mercredi 5 octobre 2011

Dernier débat des primaires "citoyennes" du PS/PRG



Cf. 1er débat du 15/09 et le 2e débat du 28/09. Pour savoir où voter le Dimanche 9 octobre, allez sur Primaires Citoyennes.

  • L'Union européenne

    Laurent Joffrin demande à Baylet si un Président de gauche peut encore mener une politique de gauche et fédérale dans une Europe de droite (21 pays dirigés par la droite sur 27), menée par Barroso et Merkel.

    Baylet dit que la zone Euro a besoin d'une gouvernance commune.

    Montebourg dit que l'Europe pourra se mettre au protectionnisme si un pays commence à le proposer. Il rappelle qu'il a été contre l'élargissement et contre le TCE. Il prend comme modèle Thatcher pour dire qu'un Etat peut exiger plus de l'Union.

    Aubry mentionne un accord avec la SPD de Sigmar Gabriel. Mais Merkel restera au moins jusqu'en 2013.

    Hollande reste plus évasif ou prudent, et refuse tout engagement tant qu'on ne saura pas où on est avec l'UE et avec l'Allemagne.

    Valls, au contraire des précédents, fait l'éloge des efforts allemands d'austérité sous Schröder et Merkel. Il soutient des Eurobonds (dont ne veut pas l'Allemagne, pourtant) et dit que ce ne sera possible que si la France fait aussi plus d'efforts pour converger avec l'Allemagne.

    Royal veut réconcilier Non-istes et Oui-istes autour d'un vrai projet fédéral de protection par les Etats-Unis d'Europe. Mais elle refuse de dire Non comme Montebourg. Il faudra une harmonisation sociale avant l'harmonisation fiscale.

  • La France face à la Crise

    (Joffrin intervient beaucoup plus que les journalistes précédents, ce qui décale parfois les questions par rapport au thème présumé.)

    Hollande dit (qui ne veut pas refaire la même erreur que Jospin en 2002) que son projet demeure socialiste, comme tous les 6 candidats. Il dit avec modestie que le PS ne représente de toute manière pas même la moitié des Français mais que l'identité socialiste doit ensuite le mener à représenter tous les Français.

    Aubry refuse la question de Joffrin qui essaye de personnaliser la différence avec Hollande. Elle fait l'éloge de l'unité du PS dans l'harmonisation sociale contre Badinguet.

    Baylet tient à rappeler qu'il est le seul à ne pas être socialiste.

    Valls est interrogé sur une déclaration où il accuse Montebourg et Royal d'être la "Gauche démagogique" (sur Direct Matin, le gratuit sarkozyste du groupe Bolloré). Il répète son slogan qu'il est le seul à "dire la Vérité" (alors que même Olivier Mazerolle vient de se moquer de son refrain).

    Montebourg se défend de raser gratis. Il se compare à Obama et dit que même David Cameron a osé commencer à lutter contre les Banques. Il évoque l'actualité sur Dexia.

    Royal se sert à nouveau du modèle Heuliez comme preuve de son volontarisme politique. Elle énumère plusieurs possibilités de lutte contre les licenciements "boursiers". Elle dit qu'elle a repris à Aubry l'idée d'un jugement contre les entreprises qui feraient de tels licenciements.

    Aubry dit qu'on peut être sérieux tout en luttant contre la Vente à Découvert et pour séparer les Banques d'investissement et les Banques de dépôt. A quoi servirait la gauche si elle ne changeait rien.

    Valls répond que tout ne sera pas possible en raison de l'endettement et du déficit. La priorité doit être de protéger les PME-PMI et non de nouvelles taxations. Il se défend en disant qu'il a été le seul à défendre les ouvriers de LU.

    Montebourg dit qu'il est allé chez les ouvriers de Goodyear-Dunlop à Amiens et qu'il y a déjà des condamnations de certains licenciements.

    Joffrin interroge Royal sur sa critique (dans un documentaire télévisé sur les Primaires) contre Hollande comme "notable" de la Gauche molle qui appelle comme Jacques Chirac la France à demeurer dans le sommeil. Royal, un peu gênée, dit qu'elle est une "notable" aussi.

    Hollande soutient des sanctions financières dans certains cas contre les entreprises qui licencieraient, comme dans le deuxième débat. Il défend la ré-industrialisation, ce qui va agacer Alexandre Delaigue.

    Royal reprend la parole pour défendre l'idée qu'il n'y a pas d'opposition absolue entre entreprises et interventionnisme de l'Etat.






  • (Commentaire sur LCP : ils s'ennuient profondément et disent que cela ressemble trop au précédent. Très utiles, ces commentateurs. )

  • La politique sociale : les retraites

    Comment le PS pourrait-il remettre en cause la réforme des retraites de Fillon ?

