- Ne plus commencer de posts en 2013 par "Tiens...".
- Peindre au moins un troisième bateau pour mon jeu de Dread Fleet qui attend depuis des mois. Mais il faudra sans doute le faire avant que Mellon ne marche et ne risque de manger de la peinture ou des petites pièces de plastic.
- Jouer plus de deux fois au jeu de rôle (on a fait seulement un Traveller et un Daughters of Exile en 2012, si je me souviens bien).
- Aller voir n'importe quel rebouteux, marabout, charlatan empirique, ostéopathe ou n'importe quoi pour ne plus avoir mal à mon hernie discale et à mon nerf sciatique.
Bonne année 2013 à tous !
lundi 31 décembre 2012
Kalevala : Pourquoi le Fer blesse
C'est le chant que racontent les bûcherons dans la terre de Kalevala. Au début, le grand mage et artisan Ilmarinen devint le premier Forgeron. Il captura Rauta (le Fer), qui vivait alors comme du lait répandu sur la terre, fils des Filles des Airs. Il le rapprocha du frère de Rauta qu'il haïssait plus que tout, Tuli (le Feu) et commença à le faire fondre.
"Je t'en supplie, arrête, ne me soumets pas à mon frère honni Tuli ! J'ai trop mal sous sa flamme. J'exaucerai n'importe lequel de tes voeux, mais ne me mets pas au Feu."
"D'accord, Fer dur et froid. Voilà mon voeu. Je vais soigner tes blessures et en échange tu me feras ce serment magique qui t'engagera à jamais : dès que je t'aurai soigné, tu jures que jamais tu ne frapperas la chair humaine et que tu ne serviras qu'à abattre les bois des arbres."
"Je t'en fais serment, Forgeron Ilmarinen. Mais vite, je souffre."
Alors Ilmarinen fit venir une abeille et lui demanda d'apporter du Miel qu'il aurait répandu sur le Fer. Mais le maléfique Hiisi, le Roi des mauvais génies et des gobelins, avait entendu leur conversation. Il fit remplacer la petite abeille par un méchant frelon et il lui donna à la place du Miel du Venin de serpent.
Quand le frelon revint, Ilmarinen ne vit pas la substitution du Venin à la place du Miel et quand il mit l'onguent sur le Fer, celui-ci gémit et hurla de souffrance.
"Vil et perfide Forgeron ! Tu m'as trahi ! J'ai encore plus mal. Je frapperai les hommes et ils croiront que je suis leur instrument mais ils périront sous mes coups, plus cruellement que sous ceux d'aucun loup ou d'aucun accident. Ils maudiront le jour où tu as forgé le premier Fer !"
Et c'est ce que racontent encore aujourd'hui les bûcherons, dans la terre de Kalevala.
Giannirateur sur Tékumel
Si vous avez suivi un peu les blogs de jeu de rôle, vous le savez déjà : Zak a proposé depuis quelques temps d'utiliser sa bibliothèque au hasard comme source d'inspiration, Gianni en a fait le Giannirateur de Scénario, Imaginos l'a développé pour éviter certaines répétitions, et Greg en a fait une version campbellienne plus spécifiquement gloranthienne (en intégrant le schéma universel du "Parcours du Héros").
Je manque de temps aujourd'hui pour tester le Parcours entier d'une campagne à la Joseph Campbell mais je vais quand même tenter volontairement de me limiter à une seule gamme, même si Imaginos fait remarquer que le choc de plusieurs mélanges fait souvent le sel de cette génération aléatoire. Je prends donc mes 20 livres sur Tékumel (en comptant aussi les romans). Il y a déjà des générateurs de lieux dans Growing Up on Tékumel p. 3 mais je ne les utiliserai pas ici directement.
1 Action
13 Créer / Fabriquer / Bâtir
2 Premier PNJ
Deeds of Glory, Vol. 1 p. 11 : Pas de PNJ cité mais "Shrà : yellow berries from the states of the North-east, causes mystical visions and "meetings with the gods". Lasts 3 hours".
3 Localisation
Tékumel Sourcebook vol. 1 p. 23 "the promenade of blue basalt called Sky Wind", à Béy Ssü.
