jeudi 17 novembre 2022

Alim

J'avais été enthousiasmé par Azimut (une des meilleures bd lues ces derniers temps) mais je suis pour l'instant plus placide sur Alim le Tanneur (série finie de 2004-2009) du même scénariste Lupano avec de beaux dessins assez cartoony de Virginie Augustin. L'univers d'Alim est assez développé, un mélange de plusieurs références orientalisantes, entre les mille et une nuits avec un peu d'Asie. 

Mais là où Azimut me paraissait subtil et poétique sur la fuite du temps, Alim me semble moins novateur. C'est une métaphore sur le fanatisme théocratique plus prévisible, un peu comme ces vieux épisodes de Rahan où le Héros Civilisateur démystifiait à chaque fois des shamans qui manipulaient le peuple avec leurs fétiches. Azimut était plus du Lewis Carroll alors qu'Alim était plus dans un conte voltairien. 

Alim est un tanneur de peau de "sirènes" (d'antiques léviathans) et il est un hors-caste avec sa petite fille dans une société rigide qui aime le racisme, l'oppression des interdits absurdes et les châtiments corporels. C'est pas mal mais je n'y ai pas encore trouvé le même génie que dans Azimut

Un des gags que j'aime bien dans l'ironie anti-religieuse du premier volume est que les Dieux ne se seraient pas séparés des mortels par colère ou pour nous punir mais parce qu'ils nous auraient simplement oubliés et que la religion serait dès lors une tentative de leur rappeler notre existence d'orphelins abandonnés. Le Prophète de la religion locale est divinisé comme sauveur parce qu'il aurait été le Mortel qui aurait réussi à leur rappeler qu'ils nous avaient créés. Ce serait une jolie inversion de la relation prométhéenne ou de la mort de Dieu : ce n'est pas nous qui avions tué Dieu, c'est le Dieu qui s'efface dans son acosmisme. 

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