lundi 15 octobre 2012

Chevalerie & Sorcellerie (1)



Comme ce blog Skull Crushing for Greater Justice s'est amusé à créer un personnage en utilisant les règles de Chivalry & Sorcery 2e édition (et il annonce qu'il va ensuite comparer avec un autre personnage par la 1e édition), cela m'a donné envie de reprendre ce jeu de FGU, dont j'ai déjà donné une présentation de quelques univers.

La 1e édition de 1978, par Edward Simbalist (1943-2005) et Wilfried Backhaus (1946-2009), commencée comme options ajoutées à D&D dans l'Université de l'Alberta, se vante d'être le jeu de rôle fantastique le plus complet jamais réalisé et, pour une fois, ce slogan me semble plutôt véridique. Je connais peu de jeux qui pourraient autant se suffire à eux-mêmes en incluant dès 1978 divers systèmes pour créer des objets magiques, des règles pour gagner de l'influence à la Cour, des règles de wargames ou des règles pour construire son propre château ou son propre domaine (il n'y  peut-être guère que les règles de combats maritimes qui fassent défaut). Le jeu ne faisait qu'environ 128 pages mais rédigé dans un format si minuscule ("point 5") qu'il en ferait au moins trois fois plus dans une présentation normale.

C&S a connu 4 éditions officielles depuis 1978 et tout autant de "Guerres d'éditions" que les autres jeux (je ne compterai pas ici Land of the Rising Sun, la version japonaise par Lee Gold, ni Archaeron, une autre version auto-éditée par Wilf Backhaus seul en 1980). La première édition avait été si complexe que toutes les suivantes consistèrent en une simplification graduelle. En 1983, FGU publia une seconde édition remaniée, clarifiée, en ajoutant surtout un système de compétences, ce qui en fait un système intermédiaire entre les jeux de première et de seconde génération. Cela restait très proche de l'original mais on y avait peut-être déjà perdu un peu du fouillis glorieux de l'archétype.

Le jeu tomba ensuite dans un relatif oubli (du moins chez son éditeur FGU) et les deux auteurs le reprirent une douzaine d'années après dans un système unifié qui n'avait plus rien à voir à part le nom, la "3e édition" (1996). Cette 3e édition aurait été un jeu de rôle fantastique générique convenable mais elle avait perdu tout le charme exhaustif et encyclopédique des deux précédentes. Il y a peu de jeux de rôle où les jérémiades nostalgiques des Vieux Grognards sont aussi défendables que pour C&S. La 4e (édition dite de la "Renaissance", 2000, sans Backhaus, et le système simplifié de C&S Essence, 2011) est certes plus logique et cohérente mais peut décevoir pour les mêmes raisons : ce n'est plus qu'un jeu parmi d'autres et plus le monument ou l'archétype qui rivalisait avec D&D (voir la présentation dans Casus Belli n°5).

Illustration de Mike Gilbert (1947-2000)

Mais certains des fans et auteurs de C&S (notamment Wilf Backhaus contre Ed Simbalist, qui s'occupait de la 4e édition officielle) ont désapprouvé cette évolution, ce qui donne les éditions "pirates" actuelles (aussi appelées C&S 4th Red Book - rien à voir avec le livre de Jung) qui font l'objet de poursuites des éditeurs propriétaires du nom. C'est ce qu'on appelle improprement l'édition "5" (4bis ou "1.5"), qui est un retour à la première édition avec quelques ajouts. Depuis cette édition 5 a été à son tour amendée avec des compilations (comme les vieux suppléments Arden et Saurians) connues sous des noms de créatures : la 5 est "Phoenix", la 6e est "Chimera" et la toute récente 7e (rédigée après la mort de Wilf Backhaus) la "Gorgon" (489 pages).

Création de personnage 1e Edition


Je vais reprendre les règles en retentant de créer un personnage. C&S, même dans sa première version, la plus complexe, n'est pas complètement injouable - du moins quand si on ne joue pas un magicien. J'avais déjà créé sur ce blog un personnage pour Hârnmaster 3e édition (qui est un système proche de C&S sur bien des points malgré des influences de Runequest), et j'avais obtenu un mendiant pouilleux qui ne me donnait pas très envie de le jouer.

Dans C&S 1, contrairement à la 2e édition où on commence par tirer son Signe astrologique, on tire son espèce et son sexe (sauf les joueuses qui ont le droit de choisir). J'obtiens (contre toute attente car les probabilités sont basses) une Elfe. Appelons-la Indis. On verra son statut social ensuite.

Ensuite, les caractéristiques physiques importantes sont sa Taille et sa Carrure : elle est petite (5'1'', 1,55m) et très mince (pèse 90 "Dragons", soit environ 40 kg). Zut, il va vraiment falloir en faire une magicienne alors que je ne voulais pas lire ces règles sur les systèmes magiques.

Caractéristiques principales

Ensuite, C&S a les six caractéristiques habituelles de D&D (tirées avec 1d20 et non 3d6), plus trois caractéristiques originales Apparence, Voix Bardique et Alignement (où un score de 1 représente la sainteté et un score de 20 une nature radicalement diabolique - un Alignement élevé est d'ailleurs un bonus en Sorcellerie). C&S 2e édition ajouta une nouvelle caractéristique fondamentale, la Férocité (en gros, le Moral ou la Bravoure, capacité à devenir Berserk) et inversa l'Alignement en score de Piété (avec 1 Incroyant et 20 Pieux dévoué).