4 Personne ou Objet comme Objectif
A Jakallan Intrigue p. 15 Oqú le Marionnettiste
5 Un autre PNJ comme Antagoniste
Seal of the Imperium, p. 20 : Un chef N'lüss
6 Une autre Localisation de Confrontation
Tékumel p. 40 : Le Quartier des étrangers où aucune personne de bonne famille ne saurait se compromettre.
7 Quelque chose d'intéressant
Growing up on Tékumel p. 41 : Collectionner les Essences et les Parfums.
Je vais m'aider aussi de la liste de prénoms et des dix grandes Maisons (tirées avec 1d10). Voici le résultat, la Fragrance de la Déesse Verte, inspiré du Parfum de Patrick Süskind.
Donc, dans le quartier aristocratique et les hautes murailles du Vent Céleste, les PJ sont invités par un noble débauché, Changékte hiBurútla (du Clan du Diadème de Jade). Il est voué à la Grande Déesse Verte Dlamélish et il a eu l'impression de sentir son effluve céleste dans une vision orgasmique, sous l'effet des baies si rares du Shrà. Il a fait venir les PJ pour qu'ils fabriquent ce Parfum divin de la Déesse des Plaisirs, dont il a rêvé des éléments. Il énumère plusieurs drogues et plantes accessibles dans des bois aux alentours mais cela nécessite aussi les senteurs des bois laqués dont sont faites les étranges marionnettes animées d'Oqú. Si un PJ est un non-humain (par exemple un Pachi Lei, créature végétale), son odorat est peut-être même un avantage.
Ce que les PNJ ignorent est que ce parfum inclut aussi le sacrifice de plusieurs femmes, dont une vierge dédiée à Dilinála la Pucelle, pour s'approcher de l'expérience qu'il a ressenti.
Mais en cherchant ce sorcier Oqù, les PJ vont découvrir qu'un chef N'lüss, Drek, dans le Quartier des Etrangers de Bey Ssü, a déjà engagé ce marionnettiste pour faire tuer par ses petits objets assassins un de ses ennemis dans le culte de Vimúhla. Drek, s'il apprend ce que les PJ ont fabriqué, serait sans doute très réjoui de pouvoir faire brûler ce parfum pour l'offrir au Dieu de la Destruction enflammée. Et il n'est pas sûr qu'Oqù soit prêt volontairement à offrir un de ses "enfants" pour le parfum de Changékte hiBurútla.
Mythe post-apo
Mais dans le zoroastrisme à l'époque achéménide (donc vers le VIe ou Ve siècle avant notre ère), voici un extrait du Vendidad (dans les livres sacrés des Avesta) avec une Arche sous la Terre, II, §§20sqq (version un peu abrégée) :
Et Ahura Mazda dit à Yima : "O noble Yima, fils de Vivanghat ! Les Hivers maléfiques du Démon Mahrkûsha vont s'abattre sur le Monde matériel et vont apporter le gel terrible et mortel, les flocons de neige recouvriront les plus hautes montagnes. Toutes les bêtes sauvages devront trouver un abri sous la terre. Il y aura encore du pâturage avant cet Hiver terrible mais après les froids, on ne trouvera plus aucun sabot de bétail sur le sol.
Construis donc un grand Enclos d'une lieue et mets-y les moutons, les vaches, les chiens de berger, les oiseaux et les divers Feux sacrés, un couple de chaque. Construis-y de grands réservoirs d'eau long d'un mille. Garde les graines de chaque arbre et de chaque fruit, de chaque fragrance. Installe les germes des meilleurs hommes et femmes que tu trouveras et aucun ne devra avoir les marques physiques ou morales frappées par le maléfique Angra Mainyu, aucun ne sera pécheur, ni fou, ni invalide ou impuissant pour le futur de l'Humanité. L'enclos sera composé de neuf rues et tu y répartiras les trois classes sociales. Tu feras cet enclos en foulant le sol de ton talon comme le potier forme l'argile. Et tu scelleras cet enclos d'un anneau d'or, et tu feras une porte avec une seule fenêtre translucide."
Yima fit comme il lui avait été dit. (...) Mais il demanda alors : "Ô Créateur de l'Univers, Ô Saint, quelles seront alors les lumières pour éclairer notre Enclos pendant ce Long Hiver ?"
