dimanche 1 janvier 2012

[JDR] Survol du Casus Belli, vol. 4, n°1



Et c'est reparti pour une 4e version de Casus Belli magazine (dont j'avais déjà parlé).

Rappelons la chronologie (d'ailleurs indiquée dans l'édito du magazine) :
La première version (par François Marcela-Froideval puis Didier Guiserix et la société Excelsior) a duré dix-neuf ans, de 1980 à 1999 avec le numéro 122.
La deuxième version par Didier Guiserix et la société Multisim a duré de 2000 à 2007 (l'entrée Wikipedia dit 2006), avec le numéro 39 (Guiserix, dans le nouvel édito, prend ses distances à l'égard de la fin de cette période du Casus Nouvelle Formule en la qualifiant de "plus rôlistiquement correcte et moins aventureuse").
La troisème version, relancée par de jeunes (27 ans) rôlistes lyonnais Stéphane Gallot et Tristan Blind, fut plus brève avec seulement 5 numéros en 2010-2011 (j'avais un peu décrit le n°4).

La 4e version, relancée en Décembre 2011, concilie beaucoup de choses en réunissant à la fois l'équipe rajeunie de la 3e version et le retour d'une partie importante des anciennes équipes de la première et seconde version. La différence majeure est que Casus Belli a un format imposant de MOOK (Magazine/Book, près de 260 pages, c'est environ la somme de trois magazines de jeu de rôle actuels, pour environ 9,50 euros - ou 13€ au total pour le PDF + la version par la poste).

La publication ne sera plus disponible dans la grande diffusion mais surtout par le site officiel de Black Books, le nouveau propriétaire (qui avait publié trois numéros de leur magazine Black Box en 2006-2008). L'abonnement pour un an est à 54 euros (comme Imaginos, je ne comprends pas bien pourquoi ils parlent d'une économie de 30 € p. 241, si ce n'est pas une faute de frappe pour économie de 3 € ou s'ils tiennent compte des frais complets, où cela n'est qu'une économie de 24€).

Je ne peux hélas pas faire un épluchage sérieux sur 256 pages (surtout que je le fais à partir du PDF et n'ai pas encore la version papier dans ma boite à lettres). Ce ne sera donc qu'un suvol.

La couverture est par Wayne Reynolds pour un supplément du jeu Pathfinder (c'est celle d'Ultimate Magic, où on voit Alahazra l'Oracle et Seltyiel le Magus demi-elfe).

Si on ajoute les Nouvelles du Front, les diverses Actualités (une interview de Peter Adkison, l'ancien PDG de Wizards of the Coast, qui ne jure plus maintenant que par sa passion pour le jeu de rôle indépendant) et les nombreuses critiques, on arrive environ à la première moitié du mook, plus d'une centaine de pages.

Le portrait de famille par le légendaire Tristan Lhomme est consacré à l'Appel de Cthulhu, à l'occasion de la nouvelle édition française chez Sans Détour (en passant : il n'y a actuellement plus aucune version française disponible de D&D alors que l'Appel de Cthulhu se porte bien grâce à Sans détour, c'est une évolution intéressante).

Un commentateur de ce blog sur Casus Belli (vol. 1) n°18 craignait à une première lecture un effet de catalogue ou de simples reportage de promotion. Le terrain couvert sur 100 pages est vaste mais les critiques sur deux pages ne peuvent pas encore détailler un banc d'essai.

Du temps de la première version, certains lecteurs se montraient soupçonneux sur les liens avec Jeux Descartes et du temps de la deuxième version, il y avait un conflit larvé entre Backstab, lié à Asmodée/Halloween Concept et le Casus lié à Multisim (Frédéric Weil disant que Backstab boycottait les jeux Multisim). Mais avec l'étendue des Nouvelles, de mauvaises esprits ne pourront guère dénoncer un parti pris qui négligerait de manière manifeste un des pans du JDR français (comme la rumeur dit qu'il y aurait eu une guerre froide entre Sans Détour et 7e Cercle, qui édite la traduction française de Trail of Cthulhu, le rival de l'Appel). Certes, le lien avec Black Books (qui traduit Pathfinder) va relier à nouveau Casus vol. 4 avec une version du système d20 (alors que d'après la remarque p. 248 le Casus vol.2 Nouvelle Formule des années 2000 aurait tenté de garder une relative distance à l'égard de la mode d20).


