mardi 24 janvier 2012
Vivre sans "Moi" réel
Peut-on remettre en cause l'identité réelle de ce "Moi-Masque" dans une société qui se crispe souvent uniquement sur l'individu ?
La source de ce souci vient plus de Hume que du Bouddhisme. Hume avait cette thèse que notre corps avait finalement plus de continuité que notre prétendue "substance spirituelle", qui n'était que l'agrégat de nos pensées successives et contradictoires. Derek Parfit avait critiqué le primat du Soi pour des raisons morales et pour fonder le dépassement possible de l'égoïsme (contre la thèse classique de Hume ou Sidgwick selon laquelle on ne pouvait hélas pas critiquer rationnellement l'égoïsme sans avoir d'abord des émotions altruistes ou une "intuition" morale qui n'était pas que rationnelle). Daniel Dennett avait présenté la conscience de soi comme une réunification rétroactive de faisceaux divers. Galen Strawson avait aussi tenté de défendre l'idée d'une individualité "épisodique" contre nos cultures de l'identité "narrative" où nous nous racontons nous-mêmes pour nous persuader de notre originalité.
L'essayiste Julian Baggini reprend encore cette même critique sur le Soi, mais j'ai l'impression que cela conduit finalement dans sa version à quelque chose qui apparaîtra à un Français une banalité un peu "existentialiste" comme chez Sartre, où notre Vrai Soi n'est rien d'authentique, plutôt un "projet" ou une "oeuvre".
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