vendredi 23 mai 2014

Traductions de cartes


Une des marques de la fantasy depuis Tolkien est la cartophilie. Il est maintenant rare qu'un roman de ce Genre ne soit pas accompagné d'un tel outil et The Onion s'en était moqué encore récemment.

Cela en est arrivé au point que j'ai même du mal à lire un roman fantastique si je ne trouve pas de carte à l'intérieur, comme si j'avais un exemplaire mutilé ou comme si cela me faisait craindre que l'auteur ait pu négliger tout travail de création de son univers (alors que généralement, hélas, c'est le contraire, ils ont passé plus de temps sur leur univers que sur leur récit ou leurs personnages).

Cela fait partie du plaisir de lecture que de suivre une illustration de manière non-linéaire et de penser aux régions qui ne sont pas du tout couvertes dans le récit - si le récit a du moins l'intelligence de laisser des zones de la carte non-explorées pour donner une impression de profondeur (la Mer de Rhûn chez Tolkien me faisait plus rêver que toute la Comté parce que je savais qu'on n'en saurait jamais rien de plus).

Bien que les snobs qui vous répètent toujours qu'il faut lire en VO (pour bien vous rappeler que eux lisent en VO) soit souvent horriblement agaçants (ce blog exemplifiant le même travers), dans le cas des romans de fantasy, on a un problème récurrent qui est que de nombreux éditeurs français ne semblent pas toujours s'adapter vraiment à la traduction de la carte.

La traduction Ledoux du Hobbit avait déjà eu la carte avec "Les Lapins" à la place de "Hobbits", et là, je tombe sur cette traduction d'une énième série (qui me semble très générique, mais je ne l'ai pas lue) avec des dragons, Memory of Flames de Stephen Deas.

Voilà l'est le sud de la carte de la VO (oops, je n'avais pas vu l'orientation) :


Et voilà ce que cela donne dans la VF (Source Les Rois-Dragons, la carte est retirée du premier volume et n'apparaît que dans le second, les Rois des Cîmes) :


Générique dans les deux langues mais trop minimaliste en français. (En revanche, j'aime bien "A-Pic" pour Cliffton ou "L'Eau qui dort" pour "Stillwater").

4 commentaires:

  1. ouhlà c'est carrément mauvais!
    D'abord les dessins; le premier est une fausse perspective, une élévation presque, on a l'impression d'être sur les montagnes et de regarder la plaine. Le second est ... extrêmement laid. :(

    Ensuite les trads : "la Bitter"? Pourquoi pas "le Fleuve Amer" ou "la rivière amère"?
    Confusion entre "ford" le gué et "fort". "Hammerford" devrait être "Gué du Marteau". Et je ne parle pas des infos perdues du genre "Royaume DE LA REINE des moissons".

    Ils ont rien compris... et fait faire trads et dessins par un stagiaire de 15 ans (bigleux). :(

    Le lien que tu donnes vers la présentation de la série pique des yeux avec ses majuscules et son enthousiasme basique... t'as raison ça donne vraiment pas envie de se lancer dans la série ;D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, le contraste rappelle que l'adaptation de la carte est un vrai métier maintenant pour l'éditeur. La seconde est tellement moche que je me demande quand même si elle n'est pas à partir d'une première version de l'édition anglaise ou américaine.

      La série montre en tout cas que maintenant c'est GRR Martin et plus seulement Tolkien, Howard ou Moorcock qui va se faire plagier, il y a plein de Martinismes et c'est bien plus sombre que d'habitude.

      Maisl'ouest de la carte a des endroits qui semblent directement piqués aux Royaumes Oubliés de D&D, c'est assez embarassant (Scardale, Ashdale). Et le traducteur a cessé de traduire (la cité de Sand, Bloodsalt...) alors que Furymouth devenait Furiebouche...

      Supprimer
    2. Ah, si, une originalité de la carte, c'est l'Orient en haut, comme dans les cartes médiévales... :-)

      Supprimer
  2. Je crois que ce billet suffit à expliquer pourquoi je me refuse à lire des livres traduits (sauf si je ne peux pas me passer de la traduction ; Au Bord de l'Eau en v.o., ce sera peut-être dans 40 ou 50 ans, si le bouddha Amitābha me prête vie).

    Quant au point particulier de la traduction des cartes... Il faut non seulement un traducteur compétent (oxymore ?), mais encore faut-il qu'il ait un minimum de notions de toponymie. Pour rendre en français le goût d'un toponyme (ou d'un anthroponyme), encore faut-il imaginer son évolution avec le temps et la langue, peut-être donner une coloration picarde aux toponymes septentrionaux, ou occitane aux toponymes méridionaux. Pas sûr qu'il y ait beaucoup de traducteurs de romans de gare [je pense que c'est à eux qu'on s'adresse pour la fantasy] qui en soient capables !

    RépondreSupprimer