lundi 4 septembre 2023

Trois Légions des Superhéros


1 La Légion du "Tomorrowverse"


Je viens de voir avec ma fille le film animé Legion of Super-Heroes (écrit par Josie Campbell, 1h23, 2023). On parle du "Tomorrowverse" car c'est une nouvelle version de l'univers DC lancée par un dessin animé intitulé Superman : Man of Tomorrow. Le dessin animé permet de voir passer des douzaines de membres de la Légion (notamment ceux de la version de Levitz des années 1980) mais est centré sur un petit groupe, notamment sur la relation de comédie romantique entre Brainiac 5 et Supergirl. La progression n'est pas très originale, en dehors d'un.e traître.sse qui contredirait toute la continuité habituelle. La qualité est que cela reprend bien le charme des vieilles histoires de la Légion des Remplaçants (Legion of Substitute Heroes) où c'étaient les Losers refusés dans la Légion qui finissaient par prouver leur utilité. Les comics DC de l'Âge d'Argent avait une progression un peu différente de la plupart des comics Marvel ou des Shōnen manga de combat avec leur inflation de puissance : les héros étaient si puissants dès le départ qu'il fallait que les scénaristes inventent des prétextes pour que la puissance seule ne soit pas le facteur important (de même que Superman doit trouver une ruse pour faire partir le trickster omnipotent Mr Mxyzptlk, la Légion a la "Machine à Miracle" qui leur permettrait de rebooter tout l'Univers, ils peuvent donc tout faire mais ils doivent chercher un moyen pour ne pas l'utiliser). La fin a une morale anti-fasciste : les fascistes qui disent que leur supériorité devrait leur donner l'autorité finissent par se dévorer de l'intérieur alors que c'est la "force des faibles" qui va devenir l'enjeu. L'un des adversaires représente plus le goût réactionnaire pour ce règne des plus forts et une des leçons critiques à la fin est l'ironie contre ce que peut recouvrir la nostalgie. En revanche, le fait que Supergirl utilise la Terre futuriste pour mieux faire son deuil de sa planète détruite n'est pas de très bon goût. C'est son voyage dans le temps qui lui permet enfin de vivre dans le présent et d'accepter son passé. 

2 Le Panthéon des Héros

Big Bang Comics est une série de pastiches nostalgiques des autres comics, surtout ceux de DC de l'Âge d'Or et de l'Âge d'Argent (mais souvent en Noir & Blanc et maintenant en digital seulement car leurs ventes ne doivent pas permettre une diffusion normale). Ils hésitent parfois entre la parodie méta-référentielle (commentaire sur l'histoire des comics) ou sur un hommage ou "plagiat" plus direct et sans ironie qui pourrait vraiment être un comic de cette période. Dans Big Bang Comics 12 & 18 (1997), Savage Dragon voyage dans l'univers Big Bang et rencontre le Panthéon des Héros qui est leur version de la Légion (voir la présentation des esquisses des personnages). Le léger décalage est qu'ils y ont mis des membres qui évoquent divers personnages modifiés de la Légion des remplaçants ou d'autres héros qui n'ont jamais été dans la LSH. On a donc une impression de familiarité ou d'écho sans contre-partie trop simple (comme l'était la première version de la Garde Impériale chez Marvel). 

3 La Ligue de l'Infini

Alan Moore aussi fait juste quelques mois après sa version de la Légion, la League of Infinity (dans Supreme 42, 1997). Mais au lieu d'être tous les jeunes gens du XXXe siècle, c'étaient des héros de diverses périodes de l'histoire terrestre et notamment des mythes : un héros préhistorique, Achille l'invulnérable, Siegfried, Zhuge Liang le super-stratège, Aladin et son génie, une sorcière du XVIIe siècle, Wild Bill Hickock (qui trahira la Ligue en essayant de faire triompher la Confédération sudiste, alors que le vrai Hickock était dans l'Armée nordiste), Mata Hari, Wilhelm Reich (mais toutes ses théories sur l'Orgone sont vraies !) et une femme du futur (voir cette analyse des personnages). Chez Moore, c'est un peu une version plus humoristique de la League of Extraordinary Gentlemen qu'il créa  en 1999 (mais la LoEG n'est pas fondée sur le voyage dans le temps). 

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