Doctor 13: Architecture & Mortality
C'est bon. C'est tellement bon que vous devez l'acheter, et en offrir à tous vos enfants, et même vous reproduire dans le seul but de pouvoir le leur donner.
Oui, si vous n'êtes pas fans de DC Comics depuis au moins 20 ans, vous n'allez pas suivre toutes les allusions, mais peu importe. Hey, même moi qui n'ai pourtant vraiment no life j'avais oublié certains de ces personnages comme Genius Jones.
En gros, cet album de 144 pages (qui paraissait comme back-up dans Tales of the Unexpected avec le Spectre) raconte l'histoire surréaliste d'un enquêteur sceptique avec une équipe composée de sa fille magicienne, d'un Cro-Magnon francophone, d'une superhéroïne du futur avec des antennes, d'un petit garçon omniscient, d'un vampire, d'un fantôme de confédéré, d'un pirate et d'un Gorille nazi, tous en lutte contre les Architectes qui représentent les scénaristes de DC Comics.
Oui, il semble difficile de concevoir plus post-moderne" et auto-référentiel, et même la Doom Patrol de Morrison a l'air réaliste en comparaison (j'exagère, Animal Man et sa rupture du Quatrième Mur a dû quand même influencer).
C'est écrit par Brian Azzarello, surtout connu pour sa série de BD "noires" et donc plutôt réalistes, 100 Bullets, et très joliment dessiné par Cliff Chiang.
Azzarello écrivait cette histoire pendant que la série hebdomadaire 52 établissait la nouvelle continuité DC et il dit avoir choisi la liste de ses personnages dans les vieux Who's Who in the DC Universe parmi les personnages les plus obscurs et les plus oubliés de cet éditeur : le héros, le Dr. 13 (qui venait de se faire tuer chez Zatanna dans la mini-série Seven Soldiers of Victory mais l'univers DC ne croit pas vraiment à la pérennité de ce genre d'événement), sa fille la charmante magicienne Traci Thirteen (on pardonne au Docteur son phantasme incestueux sous-entendu, qui déclencha une certaine controverse), Anthro l'homme des cavernes (qui parle étrangement un français parfait), Infectious Lass (de la Légion des Héros Remplaçants), la superhéroïne dont le pouvoir est seulement d'être un vecteur de virus, le pirate Captain Fear, Andrew Bennett le vampire immortel depuis l'époque élizabethaine, Genius Jones, l'enfant génial qui sait tout pour avoir lu tous les livres sur une île déserte où il était échoué (meilleure pub pour la lecture jamais imaginée), le commandant J.E.B. Stuart (du Tank Stuart Hanté et le Comte Julius, un gorille officier nazi tiré de Weird War Tales #89 et qui est mordu par Bennett, devenant donc un Junker Gorille Vampire Nazi.
Le Docteur 13 est quasiment à lui seul un argument contre le concept d'"univers partagé". Le Dr 13 est un enquêteur qui ne croit pas au paranormal et passe son temps à débusquer les escrocs pour divulguer les secrets des faux magiciens et donner des explications plausibles. Le Dr 13 peut avoir de bonnes histoires (certes à la Scoobidoo) dans un monde réaliste mais pas dans l'univers DC où la magie, les extra-terrestres et Dieu sont des phénomènes quotidiens et où Thirteen perd donc toute raison d'être. Neil Gaiman avait déjà joué ironiquement sur ce concept dans Books of Magic en faisant de Thirteen une sorte de "magicien" malgré lui qui aurait un pouvoir de dissiper la magie autour de lui comme un anti-Don Quichotte qui transformerait les Géants en moulins à vent, un peu comme dans le poème de Keats ("In the dull catalogue of common things / Philosophy will clip an Angel's wings, Conquer all mysteries by rule and line, / Empty the haunted air, and gnomed mine - Unweave a rainbow").
Si l'univers DC veut se débarasser du Dr 13 comme on rejette un corps étranger, c'est normal puisqu'il n'y a pas sa place, il détonne avec tous les axiomes de cette cosmologie. C'est sans doute pourquoi il apparaît ici comme l'antidote dans son délire de dénégation à tout cet univers qui change son passé sans cesse.
L'histoire est donc une succession absurdes de commentaires ironiques sur l'évolution de l'univers DC et je ne vous dirais pas qui sont les "Architectes" contre qui luttent Thirteen et ses amis mais même si vous ne les identifiez pas il y a assez de gags pour qu'on se passe de ces sous-titres allusifs. Rien que le moyen qu'utilise Traci contre Mt-Rushmore-Man m'a fait rire à voix haute.
