusations de harcèlements qui vont aussi loin).

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