dimanche 25 septembre 2011

[JDR] En relisant... Casus Belli (17)

(et oui, je n'avais plus repris la série depuis avril dernier)

Casus Belli n°17, novembre 1983, 48 pages.

Ah, cette couverture verdâtre de Didier Guiserix, presque archétypale tant elle ressemble à la couverture du jeu Call of Cthulhu lui-même. Adèle Blanc-Sec (avec un petit air de Laureline) en mission avec Blake & Mortimer devant une maison hantée sur un cimetière de marais, avec des tentacules. Cette couverture est si réussie que même un Lovecraftophobe comme moi aurait envie d'y jouer.

Nouvelles du Front Ca y est, c'est l'arrivée des jeux français avec une publicité pour L'Ultime Épreuve (avec ses deux premiers modules, CB lui reproche d'être relativement cher) et Légendes celtiques ("pas aussi complexe qu'un examen superficiel pourrait le laisser supposer" - mes deux campagnes de 1984 en sont restées à cette impression superficielle). Légendes celtiques fut en partie illustré par Didier Guiserix et influença en partie le jeu bien plus simple Méga. La première édition coûtait 179 francs de 1983 (d'après l'Insee environ 50€ 2011, ce qui n'est pas loin des prix actuels).

Dans les actualités, on parle aussi du jeu sur l'Antiquité Man, Myth & Magic (1982), en prétendant qu'il "commence à s'implanter" en Angleterre, ce qui ma paraît douteux, de Mercenaries, Spies & Private Eyes, de Star Frontiers, encore une fois de la ville pour Thieves'Guild, Free City of Haven (toujours appelée "Heaven"), de la campagne Shadows of Yog-Sothoth, de la Guilde du A.

Devine qui vient dîner ce soir
Deux créatures par Denis Gerfaud : la Zyglute (un oiseau échassier tripode qui peut pondre des pierres précieuses, on la retrouve ensuite dans le scénario du n°19 de Gerfaud et dans la faune de son jeu Rêve de Dragon) et la Grincette (une sorte de grillon dont le son crée des spasmes nerveux paralysants). Philippe Fassier, l'illustrateur de Jeux & Stratégie propose aussi un minéral (le diapyrame) et un végétal (le plant du mage) originaux : ils peuvent magiquement déployer une carte de tout l'environnement autour de celui qui les pose.

Les Combats dans Runequest
Denis Gerfaud explique et synthétise les règles simulationnistes de RQ. Une des fonctions des articles de l'époque était encore d'aider ceux qui avaient du mal avec l'anglais. L'article est tellement développé (comme certains résumés d'AD&D dans Runes) qu'il pourrait presque remplacer la lecture du système. Je me souviens avoir testé ma première partie de Runequest avec le scénario publié dans le numéro suivant sans avoir encore autre chose que ce résumé.

L'appel de Call of Cthulhu
Encore Denis Gerfaud, sur un autre jeu Chaosium comme Runequest. Casus Belli ne devine probablement pas que quinze ans après ils publieront leur propre édition du Basic System en version générique (BaSIC, Casus Hors-série #19, juin 1997). Gerfaud y dit deux fois que Call of Cthulhu est peut-être le premier jeu de rôle qui ne soit pas "un wargame déguisé". Cela me paraît injuste pour Bushido par exemple dont CB venait de parler dans le #15 et qui développe le rôle du personnage assez profondément.

Nocturne pour Violon
Martin Latallo, qui avait déjà écrit le scénario pour l'autre jeu des Années Folles Daredevils dans le #16 rédige le premier module du magazine pour Call of Cthulhu. Latallo reprend sa présentation par "scène" en distinguant dans l'organisation de l'aventure les Evénements (qui peuvent se produire à cause d'actions ou bien automatiquement) et les Informations (qui dépendent de recherches des personnages). Cette histoire de petit violoniste qui va basculer dans un cauchemar irréel capte bien l'ambiance et doit être la première aventure "urbaine" de Casus Belli comme il faut se promener dans divers quartiers d'Arkham, la cité créée par H.P. Lovecraft.

