dimanche 12 mai 2013

[Comics] Dungeons & Dragons: Forgotten Realms 1-5

Il y a plus de 20 ans, en 1989-1991, Jeff Grubb (co-créateur des Royaumes Oubliés) et Rags Morales firent un comic-book chez DC Comics intitulé Forgotten Realms, l'histoire d'un équipage de vaisseau magique dirigé par le Mage Dwalimor Omen, avec Minder la Golem,  Priam Agrivar le Paladin, Fox Cardluck le Halfling et Vartan Hai Sylvar le Prêtre Haut-Elfe de Labelas Enoreth. C'était très réussi et je recommande l'album trade paperback qui a été réédité l'année dernière.

Il n'en va pas du tout de même ici hélas dans cette série de 2012 éditée chez IDW.

C'est écrit par Ed Greenwood lui-même, le créateur originel des Royaumes Oubliés, et dessiné par Lee Ferguson (même s'il est encré par le vieux et légendaire frère de John, Sal Buscema). Je ne m'éterniserai pas sur le dessin car les goûts peuvent varier. Mais je pense que même si le scénario avait été bon, cela aurait été quand même très laid et difficile à suivre avec de tels graphismes. Le rythme est souvent très mal articulé, avec des cases très répétitives de fuites identiques et ensuite des cases d'action qui sont expédiées ou bâclées à la va-vite. On a beaucoup de mal à distinguer les personnages (au point que j'ai cru à un changement de dessinateur), ce qui accroît encore la confusion.

Le scénario peut se recomposer en partie grâce aux résumés de chaque épisode. Nous sommes à Eauprofonde (et je présume que c'est à l'époque du "présent" officiel au XVe siècle Calendrier des Vaux, plus au XIVe). Les deux héros sont deux voleurs, un petit, Randral Daunter, et un grand, Torn "Steeleye" Telmantle. Ceux qui auront dit "Fafrhd et Souricier Gris" ont déjà deviné qu'on ne va pas vraiment battre des records d'originalité (si ce n'est que le plus grand, Torn Telmantle, est plus cynique que Fafhrd). Il est vrai que toutes les cités de jeu de rôle, que ce soit Greyhawk ou Eauprofonde, doivent énormément à Lankhmar.

La jeune Lady Talandra Roaringhorn (pour sa famille, voir la boîte de 1994, City of Splendors, Book II Who's Who p. 23, Villa N42 - ce qui correspond au n°145 dans la version Waterdeep & the North de 1987) a simulé son propre enlèvement. Mais là où cela se complique est que (1) son oncle Malric Roaringhorn, qui est au courant, veut en profiter pour se débarrasser de cette héritière du clan (et il semble lui-même manipulé par un marchand-magicien nommé Oljak si j'ai bien compris) ; (2) mais à son insu, une autre faction mystérieuse, Imbrar Salkyn (qui serait en réalité un mort-vivant ?), Blaeyz Glasgerd et un change-forme nommé Awngryth (allié d'Oljak ?) souhaitent aussi en profiter pour tuer les Roaringhorn et récupérer quelque chose qui s'appelle le "Moondar", qui n'est jamais expliqué.

Mais il y a tellement de silhouettes en capuches dont on ne voit jamais les visages que cela pourrait aussi bien être une BD monochrome en Noir sur Noir (ce qui est le cas dans certaines cases). Voir aussi ce Blog qui a tenté de déchiffrer ces intrigues incompréhensibles et arrive à la même perplexité. Greenwood n'a simplement pas su éclaircir les choses.

Randal Daunter et Torn Telmantle sont maudits par un fidèle de Tempus (le dieu faérunien de la Guerre) pour les forcer à faire tout leur possible pour sauver Lady Talandra. Leur motivation est donc uniquement au début cette malédiction.

