lundi 3 octobre 2011
L'injustice face à la santé
Il est rarement prudent de penser qu'un trait humain n'a pas eu d'histoire mais j'aurais vraiment pensé que les inégalités sociales face à la santé avaient toujours existé sous une forme ou une autre - ne serait-ce qu'à cause de l'alimentation. Mais non, il semblerait qu'en Europe occidentale du XVIIIe siècle avant la naissance de la médecine, les familles nobles n'avaient pas de longévité supérieure. (Cela dit, je me souviens maintenant que Graeme Davis était allé jusqu'à dire dans GURPS Vikings qu'au Moyen-Âge les paysans de régions rurales auraient été en meilleure santé que la moyenne des bourgeois - ce qui pourrait justifier certains des paradoxes de Rousseau.
Même le plus conservateur ou libertarien aura du mal à justifier cette inégalité devant la mort qui n'existe en réalité que depuis la Révolution industrielle et la médecine scientifique. Il est probable qu'un jour l'idée que l'espérance de vie doive être corrélée avec le hasard de son statut social apparaîtra comme une anomalie morale presque aussi absurde que l'idée de discrimination fondée sur la naissance. Mais cela demandera sans doute au moins de faire sortir ce secteur si lucratif des échanges marchands, alors que la tendance actuelle va dans le sens inverse.
Les nobles ne mangeaient que de la viande... Ça n'est pas très sain.
RépondreSupprimerJe me demande dans quelle mesure l' espérance de vie de ces époques anciennes n' est pas largement dominée par les taux de mortalité infantile (qui n' ont effectivement aucune raison d'être différents entre les riches et les pauvres). Apparemment, 1 enfant sur 2 n' atteignait pas l' adolescence et donc n' ont pas le temps de voir leur santé se dégrader sur le long terme. Du coup, si on dit que les paysans ayant passé 10 ans vivent 40 ans et les nobles ayant passé 10 ans vivent 50 ans, ça fait une espérance de vie de 25 ans pour les paysans et 30 ans pour les nobles. Bref, une forte mortalité infantile écrase un peu la différence d' espérance de vie. (c'est certainement un peu capillotracté mais c' est pour dire que la mort n' est pas qu' affaire de santé sur le long terme).
RépondreSupprimerPour la faible espérance de vie des bourgeois, il faut se rappeler que les villes étaients des milieux malsains durant tous le moyen-âge. On y meurt davantage qu'on y nait (sans l'exode rurale les villes décroissaient...). Entre l'insalubrité, les accidents et les mauvaises rencontres, mieux valait vivre à la campagne. Sauf si on était une fille ! Car l'infanticide des filles étaient beaucoup plus courant dans les campagnes que dans les villes où l'imbrication des milieux sociaux et la promiscuité augmentaient les chances de placer ses filles. Enfin il ne faut pas oublier que les nobles étaient réellement des combattants et mourraient souvent à al guerre quand ils ne s'embrochaient pas pour l'honneur.
RépondreSupprimerD'accord avec Tom sur la place de la mortalité infantile dans ce genre de calcul.
RépondreSupprimerA-t-on la même qualité de recension des morts infantiles dans la campagne anonyme que dans la noblesse où les morts-nés sont nommés et produisent des anges ?
J'ai hâte de lire les justifications que vont tout de même (essayer de) donner les conservateurs ou les libertariens...
RépondreSupprimerDans le même ordre d'idée, chez les Habsbourg l'espérance de vie était inférieure à celle de leurs paysans ; et leur mortalité infantile était bien supérieure. Faut dire que, par exemple, Philippe IV était à la fois l'oncle et le cousin de sa femme...
Hé oui, la consanguinité, ça fait de beaux empires mais de vilains enfants ^^