Oh, par ailleurs, on revoit nos amis dans une case de Booster Gold #2 (la semaine dernière) de Geoff Johns, qui prouve qu'il a plus d'humour qu'on pourrait le croire (cliquez pour le scan complet) :
Le seul défaut de cette bd est que maintenant je vais être contraint de lire Blue Beetle puisque j'apprends que Traci Thirteen y apparaît régulièrement comme la petite-amie du personnage principal.
Via le blog du dessinateur Cliff Chiang, voilà aussi les liens de la Grande Conversation dispersée en 9 parties des deux créateurs : Part 1 & 2: Blog@Newsarama, Part 3: The Beat!, Part 4: Silver Bullet Comics, Part 5: Comic Bloc, Part 6: The Pulse, Part 7: Broken Frontier, Part 8: Comics Should Be Good!, Part 9: UGO - Azzarello me déçoit un peu quand il dit qu'il aime ces personnages ensemble mais qu'il n'aurait pas envie de les écrire séparément.
Countdown #32 : Mary Marvel échappe à Klarion the Witch-Boy pour être tentée par Eclipso. Piper & Trickster s'enfuient poursuivis par une Momie qui travaille pour Zatanna. Jimmy Olsen est conduit au Projet Cadmus. Le groupe cherchant Ray arrive sur Terre 3 (la Terre inversée où les héros sont des criminels et où le Joker est un héros). Les amies de Black Canary organisent sa soirée de célibataires entre filles avec des Chippendales (heureusement Wonder Woman désapprouve). Oui, il ne se passe toujours rien. Countdown a commis l'erreur de se diluer avec trop de séries liées et il n'y reste plus que de courts clins d'oeil et extraits, des bandes annonces pour les autres titres. Toujours décevant, mais je n'ose pas arrêter. Je pourrai peut-être me donner un seuil, jusqu'à la moitié, le #27 ? En tout cas, je vais essayer de couper dans les titres associés. Je n'ai même pas pris Countdown to Adventure, le titre qui doit suivre les héros spatiaux comme Adam Strange et la nouvelle agente de Monarch, Forerunner.
Countdown to Mystery #1 : Tout ça pour ça, voilà le Casque de Fate a choisi son nouveau possesseur, un psychiatre dépressif nommé "Kent Nelson" (comme le Dr Fate des années 40). J'aime bien le personnage de Fate (pour des raisons assez stupides, j'aime bien les couleurs bleues et or de son costume et le casque intégral), mais je ne suis pas sûr d'être intéressé par cette nouvelle imitation du Dr Strange (médecin alcoolique qui trouve lui aussi la rédemption dans la magie). C'est écrit par Steve Gerber, qui fut l'un des scénaristes les plus originaux de l'Age de Bronze (les années 70) sur The Defenders mais qui n'impressionne plus autant dans notre époque post-Alan Moore. L'histoire se passe dans sa ville fétiche de Las Vegas, où il mettait aussi sa bd Nevada, mais pour l'instant il n'exploite pas vraiment cet endroit, sinon pour le cliché de la "Descente en enfer". Je suis un peu étonné quand Gerber dit dans une interview qu'il cherche avant tout à s'écarter de Dr Strange car ce n'est pas vraiment l'impression que j'ai eue. Et je ne suis pas d'accord avec l'idée qu'il fallait diminuer l'aspect égyptien du personnage et que "Raggador (une dimension dans Dr Strange) sonne plus mystérieux que l'Oeil de Horus" - même si je peux comprendre qu'Ibis remplit déjà ce rôle de mage égyptien.
Le titre à 4$ a aussi 16 pages où le nouveau Spectre est suivi par le fantôme d'une de ses victimes, ce qui est assez inhabituel (le fantôme explique que comme il est athée, il n'a pas de raison de "suivre la lumière"), et où Eclipso (qui possède toujours Iris, l'ex-femme de Ray Palmer) apprend qu'il/elle a été créé par Darkseid, ce qui a l'avantage d'annuler en partie les origines bibliques que je n'avais jamais vraiment aimées (Eclipso était censé être Azraël ou je ne sais quel Ange de la Mort déchu).
