mardi 17 janvier 2012

Comics & Clio



Clio, la Muse de l'Histoire, ou ici de la pseudo-histoire, avec deux comic-books américains, l'un en 52 avant notre ère, l'autre en l'an 1000.

  • The Last Battle de Tito Faraci et Dan Brereton (Image, 62 pages, 2011)
    C'est la traduction d'une bd italienne de 2005, L'Ultima Battaglia mais dessinée par un artiste américain assez atypique, Dan Brereton, connue pour ses comics d'horreur. C'est plutôt un peplum d'aventure pendant la Guerre des Gaules qui s'inspire aussi des films de guerre (il y a un petit côté "Dirty Dozen" avec ce groupe de légionnaires anachroniques). Le héros est Caius Rodius, officier en poste en Gaule et opposant républicain au Général Jules César, en plein siège d'Alésia, et l'histoire, comme Apocalypse Now, reprend le scénario de Heart of Darkness : Rodius est envoyé pour tuer, non pas un Romain devenu "indigène" mais son ancien fils adoptif Gaulois romanisé qui combat auprès de la révolte de Vercingetorix.

    Ce début laisserait penser à une histoire intéressante, avec cette superposition des Gaules en Jungle inconnue et de la Guerre civile à venir, et Dan Brereton crée des ambiances mystérieuses, mais j'ai été globalement déçu. On a un peu une impression de remake de Gladiator avec un peu de toile de fond d'Asterix mais cela reste assez superficiel. Je ne demande pas de l'exactitude historique mais au moins que le contexte contribue à créer une atmosphère particulière. Les combats de gladiateurs semblent assez gratuits, comme s'ils étaient là seulement parce qu'on n'imagine pas d'histoire romaine sans arène.

    Un détail curieux est que les Gaulois de la BD ne cessent de dire "Par Odin". Le scénariste a voulu complètement assimiler le scandinave "Odin" (germanique Wotan) et le "Teutatès" ou "Taranis" ? Ou alors ce sont tous des mercenaires germains arrivés très en avance ??


  • Northlanders #47 Brian Wood et Declan Shalvey, DC Comics
    La série continue à chercher une atmosphère de Saga islandaise en suivant une famille de colons au fil des siècles en Islande, depuis l'arrivée sur cette Terre Inconnue jusqu'à dans cet épisode, la christianisation votée au Alþingi de l'An 1000. La BD réussit à transmettre une étrangeté dans un pays qui semble être une autre planète isolée. Ici, toute la question du Christianisme ou de la fidélité à l'ancien Paganisme est ici réduit à un calcul économique ou à une stratégie de survie dans ce milieu hostile.

    Je ne vais pas encore pinailler. L'héroïne utilise le nom "Hauksson" comme un nom de famille (issu de son lointain aïeul "Ulf Haukur") alors que les Islandais utilisent des patronymes (elle serait de plus une -dóttir).

    L'auteur a l'air de surtout vouloir traiter ce conflit avec le Christianisme, et sa critique implicite du pouvoir théologico-politique chrétien était déjà dans le cycle The Cross + The Hammer dans les #11-16 puis dans l'arc Metal #29-36, avec ses prêtres corrompus.

    Hélas, malgré toute l'importance donnée au contexte, je trouve que le récit ne prend pas et qu'il n'a pas encore eu le temps de rendre ces barbares assez crédibles. Ce pourrait aussi bien être une histoire dans un ranch de Western spaghetti, ce serait à peu près pareil.
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