Je n'ai plus assez de caisses ou de rayonnages chez moi pour les comics et je viens de décider de "couper" mes abonnements. La solution serait sans doute de passer aux comics digitalisés pour ne plus avoir de contraintes dans l'espace mais je ne suis pas sûr d'en avoir vraiment envie.
Il va donc falloir faire des choix. J'ai abandonné tout ce qu'écrit Geoff Johns chez DC comme Green Lantern, qui me semble simplement reprendre les archétypes classiques en y ajoutant un peu plus de Gore. J'ai arrêté Spider-Man, même si les scénarios de Dan Slott sont excellents, je ne crois pas que le personnage puisse être renouvelé d'une manière intéressante, il demeure figé dans un modèle originel. Je renonce aussi à tout ce qu'écrivent Abnett & Lanning, car leur Space Opera finit par se répéter.
J'aurais pu conserver l'excellent Journey Into Mystery (les aventures du jeune Loki) de Kieron Gillen, mais il va bientôt le quitter (et je ne pense pas que la reprise avec la Déesse Sif par Stuart Immonen ne tienne longtemps - en passant Marvel n'utilisera peut-être jamais la tradition mythique selon laquelle elle aurait trompé Thor avec le Trickster). Le dernier cross-over avec Thor sur le retour de Surtur le Géant de Feu est assez divertissant puisque Gillen s'amuse à ajouter à l'habituel Ragnarǫk des Æsir contre Géants, un échec apparent de tous les plans de Loki et un retour de la Guerre interne entre les Æsir et les Vanir. Les amateurs de Georges Dumézil apprécieront car le règne de la Triple Déesse a renversé l'ordre des Trois Fonctions (les Æsir représentent d'habitude les deux fonctions de souveraineté magique et de la guerre, alors que les Vanir représentent la fécondité). Kieron Gillen fait le choix de marier Dame Freyja à Óðinn mais, après tout, les sources islandaises disent qu'elle aurait eu pour mari un certain "Óðr" qui pourrait être un aspect du roi des Æsir.
En gros, dans mes titres mythologiques, je ne garde donc que la nouvelle Wonder Woman, du moins tant que Brian Azzarello est un peu inspiré par sa vision originale des Dieux grecs (et moins brutal qu'il n'a semblé l'être dans les prequels inutiles de Watchmen). Mais ces ressources grecques demeurent plus riches que les Crépuscules des Dieux à répétition chez les Asgardiens.
C'est à regret que j'arrête aussi Daredevil de Mark Waid. Il vient de récolter de nombreux prix hier à la Convention de Baltimore (Meilleure série, Meilleure nouvelle série, Meilleur scénario, Meilleur encrage) et cela montre qu'on ne peut pas toujours prévoir l'itinéraire d'un scénariste (car Mark Waid ne me paraissait pas aussi léger et innovateur dans le passé, dans ses séries favorites comme Legion of Superheroes).
Mon dessinateur favori Alan Davis a été occupé ces temps-ci, non seulement sur Thor mais aussi cet été dans une série de trois Annuals (Fantastic Four, Daredevil, Wolverine) où on retrouvait la création propre de Davis, le Clan Destine, famille d'individus aux pouvoirs paranormaux descendants tous d'un immortel. Davis a enfin raconté la vie de Vincent Destin, le membre "corrompu" de la famille qui était annoncé depuis la première apparition du groupe en 1994. Je ne suis pas sûr que le format des trois histoires ait bien fonctionné et on a toujours l'impression que la greffe du Clan Destin dans l'univers Marvel n'arrive pas à prendre. Les personnages du Clan Destin sont intéressants mais on se dit toujours qu'il mériteraient leur propre univers indépendant au lieu d'être mélangés avec les mutants de Marvel. On soupçonne d'ailleurs souvent que Davis préférerait garder ses propres "enfants" pour lui, s'il le pouvait.
J'ai aimé le nouveau Prophet, du Space Opera Biopunk par le dessinateur Brandon Graham. En un sens, cette création est moins originale ici en France, comme cela évoque avant tout une série de délires graphiques et d'hommages à la science fiction des années 1970-1980 comme Metal Hurlant, surtout à Moebius mais aussi peut-être un peu à Druillet pour quelques constructions. Le personnage, "John Prophet", ou plutôt l'un des Jonathan Prophet (qui n'a heureusement plus rien à voir avec la bd nulle et évangélisatrice du même nom par l'incompétent Rob Liefeld) est un des milliers de clones d'un agent de l'Empire Terrien et il erre dans un monde "post-humain" en un sens nettement plus déconcertant que d'habitude. John Prophet doit "relancer" l'Humanité en voie d'extinction mais il se modifie tant biologiquement lui-même à volonté qu'on comprend vite qu'il est encore plus loin de nous que beaucoup des nombreux protozoaires, arachnoïdes et insectoïdes qui l'entourent. Il n'y a aucun triomphalisme anthropocentrique et au contraire un effet de dépaysement où l'Humanité apparaît comme une sorte de virus quasi-artificiel.
Add. : Cette phrase des éditeurs de DC éclaire bien pourquoi j'ai laissé tomber presque tout DC depuis quelques mois :
When the New 52 began, writers were told to “write as if they were writing fan fiction.”
