mardi 10 janvier 2017

Filou Un

(oui, c'est ma traduction personnelle de "Rogue" parce que c'était celle de la VF de Tunnels & Trolls)

La mauvaise foi d'Odieux Connard sur Rogue One était moins drôle que d'habitude. Dans les articles hostiles, j'ai préféré celui d'un des mes critiques favoris, Abhay Khosla - même si personnellement le film m'a agréablement surpris (ce qui veut peut-être dire que mes attentes étaient basses, je n'ai même pas encore vu Episode VII).

Oui, en gros, on ne s'attache pas vraiment aux personnages. Si, on apprécie un sage chinois aveugle et une Machine, mais en soi c'est aussi un problème que tout attachement repose entièrement sur l'effet mécanique du Droïde-valet britannique, version améliorée de C3PO : Star Wars est de plus en essentiellement un spectacle qui a comme stars principales des marionnettes sans expression et les fans préfèrent Yoda à Mark Hamill.

Et oui, l'arc narratif de l'Héroïne est plutôt raté : on n'a pas le temps de croire à la conversion de Jyn Erso à la cause de "l'Espoir" et on n'a même pas de satisfaction à la voir "réussir" à la fin. 

J'ai plutôt l'impression que les gens qui ont aimé ce film extra-épisode (un des rares en dehors de l'Holiday Special ou des Ewoks) sont ceux qui étaient les moins fans du ton habituel de De Stellarum Bellis, ce qui n'est peut-être pas une stratégie commerciale si évidente dans la "diversification" de la "franchise" (Zeus, j'ai toujours l'impression de parler d'un burger quand j'utilise ce mot).

Les articles critiques disaient souvent que ce n'était pas assez "épique", alors que c'est justement une des rares originalités que d'avoir choisi un ton plus martial. J'étais surpris de la noirceur mais elle allait parfois stupidement loin (au début quand l'assassin rebelle tue stupidement son informateur juste pour nous rappeler qu'il n'est Pas Un Ange).

Le bon côté qui m'a fait préférer ce Prequel 3.9 malgré tous ses défauts est d'avoir tenté de réduire un peu le manichéisme. On nous montre surtout que l'Alliance rebelle peut aussi faire des crimes de guerre ou des attentats ciblés. On ne brise pas l'Empire sans casser quelques ingénieurs qui participent à la Banalité du Mal.

Certains Républicains effrayés (comme cet article pédant chez National Review où le critique cinéma se congratule pour être ainsi "au-dessus" de la propagande hollywoodienne crypto-occidentalophobe) pensent que l'Empire était les USA et les Rebelles Al-Qaeda (alors que ce sont les Fremens de Dune qui sont Al-Qaeda !). Cet abruti de Kristol s'est même vanté d'avoir toujours été en faveur de l'Empire, ce qui devient caricatural dans le désir non-caché de fascisme dans une fantasy moralisante. Mais si on veut à tout prix réduire de manière jdanovienne de la pop pour enfants à un contexte sociopolitique actuel, l'Empire reste toujours une bureaucratie digne de l'URSS (et non plus seulement les Nazis), les Rebelles sont plutôt une résistance occidentale qui est aussi alliée à des extrémistes (et donc à des Moudjahidins afghans qui pourraient aussi soutenir par la suite Al Qaeda, mmmmh, finalement).

L'idée d'une scission entre plusieurs tendances des Rebelles est la meilleure idée du film et je ne suis pas d'accord avec l'argument d'Abhay Khosla qui regrette que Star Wars ait de plus en plus renoncé à sa mythologie New Age de la Force pour plus parler de politique. Cela a commencé dès les prequels des épisodes I-III, de manière certes assez maladroite. La série qui a les défauts célèbres de reposer plus sur l'héroïsme individuel que sur l'action collective a du moins orienté son centre de la quête initiatique des Sorciers de l'Espace vers la question politique. Le pouvoir obscurantiste des gentils Jedis avait échoué parce qu'il avait sous-estimé cette question dans son simplisme moral.On peut toujours faire l'objection qu'il est ridicule de mettre de la politique dans un conte de fées mais c'est une tendance ancienne que citait déjà Napoléon Ier (nous n'avons plus le sens du tragique parce que la politique a remplacé le destin et le divin) bien avant la phrase de Charles Péguy ("tout commence en mystique et finit en politique").

6 commentaires:

  1. D'une manière générale, il faudrait mieux que cette franchise s'arrête! Comme pour Marvel et DC qui recyclent à l'envi leurs histoires.

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    1. Cela va être l'inverse avec Disney. La franchise va se diluer avec un nouveau film tous les ans, plus une multiplicité de "tie-ins" (les séries télévisées comme Rebels).

      Mais les comics ont *toujours* été définis par le feuilleton hebdomadaire et c'est donc moins gênant, même s'il y a visiblement un épuisement et sans doute une crise.

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  2. L'épisode III de Star Wars illustre l'importance d'un bon service de santé public pour préserver la démocratie

    http://motherboard.vice.com/fr/read/la-republique-de-star-wars-a-t-elle-ete-dtruite-par-labsence-de-bons-gynecos-

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    1. Cette incohérence montre d'ailleurs qu'il doit manquer d'audience test féminine : toutes les femmes qui avaient vu le film étaient choquées par ce détail sur l'absence d'échographie.

      Si George Lucas avait fait voir son film à au moins une script doctor, ils auraient fait en sorte qu'Anakin perde de vue Amidala bien avant pour qu'il ignore sa grossesse.

      Il y a une autre incohérence où Leia dit dans l'Episode VI qu'elle se souvient que sa mère était "triste". Comme Amidala meurt en couche dans le III, c'est soit un souvenir reconstruit, soit un effet étrange de la Force que l'anamnèse "ferenczienne" qui remonte au traumatisme de l'accouchement.

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  3. J'ai bien aimé l'article sur la gynécologie dans Star Wars (oui ça m'avait frappé qu'une civilisation avancée ne connaisse pas l'échographie). Peut-être que Padmé était contre l'échographie pour des raisons religieuses? ;)

    Niveau médical et motivations de Anakin, l'épisode III est complètement débile - et il réussit à donner un sentiment d'inéluctabilité dramatique malgré ça.

    Je pense que Lukas a maintenu le mystère sur les jumeaux pour des raisons qui tiennent plutôt aux raisonnements de contes de fées : "si on ne sait pas dans les contes de fées que la princesse va avoir des jumeaux, alors dans Star Wars ça va marcher aussi"

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  4. "l'anamnèse ferenczienne", c'est rapport à Aurélien Ferenczi, le critique ciné de Télérama? Il jette l'anathème sur le film? ;) OK je sors...

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