En 5 numéros, les personnages courent. Ils courent beaucoup. Ils échappent à la Garde incompétente de la Cité d'Eauprofonde, aux gardes de la famille Roaringhorn, aux divers assassins à leurs trousses. Puis ils se retrouvent téléportés hors d'Eauprofonde dans un endroit nommé les "Domaines Fantômes" (The Ghost Holds), territoire abandonné dans le Val des Batailles au nord de la Sembie. Les Domaines Fantômes sont des forteresses en ruines avec divers Monstres Errants, brigands et quelques spectres (dont un qui s'est auto-proclamé le "Roi des Fantômes"). Et quand je dis "Monstres Errants", ce sont vraiment n'importe quoi d'aléatoire, des Trolls, des Drows, un Drake, un Coeurl (pardon, un Displacer Beast), ainsi qu'un Nain qui vient les sauver et disparaît.

(Une des plus grosses déceptions est la couverture du n°2, qui annonce un Beholder, la créature la plus caricaturale du jeu - et qui règne sur la pègre d'Eauprofonde. Mais ce Beholder est seulement un mannequin inanimé censé détourner d'un passage...)

Et là, au 5e numéro, faute de lecteurs peut-être, la série s'est arrêtée, dans la plus parfaite obscurité et sans aucune explication. Peut-être est-ce un arrêt brutal prématuré et improvisé avant le dénouement car cela se clôt sur une fin particulièrement peu satisfaisante.

Ed Greenwood a certains dons de minutie et de patience, il a aussi de l'imagination et de l'humour. Mais je dois avouer que mes préjugés augmentent encore contre ses scénarios. Non seulement il est l'auteur d'un des plus mauvais modules de l'histoire du jeu de rôle (le FRE1-3, qui est si dirigiste et raté qu'il ferait passer DragonLance pour un modèle d'ouverture et de liberté des PJ) mais les romans des Royaumes Oubliés qu'il a écrits ne sont vraiment pas parmi les meilleurs (je pense à son Spellfire, 1988). En dehors des Royaumes Oubliés, son monde de Castlemourn était vraiment très fade et sa série Falconfar ressemble vraiment à un Mary Sue de fanfic autoparodique écrit par un auteur professionnel (c'est l'histoire d'un auteur de fantasy qui tombe dans son propre univers).

A éviter, donc.

C'est presque un modèle de Comment ne pas faire une bande-dessinée de fantasy. Certes, les dialogues sont quand même moins pénibles que ceux des Chroniques de la Lune noire mais ce serait mettre le niveau très bas. Et au moins les Chroniques sont faciles à suivre.

En revanche, la série récente Dungeons & Dragons de chez IDW qui se déroule dans le Val de Nentir était nettement plus lisible et divertissante que celle-ci (même si on n'échappe pas à certains clichés) et l'Annual 2012 dans le monde Pulpfantasy d'Eberron (un whodunnit dans un train) se laissait lire avec plaisir.

La série Pathfinder chez Dynamite est horriblement mal dessinée (par Andrew Huerta) mais a au moins l'avantage d'inclure des notes sur le monde à chaque fois. J'ignore si ces notes sont reprises dans l'édition en album (un hardcover pour l'instant qui a repris les numéros 1-6) car il serait dommage que ce ne soit pas le cas.

4 commentaires:

  1. Je n'ai jamais compris le succès de M. Greenwood. Son style est ampoulé, les mondes qu'il évoque bancals.

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  2. Je continuerai à défendre Eauprofonde, qui est une bonne ville de jeu de rôle.

    Mais un des défauts d'Ed Greenwood est linguistique : tous les noms sonnent comme de l'Elfe tolkienien avec des touches de gallois et il n'y a aucune diversité.

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  3. > l'histoire d'un équipage de vaisseau magique

    Jeff Grubb étant impliqué, s'agissait il d'un spelljammer, ou simplement d'un machin volant genre Princess Ark ?

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    1. Vaisseau volant. Dwalimor Omen vient de la Magiocratie de Halruaa et ils ont une flotte aérienne. Sa Mission consistait à aller rassembler les reliques les plus dangereuses des Royaumes pour les détruire.

      Il y eut aussi un bref spin-off pas terrible dans le cosmos de Spelljammer avec un des personnages de FR (15 numéros, 1990-1991).

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