vendredi 31 août 2012
Foi familiale
Mitt Romney est un des nombreux arrière-arrière-petits fils de Parley Pratt (1807-1857), un des Douze premiers Apôtres directs de l'escroquerie de Joseph Smith. L'Apôtre Parley Pratt fut tué quelques années après sa conversion par le mari (légal) de sa douzième "épouse". On comprend que les Mormons financent aujourd'hui la lutte contre tout changement de l'institution matrimoniale.
Parley Pratt laissa 30 enfants de ses 12 épouses et 155 ans après sa mort, il aurait aujourd'hui selon les estimations entre 30 000 et 50 000 descendants. L'autre candidat républicain et ex-gouverneur de l'Utah, Jon Huntsman, Jr, est d'ailleurs aussi un cousin de Romney par une autre branche de la dynastie Pratt.
Une fille parmi ses deux cents petits-enfants, Ann Pratt (1876-1926) épousa Gaskell Romney (1871-1955), un des Mormons qui avaient fui l'Utah en 1885 pour l'autre bord de la frontière mexicaine pour pouvoir continuer à pratiquer la polygamie (le père de Gaskell, Miles Romney, avait cinq épouses). Gaskell et Ann Romney sont les grand-parents paternels de Mitt.
Finalement, après la Révolution mexicaine de 1916, les Mormons de la colonie revinrent aux USA en abandonnant officiellement la polygamie. Le père de Mitt, George Romney (1907-1995) est donc né au Mexique et réussit à se présenter aux Primaires républicaines de 1968 contre Nixon : à l'époque, on semblait prêt à lui pardonner le fait de ne pas être né sur le territoire américain. Mais il est vrai que George Romney était blanc alors qu'Obama a le tort d'être né à Hawai.
Cette origine mexicaine rend encore plus ironique la blague si peu productive de Mitt Romney quand il a déclaré que lui au moins, "personne ne lui demande son certificat de naissance et qu'il est né ici, au Michigan". Se moquer du fait que son adversaire est harcelé par les racistes de son propre parti pourrait certes passer pour de l'humour auto-dépréciateur, ou peut-être encore un refoulement de cette campagne ratée de son père en 1968 (entre George W. Bush, Barack Obama et Mitt Romney, les complexes oedipiens ont l'air de façonner la vie des hommes politiques).
Mitt Romney n'a pas été qu'un fidèle et qu'un Missionnaire Mormon vers 1968. Plus tard, il a aussi été ordonné "Prêtre" (High Priest) et "Evêque" (Bishop) dans l'Eglise des Saints des Derniers Jours (1981-1986) mais ce terme est un faux ami car cela revient plutôt au dirigeant d'une seule congrégation (disons, à un pasteur). Mais il fut ensuite Stake President de Boston (1986-1994), ce qui revient à peu près au dirigeant de tout un "diocèse" et donc à un "Evêque" habituel.
La différence entre "Prêtre" et "Laïc" n'est sans doute que de degré assez faible dans le Mormonisme puisqu'ils sont censés être tous appelés à devenir "Saints", mais Mitt Romney est sans doute le Prêtre le plus élevé qu'on ait vu comme candidat d'un des deux Partis états-uniens depuis le célèbre Presbytérien populiste William Jennings Bryan (1860-1925, candidat du Parti démocrate en 1896, 1900, 1908, et surnommé "le Pape des Fondamentalistes").
Cela doit fasciner d'autres théocraties comme la République dite islamique d'Iran qu'un plausible dirigeant du monde occidental fasse partie du sacerdoce d'une organisation américaine qui enseigne que le Messie a vécu dans l'Illinois ou que les Indiens d'Amérique sont en réalité des Hébreux à qui Dieu a donné la peau rouge pour les punir.
Quelle personne au Siècle des Lumières aurait deviné que trois cents plus tard des mythes aussi bizarres et fantastiques dirigeraient la planète ?
Cela doit fasciner d'autres théocraties comme la République dite islamique d'Iran qu'un plausible dirigeant du monde occidental fasse partie du sacerdoce d'une organisation américaine qui enseigne que le Messie a vécu dans l'Illinois ou que les Indiens d'Amérique sont en réalité des Hébreux à qui Dieu a donné la peau rouge pour les punir.
RépondreSupprimerJ'étais en vacances dans l'Utah cet été. Les libraires n'y vendent que des livres "mormons-compatibles" [je ne suis pas allé à Salt Lake City], du style les contes de Grimm revus à travers le prisme mormon ou, plus étonnant encore, un atlas historique compatible avec les thèses délirantes des Mormons (je regrette de ne pas l'avoir acheté).
Quelle personne au Siècle des Lumières aurait deviné que trois cents plus tard des mythes aussi bizarres et fantastiques dirigeraient la planète ?
***sigh***
Jeff Rients s'est amusé à essayer une campagne de D&D dans une Amérique du Livre de Mormon, Mormons & Morlocks (ce n'était pas exactement comme Dogs in the Wineyard qui est un Western chez les Mormons).
RépondreSupprimerJ'aurais dû acheter l'adaptation en comic book du bouquin de Joseph Smith réalisée par Mike Allred, The Golden Plates, mais cela semblait complètement dénué de tout humour.
Les Mormons sont majoritaires dans l'Utah (environ les deux tiers) mais c'est l'inverse à Salt Lake City où les "Gentils" (le terme mormon pour les non-mormon) formeraient les deux tiers, ce qui pose un problème politique comme la ville plus laïque est toujours en opposition avec les élus de l'Etat (100% des Gouverneurs, Sénateurs et des trois Représentants sont Mormons).
Que c'est déprimant, votre billet ;-)
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