Et Ahura Mazda lui répondit : " Il y a des lumières créées et des lumières incréées. Vous ne verrez plus les lumières des étoiles, de la lune et du soleil et pour vous une année passera comme un jour comme vous n'aurez plus le temps du soleil."
Et les meilleurs êtres humains survécurent ainsi sous la terre, dans l'Enclos de Yima, jusqu'à ce que l'Oiseau céleste Karshipta descende des cieux pour apporter sous la terre la nouvelle que l'Hiver était terminé et qu'il fallait ressortir adorer la Lumière d'Ahura Mazda. Il vint réciter les Avesta aux mortels et ainsi Zarathustra put faire renaître le culte d'Ahura Mazda.
Le texte est riche d'éléments de Science-fiction. Non seulement on y a un abri anti-atomique, mais même un plan d'Eugénisme et un passage qui semble presque évoquer une cryogénie dans la relativité du temps passé sous ce Dôme ("un an semblera un jour"). Je ne comprends pas combien de générations s'y passent (il y est dit qu'une génération passait tous les 40 ans) mais ils ont quand même besoin que Karshipta vienne leur ré-expliquer le culte.
Ce Yima zoroastrien, fils de Vivanghat (qui devient le roi Jamshid dans le Livre des Rois beaucoup plus tard), est une sorte de Noé chthonien, qui construit une Cité sous-terre à la place d'une grande arche, mais il vient en fait du Yama hindou, fils de Vivasvat le Dieu soleil. Yama est le premier mortel et ensuite le Dieu des Morts sous la terre, qu'il ne quittera plus jamais, alors que le Yima zoroastrien doit permettre ensuite à l'Humanité de ressortir de ce Paradis des élus (sauf si on interprète le temps du mythe comme une sorte d'éternel retour qui annonce aussi un Paradis à venir et pas seulement une Arche dans le passé).
Shuǐhǔ Zhuàn en liánhuánhuà
J'ai reçu pour les fêtes de Newton de fin d'année l'adaptation complète en 30 volumes (3776 pages) de cette saga chinoise, chez Fei au format liánhuánhuà de Shanghai. J'ignore si Jean-David Morvan et Wang Peng vont avoir le courage de continuer leur propre adaptation d'Au bord de l'eau chez Delcourt (leur volume 2 correspond à peu près au volume 2 de cette version complète).
J'ai l'impression (après n'avoir lu que trois volumes, soit seulement 10%) que la version de Shanghai, plus détaillée, a une tendance à moins développer le surnaturel que celle de Morvan (le thème des 108 démons réincarnés dans le premier chapitre a été simplement retiré). On est même pour l'instant dans un relatif "réalisme".
L'adaptation entre souvent plus dans le registre du texte illustré que dans la vraie "bande-dessinée" mais il y a aussi des phylactères (avec un ordre parfois difficile à deviner) et certaines cases s'enchaînent parfois dans une véritable narration. Chaque volume a un dessinateur différent, ce qui donne un effet parfois assez saisissant entre le minimalisme épuré et presque abstrait de Ma Cheng (volume 2) et le côté plus baroque d'autres illustrateurs. Les personnages peuvent donc changer d'un tome à l'autre, mais les illustrations sont quand même assez précieuses pour distinguer rapidement de qui il s'agit. (D'ailleurs, je n'avais pas autant pensé avant à Gérard Depardieu pour jouer le Moine truculent et picoleur Lu Zhi Shen "Sagesse Profonde", "Moine Fleuri").
Cartographie du début
Ce qui manque un peu à mes yeux est une carte ou quelques notes de bas de page en dehors de la présentation des personnages principaux.
On commence à la cité de Dong Jing (l'actuelle Kāifēng au centre du Hénán, Capitale impériale de la Dynastie Song, on est sous le règne de Huizong, 1082-1135, l'avant-dernier Empereur de cette dynastie).
Puis on part plus à l'ouest en amont du Fleuve Jaune, dans les plaines de la province du Shǎnxī où vit Shi Jin "le Dragon aux Neuf Tatouages", qui s'en va ensuite plus au nord de la province vers Yán'ān. Google ne me permet pas d'identifier la ville de "Yan Men" où Lu Zhi Shen passe (je ne crois pas que ce soit la même chose que la Passe de Yanmenguan ?).