Cela donne (et je tiens à dire que j'ai vraiment tiré les dés dans l'ordre, il n'y a nul sexisme) :

    Dextérité 6 Maladroite -> montée à 13, minimum elfique
    Force 4 Chétive
    Constitution 4 Faible
    Apparence 17 Attirante
    Voix 13 Agréable, sans plus
    Intelligence 9 Moyenne -> montée à 13, minimum elfique
    Sagesse 15 Pénétrante
    Charisme 8 (avec un +1 de son Apparence)
    Alignement 3 ("Bonne")

On a clairement une intellectuelle déséquilibrée et je commence à l'imaginer plus comme une prêtresse ou mystique (Alignement très pieux et haute Sagesse) que comme une Magicienne (Intelligence moyenne). Mais certaines spécialités magiques (Médium, Devin et Carrés Sacrés) se fondent aussi sur la Sagesse, qui est son meilleur score. L'ennui est que C&S ne décrit pas vraiment la société elfique dans cette édition. Les caractéristiques sont trop faibles pour qu'Indis puisse être "qualifiée" comme une Noldo (Haute-Elfe), elle est donc une Sinda (Elfe des bois). Sa Dextérité et son Intelligence sont donc montés au minimum de son espèce, à 13 (il faut d'ailleurs une Intelligence minimale de 11 pour la Magie).

C&S avait deux systèmes de points de vie, les Points de Fatigue (en moyenne 3-4 par Niveau) et le Corps (dérivé de la Taille, de la Force, de la Constitution et de l'Intelligence). Les dégâts vont d'abord à la Fatigue et les réussites critiques frappent directement le Corps. Indis a droit à 8 Points de fatigue (1d6+3 au premier niveau d'une Elfe sylvestre) mais seulement 6 points de Corps (score de base des Elfes sylvestres, aucun bonus ni malus de ses caractéristiques).

Caractéristiques dérivées

Indis est si frêle qu'elle ne peut porter qu'un tiers de son poids, soit environ 27 "Dragons" (12 kilos).

Ensuite, on a deux caractéristiques qui n'ont un intérêt que si on joue les variantes Wargame (mais elles entrent dans la composition des caractéristiques de combat individuel). Sa Capacité militaire brute serait de 4 (mais comme elle ne fera pas carrière dans les armes, elle aura un malus de -2) et son Niveau de Commandement de 2 (réduit à 1).

Son Facteur de Combat (Personal Combat Factor, PCF) est égal à la formule lourde de "Carry Capacity/100 + Military Ability/2 + Dexterity/10 + Class Factor", ce qui donne 0,3 + 2 + 1,3 + 0,9 = 4,5 (Multiplicateur de dégâts 3, +5% à l'attaque avec armes légères et bonus -5% de défense/parade.

Autres données

C&S 1e édition cache les règles importantes sur l'Astrologie dans la section sur la Magie (page 80). Indis est née sous le Signe du Lion de bon augure (Well-Aspected, +5%) et c'est un Horoscope qui aurait été plus "martial" (bonus en expérience pour les carrières militaires) mais elle choisira quand même une carrière plus "spéculative" (si vous voulez le savoir, il vaut mieux être Scorpion pour optimiser ses chances de Magicien dans C&S).

Sa Classe sociale est Libre ("Yeoman"), Indis est une 3e fille et en plus le "Mouton noir" de sa famille. Je n'ai pas trouvé clairement quel était son patrimoine de départ. Je vais laisser de côté le calcul de son Influence sociale car cela dépendrait beaucoup de la campagne. Elle a une phobie, la toxicophobie (peur des poisons, amusant à jouer sans être vraiment un désavantage comme tous les personnages-joueurs sont un peu toxicophobes !).

Elle n'aura pas trop le choix, il va falloir qu'Indis se mette à la magie. Je n'ai pas vraiment envie d'en faire une Prêtresse catholique et les règles disent juste que les Elfes adorent Elbereth Gilthoniel. Une Elfe devra sans doute (cf. p. 74) se spécialiser en "Magie naturelle". On reviendra donc sur sa carrière thaumaturgique dans une autre note car cela ne dépendra pas entièrement de son libre choix.

8 commentaires:

  1. J'avais un trés bon copain (il y a longtemps) qui n'arrétait pas de me faire l'éloge de C&S comparé à AD&D (moqueur) et il m'avait prêté les bouquins mais j'étais passé à coté des règles --je pense, à la lueur de ton billet-- car l'ensemble, me paraissait foutraque (maquette) mal illustré, et exhaustif, trop... Je manquais aussi de maturité pour exploiter toutes ces idées et cette richesse. Maintenant que j'y pense ça me rappele un autre support de jeu ou on trouvait des règles en complément pour AD&D, avec des nouvelles classes de perso, etc... C'etait un peu maquetté comme C&S... J'ai oublié le nom... :-/

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  2. :-)

    Oui, je suis aussi (via l'Old School RPG Planet) le Bibliothécaire des Catacombes.

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  3. il est possible de télécharger la dernière édition ici :
    http://www.docin.com/p-471153381.html
    et là :
    http://www.t411.me/torrents/fgu-chivalry-and-sorcery-red-book-4th-gorgon

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    1. le 1er lien est mort
      celui là fonctionne

      http://www.uploadmb.com/dw.php?id=1365024324

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  4. Merci, c'est impressionnant avec tous ces ajouts (dont notamment Arden et Saurians).

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  5. Pour info, une toute dernière version de 864 pages est disponible ici : http://www.uploadmb.com/dw.php?id=1399027850

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    1. La différence avec l'édition précédente semble être le livre 5 sur les Croisades et le livre 6 sur le Roi Arthur (qui a l'air de reprendre une version de Pendragon ?).

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