    Montebourg dit que la réforme Fillon est la plus dure d'Europe et qu'il faudra des révisions pour ceux qui ont travaillé jeunes, pour les emplois pénibles et pour les femmes qui ont des carrières incomplètes. Il faudra donc abroger la loi Fillon.

    Baylet dit qu'il ne sera pas possible de revenir sur l'allongement du temps de travail, même si la loi Fillon devra être révisée. Il propose une retraite par "points" comme en Suède.

    (Cette solution défendue par la CFDT ne faisait pas vraiment consensus).

    Il faudra financer cela par la suppression des niches fiscales.

    Hollande est aussi pour abroger la Loi Fillon : on peut conserver l'allongement des annuités (en tenant compte de la pénibilité et de la différence homme-femme) sans allonger immédiatement l'âge légal. Mais il annonce déjà une autre réforme pour 2013.

    Aubry dit qu'en plus de l'allongement des annuités il y aura de nouvelles sources de financement et plus de taxations des stock options. Elle évoque le cas de ceux qui interrompent leur travail pour "faire un tour du monde".

    Valls se moque de ceux qui veulent faire un tour du monde. Mais lui, il dit la Vérité.

    (Valls croit encore à la réclame "à l'ancienne" où on doit ressasser le même slogan le plus de fois possible.)

    Valls dit qu'il ne sera pas possible de revenir à 60 ans et que tous ceux qui le disent mentent. Royal ne se laisse pas intimider et affirme tranquillement qu'elle le fera et que ce sera même sa priorité. Si jamais la réforme est assez modeste, Valls pourra prendre un ton triomphaliste.

  • La santé

    Aubry dit qu'il faudra quand même de l'intervention de l'Etat pour l'organisation des installations de médecins.

    Baylet critique la loi Bachelot sur les hôpitaux publics.

    Montebourg déplace la question vers les coûts des médicaments en France et propose plus de retraits du marché de médicaments inutiles.

    Hollande se repositionne à la droite d'Aubry et critique une gestion trop étatique des généralistes dans la médecine libérale.

    Valls soutient la même thèse pour défendre les médecins généralistes.




  • (2e pause)

  • Services publics et l'éducation

    Faut-il vraiment reprendre les recrutements dans l'école et embaucher 60000 postes ? Lionel Tardy commente qu'il y a déjà trop d'enseignants.

    Royal défend une aide aux devoirs gratuits et l'année de formation pour les enseignants. Mais elle refuse un engagement à récréer tous les postes.

    Baylet change le débat vers le retour de la Carte scolaire. Il fait l'éloge des IUFM mais critique aussitôt après les discours abstraits des Inspecteurs face à la pratique des profs. Il fait une allusion un peu mystérieuse à la gestion des ressources humaines en disant qu'il y a un major de "Normale Sup" qui serait directeur d'un établissement en banlieue (je ne suis pas sûr de voir en quoi ce serait une anomalie s'il est directeur).

    Montebourg passe de l'éducation à l'Armée en disant que tous les secteurs "qui ont la sécurité de l'emploi" ont été insultés par le Chef de l'Etat. Il promet plus de dédoublements des classes pour les élèves les plus en difficultés.

    Hollande utilise comme argument pour défendre les recrutements le fait que les candidatures sont en train de s'effondrer devant le manque de prévisibilité. Il parle d'un "bouclier scolaire". Il faudra faire des économies "sur le coût des redoublements".

    Aubry lui répond que certains redoublements peuvent se justifier. Elle propose plus d'élèves par classe dans les zones favorisés et moins dans les autres. (En théorie, cela doit déjà marcher ainsi mais en réalité, ce n'est pas toujours le cas dans de nombreuses ZEP).

    Valls propose 48 jours de travail en plus par an (188 jours au total*) et le journaliste lui demande si les manifestations violentes récentes contre l'abréviation des vacances l'a fait changer d'avis.

    En France, le total est calculé à environ 140 jours dans le primaire mais déjà 180 jours dans le secondaire.

  • Questions sociales en banlieue

    Je ne sais si c'est ma fatigue ou la leur mais les propos semblent devenir assez vagues ou incantatoires. Le journaliste mentionne souvent le rapport sur la pratique musulmane en banlieue.

    Ah, si, Baylet évoque des "PMU" dans les banlieues (au lieu des PME). Mais il marque ensuite un point en disant qu'il regrette qu'on ne les ait jamais interrogés sur les régions rurales. L'UMP fait comme si c'étaient les candidats qui avaient choisi les questions pour les dire "coupés du pays réel".

