jeudi 5 avril 2012

L'école de Magneto

Un élève de l'IEP de Paris :

Descoings, c'était pour Sciences Po ce que Dumbledore était à Poudlard.

Voilà le problème des élites françaises.

Elles lisent en traduction.

10 commentaires:

  1. Indépendamment du fait que je ne suis pas certain que le fait d'être étudiant à science-po soit une garantie d'appartenir à l'élite de la nation :
    1°) ce n'est pas parce que l'étudiant en question a employé les termes francisés qu'il n'a pas lu en V.O. ;
    2°) s'il avait employé le nom en V.O. pour s'adresser j'imagine à un interlocuteur / auditoire francophone ne connaissant sans doute pas lui-même ladite V.O., ç'aurait été du snobisme, ce qui n'est pas synonyme d'appartenance à une élite (quoi que puissent en croire les snobs eux-mêmes) ;
    3°) en quoi est ce vraiment un problème de lire ce genre de choses en traduction plutôt qu'en V.O. ?
    (et 4°) rien ne prouve qu'il ait lu les livres, et pas simplement vu les films qui en ont été tirés !) :-P

    (je n'ai jamais lu Harry Potter, ni en V.O., ni en traduction, mais si je devais le faire un jour, je pense que ce serait en V.F. ; et pas seulement pour pouvoir (le cas échéant) râler contre les choix faits par le traducteur et la mauvaise qualité de son travail ;-) )

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  2. Il faut un contexte : sur Twitter beaucoup citait déjà cette phrase avec un certain poujadisme sur les "élites" comme si elle était ridicule parce que des étudiants se comparent à des apprentis magiciens immatures (je passe sur les tweets qui faisaient des blagues plus basses sur Dumbledore).

    N'ayant hélas jamais lu Henri Potier, je ne crois pas que la phrase serait plus "profonde" avec "Hogwarts" (elle ne le serait pas plus avec une comparaison avec les X-Men).

    Mais ma blague ne servait qu'à changer de sujet.

    Tiens, Nathalie Arthaud est venue rendre hommage à l'ancien directeur de Sciences-Po. Cela m'étonne un peu, c'est peut-être en tant que prof à Vaulx-en-Velin puis Aubervilliers ?

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  3. Orthographe : beaucoup citaient (pardon)

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  4. Effectivement, avec un peu de contexte autour, ça change la perspective. ;-)

    Sinon, personnellement le problème que je vois là est effectivement le choix de la comparaison. Je n'en ai pas qui me vienne à l'esprit spontanément, mais sans vouloir dévaloriser Rowling, il doit bien y en avoir des plus "nobles" que l'école d'Harry Potter ! ;-)

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  5. Ayant lu le premier tome, je peux dire que le roman et sa traduction sont honorables.

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  6. Ayant lu tous les Henri Potier, qui en VO, qui en VF, je peux dire d'une part que le nommé Imaginos devrait retirer ce qu'il a écrit dans le commentaire 4, Mme Rowling étant l'Alexandre Dumas de notre siècle et d'autre part que la comparaison est insultante pour Dumbledore, ce dernier n'ayant jamais essayé de plaire aux élèves pour mieux contrôler sa faculté: http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3027.

    PS: Sérieusement, les Harry Potter sont de la grande littérature et méritent d'être lu.

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  7. Je crois comprendre que cela s'améliore après le premier volume parce que je ne l'ai pas achevé (mais c'était aussi parce que je n'aime pas le Genre des histoires d'Internat).

    Sur Descoings lui-même, je n'ose pas trop écrire en ce moment pour un délai de "décence" (τὸν τεθνηκóτα μὴ κακολογεῖν, comme on dit). Et à cause de la jalousie/ressentiment de l'ENS à l'égard de la Rue Saint-Guillaume, je suis peut-être un peu contaminé par toute une vision unilatérale : pour moi, c'était avant tout l'énarque qui retire l'histoire en Terminale S et la culture générale dans son école (qui, il est vrai, était sans doute un exercice purement formel et artificiel, mais moins inégalitaire à cause de cela que l'anglais, la matière la plus inégalitaire socialement). C'est fascinant son pouvoir symbolique quand il est encensé par Sarkozy et même par Nathalie Arthaud de LO.

    L'article est fascinant sur son mode "managérial" curieux, mélange d'autorité despotique (dans l'interview : "Je suis le seul chef et alors ?") et en effet de séduction affective des élèves (le fait qu'ils étaient "amis" sur FB avant même d'avoir été des anciens élèves).

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  8. Une interview de Garrigou, un prof de sciences politiques hors IEP qui décrit le culte de la personnalité dans le deuil.

    Au fait, c'est sérieux, ils vont vraiment débaptiser l'Amphi Boutmy qui s'appelle ainsi depuis 75 ans ?? C'est un peu précipité, non ? Surtout que Boutmy, lui, était un chercheur en "Sciences politiques".

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  9. J'avoue que je me suis rarement autant senti étranger à la France en général et à son élite twittesque en particulier qu'après cette avalanche d'hommages. Voir aussi un ex-jeune de banlieue invité au Grand Journal adoptant le ton journalistique prétentieux parisien pour le simple plaisir de s'écouter parler à la TV était particulièrement grotesque. Au lieu de faire de la reproduction sociale, Sciences Po réformé par Descoings semble faire de la mémétique comportementale, le problème c'est que le mème de base a l'air un peu périmé.

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  10. Ah, j'ai complètement raté la couverture TV. Garrigou dit que dans les médias, il fallait en parler pour faire passer un signal de son appartenance.

    Mais Twitter était un document étrange sur notre époque à travers cette mort, entre les avalanches de haine homophobe de l'extrême droite (Soral disant sur sa page Facebook qu'il se réjouit de l'élimination des Untermenschen), le déni curieux de certains Sciences Po qui se hâtent de manière très sarkozyste de réagir sur l'émotion en débaptisant l'Amphi Boutmy, puis le débat qui se déplace sur le statut plus semi-privé du "Placard des élites" (sur Rue89), en oubliant ainsi de parler des questions sur sa politique d'éducation.

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