  • Il y a 60 pages avec six Scénarios.

    On peut distinguer deux grands volets : des scénarios pour les grands classiques et des scénarios pour quelques jeux moins connus.

    Croc revient vers le jeu de rôle après des années plus consacrées aux jeux de figurine et de société. Il livre un scénario, "Les Enfants de Gois", pour Pathfinder (qui n'est autre que D&D 3.75). Il s'agit de se mettre à une sorte de Bac-à-sable Old School en commençant avec des personnages qui sont tous des enfants. L'histoire est dans un village un peu générique et ne semble pas se situer (à moins que j'aie mal lu) sur Golarion, l'univers habituel de Pathfinder.

    En revanche, il y a un autre scénario, "Les Seigneurs de l'hiver, Épisode 1 : La Fille du Seigneur de l'Hiver" par Stéphane Gallot qui lance explicitement une campagne. C'est pour Chroniques Oubliées, qui est en quelque sorte un Basic D&D Non-Officiel (et qui est en rupture de stock actuellement). Gallot annonce que la série doit développer l'Univers continu d'heroic fantasy pour Casus Belli au fil des numéros.
    Un début des règles des Chroniques Oubliées- Fantasy pour débutants est fourni p. 180-213 et la suite sera dans les numéros suivants. Je doute que beaucoup de débutants puissent tomber directement sur Casus Belli vol. 4 mais il est toujours bien d'avoir un jeu de ce genre pour l'initiation ou pour le passer à des curieux.

    L'autre grand classique est l'Appel de Cthulhu. C'est le retour du plus prolifique auteur de Casus, Tristan Lhomme, avec une autre série : "Étoiles propices, épisode 1 Ainsi parlait Nyarlathotep". La scène n'est ni dans les années 1920 ni même dans le Présent de Delta Green mais dans un Futur proche (Présent +10), quasi-apocalyptique et où tout semble très mal parti, après l'arrivée d'un nouveau Messie nommé "Nyarlathotep" en 2015. Dans cet univers parallèle, les oeuvres de Lovecraft ont été vite oubliées et le nom ne semble effrayer personne. Cela a l'air de relancer pas mal certains des thèmes du Grand Ancien des jeux d'horreur puisque au moins il ne s'agira pas d'empêcher Son Retour : Le Chaos Rampant est déjà là, ne se cache pas et son influence semble présente partout dans le globe. Les personnages-joueurs sont des policiers de Los Angeles qui vont se retrouver mêlés à une affaire mondiale dont Lhomme dit que le modèle est surtout la série 24.

    "Itinéraire d'un enfant gâché" est pour le nouveau jeu de rôle français Wasteland, jeu édité par le Département des Sombres Projets, qui mélange Post-Apocalyptique et mythe Arthurien dans la Bretagne du futur.

    "Il y a quelque chose de pourri au Royaume de Jurojin" est une enquête dans une ville de bains du Clan Phénix pour Legende des 5 Anneaux.

    Enfin, "BBG Blues" est un scénario avec gangsters pour Mississippi (Les XII Singes), nouveau jeu d'horreur sudiste (voir la critique p. 80-81).




  • Aides de jeu (p. 216-240)
    En dehors d'une longue description avec plan d'une Auberge, ce sont surtout des conseils qui semblent plus orientés vers des débutants.




  • Rétro
    La fin du magazine se retourne vers l'histoire du hobby, à l'occasion de ces 30 ans de Casus. François Marcela-Froideval dans une interview décrit surtout Gary Gygax tel qu'il l'a connu dans les années 80. Je ne me rendais pas à quel point Gygax s'était alors approché de la vie d'un "magnat" du jeu, avec un Manoir à Lake Geneva et une écurie.

    Toujours dans ce courant "rétro", il y a une analyse de la première traduction pirate de D&D (version Basic de Holmes) par Mathilde Maraninchi, juste avant la traduction officielle.

    Marc Laperlier (un des créateurs de la NEF) revient pour une brève nouvelle sur les fées.

    Damien Coltice écrit un petit essai sur l'état du jeu de rôle, "Les révolutions dans le JDR n'auront pas lieu". Il rappelle que D&D4E s'est mal vendu (par rapport à D&D3) et m'apprend que la tentative de renouveler le jeu dans une direction encore plus ludiste avec Warhammer 3e édition a aussi été un échec. Il ajoute qu'on peut douter que le jeu de rôle puisse ou même doive recevoir des "révolutions" comme les objets technologiques. Le terme de "révolution" me paraît alors trop ambigu pour qu'on puisse dire qu'il ne peut pas être souhaitable qu'il y en ait.





