jeudi 9 février 2012
Intimidation
Une leader d'un parti d'extrême droite demande que les parrainages des maires soient anonymes - pour qu'ils puissent échapper à des "intimidations" du gouvernement. L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a semblé soutenir sa proposition, au nom de la démocratie : ce serait une anomalie qu'une politicienne qui peut représenter jusqu'à un cinquième des électeurs n'arrivent même pas à réunir 500 signatures de maires.
Mais on peut imaginer que si le Conseil constitutionnel a bien entendu accès à ces listes "anonymes" pour les vérifier, alors cet intimidant gouvernement (ou l'opposition) aussi pourrait y avoir accès et pourrait donc toujours engager des "rétorsions" contre les maires.
Cela suggère que ce n'est pas du gouvernement ou de "l'Etablissement" qu'elle a peur, mais bien des électeurs des maires. L'anonymat n'est pas ici une protection des citoyens face au pouvoir (comme dans le secret du suffrage) mais d'une faction contre l'opinion publique. Autrement dit, elle craint ici les quatre cinquièmes des citoyens qui ne votent pas pour elle (ou les deux tiers des citoyens qui n'envisagent pas de voter pour elle) et qui feraient régner une "transparence totalitaire".
Certes, l'anonymat des Parrains a pu exister et on peut discuter si 500 noms est trop dans un pays de 36 000 communes (mais où la vaste majorité des élus va refuser de donner sa signature en effet à qui que ce soit). Cela paraît mieux que le système des 10000 signatures de citoyens dans différentes régions qu'utilise le Sénégal.
Le fait que les maires osent moins la soutenir montre plus qu'ils redoutent l'image que cela donnerait sur leurs concitoyens. S'ils avaient le moindre soutien sincère, ils ne sont pas des électeurs de base et devraient être capables de les assumer. Ce n'est pas comme si nous étions dans une dictature où ils risqueraient leur vie. Et si un parti n'arrive pas à trouver 500 élus pour le soutenir (quel que soit le nombre considérable de ses électeurs), cela traduit un problème qui ne se réduit pas à une "intimidation du gouvernement".
En revanche, quand la leader du parti en question dit que si elle n'est pas validée, "ses électeurs se vengeront contre la majorité UMP aux législatives", cela ressemble un peu à un chantage contre la droite. Les députés de la Droite populaire, d'après le Canard, semblent d'ailleurs très préoccupés d'obtenir les dites signatures (il est vrai qu'ils n'ont pas besoin de ces menaces pour être attirés).
S'il y a intimidation et anomalie démocratique, elle ne se situe pas exactement là où on le dit.
Précision (toujours d'après le Canard): la "vengeance" consisterait pour les candidats du FN à se maintenir lors des triangulaires, entraînant la défaite du candidat de la droite.
RépondreSupprimerAttention, "l'intimidation" et les tractations du type "vote pour moi et je voterai pour toi, sinon je donne des consignes d'abstention" sont un fonctionnement _démocratique_ habituel ; voir les "programme commun" et autre alliances PS-EELV. Et ce, au niveau national comme dans une assemblée quand un grand groupe a besoin d'une alliance avec un petit groupe pour atteindre la majorité. Après, savoir si le "chantage du faible au fort" est juste ou équitable, est une autre histoire...
Il serait étonnant que des candidats fantaisistes, qui feront 0-1% à la présidentielle obtiennent 500 signatures, et pas quelqu'un qui ferait 15%. (je reconnais que la pression sur les maires vient des électeurs FNphobes). Pourtant, le système le paraît condamné à terme, car inégal; pourquoi seuls les maires, non élus à la proportionnelle, ont-ils le droit de parrainer un candidat? Un suffrage plus direct est-il possible?
Sans tomber dans l'approximation sénégalaise, tous les possesseurs d'une carte d'électeur devraient pouvoir parrainer. Que les partis demandent à leurs militants encartés une photocopie de leurs cartes d'électeurs, un seuil minimal, et le tour est joué :)
Les deux billets de Maître Eolas d'il y a cinq ans n'ont pas pris une ride.
RépondreSupprimerLe Comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions, alias le comité Balladur, avait suggéré, sans succès, une ébauche de réforme : " la sélection des candidats [serait] le fait d'un collège de quelque cent mille élus (soit plus du double du nombre des personnes susceptibles, dans le système actuel, de parrainer des candidatures) composé des parlementaires, conseillers régionaux, conseillers généraux, maires et délégués des conseils municipaux qui, sélectionnés à proportion de la population qu'ils représentent et soumis à l'obligation de voter, seraient appelés, au chef-lieu du département, à désigner, à bulletin secret, le candidat qu'ils souhaitent voir concourir à la présidence de la République. Cette désignation, qui interviendrait partout le même jour dans un délai suffisant avant le début de la campagne présidentielle proprement dite, serait de nature, si elle était assortie de la fixation d'un seuil en deçà duquel les candidats ne pourraient être retenus et de l'exigence de franchir la barre d'un minimum de voix dans un nombre donné de départements, à limiter la multiplication des candidatures ".
Et si tout bêtement tout parti ayant fait plus de 5% à la dernière présidentielle avait automatiquement le droit de présenter un candidat?
RépondreSupprimerSans pour autant enlever aux autres candidats l'accession par les 500 signatures.
Cela ne règlerait il pas le probleme ?
Et si on passait à une république parlementaire ?
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