Parallax #1 : Le seul désavantage de connaître les vendeurs de vos périodiques est que vous n'osez plus leur dire que vous ne voulez pas d'un numéro. Comme je lis les Green Lanterns, je ne pouvais pas échapper à ce numéro lié et ils ne peuvent pas les renvoyer comme des distributeurs américains. J'aimerais bien pouvoir écrire un jour qu'une histoire écrite par Ron Marz m'a agréablement surpris mais ce ne sera pas cette fois-ci. C'est atrocement mauvais. Oh, les dessins d'Adriana Melo sont bien. Mais 22 pages dans la tête de Kyle pour dire seulement "j'arriverai à contrôler mes craintes", on s'en contre-fout. Le numéro symbolique du Combat Intérieur était supportable dans les années 80 quand Chris Claremont en remplissait ses X-Men mais maintenant c'est un cliché éculé. Mais je n'attends rien de mieux de Marz, pour être honnête. C'est vraiment 3$ gâchés. Just say NO.
Dynamo 5 #7 : Les 5 "superbatards" affrontent une autre fille illégitime de leur père, Synergy, mais la résolution à la Zatanna me choque un peu. Je trouvais que les héros DC étaient un peu moralisants sur cette histoire d'amnésie ou de lobotomie, mais dans ce cas précis, elle me paraît plus difficile à justifier. Il y a un petit passage énigmatique qui me fait aussi penser qu'on va avoir droit à une surprise sur Myriad - le "fils" polymorphe -, je suppose qu'il est en fait une transsexuelle. J'aime bien ce soap opera, mais j'ai toujours du mal avec les dessins d'Asrar.
The Initiative #5 : Pas mal du tout, avec de jolis retournements, mais je ne vois pas toujours dans quelle direction ce titre va aller. Henry Gingrich forme un groupe pour attaquer Hulk et ses alliés. Il réunit Bengal (une allusion au Bronze Tiger de Suicide Squad ?), l'ex-vilain Constrictor, Trauma (à qui Mirage a appris à mieux contrôler son pouvoir), la mystérieuse et instable Mutant Zero (qui est-ce ? Slott a dit que c'était une femme "connue" : Scarlet Witch ? Psylocke ? Jean Grey ? Firestar ? Tante May ?) et ce qui semble être des clones de Spider-Man appelés les trois Scarlet Spiders.
Quasar #3/4 : Moon-Dragon devient vraiment un Dragon noire de la lune (tiens, est-ce qu'ils vont se souvenir de SunDragon ?), et on a droit à une scène de zoophilie-lesbienne où Phylla-Vel la nouvelle porteuse des bracelets quantiques de Quasar, assure la dragonne de son amour malgré son changement de forme. Jolie parodie de heroic fantasy quand notre nouvelle Quasar se forge une épée énergétique et part sur le dos du dragon contre les zombies droïdes. A part ça, je ne suis pas sûr que cela méritait 4 épisodes, non ?
Supervillain Team-Up #1 / 5 : Une mini-série mainstream écrit par Fred Van Lente, le scénariste des Action Philosophers. Avouons que ça peut sortir du lot, les aventures de M.O.D.O.K., l'homme-tête cyborg Mr Potato-Head, l'un des plus ridicules de tous les vilains de Marvel, qui réunit une équipe (les Modok's 11 comme les Ocean's 11) avec Armadillo, Puma, Mentallo, Chameleon, Nightshade, Living Laser, Rocket Racer, et Spot. Ce n'est pas encore drôle comme les Great Lake Avengers de Dan Slott (Van Lente le joue même relativement sérieux pour l'instant) mais il y a un potentiel indéniable pour qu'avec une telle bande de losers (à part Puma, qui était quasiment un héros si je souviens bien dans Spider-Man) cela vaille la peine.
Ex Machina #30 : Le maire de New York Mitchell Hundred est invité par le Pape Jean-Paul II en décembre 2003. On sait déjà à l'époque qu'il a la maladie de Parkinson et il voyage encore un peu - il fera encore un voyage à Lourdes en août 2004 et mourra en avril 2005. L'épisode est un prétexte pour une petite conversation sur la religion et Vaughan me paraît un peu wishy washy avec un gentil héros déiste tolérant et son ami le gentil prêtre catholique. Le dialogue est mis dans un match de boxe pour feindre un peu plus de punch, et il y a une petite blague sur l'Intelligent Design mais on pouvait s'attendre à plus acide comme dispute. De même, l'idée d'une tentative d'assassinat contre le Pape perd de son sel comme on sait qu'il est mort de toute façon un an après (et dix ans après la chute du communisme qui voulait encore le tuer ?).
Cool le blog! Allez aussi sur www.absurdia.be des dessins absurdes venus de Belgique!
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