Mais ensuite le "Mont aux Cinq Terrasses" où Lu Da devient le moine Lu Zhi Shen est le Mont Wǔtái au nord de la Province voisine du Shānxī (à ne pas confondre avec le Shǎnxī). Le Mont Wǔtái est l'un des Quatre Monts Sacrés du Bouddhisme chinois avec les Monts Pǔtuó au sud-est dans le Zhèjiāng, les Monts Éméi au sud-ouest dans le Sìchuān et les Monts Jiǔhuá à l'est dans l'Ānhuī.
La ville où le malheureux Instructeur Militaire Lin Chong ("Tête de Panthère") est exilé "préfecture de Cang" doit être Cāngzhōu, sur la côte au nord de l'embouchure du Fleuve Jaune, dans la Province du Héběi.
La suite du roman se déroulera finalement surtout dans les marais du Mont Liáng, juste au sud du Héběi, dans la Province du Shāndōng (mont indiqué dans la carte Google ci-dessous par la lettre G).
dimanche 30 décembre 2012
Reckonings
Demain sera le Jour des Femmes de l'An 224 Après la Grande Crise Moderne dans le calendrier positiviste d'Auguste Comte (un des jours intercalaires après le Jour des Morts aujourd'hui). Dans la conception positiviste, la nouvelle science appelée "Physique Sociale" (ou "sociologie") devait diriger les communautés mais il leur fallait aussi continuer un culte semi-religieux pour maintenir le lien social entre individus, culte de l'Humanité mais aussi du "principe féminin" comme complément charitable, émotif et compensation de l'autorité sociale et scientifique que Comte pensait plus "masculine". C'est un peu une conception de directeur d'hôpital du XIXe siècle où le monde se réduirait à des savants et des infirmières, des Louis Pasteur et des Florence Nightingale.
Rien de spécial en revanche dans le calendrier révolutionnaire républicain, comme le début d'année est en fin septembre. Si je ne me trompe pas et s'il n'y a pas eu trop de décalage, ce doit être demain le 10 Nivôse de l'An 221 du Calendrier révolutionnaire, qui est le jour du Fléau (l'instrument pour battre le grain, rien de sinistre là-dedans).
Mais si nous ne prenions qu'une seule chose aux Hobbits, ce ne serait probablement pas leur alimentation ou leur tabagisme, mais leur calendrier. Leur année a déjà commencé depuis le solstice d'hiver de la semaine dernière et nous sommes donc déjà aux alentours du Sterday 7 Afteryule de la nouvelle année.
lundi 24 décembre 2012
Ducktapus
Ce Canard peut avoir l'air innocent (surtout avec ce bonnet). C'est un hochet de la compagnie Lilliputiens nommé "Nicky le Canard", qu'a reçu Mellon.
Il fait un léger bruit de grelot et quand on lui serre le bec, il est censé faire coin coin - mais la boite à bruit n'a tenu que deux ou trois fois et il lance plutôt un couinement étouffé qui pourrait aussi bien être wgah'nagl fhtagn. Mais si on le regarde de plus près, son ventre sphérique orange, qui pourrait évoquer une sinistre citrouille, contient un petit poisson cyclope, qui envoie ce léger son de crécelle de pestiféré ou de bouffon. Le poisson peut sortir du ventre, qui n'est pas vraiment solide mais un maillage de cinq tentacules, à la manière d'une sorte de parasite xénomorphe jaillissant des intestins (Internecivus raptus acheronsis). Mais le poisson reste attaché au ventre et il y retourne une fois qu'il a capturé sa propre proie, comme une sorte de monstrueux proboscis amovible.
Cette chose est donc plus inquiétante qu'elle n'en a l'air.
Un fan de Glorantha aura reconnu le terrifiant Ducktapus.
Quand le nécromancien et expérimentateur fou surnommé le "Remodeleur" ou Corpus Delecti, vint s'installer dans les îlots maudits du Marais des Hautes-Terres, il prit un Broo-Durulz qu'il fit s'accoupler avec un Walktapus (Malapsyche hybridus). Le résultat est le Père des Monstres, le Canard-Pieuvre, il a ce bec d'avian caractéristique des Durulz (Anathanthropos donaldi) et un corps avec des tentacules qui peut produire divers créatures autonomes au lieu de les digérer.