  • Conclusion

    Baylet reconnaît qu'il est seulement là pour faire oublier ses procès. Ah, non.

    Montebourg fait dans une rhétorique patriotique.

    Royal chante la nostalgie de son score de deuxième tour de 2007. Elle promet de rendre la dignité à la fonction présidentielle.

    Hollande fait dans le banal en appelant au changement.

    Aubry mentionne le discours de Dakar et de Grenoble. Elle promet de ne pas aller dîner au Fouquet's.

    Valls : Je suis la Vérité.




  • Sur LCP, Valls continue : "Les autres disent leur Vérité, mais moi, je dis la Vérité avec plus de force." Ce type a de la bouillie dans la tête.

    Je pensais voter au départ pour Martine Aubry, en partie parce que la diabolisation des 35 heures m'agace (la seule erreur majeure d'Aubry a été ses tergiversations face à Guérini). Je me demande maintenant si je ne vais pas voter pour Montebourg. Politiquement, il y a peu de différences entre Aubry et Hollande, même si Aubry est alliée à Hamon et une partie de la gauche du PS.

    Je suis certes en priorité pour qu'on puisse se débarrasser de Badinguet, mais je crains quand même que le PS ne perde encore plus en 2017 s'il se contentait de faire du Fillon "modéré".

    8 commentaires:

    1. j'ai trouvé Hollande de plus en plus insignifiant. Les Hollandais que je rencontre sont terriblement confiants : les plus fanatiques s'imaginent gagner au premier tour (ce qu'Hollande n'exclut pas), les réalistes qu'il sera autour de 40 %. Cela dit, j'ai trouvé qu'Aubry manoeuvrait habilement en dessinant une alliance avec les deux candidats de l'aile gauche (Montebourg, Royal). A mon sens ces deux-là ont été les meilleurs dans le dernier débat mais leur espace de progression est limité. Seul Montebourg a une dynamique, mais il lui aurait fallu un désistement de Royal et même alors Aubry se serait rallié à Hollande. Mais si la dispersion est importante, Aubry n'a pas forcément perdue. Je suppose que Baylet pèse 1% et Valls pas plus de 5%. Ce qui veut dire que la réserve de voix de Hollande sera très faible. Il devra donc compter avec le vote utile ou bien esquisser un pas à gauche. en gros, je trouve sa victoire probable mais moins claire, et surtout il apparaît comme le candidat naturel du PRG plutôt que du PS...

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    2. L'ennui avec tous les sondages est que c'est une élection peut-être plus fluide.

      Hollande peut gagner dès le premier tour, comme Royal en 2006, mais en effet un second tour remettra un peu de suspense.

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    3. "Je me demande maintenant si je ne vais pas voter pour Montebourg. "

      Oui, si je votais, j'aurais sans doute choisi Montebourg même si son obscurantisme m'agace parfois! Je vois ça comme une sorte de vote protestataire pour dire aux autres qu'ils sont censé avoir un vrai programme de gauche et non un discours calibré pour plaire aux journalistes.

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    4. Je me demande si cet élan montebourgeois n'est pas un truc générationnel. Avant les débats, si j'avais pu voter, j'aurais plutôt penché pour Aubry a priori, mais Montebourg m'a vraiment plu (même si c'est vrai que certains trucs sont un peu obscurantistes)

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    5. "Valls croit encore à la réclame "à l'ancienne" où on doit ressasser le même slogan le plus de fois possible"

      j'y crois aussi : c'est "l'effet de simple exposition" et ça marche.

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    6. @all

      Il y a des mantras qui marchent vraiment très bien ("Travailler plus pour gagner plus" ou même quelque chose d'encore plus simpliste comme "Yes, We Can" ont été une réussite) mais dans le cas de "Il faut dire la vérité", je crois que trop de répétition finit quand même par tuer l'efficacité.

      A la fin du débat, j'ai l'impression que beaucoup d'auditeurs se disaient que Valls devait être vraiment un menteur pour tant ressentir le besoin de dire qu'il disait la vérité.

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    7. C'est peut-être les États-Unis qui me font raisonner par "ticket", mais il me semble que le candidat ne sera de toute manière pas amenés à gouverner seuls. Personnellement, n'importe quel triumvirat Aubry-Hollande-Montebourg me semble moins désastreux que toutes les autres combinations possibles.

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    8. Montebourg ne sera sans doute au mieux, sauf s'il réussissait à rattraper Royal, qu'une voix à l'intérieur du PS et pas vraiment une partie du ticket. Il soutiendra vraisemblablement Aubry au second tour, s'il y en a un.

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