Le Jardin d'Olphara (module AD&D, Niveau 5-7)
Le même Martin Latallo rend encore hommage aux pulps dans son scénario AD&D, qui est inspiré de la nouvelle de Clark Ashton Smith dans son monde de Zothique, "The Garden of Adompha" (Weird Tales, avril 1938, repris en français dans Meilleurs récits de Weird Tales, 3, J'ai Lu, 1979). Ce serait très traditionnel sans cette référence à l'oeuvre de Clark Ashton Smith. Tom Moldvay, l'auteur du B4 The Lost City, a aussi repris le même auteur dans son module X2 Castle of Amber.


Dans le Grand Royaume décadent dirigée par "l'Empereur-Dieu", il s'agit d'enlever une mystérieuse jeune femme, Perle-de-Cristal, capturée par Olphara, fournisseur de concubines pour l'Empereur-Dieu. Son cruel "Jardin" aux fleurs monstrueuses ferait sans doute perdre bien des points en Santé Mentale aux personnages si le scénario était pour Cthulhu. Je trouve que ces vieux scénarios des numéros 15-17 n'ont pas besoin de la nostalgie pour être appréciés.

La section Ludotique fait l'éloge de la première traduction française de Wizardry et parle notamment d'un "jeu de rôle" de science-fiction sur ordinateur, Galactic Adventures (1982). Les graphismes sont ultra-simplistes, quelques pixels à la Rogue, mais le jeu ressemble un peu à un Traveller. Les joueurs créent un aventurier au XXXe siècle et peuvent se balader dans l'univers connu en améliorant leurs compétences et en accomplissant divers jobs.
En dehors des Humains, il y a plusieurs races extra-terrestres assez loufoques : les Koraci (gnomes violets tellement fans de Flash Gordon qu'ils ont rebaptisé leur monde Mongo), les Cygniens (des aviens qui ressemblent à BigBird/Toccata de la Rue Sésame), les Wodanites (des Vikings de l'espace comme dans H. Beam Piper, plus grands que des humains normaux), les Froglodytes (amphibiens qui ont deux petits bras en plus pour mieux nager), les Dulbiens (des sortes de mammouths velus avec des bras qui sortent de la tête), les Zorcons (des insectoïdes si monstrueux qu'ils restent voilés sous des capes et de grands chapeaux pour cacher leur apparence) et les Gorsai.

6 commentaires:

  1. Génial !
    Les relectures sont de retour !
    Comme toujours, une très bonne synthèse de ce numéro. Les articles de Denis Gerfaud sont très complets,et les divers scénarii de ce CB17 donnent vraiment envie de se plonger dans l'ambiance pulp.
    La couverture de Guiserix est une des plus réussies, avec le CB13, le 15, et le 16.
    Merci de raviver ces souvenirs !...

    RépondreSupprimer
  2. Ah le jardin d'Olphara : encore actuellement, je regrette de n'avoir jamais pu le faire jouer.
    Je n'ai connu CB que bien plus tard (n°32 !) mais la relecture de ces (encore plus) anciens numéros est pour moi un immense plaisir, plus même que relire les n° 50 par exemple.
    En fait j'aurais aimé naître dix ans plus tôt pour profiter de tout ça à sa sortie...
    Bon, je vais retenter de proposer un scénario med-fan à ma chérie : avec Epées & Sorcellerie, de Snorri... Mais c'est pas gagné ^^

    RépondreSupprimer
  3. Chouette, la série reprend enfin ! :-)

    Je croyais que tu avais abandonné ces relectures...

    RépondreSupprimer
  4. Et tel le phénix voici le retour de Casus en Mook : http://www.black-book-editions.fr/index.php?site_id=1&actu_id=299

    RépondreSupprimer
  5. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  6. Tiens, le jardin d'Oplhara je l'ai fait jouer l'année dernière, pour la première fois ! Adapté en dK système, quelques petite modifications (Olphara est devenu un mafieux, une sorte de Jabba médiéval). Il organisait une soirée, les PJs on réussi à dérober des invitations pour aller récupérer du matériel qui leur avait été volé. Arrivé là-bas, ils ont découvert que la soirée n'avait d'autre but que d'éliminer les personnes invités. Et de fil en aiguille ils on rencontré Gnastas (le sorcier). En fait j'ai éliminé l'histoire autour de l'espionne découverte et éliminée par Olphara. Un scénario que je conseille en tout cas.

    RépondreSupprimer