En ce moment, comme il est dans une phase Spider-Man depuis le très réussi No Way Home (même si les comics ont été supplantés par des mangas comme Fairy Tail ou MyHeroAcademy), il m'a demandé de lui lire Spider-Man 2099 (parce qu'il préfère son costume avec un Jolly Roger mexicain à celui de Spider-Man ordinaire). Je n'apprécie pas particulièrement comme le cyberpunk des années 1990 me paraît très mal vieilli et que j'ai peu de goût pour des scénarios de Peter David (malgré son humour) ou des dessins très 1990 de Rick Leonardi. Au début, je trouvais même que Leonardi n'avait pas nettement l'air plus doué que Liefeld pour dessiner des anatomies ou des décors, mais c'est quand même meilleur, il sait parfois jouer sur des ombres, presque à la Gene Colan.
En dehors de cela, je lis aussi de vieux numéros de Black Hammer de Jeff Lemire et Dean Ormston (Dark Horse). C'est du comic de superhéros déconstruit ou métatextuel, avec les codes graphiques de Vertigo, mais avec des variations graphiques selon les personnages. On retrouve en effet plusieurs personnages "archétypaux" qui représentent différents "Genres" de comics : le vigilant sans pouvoir de l'Âge d'Or, la fille magique qui se transforme (mais dans le sens inverse, sa personne réelle vieillit et c'est son alter ego qui reste bloquée au stade de petite fille physiquement), un Martien de planetary romance barsoomienne (en hommage au Martian Manhunter et à Burroughs), la narratrice de comics d'horreur inspirée de Madame Xanadu, un héros de science fiction spatiale dans le genre de Captain Future ou Adam Strange et un superhéros dans un style plus Kirbyesque qui fait penser à Thor, le Marteau Noir du titre. Tous ces personnages sont prisonniers dans un épisodes de Twilight Zone, dans des Limbes d'une petite ville américaine isolée et prosaïque, avec tous les clichés sur la petite ville qui cache un secret (je me demande si WandaVision a pu être influencé par les révélations de certains épisodes). La métaphore auto-référentielle peut devenir un peu trop lourde comme dans un comic de Grant Morrison quand les personnages entrevoient qu'ils ne sont que des fictions dans le cerveau de Jeff Lemire. L'épuisement de l'auto-référence n'est pas encore démodé dans les veines explorées par les auteurs. Agréable si vous aimez un des genres, parfois surprenant et drôle mais aussi dans un ton le plus souvent élégiaque ou lugubre.
Comme fan de la Legion des Super-héros, j'ai aussi tenté Justice League vs The Legion of Superheroes n°1 de Brian Bendis et Scott Godlewski. Le rythme est toujours aussi piano. Brian Bendis aime toujours écrire dans ce style si... si... aéré... qui me fait penser à une succession de quelques tranches de vie, d'ambiances presque contemplatives : la Légion discute au XXXIe siècle, un membre disparaît, on la retrouve au XXIe siècle mais vieillie. Voilà, vous avez tout lu. Non, vous n'avez pas sauté de pages. 18 pages avec juste quelques impressions diffuses, plus que des informations. Certes, si vous connaissez des détails sur la Légion, cela peut donner un peu de profondeur à cette succession un peu vide. Dans la vieille histoire The Great Darkness Saga de 1982 (qui avait tant marqué parce qu'on n'avait pas encore été blasé sur les grands cross-overs avec des douzaines de personnages), on avait un paradoxe temporel sur des Jumeaux (sans trop gâcher l'intrigue de cet épisode classique où la gémellité est dissimulée, des Jumeaux étaient séparés et un des Jumeaux était envoyé dans le passé en modifiant rétroactivement toute l'histoire passée de la Légion). Ici, on a une inversion de cette histoire puisque Triplicate Girl perd une de ses "triples" qui est renvoyée dans le passé mais n'a plus le même âge quand elle est retrouvée par ses deux autres doubles. Mais cela doit moins avoir d'effet d'émotion si on n'a pas ce point de comparaison. En fait, mon reproche sur Bendis reste le même. Je n'ose pas le critiquer trop car en tant que fans de la Légion, on est censé signer une sorte de pacte mais je ne pense pas qu'il réussisse à attirer beaucoup de nouveaux lecteurs avec sa méthode de lancer quelques références cryptiques allusives de ce genre sans du tout les clarifier. Je n'ai toujours pas compris ce que devait être la révélation sur la Lanterne d'Or et peut-être que ce sera plus surprenant que ce à quoi je m'attends.
(Excusez-moi, mon deuil pour la mort stupide des Bogdanoff me rend un peu obsédé par ces histoires de paradoxes de Jumeaux)
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