  • C'est un résultat intéressant, avec une synthèse de nostalgie et de nouveauté. Il y a beaucoup de personnages de BD habituels de Casus, Kroc le Bô, Monghôl & Ghota, la Bellaminette et surtout les Crapougnats de Guiserix.

    Le nouveau Casus (le MOOK du "Type IV") réussit à être attirant, ne serait-ce que pour cette campagne de Tristan Lhomme (et je ne joue même pas à des jeux d'horreur) ou pour les 100 pages de Nouvelles & Critiques.

    Mais je crois que le meilleur usage serait d'en donner une version papier à un(e) adolescent(e) fan de fantasy (et ils le sont tous en ce moment grâce à JK Rowlings) pour espérer régénérer un peu le vivier du Hobby avec ce D&D simplifié.

    6 commentaires:

    1. d'après la remarque p. 248 le Casus vol.2 Nouvelle Formule des années 2000 [avait] tenté de garder une relative distance à l'égard de la mode d20

      Euh... C'est une blague ? C'est bien parce que le Casus Nouvelle Formule ne parlait que de d20 que j'avais cessé de l'acheter !

      RépondreSupprimer
    2. Mais je crois que le meilleur usage serait d'en donner une version papier à un(e) adolescent(e) fan de fantasy pour espérer régénérer un peu le vivier du Hobby avec ce D&D simplifié.

      Certes. J'en parlais avec le vendeur du Damier de l'Opéra (le magasin parisien où j'ai enfin réussi à acheter le nouveau Casus). C'est le problème de l'œuf et de la poule. Les jdr ne se vendent plus ; pour renouveler le vivier il faudrait que des jeunes "tombent" sur le nouveau Casus. Or il n'est vendu qu'en boutique spécialisée...

      RépondreSupprimer
    3. Oui, je n'ai pas compris ce passage.

      Damien Coltice dit que le Casus Belli de 2000 était anti-D&D et voulait protéger ses lecteurs de la corruption d20 en leur imposant le système de "Basic".
      "Casus remplace tous
      les scénarios du cahier central par
      la version allégée du célèbre système « d100 » Basic (celui de L'Appel de Cthulhu, Hawkmoon et Nephilim, dont la v3 est critiquée dans ce numéro).
      " [Alors qu'au contraire, Nephilim v3 avait abandonné le système Basic]

      Mais en 2001, le groupe du Casus Belli NF, Arkana Press, a même tenté de publier un scénario d20, De Chaînes et de Ténèbres.

      De plus, le Hors-Série #19 Basic datait de 1997, trois ans avant cette relance par Multism. Multisim n'est donc pas responsable d'un soudain intérêt pour le système Chaosium.

      Le nouveau Casus v.4 utilisera en tout cas plus le système d20 avec Chroniques Oubliées et Pathfinder.

      RépondreSupprimer
    4. Casus remplace tous les scénarios du cahier central par la version allégée du célèbre système « d100 » Basic

      N'importe quoi... Malgré sa publication en HS (+ celle du HS Mousquetaires & Sorcellerie), BaSIC a été par la suite très très peu suivi par Casus.

      RépondreSupprimer
    5. Je n'ai pas encore lu ça et je ne voudrais pas donner l'impression de plomber un type sans défense, mais ça ne serait pas la première fois que le sieur coltice ferait la preuve de ses connaissances assez approximatives en matière de JdR. Déjà dans Black Box, sa signature n'était pas franchement synonyme d'un texte de qualité. Alors qu'il confonde Casus Belli originel et tentative d'imitation multi$im sans avoir vérifié ses sources ne me surprend pas vraiment.
      À sa décharge... il n'est pas le seul à écrire n'importe quoi (je ne parle pas du contenu du présent magazine, en ayant à peine commencé la lecture).

      RépondreSupprimer
    6. Dans l'article en question, il n'analysait cela dit que le CB (vol.2) #10 de novembre 2001, cela ne se généralise peut-être pas à toute la nouvelle formule Multisim des années 2000 (à qui je reprochais plutôt de trop parler d'Everquest, mais c'était un peu mon point de vue étriqué et peu porté vers les MMORPG).

      RépondreSupprimer