Dans ce cas, c'est réussi, c'est effectivement l'impression qu'on a quand on les lit.
J'ai tout jeté sauf Scalped et Hellblazer.
RépondreSupprimerQue du Vertigo, donc. :)
RépondreSupprimerJ'ai entendu du bien de Scalped de Jason Aaron (déjà 10 tpb), et en plus j'aime bien le concept de Bureau of Indian Affairs mais ce doit être trop sombre pour moi. Chez Vertigo, j'étais plus attiré par Fables et The Unwritten.
Hellblazer, j'ai arrêté il y a quelques années. Constantine est un personnage réussi, étoffé, mais je ne m'intéresse pas tellement à ses missions (malgré l'originalité des dénouements où Constantine perd plus souvent qu'il ne l'emporte).
Phersv:
RépondreSupprimerWhen the New 52 began, writers were told to “write as if they were writing fan fiction.”
Dans ce cas, c'est réussi, c'est effectivement l'impression qu'on a quand on les lit.
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Marrant çà m'a fait exactement l'effet inverse. Je me suis remis aux comics ( DC only)...
Oui, cela peut être aussi l'avantage des ruptures qui créent un "jumping point" pour mieux entrer dans les nouvelles histoires sans le bagage précédent.
RépondreSupprimerEt dans l'ensemble, DC y a gagné (en tout cas à court terme) plus de lecteurs qu'elle n'en a perdu, je crois.
Green Lantern n'a quasiment pas été touché par le "Nu52" mais d'autres ont vraiment changé profondément, pour le meilleur (Wonder Woman ou Aquaman sont plus intéressants qu'avant) ou pour le pire (je n'ai pas l'impression que cela ait profité aux titres d'équipes comme Justice League).
Quelques impressions de George Perez
RépondreSupprimerhttp://www.toplessrobot.com/2012/06/breaking_dcs_new_52_might_not_have_been_completely.php
I think I disagree with George at the end of his rant:
RépondreSupprimer"DC may be screwing things up spectacularly, but spectacular failure is far more interesting than the constant wanking motion Marvel seems to be doing."
Marvel seems to have a clearer direction than DC now.
DC is (mostly) inconsistent writing by editorial committee, while Brian Bendis seemed to be the (mostly) Enlightened Tyrant of Marvel.
But Bendis's rule may be soon finished and he has no heir...
Je ne comprends point mais je respecte votre engouement pour ces jeunes gens en pourpoint et hauts de chausses, affublés de pouvoirs et de la moralité qui va avec (souvenir des années Strange, il semble que le genre ait évolué depuis) c'est pourquoi je suis Vertigo-maniaque.
RépondreSupprimerUne inattendue surprise récente en termes de super-pouvoirs c'est le film "Chronicle", un teen-movie qui démarre comme la série anglaise Misfits et devient un vrai drame à la Carrie au Bal du Diable.
Je dis ça je dis rien...
Une solution à ton problème existentiel est de faire comme moi et d'investir dans des volumes plus grands... ;-)
RépondreSupprimer(ce qui ne court peut-être pas les rues vers chez toi, en tous cas à des prix abordables, je le crains)
J'ai oublié dans mon inventaire de l'Indispensable (à caser dans ton volume + grand en grande banlieue) la série Ex Machina, scénario de Brian K. Vaughan qui n'a jamais été meilleur qu'ici (Y le dernier homme ne m'a pas semblé tenir ses promesses sur la longueur), avec ce super-Ayrault qui renonce à ses pouvoirs pour postuler à la mairie de New York, se noyer dans les problèmes administratifs et politiques de la mégapole, le tout dans un univers uchronique où il a sauvé une des tours du World Trade Center.
RépondreSupprimer> Imaginos
RépondreSupprimerHélas, oui, cela risque même d'aller un jour dans le sens opposé vers des surfaces moins grandes encore (même en banlieue proche).
> John Warsen
Les superhéros, je suis un peu tombé dedans quand j'étais petit. J'ai dû apprendre à lire dans Strange et je ne crois pas que je sortirai jamais complètement du Genre.
Oui, j'ai lu Ex Machina et j'ai été impressionné par le dernier épisode (dont avait déjà discuté ensemble en août 2010).
Sa nouvelle série de SF avec des anges et des démons, Saga, est paraît-il pas mal (mais je n'ai pas encore essayé).
Aout 2010, c'est vrai, tiens, c'est toi qui m'avais convaincu par ton article de me remettre à l'anglais pour pouvoir achever Ex Machina.
RépondreSupprimerComme mes parents étaient communistes, je ne pouvais lire que Pif Gadget et surtout pas Strange (alors que la plupart des auteurs de Strange des années 70 sont des gauchistes notoires, m'affirme un ami connaisseur..) ce qui fait que Corto Maltese pour moi c'est Daredevil + Daredeschamps !
Pfff...
Entre l'agonie de Metal Hurlant (1986, as far as I'm concerned) et "Blood, a Tale" (De Matteis + Kent Williams, 1996 découvert en import chez Ptiluc), Rien à me mettre sous la dent ! Obligé de lire des vrais livres ! T'imagines !