Ayez crainte...
Craignez le Ducktapus !
A peu près
Les XIII Jólasveinarnir
En Islande, le calendrier traditionnel de l'Avent n'avait pas de Père Noël mais 13 méchants trolls appelés les Jólasveinarnir, les "Gars du Solstice" (ci-dessus dans des timbres islandais). La Géante et Sorcière Grýla, qui vit dans les Bourgs Noirs (des formations de lave dans le nord de l'Islande, près du Lac Mývatn, le "Lac aux Moustiques"), est leur mère. Grýla a des pattes et une queue de bouc et possède un Chat noir géant (peut-être une allusion à ce conte dans le Gylfaginning où le dieu Þórr a du mal à soulever un gros Chat qui est en réalité le léviathan Jǫrmungandr métamorphosé par le Géant Útgarða-Loki).
Chaque jour de décembre jusqu'au 24, la Sorcière envoie chez les mortels un de ses 13 enfants trolls pour venir voler la nourriture des enfants : Stekkjastaur, Giljagaur, Stúfur, Þvörusleikir, Pottaskefill, Askasleikir, Hurðaskellir, Skyrgámur, Bjúgnakrækir, Gluggagægir, Gáttaþefur, Ketkrókur et enfin, le 24 décembre, Kertasníkir (le "Voleur de Chandelles"). Chacun de ces petits gobelins maléfiques a une spécialisation dans le vol de victuailles ou d'ustensiles de cuisine.
Je comprends mieux pourquoi ce pauvre Bilbo est si inquiet devant l'arrivée de ces treize nains pique-assiettes que sont Fili, Kili, Oin, Gloin, Bifur, Bofur, Bombur, Dori, Nori, Dwalin, Balin, Dain & Nain (plus le quatorzième Þorin Oakenshield).
Saint Cuthbert contre Saint Nicolas
L'historien du jeu de rôle Jon Peterson (auteur du récent Playing at the World) a retrouvé une lettre fascinante, une carte de "Noël" écrite à la machine par Gary Gygax en 1969. Il a alors 31 ans et est un des membres actifs de la "Fédération Internationale de Wargame", un club de la région des Grands Lacs.
Il était à l'époque Témoin de Jéhovah et sa carte est fascinante dans son absence d'humour et son sérieux maniaque qui rappelle son "formalisme" d'inventeur de règles. Gygax y explique qu'un vrai Chrétien ne doit ni ne peut fêter la prétendue nativité de "Noël" comme ce n'est qu'une fête païenne et idolâtre reprise par les Catholiques (même si les premiers Témoins de Jéhovah au début du XXe siècle ont été partagés sur cette question).
Cette lettre devait donner un effet particulièrement réussi à ses correspondants qui venaient de lui envoyer leurs cartes. Ce site critique sur les Témoins de Jéhovah précise les infractions principales de cette interprétation "arianiste" du Christianisme :
Jehovah’s Witnesses can be disfellowshipped for a number of rule violations: premarital or extramarital sex, using alcohol excessively, using tobacco products, celebrating Christmas, reciting the pledge of allegiance, lying, stealing, joining the military, speaking to a disfellowshipped Witness, reading religious material not published by the governing body, or running for political office just to name a few.
(...)
Jehovah’s Witnesses are not allowed to celebrate Christmas, birthdays, Easter, Thanksgiving, or any other holidays, claiming they all have pagan roots.
Gygax est resté assez discret sur sa religiosité et lorsque D&D a été attaqué pour "satanisme" par certains évangélistes, il n'a pas vraiment essayé de le défendre selon ses anciennes références bibliques - le Christianisme explicite paraît remarquablement peu présent par la suite quand on pense au renouveau évangélique américain du dernier quart du XXe siècle.
Il faut dire que Gygax fut lui-même "excommunié" (disfellowshipped) des Témoins de Jéhovah peu de temps après cette carte, notamment parce qu'il n'arrivait pas à s'empêcher de fumer (sa première femme, très dévouée à la cause religieuse, Mary, dont il divorça vers 1983, avait à cette époque tenté en vain de lui faire abandonner le tabac, les cheveux longs et les wargames). Son ancienne Eglise s'associa ensuite à la condamnation de ce hobby comme diabolique.
mardi 11 décembre 2012
Deux "Bacs à sable" Traveller
Avant qu'il n'y ait l'Official Traveller Universe de l'Imperium, Traveller poussait vraiment à créer son propre cadre de campagne original qu'on pourrait mieux s'approprier (même s'il y a certains présupposés technologiques du voyage spatial ou de l'armement qui sont déjà pré-déterminés par le système du jeu). Je connais peu de gens qui ont le courage de faire à nouveau de même mais je ne peux qu'admirer l'énergie de ceux qui le tentent (j'aurais pour ma part du mal à renoncer à certains des éléments de l'OTU, comme certaines des races Aliens qu'il serait difficile de séparer du contexte d'origine).
1 La cartographie passe en 3D, comme dans la plupart des autres jeux SF. La représentation 2D de Traveller peut certes être justifiée comme une simplification abstraite ou un diagramme schématique de type "Métro" qui projetterait les distances sur une carte plate, mais elle demeure un défaut pour s'immerger dans une atmosphère de science-fiction.
2 Il n'y a ni non-humains, ni pouvoirs psi, ni Empire (même au niveau planétaire les mondes sont très balkanisés). C'est donc plus nettement "Hard SF", peut-être plus à la Diaspora. On joue donc des Eclaireurs sans aucun service impérial unifié des Scouts.
Il a mis en place un Wiki KnownSpace 2312, mais les premiers noms de mondes choisis ne sont pas encore très originaux.
Le Guide de Glorantha
Une des grandes nouvelles en jeu de rôle depuis ce dernier mois où je n'ai rien écrit sur ce blog a été à mes yeux ce Guide Atlas de Glorantha (à paraître en février 2013). Le monde fictif avec la meilleure mythologie va ainsi devenir aussi celui qui aura l'atlas historique et géographique le mieux développé, dépassant ainsi sans doute tous ses concurrents.
La petite compagnie de Moon Design (qui ne compte guère comme membres à part entière que Jeff Richards et Rick Meints, si j'ai bien compris) avait besoin de $36 500 pour lancer ce grand Atlas et ils ont obtenu ce premier pré-financement dès le premier jour de la mise en ligne, atteignant à l'heure actuelle près de cinq fois plus, $170 000 alors qu'il reste encore une petite semaine avant la fin de cette campagne. On atteindra donc peut-être le seuil des 200k (on est certes encore loin du wargame Ogre qui a eu près d'un million ou du nouveau Traveller 5e qui avait obtenu 300k).
Il y a à l'heure actuelle 855 personnes inscrites, ce qui signifie qu'en moyenne chacun a été prêt à payer 200$ (sans compter les 25$ de frais de port pour l'Europe), une poignée étant allé jusqu'à la somme de 3000$ pour avoir accès à une édition des notes personnelles du créateur Greg Stafford.
Le succès imprévu de cette "levée de fonds" fait que le Guide a augmenté en taille (deux volumes au lieu d'un) et vous avez donc encore plus intérêt à vous intéresser au minimum à une version PDF (Niveau Membre Laïc pour avoir seulement le PDF de l'Atlas de 96 pages à 12$, Niveau Scribe à 35$ pour le PDF du Guide - le Niveau Nain à 50$ fournit les deux PDF plus une collection d'illustrations). En revanche, les versions papier sont nettement plus chères et il faut au moins promettre 100$ (Niveau Daemon +frais de port) pour avoir les deux, ce qui effectivement assez hors de prix, comme le disait Imaginos.
Le Guide est loin de n'être qu'une sorte de synthèse de ce qu'on savait déjà dans les nombreux suppléments déjà parus. Il semble bien que la vision du monde de Glorantha sera à nouveau modifiée dans de nombreux détails, ne serait-ce que par l'importance nouvelle donnée à des illustrations de qualité qui doivent stabiliser les représentations de cet univers en abandonnant de nombreuses analogies trop directes avec notre monde réel.